Archives par étiquette : religion

La Dame au millepertuis

Présentation de mon dixième livre, qui est aussi mon premier roman. Et le second en auto-édition.

La Dame au millepertuis : un cocktail de thèmes sensibles (amour, dépression, féminisme et religion, place des médecines douces dans le système de santé, etc.) qui peuvent toucher celles et ceux qui s'appliquent à voir au delà des apparences. Et qui croient au merveilleux.

« J’ai écrit ce roman pour exorciser le vide et la douleur laissés en moi par la brutale disparition de ma mère alors que j’avais à peine trois ans.

Chaque jour de mon existence a été une lutte pour survivre à cette cruelle absence. Plusieurs fois, j’ai même failli y laisser ma peau. 

Sans le socle de cet amour inconditionnel qui m’aurait permis de m’épanouir, j’ai cherché partout une mère alternative, butinant ici ou là des calices charmeurs, mais éphémères. Ils furent des succédanés, enchanteurs souvent, déchirants parfois, mais ils n’ont jamais apaisé ma soif.

Un jour, par une grâce inouïe que j’ai racontée ailleurs, j’ai pu enfin m’abreuver à la Source.

J’ai alors compris, émerveillé, que tout était déjà là, en moi. Je n’avais rien à attendre du monde, ni de quiconque ! Cet amour, dont j’ai été atrocement sevré, je pouvais moi-même le ressusciter, lui redonner une deuxième chance. Tout a concouru alors pour me permettre de réaliser ce rêve : recréer une tendresse absolue qui satisfasse autant mon intelligence que mon cœur.

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Cette résurrection, j’ai eu besoin d’en témoigner, de la présenter au monde, sous la forme de cette fiction. Je l’ai fait essentiellement pour moi et pour ma mère, sous la pression d’une incoercible nécessité intérieure. Et avec une joie très douce.

En même temps, j’y ai greffé mes convictions, mes marottes, mes espérances.

En avais-je le droit ? Pouvais-je légitimement faire endosser à ma mère trop tôt disparue, et donc sans moyen de s’y opposer, mes propres aspi-rations et croyances ?

Je m’y suis senti autorisé au nom de deux de mes plus chères valeurs, la liberté de création et l’amour. Valeurs auxquelles – d’après ce que j’ai pu savoir d’elle – maman adhérait, et avec flamme.

Comment ce roman sera-t-il reçu ? C’est toi, lecteur, qui lui dictera sa fortune. »

Au Bénin, les évangélistes n’ont plus l’oreille du président

Le 6 avril 2006, Thomas Boni Yayi prêtait serment comme président de la République du Bénin. Durant les deux quinquennats où cet homme, né dans une famille musulmane puis converti au christianisme évangélique, aura tenu les rênes du pays, le nombre d’églises enregistrées et surtout de son obédience, aura été multiplié par 45 entre 2006 et 2016 ! Le nouveau président a mis fin à cette connivence.

Par Bernado Houenoussi

L'ancien président Yayi (DR).

Bien que le Bénin soit un Etat laïc, avec une laïcité « affirmée devant Dieu et les mânes des ancêtres », la ligne de démarcation entre la politique et le religieux est ténue. Depuis février 90, où le pays a amorcé son processus démocratique, le président Thomas Boni Yayi, contrairement à ses prédécesseurs, avait publiquement affiché sa foi.
Pendant ses deux mandats, le ministère de l’Intérieur a changé de tête à huit reprises. Parmi les ministres qui ont occupé ce poste, certains étaient d’authentiques pasteurs avant d’entrer au gouvernement et ont continué à l’être, par exemple Armand Zinzindohoué nommé en octobre 2008 et Simplice Codjo, en août 2014. Le premier bond nombre notable d’églises enregistrées noté en 2010 (139 églises) l’a été au moment où Armand Zinzindohoué était encore le ministre des Cultes. Si d’autres occupants de ce portefeuille ministériel sous la présidence de Thomas Boni Yayi n’étaient pas pasteurs, les postes-clés du rouage de ce ministère étaient particulièrement devenus la chasse gardée des hommes d’église.

Quand la « foi » ouvre des portes

Patrice Talon a succédé à Thomas Boni Yayi le 6 avril 2016 comme chef de l’Etat béninois. Chrétien catholique, il a mis fin au ballet des pasteurs à la présidence, œuvrant seulement à la réunification de l’église protestante méthodiste qui était divisée en deux ailes depuis plusieurs années.
Contrairement à la pratique de son prédécesseur, seules quelques-unes de ses audiences sont relayées par la télévision nationale, sa volonté étant de rompre avec l’« hyper-communication » qui était devenue la norme sous l’ancien régime.
Durant ces dix dernières années, les campagnes d’évangélisation organisées par les églises évangéliques s’étaient multipliées. Appartenir à la même sphère religieuse que Thomas Boni Yayi était un précieux sésame pour avoir un ancrage durable au sein de l’appareil de l’Etat. Ce secret de polichinelle a eu comme conséquence de créer un véritable lobby de pasteurs.
En fonction de la proximité et donc de l’influence d’un groupe sur le Chef de l’Etat, cette relation privilégiée ouvrait des portes, notamment dans le monde des affaire.

Abuser les fidèles femmes

Le rappeur Tyaf se moque des pasteurs autoproclamés (DR).

Malgré la coexistence pacifique entre les religions au Bénin, des faits divers marquent souvent l’actualité et relancent le débat public sur les pratiques en cours au sein de certaines églises. Tyaf, un rappeur béninois, s’en est inspiré au début de cette année à travers une de ses chansons intitulée « Pastor Kiki ».
Il y met en scène avec des détails croustillants l’histoire de Kiki, un apprenti mécanicien qui s’est mué en pasteur en créant une église avec laquelle il est devenu riche. Loin de répondre à l’appel d’une prétendue vocation, la création de cette église est la solution trouvée par ce personnage pour sortir du chômage. «Pastor Kiki » use aussi de sa position pour abuser les fidèles femmes. Cette chanson caricature un phénomène palpable dans le pays et qui rappelle un autre appelé « trouble d’amour » et qui a défrayé la chronique à la fin des années 90.

Le « trouble d’amour »

Il a été observé au sein de l’église Union de la renaissance d’hommes en Christ (Urhc) du pasteur Justin Kossoko. Marie-Thérèse Biaou en 2001, dans son mémoire de DEA d’études africaines à l’Université Paris-I portant sur « Le droit et les nouveaux mouvements religieux au Bénin », l’explique après avoir interrogé quelques fidèles.
Selon eux, il s’agit d’un « enseignement » qui montre que « les hommes se marient sans demander la lumière du Seigneur. La majorité des mariages sont célébrés avec des âmes incompatibles et non pas avec des âmes sœurs comme le veut le plan d’amour de Dieu sur ses enfants ». Il est suggéré aux « jeunes filles et femmes même mariées de réparer leurs erreurs du passé ». Pour ce faire, « le pasteur organise ou fait organiser par des disciples formés par lui des séances de prières, cérémonies au cours desquelles il se produit des phénomènes bizarres dits ‘‘troubles d’amour’’ ».
Selon d’autres détails, « les femmes tomberaient en une sorte d’état d’inconscience au cours de ces prières et se mettraient presque nues ».
Le phénomène a pris de l’ampleur au point où les activités d’une paroisse de l’Urhc ont été suspendues provisoirement. C’était le cas dans le sud du pays à Sèhouè dans la localité de Toffo. Le sous-préfet a estimé qu’il y avait « trouble à l’ordre public » parce que la « paroisse reçoit des enseignements de trouble d’amour et pratique ledit trouble ». Estimant que la décision du sous-préfet constituait « une atteinte flagrante du droit à la liberté de religion, de culte et de mouvement » un collectif des fidèles de l’Urhc de la localité de Sèhouè a saisi la Cour constitutionnelle le 15 juillet 98. Le 21 août 2002, la Cour constitutionnelle a rendu une décision déboutant les plaignants.

 

Religions et société : fuir, guerroyer ou discuter

La tension entre ceux qui font allégeance à « Dieu » et ceux qui privilégient les Droits de l’homme ne cesse de croître. Plutôt que de fuir le problème ou de nous entretuer, nous pourrions peut-être discuter. Dans quelles conditions ?

Dans une discussion sur Facebook, un internaute écrit : « L'avenir du monde passe nécessairement par le retrait de certaines prétentions des religions a vouloir diriger la politique et le judiciaire du fait de leur droit divin »

Ce dernier point concentre en effet le conflit entre deux parties du monde, que l’on peut caricaturer aujourd’hui, très grossièrement, en opposant l’Occident (A) et l’islam (B) :

  • D’un côté, les droits de l’homme (DUDH), la liberté, la laïcité, la science ;
  • De l’autre, les valeurs humaines et la science en lien avec la vérité divine (islam ou autre).

A comme B demandent que la partie adverse abandonne ses prétentions et exigent leur retrait en préalable.

A le fait au nom de la DUDH ; B au nom de Dieu.

Pour tous les deux, c’est une question de principe non négociable.

Alors, soit on en reste là, dans l'indifférence ou la guerre, soit on discute.

Si on discute, il faut chercher à comprendre le « sacré » de l’autre !

Le problème est que chaque partie refuse cette démarche et ne voit que les défauts/manques « inacceptables » de la partie adverse, ce qui l’autorise à ses yeux à lui demander de retirer son « sacré ».

Si A voit les excès et crimes commis au nom d’Allah, B voit les dérives et les crimes commis par des pays qui se réclament de la DUDH. A assimile Dieu/Allah avec crimes ; B assimile DUDH avec crimes.

Il faut dépasser ça et pour cela, il faut que A accepte de débattre de la religion et que B accepte de débattre de la DUDH.

Tel est le défi auquel l'Humanité est aujourd'hui confrontée. Saurons-nous le relever ?

Les « sectes », si seulement nous les avions laissé tranquilles !

Ah ! Si seulement nous avions laissé tranquilles les « sectes », aujourd’hui notre vie serait plus colorée et bien plus drôle. Et les jeunes en quête d’idéal seraient certainement moins tentés par les massacreurs islamistes.

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Paul Vinel.

Par Paul Vinel

Aujourd’hui nous croiserions dans nos rues des dévots de Krishna en robe safran, une touffe de cheveux au milieu de leur crâne rasé, agitant une petite clochette et psalmodiant sans fin « Hare Krishna, Hare Krishna,… ». Pour nous déplacer, plus besoin de moyens polluants, juste monter sur notre tapis volant, installés dans la plénitude transcendantale, planant au-dessus des encombrements et des turbulences de la vie. Les adeptes des Elohim, vêtus des couleurs de l’arc en ciel, nous initieraient aux charmes de la méditation sensuelle et nous inviteraient à voyager dans les étoiles. Et bien d’autres…

Ah ! Si nous avions laissé tranquilles les sectes, aujourd’hui notre vie serait plus colorée et bien plus drôle. Surtout nous entendrions moins des « Allahou Akbar », et davantage des « Alléluia, Dieu tout puissant ». Parce qu’à la question inquiète des jeunes en recherche, « quel avenir pour nous, quel sens à notre vie ? », les amis de Jehova, Bible sacré à la main, auraient répondu, la main sur le cœur et avec la foi du charbonnier : « le Paradis sur Terre », et leur auraient enseigné la non-violence et l’amour du prochain.

Quelle tranquillité aujourd’hui cela serait ! Mais cela n’est pas.

Les adorateurs de la déesse Raison rejettent le sacré et le divin qu’ils ne comprennent pas, et les qualifient de balivernes et de superstitions. Ils se sont opposés avec force à toutes les sectes, petites ou grandes, bonnes ou moins bonnes. Et dans leur volonté de les éradiquer, ils ont leurré le peuple de France, ont mobilisé tous les média à leur service, les utilisant comme armes de manipulation massive, et ils ont fait voter des lois discriminatoires. Les sectes ont été privées de parole, discréditées, réduites à se taire.

Mais en même temps, à la question des jeunes en quête d’idéal, « quel avenir pour nous, quel sens à notre vie ? », les adeptes d’un islam violent et conquérant ont répondu : « l’Enfer sur la Terre et le Paradis d’Allah aux massacreurs ! » En l’absence de toute autre réponse, face au silence de nos responsables politiques, ces jeunes remplis d’énergie et avides d’action les ont crus et les ont suivis !

Aujourd’hui, notre société humaine est confrontée à des crises d’une extrême gravité. La plus grave sans conteste est la pollution généralisée qui met en danger la survie même de notre humanité. La seconde crise est l’augmentation constante du chômage. Certains pour la juguler proposent d’augmenter encore la consommation au risque d’aggraver davantage encore la pollution. Enfin la troisième crise concerne tous les conflits armés dans le monde, et plus récemment l’apparition et l’extension du terrorisme islamique. Désormais il n’existe plus d’endroit dans le monde où la paix et la tranquillité soient assurées.

Parce que toute occupée à améliorer le confort matériel des individus, notre société a largement négligé les aspects religieux et spirituels de l’existence. « Dieu est mort » entendions-nous. Et quand les terroristes islamistes ont crié « Allahou Akbar », gloire à Dieu, cela a été la sidération, un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Que des anges de la mort rendent gloire au Créateur de toute vie, et voilà toutes nos valeurs fondamentales sens dessus dessous. Les cycles de vie et de mort se suivent et s’enchainent, mais Dieu, lui, ne meurt jamais. Il est l’Eternel Présent. Nous avons voulu l’éliminer en interdisant sa présence dans les écoles, mais il s’est juste manifesté ailleurs avec encore plus de force. Et s’il faut regretter une seule chose, c’est justement cette absence de Dieu dans nos écoles : à cause d’elle nos écoliers sont des ignorants en religions, incapables de faire la différence entre une doctrine intolérante et haineuse, et une doctrine d’amour respectueuse des convictions des uns et des autres. Il est urgent que Dieu retrouve sa place dans toutes nos écoles. Il est urgent d’éduquer tous nos enfants au fait religieux et de former leur capacité de jugement afin de leur permettre des choix éclairés.

Le développement foudroyant du terrorisme islamique a démontré que des individus étaient capables de tout abandonner pour poursuivre un rêve, le paradis d’Allah, rêve utopique et criminel certes, mais rêve assez fort pour les mettre en action. Parce que la nature humaine ne se satisfait pas seulement du simple confort matériel, elle aspire aussi à une vision transcendante de son passage sur Terre, elle aspire à dépasser sa seule constitution matérielle, elle aspire à une vision supra-matérielle de soi-même. Le Général de Gaulle avait bien compris ce besoin inné de transcendance pour chacun. Ce pourquoi aux français, il parlait de « la grandeur de la France ». Depuis nous avons oublié. C’est la force des islamistes d’avoir pris conscience de ce besoin vital enfoui en chaque individu et d’avoir su l’utiliser dans leur funeste projet. La guerre qu’ils nous ont déclarée n’est pas seulement militaire, elle est également une guerre des idées, des croyances et des valeurs, une guerre religieuse et spirituelle en somme.

Mais qui a les capacités pour les affronter sur ce nouveau champ de bataille ?

Un contre-discours à la propagande islamiste est urgent à mettre en place. Les islamistes ont eu l’idée géniale d’appuyer leur discours sur « la volonté d’Allah », autorité suprême et difficile à contrecarrer. Nos dirigeants n’ont jamais été formés au langage religieux. Ils sont incapables d’élaborer une doctrine basée sur de tels concepts. De même les groupements athées ou laïques : la plupart d’entre eux ont les religions en horreur, le langage religieux les indispose. Les religions officielles ont elles des arguments à faire valoir : c’est leur rôle. Mais elles ont également des problèmes à résoudre : leur audience a largement diminué et leur message devient dès lors inaudible. Même les autorités musulmanes peinent à élaborer un contre-discours et à se faire entendre. Leurs divisions internes et les interprétations multiples du Coran en sont la cause.

Restent cependant les minorités de conviction : celles-là même que nous avons refusé d’entendre. Largement décriées et dénigrées ces dernières années, accusées d’être sectaires, elles se sont forgées une identité dans l’adversité. Prosélytes, le langage religieux et les controverses leur sont familiers. Elles comportent des individualités brillantes, sont très diverses et proposent des réponses concrètes à de nombreuses questions existentielles. Elles offrent des perspectives à tous ceux qui recherchent une transcendance, un sens à leur vie au-delà du simple confort matériel. Longtemps reléguées sur le banc de touche, leur motivation à convaincre est grande. En pays musulman, certaines ont amené des musulmans déçus à les rejoindre. En prison, l’initiation à la méditation a permis la diminution de la violence et des récidives. Les minorités de conviction peuvent apporter beaucoup à notre société dans sa lutte contre la violence et la haine. Il est plus que temps de comprendre qui elles sont vraiment, d’étudier leurs diverses propositions, de voir comment les intégrer dans une stratégie globale.

Le temps n’est plus de subir passivement la violence, il faut mettre un terme aux actions terroristes. La guerre qui nous est imposée est d’ordre religieux : vouloir nous imposer un islam rigoriste par tous les moyens imaginables. Les actions militaires et policières sont certes indispensables, mais elles ne peuvent éradiquer à elles seules l’idéologie totalitaire sous-jacente.

Seuls un discours religieux et des outils spirituels peuvent permettre ce résultat.

> A voir :

 

Il faut défaire la Miviludes et intégrer socialement les « sectes douces »

La bête répression française des minorités spirituelles, qualifiées de « sectes », a certainement joué comme facteur aggravant dans la haine des jeunes sans repères contre le pays. Il faut avoir le courage de le reconnaître et de changer de politique.

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Partie du drapeau de l'Etat islamique (Daech).

Pourquoi les jeunes Français représentent-ils la nationalité la plus importante parmi les étrangers ralliés à Daesc en Syrie ? Outre les raisons historiques liées à notre passé colonial et au fond de racisme qui pourrit nos relations avec nos immigrés et leur descendance, il en est une qu’il faudra bien un jour regarder en face : parce que la France est seul le pays qui a mis en place une politique très élaborée de répression des minorités spirituelles. C’est un des pays les plus matérialistes qui soit et qui a peur du « spirituel ».

Or, la personne humaine a besoin d’idéal, de transcendance.

Or qu’offre-t-on à la jeunesse de notre pays ? Nos valeurs démocratiques ? Certes, elles sont belles. Mais elles sont contredites par nombre de nos comportements. Ne voit-on pas, par exemple, comme les marchands se réjouissent dans notre pays qui est le 3e vendeur d’armes au monde ? Et puis, la corruption, les lobbies, les conflits d’intérêt, etc., qui pourrissent la vie économique (cf. le domaine de la santé, par exemple) et politique (l’aide aux dictateurs africains qui continue aujourd’hui), une presse sans régulation déontologique, tout cela fragilise le lien social.

La laïcité ? Sans la transcendance, elle n’est pas « sexy ». Elle ne peut motiver les jeunes parias, encore moins si elle est comprise restrictivement, comme c’est souvent le cas en France, c’est-à-dire en excluant le religieux ou le spirituel de l’agora.

Imaginons un instant que la France n’ait pas mis en place cette politique irréfléchie, sectaire pour le coup, contre les minorités spirituelles QUI N'ONT JAMAIS ASSASSINE PERSONNE, NI POSE DE BOMBES, NI FAIT EXPLOSER LEURS MEMBRES AU MILIEU DU PUBLIC. Pourquoi je les appelle « sectes douces ».

Témoins de Jéhovah, scientologues, raéliens, moonistes, charismatiques de tout poil, anthroposophes, etc., auraient naturellement investi aussi les banlieues sans être inquiétées à prioiri comme c'est le cas aujourd'hui. Avec plusieurs conséquences positives :

- elles auraient pu attirer dans leur rang bien des jeunes à la recherche d’un idéal, d’un absolu auquel se consacrer à un moment clé de leur développement ;

- ces groupes se seraient confrontés à la fois à la société et aux autres groupes. Ils auraient été obligés de se poser des questions, de modifier certaines attitudes trop extrêmes, de s’améliorer sous l’aiguillon de la concurrence, etc. Or, en les marginalisant aujourd’hui comme le font tous nos gouvernements, ils les renforcent dans leurs identités particularistes. Se sentant injustement persécutés et n’ayant aucune tribune pour s’expliquer socialement, ils se sentent confortés dans « leur » vérité et se durcissent sur leur position.

- la société aurait pu découvrir et mieux apprécier encore les apports de ces approches. Il n’y a pas que l’athée, le croyant traditionnel, le fou d’Allah et l’agnostique (ou l’indécis). Il y a aujourd’hui bien des moyens différents de croire en Dieu de façon constructive, positive et bénéfique pour chacun et tous. D’ailleurs, même réprimées, ces approches intéressent déjà bien du monde. Que ne serait-ce si on cessait de les discriminer !

Les athées et les matérialistes, au lieu de se réfugier facilement – et vainement –, derrière la laïcité, devraient alors redoubler d’intelligence et d’imagination pour attirer des « clients ».

Reste une question : oui, mais laisser des citoyens être ainsi sous emprise est contraire à nos valeurs d’émancipation !

Cessons de rêver : l’influence, l’emprise, la dominance, la violence sont omniprésentes dans notre société ! Elles sont peu visibles mais cependant bien réelles. Publicités, hiérarchies, manipulations plus ou moins perverses, abus de toute nature, sont à l’œuvre à tous les niveaux. Un seul exemple, combien de morts par violence dans les couples dans les « sectes » décriées en France : 0 ou quelques unités ? Et dans les familles « normales » : 267 en 2011 !

Mivil

Sigle de la Mission interministérielle de lutte et de vigilance contres dérives sectaires.

Il serait temps de faire cesser ou fortement évoluer la Miviludes, véritable instance de discrimination dont j’affirme qu’elle a une part de responsabilité, indirecte certes mais réelle, dans l’accroissement de la haine qui pousse des jeunes déshérités mal accompagnés à se faire exploser aujourd’hui au milieu de nous.

 

 

> Sur Altermonde sans frontière : « Depuis 15 ans, les chasseurs de sectes étatiques claironnent que la France, suivie par la Belgique, ont mis en place « un arsenal unique au monde » pour lutter contre ce fléau. Résultat ? Aujourd’hui, et au vu des derniers événements tragiques, ce sont précisément ces deux pays qui sont devenus les terreaux les plus fertiles pour des sectes radicales criminelles. »

Comment faire cohabiter matérialisme et transcendance ?

En France, le matérialisme est devenu insidieusement la norme institutionnelle et sociale. Sous couvert de laïcité, les visions spiritualistes sont exclues de la sphère publique, ou simplement traitées en termes de gestion de la paix sociale. Or, le besoin de transcendance est inhérent à l’homme. Comment la prendre en compte ? En favorisant l’individuation des citoyens.

"La Question", par JL ML.

"La Question", par JL ML.

La question du sens de l’Univers, et aussi de notre raison d’être humaine, est capitale. D’abord individuellement, pour savoir comment orienter sa propre existence. Collectivement aussi, pour savoir sur quelles bases prendre de bonnes décisions, comment favoriser l’intérêt général, quelles règles du jeu mettre en place pour favoriser la cohabitation de tous avec tous.

Cette question a donc une importance vitale, y compris en termes de politique, de civilisation, de diplomatie. Nous voyons ce qui se passe aujourd’hui avec la question de l’islam, par exemple, en France et dans le monde. Tout se passe comme si la planète était divisée (pour faire vite et si l’on excepte ceux qui doutent) entre matérialistes rationalistes (le monde sort du hasard) et croyants irrationnels (le monde a un sens ; finalisme).

Aujourd’hui, les bases du vivre ensemble sont essentiellement dictées par les rationalistes athées.

Cela peut se comprendre. En effet, la science occidentale a fait d’extraordinaires découvertes et a permis des progrès technologiques fulgurants. Pour autant, détient-elle le mot final sur l’homme ?

Certains le croient, des scientifiques, des politiques, des responsables de toute nature. Notamment parmi certains darwiniens qui présentent le créationnisme, ou même simplement la foi, comme une dangereuse superstition. En tant que telles, selon eux, ces croyances n’ont pas à entrer dans le débat public. Celui-ci doit accueillir uniquement des faits scientifiques avérés. C’est particulièrement vrai en médecine, par exemple, où seules sont retenus les traitements « basés sur des preuves ».

Quasi officiellement, tout se passe comme s’il est admis désormais que l’univers n’a pas de sens. D’où le fameux « désenchantement » du monde. On évacue la subjectivité, la spiritualité, l’âme. Y compris l’éthique (cf. ‘Le Hasard et la nécessité’, Jacques Monod) !

Abus idéologique

Les matérialistes se prétendent cartésiens et traitent les croyants de dogmatiques, d’irrationnels, voire d’illuminés ou, pire encore, de charlatans. Cet abus idéologique est grave parce qu'il laisse place aux dérives que l’on connaît : priorité au profit, à la technologie, etc. Avec toutes les pollutions et les injustices qui en découlent.

De même, la divinisation du matériel et du physique a conduit à une société hypernormée, fonctionnant essentiellement sur les apparences et l’immédiat, au détriment du long terme, de la sensibilité, de la complexité, de la poésie, de la foi, bref, de l’humain.

Autre problème, la conséquence sur le vivre ensemble l’international. En effet, Dieu, la religion, l’esprit ayant été abusivement évacués du domaine de la connaissance, le croyant qui se veut "raisonnable" n’a plus d’outil conceptuel, d’argument fort à opposer aux extrémistes et aux fanatiques religieux. Or ceux-ci ont au moins une bonne raison, une certaine légitimité à leur combat : le refus occidental de l’Esprit leur paraît inadmissible.

Et ce refus est inadmissible de fait, que l’on soit croyant ou non, car aucun scientifique n’a prouvé l’inexistence de l’Esprit ou de Dieu. Ni l’inverse, d’ailleurs ! En toute logique, toute société intellectuellement honnête doit admettre la cohabitation entre des visions du monde multiples, autant celles donnant un sens à l’univers que celles lui en refusant un.

De même, ceux qui croient en une dimension divine ou spirituelle de l’homme, et notamment les scientifiques croyants, doivent pouvoir œuvrer et travailler avec l’hypothèse que l’univers a un sens.

Autant de croyances que de croyants

Mais cette affirmation implique une contrepartie. En effet, le sens donné au monde par ceux qui pensent qu’il en a un diffère d’un croyant à l’autre. D’où un déséquilibre : d’un côté, les non croyants forment un groupe homogène ; de l’autre, leurs croyances sont presque aussi nombreuses qu’il y a de croyants.

Aussi, ces derniers, s’ils veulent pouvoir intervenir dans le débat et le fonctionnement publics, doivent s’élever pour concevoir un point de rencontre universel. Ils doivent se dépouiller de leurs dogmes particularistes, aller plus loin que leurs propres doctrines ou préjugés. Pour être légitimes dans le discours public, devient nécessaire une vision générale susceptible de rassembler tous les croyants autour d’une poignée de grands principes universels admis possiblement par tous, y compris par les non croyants, sans passer par le filtre de leurs particularismes (qu’ils peuvent en revanche conserver dans leur vie privée).

Les religions et les approches spirituelles et idéalistes, sont ainsi invitées à travailler plus pour le bien commun et les valeurs universelles, à relativiser les étiquettes et la défense de leur chapelle pour échanger avec tous sur un plan universel.

Récapitulons :

- A la science de reconnaître ses limites structurelles (elle ne pourra jamais dire le tout de la réalité, nous le savons aujourd’hui) et d’accepter que l'on puisse aussi travailler sur l'hypothèse d'un univers en partie "finalisé" (sans forcément parler d’un Dieu). Aux institutions de reconnaître que bien des réalités échappent encore à notre connaissance dite rationnelle (par exemple, le phénomène des guérisseurs) et de s’ouvrir en conséquence.

- Aux croyants de se hisser au delà de leurs dogmes particularistes, d’intégrer les découvertes scientifiques (amendables et perfectibles) et de s’unir autour de quelques grands principes que les non croyants pourraient reconnaître comme compatibles avec leurs connaissances.

Bref, que toutes les parties sachent voir au delà de leurs « savoirs », au delà de la croyance et de la non croyance, jusqu’à une réalité universelle, transcendantale, dans laquelle tous et chacun peuvent se retrouver.

Chacun est universellement unique

Chacun est unique et ne peut, ne doit pas se laisser résumer par une étiquette, aussi vraie et belle soit-elle. Fût-elle une révélation divine. Ne nous laissons impressionner ni par les théologiens ni par les savants ni par aucune autorité ! Chacun de nous est légitime pour répondre à la question du sens de l’existence, pour choisir sa vision du monde, pour dire si l’univers a un sens ou non.

D’où l’importance de s’épanouir en s’individualisant, de cultiver une soif personnelle de connaître et de développer son esprit critique. En effet, si on ne bâtit pas sa propre pensée, si l’on conserve une trop faible conviction personnelle, on peut facilement se laisser prendre par des discours trompeurs, qu’ils soient officiels, scientistes ou religieux.

De même, si l’on se restreint à un dogme traditionnel ou révélé, à une vérité "extérieure", on risque l’enfermement sur des voies tracées d’avance et déconnectées de la vie du présent.

D’ores et déjà, il y a une vérité qui pourrait tous nous rassembler, c’est qu’il faut à l’homme, pour s’épanouir au milieu des siens, après la satisfaction de ses besoins fondamentaux, la liberté, l’amour et la connaissance.

C’est sur ces trois valeurs que doivent désormais, à mon sens, porter tous nos efforts individuels et collectifs.

3 – Christianisme et protestantisme, deux ex-sectes aujourd’hui « fréquentables »

Les « sectes » ont toujours existé. Leur répression aussi, d’ailleurs ! Et toujours pour de « bons » motifs. Le catholicisme, dont le fondateur Jésus était issu de la « secte » des Esséniens, fut longtemps considéré comme une « secte ». Tout comme le protestantisme.

Jésus, chef de "secte" ?

Jésus fut exécuté comme chef de "secte".

Elles avaient historiquement des causes simples : réaction face à l’écart entre le dire et le faire des religions en place, face à l’immobilisme ou aux excès de ces religions, et aux abus de leur position dominante.

La plupart de ces nouveaux mouvements étaient motivés, du moins au départ, par un désir d’intégrité plus intense, par le besoin de répondre plus nettement aux principes supposés de la Divinité et aux aspirations de bonheur des individus .

Jésus de Nazareth, déjà, était vraisemblablement issu de la « secte » des Esséniens de Qumrân. Cette communauté initiatique pointait le manque de rigueur dans l’observation de la loi juive comme la source du mal. Contestant les prêtres du temple de Jérusalem, elle attendait l’apocalypse.
Déjà !

Anthropophagie

Ensuite, l’histoire est connue : le christianisme, a-t-on souvent dit, est une secte qui a réussi. Ce qui n’était pas évident au départ. Bien plus violentes qu’aujourd’hui, les persécutions subies par la petite communauté du départ faillirent l’exterminer. Les chrétiens étaient accusés de détourner les gens de la vie sociale, en refusant par exemple de se mêler aux jeux du cirque. On leur reprochait de se mettre à l’écart, de refuser certaines professions, de ne pas sacrifier au culte des idoles. On les accusait de “superstitions” “exécrables” ou “maléfiques”. La rumeur publique leur imputa meurtres, incestes, brigandage, adultères, magie, adoration de tête d’âne et même anthropophagie...

Tous ces soi-disant crimes alimentaient la haine des païens à leur égard. Ils étaient autant de prétextes aux autorités pour les réprimer, au titre de la défense de l’ordre public et de la moralité. Des émeutes populaires et des dénonciations anonymes conduisirent à des procès. Stigmatisés pour leur changement radical de mode de vie, pour leur refus des idoles traditionnelles, les premiers chrétiens furent victimes tant des violences populaires que des officielles. Beaucoup le payèrent de leur vie.

Tout au long des deux mille ans de christianisme, de nombreuses disputes donnèrent naissance à des multitudes de « sectes », dont certaines purent finalement bénéficier du statut de religion. Autrement dit, de « secte » qui dure et qui finit par obtenir une reconnaissance sociale.

Parmi elles, le protestantisme fut lui aussi violemment stigmatisé à ses débuts, comme « secte luthérienne », hérétique et schismatique. À une époque où l’Eglise catholique régnait en maîtresse des représentations communes, où elle régentait la pensée, le protestantisme naissant constituait une « erreur doctrinale ». Ses affidés étaient également vus comme une menace pour le corps social et l’organisation politique du royaume. Ils pouvaient, craignait-on, conduire à la séparation, à la « sédition ». Pour l’Eglise catholique, pas question de tolérer une autre Église : ce serait trahir sa mission universelle et sa prétention au monopole de la vérité.

Un petit détour par l’Histoire, en France, se révèle instructif et permet d’éclairer la situation actuelle de notre pays. Il y a effectivement encore beaucoup de ressemblances malgré d’incontestables évolutions.

Logique du martyr

"Hérétique" protestant signant sa conversion après la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV. Comme leur roi, les Français acceptent mal que deux religions puissent cohabiter dans leur pays.

"Hérétique" protestant signant sa conversion après la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV. Comme leur roi, les Français acceptaient mal que deux religions pussent cohabiter dans leur pays.

La révocation de l'Edit de Nantes (1685) par Louis XIV, qui supprime le culte et toute existence institutionnelle des Églises réformées de France, oblige les contestataires soit à quitter le pays (le “Refuge”), soit à constituer des groupuscules en rupture avec l’ordre social (les Églises clandestines “du Désert”).

« Dans la première phase de recomposition clandestine des Églises du “Désert”, note Hubert Bost (dans "De la secte à l'église", in Rives nord-méditerranéennes, Religion, secte et pouvoir, 2005), aucun compromis n’est envisageable et la logique du martyre prévaut. Progressivement, cette intransigeance laisse place à un discours plus modéré, à des tentatives de négociation avec le pouvoir, à des offres de service et à des protestations de citoyenneté. L’objectif est de recouvrer une visibilité et une légitimité en adhérant au type Église dont le modèle est le catholicisme. Il s’agit de retrouver un statut dans l’espace public et de peser sur les débats du temps. »

Antoine Court, par exemple, principal artisan de la “restauration” du protestantisme français, manifeste son loyalisme à l’égard de la couronne. Il écrit beaucoup, pour expliquer à l’opinion publique la situation des protestants et pour solliciter le droit à la liberté de conscience et un état civil : Le Patriote français et impartial (1752) ; Lettre d’un patriote pour la tolérance civile (1756).

La Beaumelle et Rabaut publient en 1762 un plaidoyer intitulé La Calomnie confondue ou mémoire dans lequel on réfute une nouvelle accusation intentée aux protestans de la province de Languedoc, à l’occasion de l'affaire du sieur Calas détenu dans les prisons de Toulouse.

Puis paraît, après les “affaires” de la décennie 1760 (Rochette, Sirven, Calas) le Traité sur la tolérance de Voltaire.

Hubert Bost : « D’hérétiques et de séditieux qu’ils étaient, les protestants apparaissent maintenant comme victimes de mesures excessives et d’iniquités répétées. Si les sectaires d’hier sont encore loin de se voir reconnaître le droit de constituer une Église, du moins commence-t-on, dans les milieux parlementaires et à la cour, à considérer d’intérêt public de ne plus en faire des citoyens de second rang. »

> A suivre : 4 – Ce que tout Français et les catholiques doivent aux protestants

> Déjà parus :

2 - Les « sectes », symptômes des maux et lacunes de notre société

1 - Sectes, religions et liberté de pensée : Une question éminemment politique

 

2 – Les « sectes », symptômes des maux et lacunes de notre société

La meilleure arme des ennemis de la diversité spirituelle, la plus puissante, celle qui a montré dans l’histoire des persécutions sa terrible efficacité, c’est l’amalgame que permet le mot indéfinissable de “secte”. On mélange tout dans cette notion injurieuse, bien pratique parce que sans définition précise et sans existence juridique, ce qui est pain bénit pour les calomniateurs.

pilori 1

Le pilori. Coutumes de Toulouse, 1296, BnF.
Les médias ont remplacé l'appareil en bois et démultiplié l'impact de la punition.

Végétarisme, nouvel âge, médecines naturelles, prière hors églises reconnues, désintérêt pour la télévision, scolarisation à la maison, appartenance à un groupe de taille international ou à un petit groupe local rassemblé autour d’une démarche originale, critique du système médical ou critique globale de la société, tout devient prétexte à stigmatiser l’original. En outre, le « coupable à priori » n’est même pas appelé à s’expliquer. Il suffit qu’il soit dénoncé comme « secte » ou suspect de « dérive sectaire » par une officine comme la Miviludes ou l’Unadfi pour être considéré comme ennemi de la nation. Et être exposé au pilori des médias...

Quelle régression au pays des Droits de l’homme ! Alors que nous avons été parmi les premiers à affirmer que tout accusé a le droit d’être confronté à son accusateur pour s’expliquer devant une cour impartiale, un homme ou un groupe d’hommes accusé en France d’être un gourou ou une “secte” est arbitrairement traîné dans la boue et socialement discriminé, sans jamais être entendu ! et avec la bénédiction (laïque !) de la majorité de nos concitoyens, des médias et des pouvoirs constitués.

La croyance en la culpabilité de l’autre fausse le jugement

À l’étranger d’ailleurs, on s’inquiète de cet esprit d’inquisition. Plusieurs pays plus respectueux de la liberté de penser, plus ouverts à la diversité des croyances et des pratiques sociales, protestent contre les pratiques françaises. En vain jusqu’à présent. Mais cela pourrait changer face à la volonté de la France d’exporter son "modèle" discriminatoire à l’échelle de l’Europe (nous y reviendrons).

Il n’est pas question, bien sûr, d’ignorer certains risques (inhérents à toute démarche spirituelle authentique) et certaines dérives. Encore faut-il combattre ces dérives dans tous les secteurs de la société – et pas seulement chez les minorités spirituelles !

Comment une "présomption de culpabilité" peut conduire à une immense erreur judiciaire.

L'affaire d'Outreau.- Comment une "présomption de culpabilité" peut conduire à une immense erreur judiciaire.

Encore faut-il également que ces délits soient effectivement constitués et prouvés. On a vu, dans l’affaire des « acquittés d’Outreau », par exemple, combien la croyance en la culpabilité de l’autre pouvait fausser complètement tout le processus judiciaire pourtant mis en œuvre par des professionnels et des organismes officiels. Que dire alors de culpabilités proférées sans information contradictoire, sans avoir suivi les circuits d’une telle instruction !

Au dire même de l’administration, et au vu de l’extrême rareté des condamnations, les cas avérés de dérives sectaires par les “sectes” sont exceptionnels. Ils ne justifient en aucune manière l’ostracisme dont les minorités religieuses ou thérapeutiques sont frappées dans leur ensemble.

C’est comme si l’on interdisait aux Français toute consommation de fruits et de légumes sous prétexte que 1 % de ces aliments contiennent des doses de pesticides supérieures aux normes admissibles…

Notre tâche, ici, va être de montrer qu’il est indispensable de manger des fruits et des légumes, quitte à se renseigner sur leur provenance et les conditions de leur production pour faire un tri. Les fruits et les légumes étant, dans notre métaphore, les enseignements spirituels différents.

Une chasse aux sorcières d’un autre âge

La chasse aux sorcières menée en France, digne d’un autre âge, masque une lutte contre des évolutions qui remettent en cause certains aspects du système en place. Cela est particulièrement visible dans le domaine de la santé.

Nos sociétés ont une conception très mécaniste du corps humain. Depuis Pasteur, le microbe est devenu un ennemi. L’essentiel de l’arsenal thérapeutique contre les maladies s’est donc orienté vers une éradication par tous les moyens de cet adversaire invisible. Au lieu de chercher à comprendre le pourquoi de son action néfaste, on le tue.

microbesAu lieu de chercher à savoir pourquoi le microbe, présent depuis l’origine dans l’organisme, se met soudain à le perturber. En cherchant seulement à éliminer le trublion, en oubliant le terrain dans lequel il végète, on s’abstient de décrypter le signal qu’il émet. On s’empêche ainsi d’agir efficacement sur les causes du déclenchement de la maladie. On se prive d’apporter une solution en profondeur aux maux que nous prétendons combattre. Tout en provoquant d’autres maux, comme les résistances aux antibiotiques et les empoisonnements chimiques par excès de médicaments.

De la même façon, les "sectes" sont, au pire, des symptômes des dysfonctionnements et des manques de notre société. Au mieux, elles annoncent des évolutions souhaitables, des préfigurations de paradigmes plus féconds. Dans un cas comme l’autre, les diaboliser et tenter de les dissoudre est injuste, vain ou contre-productif (elles se multiplient !). Les responsables, les décideurs et les intellectuels ont tous intérêt à étudier sereinement et sérieusement le problème - s’ils veulent vraiment aider à sa résolution.

Une certaine idée de la vérité

C’est par l'étude précise des faits, l’honnêteté intellectuelle, l’effort de penser par soi-même et le respect de l’autre que nous parviendrons à tisser entre nous tous les liens dont l’absence immobilise et sclérose notre pays. Et monte des catégories de population les unes contre les autres. La leçon de la dernière guerre ne sera-t-elle donc jamais apprise ? On dit : « Plus jamais ça ! » et chacun continue allègrement à taper sur ses boucs émissaires.

Il faut inviter chacun à rechercher lui-même le vrai (et non faire confiance à des entités qui ont intérêt à calomnier). Car le comportement d’une société, notamment vis-à-vis de ses marges, dépend en premier lieu du rapport qu’elle entretient avec la vérité, de la conception qu’elle a de la vérité. L’ensemble des lois, et des instances mises en place pour permettre leur application, a toujours pour base une certaine idée de la vérité. Que celle-ci soit expressément définie ou non. Qu’elle soit consciente ou non.

Par exemple, en France, seule la médecine « basée sur des preuves » est dite valable parce qu’elle est assimilée à la vraie médecine, tout le reste étant billevesées fuligineuses, voire criminelles. Or, assimiler connaissance scientifique et vérité est un abus cognitif.

Et si les "sectes", dans ce contexte, ont bien au moins une utilité, c’est celle de forcer notre réflexion sur la vérité et les modalités d’accès à cette (ou à ces) vérité(s), de nous pousser à approfondir notre connaissance de nous-mêmes, des autres, des fossés qui nous séparent comme des liens qui nous unissent, ainsi que des nos croyances, de nos illusions, de nos prétentions à connaître et… de nos atouts.

 > A suivre : 3 – Christianisme : des superstitions « exécrables » et « maléfiques ».

> Déjà paru : Sectes, religions et liberté de pensée : 1 – Une question éminemment politique

Liberté de pensée, sectes et religions : 1 – Une question éminemment politique

Débredinoire propose à partir d’aujourd’hui une série d’articles qui seront publiés chaque semaine. Le fil conducteur de ce long dossier est une approche originale de la question « sectaire », loin des clichés véhiculés par le pouvoir, les médias et quelques lobbies.

> Voir en fin d'article la liste de tous les articles parus.

Cette approche nous permettra de remonter loin dans le passé pour analyser comment la question de la « différence » (intellectuelle et spirituelle) a pourri nos relations sociales et politiques tout au long de notre histoire. La France sait mal gérer ce qui contrarie sa vision de la « vérité » et risque de concurrencer les monopoles et les intérêts en place.

La politique française envers les nouveaux mouvements religieux et thérapeutiques, baptisée « lutte contre les sectes, ou contre les dérives sectaires » pour se donner bonne conscience, peut aussi se comprendre comme le combat du pouvoir et des grands lobbies pour empêcher l’émergence de contestataires très convaincus ou de créatifs culturels. L’opinion, manipulée par les autorités tout autant que par la presse, qui n’a jamais fait la moindre enquête neutre et sérieuse sur le sujet, vit dans la crainte d’une menace largement irréelle.

Même le journal dit "de référence" n'hésite pas à créer une rubtrique spécialisée baptisée, non pas analyse du phénomène sectaire, mais "Lutte contre les sectes"...

Même le journal dit "de référence" n'hésite pas à créer une rubrique spécialisée baptisée, non pas "Analyse du phénomène sectaire", mais carrément "Lutte contre les sectes"...

La question du traitement à réserver à ces approches différentes et complémentaires est en fait une question majeure de société. C’est une question :

- philosophique (elle touche au problème crucial mais toujours non résolu des relations entre le corps et l’esprit)

- scientifique (comment faire le tri, dans le domaine de la santé, par exemple, entre les démarches valides et les autres)

- juridique et pénale (comment départager le crime et l’escroquerie de l’erreur ou de l’innovation en matière de soin)

- politique (qui est compétent pour décider en la matière ; quels mécanismes pour éviter tout conflit d’intérêt et abus de pouvoir)

- sociale (les deux tiers des Français ont recours aux médecines douces)

- médiatique : la presse relaie avec complaisance, quand elle ne l´attise pas, la propagande discriminatoire du pouvoir

- économique (trou de la sécurité sociale ; immense marché actuellement protégé par un monopole), etc.

La question des “sectes” : une question éminemment politique et philosophique

Elle touche à la fois aux rapports individu/groupe, minorité/collectivité, tradition/innovation ; aux rapports conscience/instincts/hérédité/conditionnements ; à la place de la transcendance et de la subjectivité dans une société matérialiste et soumise aux “pensée uniques” .

Elle réactualise avec insistance la question éternelle (que s’efforcent d’éluder tout à la fois les pouvoirs religieux, politiques et économiques) : qu’est-ce que penser par soi-même au milieu des autres ?

Nous développerons ici la thèse que, à rebours des idées reçues, la “secte” (communauté spirituelle, philosophique ou thérapeutique) naît d’une résistance multiforme à ce modèle. A ce titre, elle peut même constituer une étape positive sur le chemin de l’autonomie de la pensée. Et donc de l’individuation.

Ce thème fait peur et fait rarement l’objet de débats, tant il est définitivement entendu qu’il existe en France d’infréquentables sectes, toutes manipulatrices et malfaisantes, motivées seulement, sous le masque trompeur de la religion, par l’appât du gain et le fanatisme destructeur. Et conduisant à la mort.

Une autre analyse est possible. C’est l’objet de cette série d’articles.

« Sectes » : au-delà des clichés réducteurs et infâmants

Il faut aller au delà des clichés pour mieux appréhender la réalité et saisir l’intérêt de réfléchir sans passion sur l’essor de ces mouvements “différents”. Ces groupes qui sont méprisés en toute ignorance de cause et au sujet desquels l’information est donnée seulement par le seul biais de ceux qui ont intérêt (économique ou idéologique) à les réduire au silence (nous en reparlerons).

Commençons tout de suite par ce qui sera sans doute le plus désagréable à entendre à certains : ces “mouvements” sont appelés non seulement à durer mais à proliférer et s’étendre. Du moins, tant que la société n’a pas mûri, tant que des relations interpersonnelles confiantes et ouvertes ne sont pas établies entre les différentes opinions. Tant que le besoin de spiritualité ou de transcendance inhérent à tout homme n’est pas satisfait par les églises “reconnues” ou par les régimes politiques en vigueur.

De même, nous le verrons plus loin, le problème des “sectes” est aussi celui de la place de la “vérité” en démocratie.

De fait, ces mouvements ont historiquement toujours constitué - et constituent toujours aujourd’hui - des indicateurs de voies nouvelles, multiples, parfois convergentes, pour faire évoluer les positions dominantes et sclérosées. Mouches du coche, contestataires, en proposant d’autres modes de pensées et de comportements, ils appuient là où ça mal, là où la société et son organisation sont fragiles ou injustes. Ce faisant, ils font évoluer les mentalités, plus ou moins maladroitement, parfois de façon répréhensible (comme beaucoup d’acteurs dans notre société), mais de façon irrépressible.

Ces mouvements, écoles, groupes de personnes, communautés, églises (Scientologie, Témoins de Jéhovah pour nommer les plus connues), parfois individus (appelés par certains “créatifs culturels”), appliquent des techniques ou se réfèrent à des enseignements originaux, différents de la culture dominante. Ces voies impliquent généralement une vision globale de l’être humain et de ses rapports avec ses semblables, l’univers ou Dieu, que la vision soit thérapeutique, philosophique, spirituelle ou tout cela à la fois.

Elles sont toutes plus ou moins dans le collimateur des "antisectes" :

Acupuncture, Angélisme, Aromathérapie, Art thérapie, Auriculothérapie, Bio-énergie, Chanelling, Chiropraxie, Chromothérapie, Clarification, Communication non-violente, Danse sacrée, Décodage Biologique, Développement Personnel, Do-yin, Drainage lymphatique, Ennéagramme, Esotérisme, Etiopathie, Eutonie, Fleurs de Bach, Feng Shui, Géobiologie, Gestalt-thérapie, Graphologie, Homéopathie, Hypno-sophrologie, Hypnose thérapeutique, EMDR (Intégration par les Mouvements Oculaires), Kinésiologie, Magnétisme, Massages sensitifs, Massages ayurvédiques, Massages chinois, Meditation, Médecine chinoise, Micro-kinésithérapie, Morpho-psychologie, Musicothérapie, Myothérapie, Naturopathie, Nutrition, Ostéopathie, Phytothérapie, PNL, Prière, Produits biologiques, Psycho-généalogie, Psychologies, Psychologie, Retraites spirituelles, Qi Gong, Reiki, Rebirth, Réflexologie, Shiatsu, Sophrologie, Stress, Tantra, Thalassothérapie, Yoga, Zen, etc.

Pour bien des Français, ces mouvements n'ont rien à voir avec des "sectes". Qui, en effet, n’a pas au moins une fois bénéficié de ces nouvelles approches de la santé ou de la conscience au monde ? Popularisées par les magazines féminins, par certains magazines spécialisés, par de nombreux ouvrages, et présentées sur divers salons, objets de stages attirant un public sans cesse croissant, ces démarches répondent à un besoin de sensibilité, d’écoute attentive et de chaleur humaine qui est rarement satisfait par les acteurs “officiels” des grandes églises et de la médecine académique.

La dangerosité « sectaire » très largement surestimée

De même, et c’est là sans doute que se situe le nœud de la question des “sectes”, ces démarches permettent à l’individu une prise en charge personnelle de son destin et de sa santé. Echaudé par les excès et parfois l’inhumanité des pratiques conventionnelles, le citoyen cherche des voies qui ne soient pas uniquement dictées par l’Etat et la science “officielle”.

Quand le Conseil de l'ordre des médecins veut illustrer un dossier sur les "dé"rives sectaires", il présente une séance de méditation en une de son bulletin (n°21 janvier 2012).

Quand le Conseil de l'ordre des médecins veut illustrer un dossier sur les "dérives sectaires", il présente une séance de méditation en une de son bulletin (n°21 janvier 2012).

Si les “sectes” étaient toutes des groupes pseudo-religieux masquant en réalité des entreprises totalitaires destinées uniquement à détourner les avoirs et les biens de leurs adeptes ou à les conduire à la mort, ces pages n’auraient pas de raison d’être. Nous n’aurions aucune raison en effet de défendre ce type de comportements.

Or, la réalité sur cette question est bien différente des représentations qu’en véhiculent les médias, les associations dites “antisectes” (Unadfi, CCMM, Fecris, etc.) et les pouvoirs publics (Miviludes, ministère de la santé). Nous tâcherons ici de démontrer que la “dangerosité sectaire”, même si elle peut exister, est très largement surestimée. Elle s’est muée, en France, en mythe.

La propagation de ce mythe est contraire, non seulement à ceux qui en sont victimes, mais aussi à la société toute entière et même aux antisectes déclarés qui se privent ainsi de réel efficace. Une meilleure compréhension du phénomène et de ses enjeux nous rapprochera de la réalité. Et aiderait la France à renouer avec le rayonnement intellectuel et spirituel qui a fait, dans le passé, l’admiration du monde entier.

Ce qui est de moins en le cas aujourd’hui en raison de sa politique officiellement discriminatoire.

Il y a plusieurs façons d’aborder la question des “sectes” : de façon passionnelle ou rationnelle, de façon polémique ou philosophique, de façon idéologique ou en s’appuyant sur des faits. Tout ce qui sera dit ici s’appuiera sur des faits, la plupart du temps ignorés de tous, et notamment des adversaires des sectes. De même, une réflexion philosophique tâchera d’éclairer les enjeux de cette tension si vive en France, plus vive que n’importe quel autre pays au monde, si ce n’est en Chine et dans les pays soumis aux dictatures.

Mus par une farouche volonté d’inconnaissance, les antisectes ont gagné, apparemment, la bataille, médiatique et politique : plus des deux tiers des Français estiment qu’il existe des sectes dangereuses infiltrées un peu partout. Mais ils ont d’ores et déjà perdu la guerre puisque ces mouvements non seulement n’ont pas disparu, mais se sont professionnalisés, modifiés, diversifiés. Et multipliés, surtout, prouvant la vanité de la politique menée dans notre pays. Aujourd’hui, les sectes semblent partout, dans le milieu de l’entreprise comme dans celui de la santé, dans les administrations comme dans le champ culturel.

Le revers de cette lutte contre les pratiques soi-disant sectaires est que tout individu s’aventurant en une voie un peu originale, dans le domaine de la pensée, de la santé ou du spirituel, peut désormais être inquiété par des vigiles normalisateurs publics et privés, ces derniers étant de plus financés par nos impôts. De plus en plus nombreuses sont les personnes qu’une dénonciation calomnieuse au titre d’appartenance à une secte (que cela soit vrai ou non) a cassées, leur faisant perdre leur travail, leur famille, leurs enfants, les obligeant parfois à quitter le pays. Les conduisant même à la dernière extrémité (cf. affaire Yves Jullien, directeur du centre Epinoia, qui s'était suicidé en 2000 après une campagne de dénigrement orchestrée par l'Unadfi).

Est-il normal, dans le pays dit des « droits de l’homme », des citoyens soient officiellement discriminés pour leurs croyances sans qu’il soit prouvé qu’ils aient personnellement commis un quelconque crime ou délit ?

> Tous les articles de l'enquête :

21 - Penser par soi-même, un idéal encore lointain

20 – La pression du « religieusement correct » conforte le risque de sectarisme

19 – Paradoxalement, être membre d’une «secte» permet de résister à la pensée unique

18 – Déviance aujourd’hui, mœurs tolérées demain. Comment savoir ?

17 – Pour un « marché » libre des cultes et des convictions

16 – Du positif dans la chasse aux sorcières «antisecte» à la française

15 – L’imposant arsenal français contre les « sectes » est unique au monde

14 - Les "sectes : des religions qui  n'ont pas réussi ?

13 - L'Eglise catholique : des principes que la Miviludes pourrait classer "dérives sectaires"

12 – Désormais, après l’avoir combattue, l’Eglise profite de la liberté de conscience

11 - Hegel : « Ce droit inaliénable de l’homme de se donner ses lois du fond de son cœur »

10 - La foi contre la raison versus la foi en la raison

9 - « Ils osent refuser à l’Eglise le droit d’exercer la censure ! »

8 - Liberté de la presse, « liberté exécrable, la plus funeste » !

7 – L’Eglise : « Que chaque individu soit soumis aux puissances ! »

6 - La liberté de penser ? Un droit « chimérique et monstrueux » !

5 – Les mauvais comportements des croyants éloignent les « gentils » de Dieu

4 - Ce que tout Français et les catholiques doivent aux protestants

3 - Christianisme et protestantisme, deux ex-sectes aujourd'hui "fréquentables"

2 - Les « sectes », symptômes des maux et lacunes de notre société

1 - Sectes, religions et liberté de pensée : Une question éminemment politique