Archives par étiquette : dérives sectaires

J’ai écrit au président de la République et au 1er ministre pour les alerter sur les dérives de « la lutte contre les sectes »

Les médias nationaux censurant toutes les informations susceptibles d’éveiller l’esprit critique concernant la politique nationale de lutte contre les « dérives sectaires », j’ai écrit à MM. Macron et Philippe pour les alerter sur quelques points sensibles, alors qu’une « réforme » de la Miviludes est actuellement à l’étude.

Par un courrier daté du 23 mai 2017, la Cour des comptes avait formulé, à l’attention du premier ministre, des « recommandations pour améliorer le fonctionnement de la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires ».

En réponse à ce référé, le Premier ministre, Édouard Philippe, s’était engagé à moderniser la gouvernance de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Emmanuel Macron et Édouard Philippe.

Aucun élu, aucun journaliste, aucun média national, aucun intellectuel français n’a fait preuve du moindre esprit critique sur la politique « anti-secte » menée depuis des lustres par les différents gouvernements. J’ai cru de mon devoir d’interpeller les responsables au sommet de l’État sur cette carence. Et, pour l'illustrer, j'ai mis en avant trois points qui méritent réflexion :

Intolérance :

1017-2017  : mille ans de « chasse aux sectes » en France  !

Scandale d’État :

Aveuglée par son obsession antisectaire, la Miviludes a laissé libre champ au terrorisme islamiste

Déni de justice :

Laval (Mayenne)  : l’Etat censure le Cercle des Amis de Bruno Gröning lynché par la presse et sur Tweeter

Voici la teneur de la lettre que j’ai adressée le 13 novembre 2017 au président de la République avec copie au premier ministre :

Voici la réponse du chef de cabinet de la présidence :

> Depuis, silence radio.

Pourquoi je critique la « chasse aux sectes » pratiquée en France

Devant l’incompréhension de beaucoup, et notamment de bien de mes confrères, voici une explication de ma lutte pour une information juste sur les « sectes », lutte que, malheureusement, je suis le seul journaliste professionnel en France à mener sur le long terme.

Article Reflets

Amorce de l'article rédigé pour Reflets sur le traitement médiatique des "sectes". Cliquer sur l'image pour voir l'article en entier (publié ici avec l'aimable autorisation du magazine).

La plupart de mes confrères s’interrogent sur mon « obsession » à critiquer la politique gouvernementale et le traitement médiatique envers les « sectes ». L’un d’eux, engagé pourtant comme moi dans le combat pour une meilleure qualité des médias, m’a même dit ceci : « Pour une raison que j’ignore, tu as fait de cette question des sectes, de leur reconnaissance, la colonne vertébrale de tes combats pour l’éthique et la déontologie du journalisme. De la même façon que tu me fais connaître ton jugement sur ma façon d’être sur le sujet, permets-moi de te dire amicalement que tu entaches ainsi ton combat –ce qui ne regarde que toi- mais fragilises aussi les combats collectifs auxquels tu participe dans ce domaine, ce que je ne peux que regretter ».

Ainsi, à ses yeux, non seulement je me fais honte en agissant de la sorte (« tu entaches ton combat »), mais en outre, à cause de cette honte qui rayonne de moi, je « fragilise les combats collectifs auxquels je participe » !

Violation du contrat démocratique

Parce que j’alerte la population sur une violation flagrante et majeure de notre contrat démocratique, parce que je démontre la partialité et le refus de considérer le réel par les pouvoirs publics et les médias, je deviens une honte nationale, en quelque sorte.

Dois-je porter une quelconque étoile au revers de ma veste ?

Si effectivement, mon combat se porte essentiellement sur la problématique « secte » et médecines douces, c’est parce que je suis pour le vivre ensemble, pour l’élaboration d’une fraternité substantielle, lucide, fondée sur des faits avérés et débattus, et non l'émotionnel et l'affichage de bons sentiments. C’est pour cela que je m’oppose à toute discrimination.

Ceux qui me lisent dans Ouvertures savent que je soutiens de nombreuses causes pour le droit à la différence : politique, religieuse, philosophique, sexuelle, thérapeutique, écologique, etc. Et si je mets l’accent sur la question « sectaire », c’est parce que, dans ce domaine, il n’existe AUCUN AUTRE JOURNALISTE en France pour s’y atteler, contrairement aux autres causes qui ont malgré tout des soutiens médiatiques, politiques et gouvernementaux.

Ceux qui se prétendent mes adversaires m’accusent de soutenir les « sectes », un peu comme si j’étais favorable aux nazis ou aux terroristes ! Alors que je ne soutiens aucune « secte ». Je défends simplement, quand on aborde ce sujet sensible qui touche aux libertés fondamentales, l’éthique de l’information, le devoir d’être neutre, le plus objectif possible, d’accueillir honnêtement les faits, d’être à l’écoute des contradictions, etc.

Une campagne de dénigrement pré-orientée

Mon combat est un combat épistémologique et politique. Simplement humain.

J’affirme que depuis des décennies, pour des motifs à priori tout à fait légitimes, sont mises en place, très officiellement, une chasse aux sorcières injustifiable et des campagnes de dénigrement pré-orientées contre des minorités spirituelles et thérapeutiques, voire écologiques, campagnes qui ne s’appuient par sur des faits probants, inventent des dangers (la plupart du temps), qui travestissent des données, construisent des montages pour faire peur, rejettent systématiquement tout débat public équilibré, substituent pour l'occasion, en toute "bonne conscience", la présomption de culpabilité à celle d'innocence, etc.

Bref, qui trichent, soi-disant pour la bonne cause.

Tout cela mériterait une information sérieuse pour déniaiser un public manipulé par les différents pouvoirs. Je suis malheureusement, en France, à part quelques rares exceptions ponctuelles, le seul professionnel des médias à avoir traité ces sujets de façon critique (dans Ouvertures et Débredinoire).

Qui VEUT voir, qu’il consulte mes articles. Je n’y ai rien inventé. Tout y est vérifiable.

Maintenant, je suis à la retraite. Et je ne vois pas de relais à ce combat dans les médias, si ce n’est dans certains titres comme Reflets, qui m’a autorisé à vous communiquer une reproduction de l’article que j’ai rédigé, à titre bénévole, dans son numéro 17.

Mais je lutterai jusqu’à mon dernier souffle pour que l’information retrouve son rôle et sa dignité en abordant TOUS LES SUJETS importants sans parti pris ni préjugé, dialogue avec ses contradicteurs, reconnaisse ses erreurs et respecte (sans forcément partager leur opinion) la sensibilité des hommes et des femmes de ce pays.

« Chasse aux sectes » : l’Etat atteint les limites de sa politique erronée

Apparemment, la « chasse aux sectes » s’essouffle en France. Deux médias s’en émeuvent et accusent l’Etat d’avoir baissé la garde et délaissé la « chasse aux gourous ». En fait, aveuglés par leurs présupposés, ils ne comprennent pas que la politique nationale dans ce domaine est tout simplement… aberrante.

Cet article de Libé a déclenché l'interpellation de l'Etat sur sa politique "antisectes".

Cet article de Libé a déclenché l'interpellation de l'Etat sur sa politique "antisectes".

Dans la « lutte contre les sectes », l’Etat a-t-il « baissé les bras », comme le laisse entendre la Chaîne parlementaire (LCP 24 avril 2015) ? Est-il même « à la dérive », selon le jeu de mots facile et douteux en Une de Libération du 15 avril 2015 ? A-t-il vraiment « délaissé la traque aux gourous », comme l’en accuse le quotidien ?

Il suffit de connaître ce dossier pour savoir que l’Etat français est un des plus actifs au monde dans la stigmatisation et la répression des groupes et individus « différents ». Il est un des seuls au monde à avoir mis en place une législation, une instance et une police spécifiques pour « lutter contre les sectes et les dérives sectaires ». Dans la plupart les administrations ont été désignés des « correspondants sectes ». Des formations sont organisées à l’intention des élus locaux et même des magistrats (bonjour l’indépendance de la justice !). Des conventions ont été passées avec de multiples organismes publics et privés pour « prévenir ». Y compris avec des médias, avec LCP, par exemple (bonjour l’indépendance des médias !) Des associations loi 1901 sont même directement financées par l’argent public pour « alerter » les décideurs et la population.

Bref, la France dispose d’un arsenal de lutte contre les sectes unique au monde mis en place depuis vingt ans.

Et pourtant, la presse se plaint de sa passivité. Car, non seulement les « sectes » existent toujours, mais elles sont partout, changent de forme, s’infiltrent dans les hôpitaux et même « dans les académies de médecine » (France 2, Envoyé spécial, 20 mars 2014).

Catherine Picard, interrogée sur LCP, tacle le ministère de la santé qui ne réunit plus son groupe de travail sur les médecines douces.

Catherine Picard, interrogée sur LCP, tacle le ministère de la santé qui ne réunit plus son groupe de travail sur les médecines douces.

Le Figaro n’hésite pas à employer un ton alarmiste pour déclarer en titre : « Dérives sectaires en santé : un fléau en nette progression ». Alors ? Pourquoi ce sentiment que rien n’est fait ?

L'absence de définition du terme "secte" condamne l'Etat à l'impuissance

Tout d’abord parce que le pouvoir, ayant soigneusement évité de définir juridiquement la "secte" et la "dérive sectaire", ne peut donc pas grand chose judiciairement. Alors il fait des moulinets avec les bras. Il se contente de sonner le tocsin, d’accuser des « sorcières », de désigner des boucs émissaires, sans pouvoir prouver ses dires ! Et notamment, que les sectes sont un véritable fléau, qu'elles causent chaque année d'énormes quantités de morts, qu'elles sont infiltrées partout, qu'il y a 60 à 80 000 enfants "embrigadés dans des sectes, etc.

Les condamnations pour « manipulation mentale » (transformée en « abus de faiblesse » ou "emprise mentale") son extrêmement rares. Et, comme nous sommes en France dans un pays de droit, il doit apporter la preuve de ses accusations pour pouvoir condamner quiconque. Acharné à combattre sa bête noire la scientologie, il est parvenu, grâce notamment à la « sensibilisation » qu’il a lui-même effectuée auprès des juges, à la faire condamner (un recours européen est en cours).

Mais c’est à peu près tout.

La 6e puissance mondiale serait-elle vraiment démunie devant quelques grandes « organisations internationales » et une multitude de groupuscules sans scrupule bardés d’avocats, disposant de ressources financière quasi illimitées et décidés à prendre le pouvoir ?

Qui peut croire cela ?

Erreur d'analyse

Une deuxième raison de son impuissance, notamment face à l’essor des « médecines douces », qui seraient selon le pouvoir la nouvelle « porte d’entrée des sectes », c’est son erreur d’analyse. C’est de condamner toute pratique de santé qui ne soit pas « validée par la science ». C’est un moyen, apparemment facile pour lui, de séparer le bon grain (« la médecine basée sur des preuves ») de l’ivraie (« les dérives sectaires dans le domaine de la santé »).

Sauf que le bon grain est souvent faisandé : conflits d’intérêt, puissance d’infiltration de l’industrie pharmaceutique dans les lieux de décision sanitaire, effets secondaires des médicaments mal maîtrisés, corruption, etc. Et que l’ivraie est aussi constituée de plantes très bénéfiques même si mal connues : méditation, massages, remèdes et approches naturels, magnétisme, foi, etc.

Après avoir mis en place un groupe de travail chargé de faire ce tri, le pouvoir s'est vite rendu compte que la tâche état au dessus de ses moyens, étant donné sa (fausse) conception des choses.

Deux exemples récents nous montrent combien la politique française, principalement emmenée par la Miviludes, est aberrante et néfaste.

La naturopathie : vraie profession ou dérive sectaire ?

Saviez-vous que la profession de naturopathe était enfin reconnue ? Cette nouvelle réjouira les nombreux partisans des médecines douces : un diplôme reconnaît officiellement la profession de naturopathe.

Suisse

Le hic, c’est que cela se passe en Suisse.

En France, la naturopathie est toujours déclarée "dérive sectaire" par la Miviludes…

Au même moment, la Miviludes publie son rapport annuel 2014 . Voilà ce qu'elle dit de la naturopathie, entre autres...

Au même moment, la Miviludes publie son rapport annuel 2014 . Voilà ce qu'elle dit de la naturopathie, entre autres...

La méditation de pleine conscience : dérive sectaire ou alternative aussi efficace que les antidépresseurs ?

Les sœurs de Bouvier de Cachard, qui ont créé il y a 20 ans l’association Secticide, à Verdun, pour « lutter contre les dérives sectaires en France et dans le monde », ont reçu en octobre 2014 la visite et le soutien de Serge Blisko, président de la Miviludes.

Blisko
Le Républicain lorrain du 18 octobre 2014 nous apprend alors que la méditation de pleine conscience est désormais placée dans leur collimateur des « antisectes ». La raison : c’est une pratique qui soutient un enseignement « non-dualiste » ! Méfiez-vous donc de cette pratique non reconnue officiellement par l’Académie.

Quelques mois plus tard, dans un article publié sur son site le 21 avril 2015, le Point titre : « Contre la dépression, la méditation aussi efficace que les antidépresseurs ». Et précise : « Une étude britannique loue l'efficacité de la "méditation de pleine conscience" contre les rechutes de dépression. Une alternative sérieuse aux médicaments ».

MPC

Bien évidemment, il faut agir contre les charlatans et les escrocs. Mais désigner les « sectes », dont on a toujours aucune définition juridique, comme bouc émissaire, c’est se poser à soi-même des limites impossibles à franchir dans un Etat de droit…

Paradoxalement, toute l’énergie et les millions d’euros dépensés chaque année dans cette improductive « lutte contre les sectes » n’entament ni la vindicte ni lea bonne conscience de l’Etat et des médias. Charlatans et margoulins ont encore de beaux jours devant eux si les « antisectes » ne se mettent pas à réfléchir un peu plus loin que du bout de leurs clichés...

Liberté de pensée, sectes et religions : 1 – Une question éminemment politique

Débredinoire propose à partir d’aujourd’hui une série d’articles qui seront publiés chaque semaine. Le fil conducteur de ce long dossier est une approche originale de la question « sectaire », loin des clichés véhiculés par le pouvoir, les médias et quelques lobbies.

> Voir en fin d'article la liste de tous les articles parus.

Cette approche nous permettra de remonter loin dans le passé pour analyser comment la question de la « différence » (intellectuelle et spirituelle) a pourri nos relations sociales et politiques tout au long de notre histoire. La France sait mal gérer ce qui contrarie sa vision de la « vérité » et risque de concurrencer les monopoles et les intérêts en place.

La politique française envers les nouveaux mouvements religieux et thérapeutiques, baptisée « lutte contre les sectes, ou contre les dérives sectaires » pour se donner bonne conscience, peut aussi se comprendre comme le combat du pouvoir et des grands lobbies pour empêcher l’émergence de contestataires très convaincus ou de créatifs culturels. L’opinion, manipulée par les autorités tout autant que par la presse, qui n’a jamais fait la moindre enquête neutre et sérieuse sur le sujet, vit dans la crainte d’une menace largement irréelle.

Même le journal dit "de référence" n'hésite pas à créer une rubtrique spécialisée baptisée, non pas analyse du phénomène sectaire, mais "Lutte contre les sectes"...

Même le journal dit "de référence" n'hésite pas à créer une rubrique spécialisée baptisée, non pas "Analyse du phénomène sectaire", mais carrément "Lutte contre les sectes"...

La question du traitement à réserver à ces approches différentes et complémentaires est en fait une question majeure de société. C’est une question :

- philosophique (elle touche au problème crucial mais toujours non résolu des relations entre le corps et l’esprit)

- scientifique (comment faire le tri, dans le domaine de la santé, par exemple, entre les démarches valides et les autres)

- juridique et pénale (comment départager le crime et l’escroquerie de l’erreur ou de l’innovation en matière de soin)

- politique (qui est compétent pour décider en la matière ; quels mécanismes pour éviter tout conflit d’intérêt et abus de pouvoir)

- sociale (les deux tiers des Français ont recours aux médecines douces)

- médiatique : la presse relaie avec complaisance, quand elle ne l´attise pas, la propagande discriminatoire du pouvoir

- économique (trou de la sécurité sociale ; immense marché actuellement protégé par un monopole), etc.

La question des “sectes” : une question éminemment politique et philosophique

Elle touche à la fois aux rapports individu/groupe, minorité/collectivité, tradition/innovation ; aux rapports conscience/instincts/hérédité/conditionnements ; à la place de la transcendance et de la subjectivité dans une société matérialiste et soumise aux “pensée uniques” .

Elle réactualise avec insistance la question éternelle (que s’efforcent d’éluder tout à la fois les pouvoirs religieux, politiques et économiques) : qu’est-ce que penser par soi-même au milieu des autres ?

Nous développerons ici la thèse que, à rebours des idées reçues, la “secte” (communauté spirituelle, philosophique ou thérapeutique) naît d’une résistance multiforme à ce modèle. A ce titre, elle peut même constituer une étape positive sur le chemin de l’autonomie de la pensée. Et donc de l’individuation.

Ce thème fait peur et fait rarement l’objet de débats, tant il est définitivement entendu qu’il existe en France d’infréquentables sectes, toutes manipulatrices et malfaisantes, motivées seulement, sous le masque trompeur de la religion, par l’appât du gain et le fanatisme destructeur. Et conduisant à la mort.

Une autre analyse est possible. C’est l’objet de cette série d’articles.

« Sectes » : au-delà des clichés réducteurs et infâmants

Il faut aller au delà des clichés pour mieux appréhender la réalité et saisir l’intérêt de réfléchir sans passion sur l’essor de ces mouvements “différents”. Ces groupes qui sont méprisés en toute ignorance de cause et au sujet desquels l’information est donnée seulement par le seul biais de ceux qui ont intérêt (économique ou idéologique) à les réduire au silence (nous en reparlerons).

Commençons tout de suite par ce qui sera sans doute le plus désagréable à entendre à certains : ces “mouvements” sont appelés non seulement à durer mais à proliférer et s’étendre. Du moins, tant que la société n’a pas mûri, tant que des relations interpersonnelles confiantes et ouvertes ne sont pas établies entre les différentes opinions. Tant que le besoin de spiritualité ou de transcendance inhérent à tout homme n’est pas satisfait par les églises “reconnues” ou par les régimes politiques en vigueur.

De même, nous le verrons plus loin, le problème des “sectes” est aussi celui de la place de la “vérité” en démocratie.

De fait, ces mouvements ont historiquement toujours constitué - et constituent toujours aujourd’hui - des indicateurs de voies nouvelles, multiples, parfois convergentes, pour faire évoluer les positions dominantes et sclérosées. Mouches du coche, contestataires, en proposant d’autres modes de pensées et de comportements, ils appuient là où ça mal, là où la société et son organisation sont fragiles ou injustes. Ce faisant, ils font évoluer les mentalités, plus ou moins maladroitement, parfois de façon répréhensible (comme beaucoup d’acteurs dans notre société), mais de façon irrépressible.

Ces mouvements, écoles, groupes de personnes, communautés, églises (Scientologie, Témoins de Jéhovah pour nommer les plus connues), parfois individus (appelés par certains “créatifs culturels”), appliquent des techniques ou se réfèrent à des enseignements originaux, différents de la culture dominante. Ces voies impliquent généralement une vision globale de l’être humain et de ses rapports avec ses semblables, l’univers ou Dieu, que la vision soit thérapeutique, philosophique, spirituelle ou tout cela à la fois.

Elles sont toutes plus ou moins dans le collimateur des "antisectes" :

Acupuncture, Angélisme, Aromathérapie, Art thérapie, Auriculothérapie, Bio-énergie, Chanelling, Chiropraxie, Chromothérapie, Clarification, Communication non-violente, Danse sacrée, Décodage Biologique, Développement Personnel, Do-yin, Drainage lymphatique, Ennéagramme, Esotérisme, Etiopathie, Eutonie, Fleurs de Bach, Feng Shui, Géobiologie, Gestalt-thérapie, Graphologie, Homéopathie, Hypno-sophrologie, Hypnose thérapeutique, EMDR (Intégration par les Mouvements Oculaires), Kinésiologie, Magnétisme, Massages sensitifs, Massages ayurvédiques, Massages chinois, Meditation, Médecine chinoise, Micro-kinésithérapie, Morpho-psychologie, Musicothérapie, Myothérapie, Naturopathie, Nutrition, Ostéopathie, Phytothérapie, PNL, Prière, Produits biologiques, Psycho-généalogie, Psychologies, Psychologie, Retraites spirituelles, Qi Gong, Reiki, Rebirth, Réflexologie, Shiatsu, Sophrologie, Stress, Tantra, Thalassothérapie, Yoga, Zen, etc.

Pour bien des Français, ces mouvements n'ont rien à voir avec des "sectes". Qui, en effet, n’a pas au moins une fois bénéficié de ces nouvelles approches de la santé ou de la conscience au monde ? Popularisées par les magazines féminins, par certains magazines spécialisés, par de nombreux ouvrages, et présentées sur divers salons, objets de stages attirant un public sans cesse croissant, ces démarches répondent à un besoin de sensibilité, d’écoute attentive et de chaleur humaine qui est rarement satisfait par les acteurs “officiels” des grandes églises et de la médecine académique.

La dangerosité « sectaire » très largement surestimée

De même, et c’est là sans doute que se situe le nœud de la question des “sectes”, ces démarches permettent à l’individu une prise en charge personnelle de son destin et de sa santé. Echaudé par les excès et parfois l’inhumanité des pratiques conventionnelles, le citoyen cherche des voies qui ne soient pas uniquement dictées par l’Etat et la science “officielle”.

Quand le Conseil de l'ordre des médecins veut illustrer un dossier sur les "dé"rives sectaires", il présente une séance de méditation en une de son bulletin (n°21 janvier 2012).

Quand le Conseil de l'ordre des médecins veut illustrer un dossier sur les "dérives sectaires", il présente une séance de méditation en une de son bulletin (n°21 janvier 2012).

Si les “sectes” étaient toutes des groupes pseudo-religieux masquant en réalité des entreprises totalitaires destinées uniquement à détourner les avoirs et les biens de leurs adeptes ou à les conduire à la mort, ces pages n’auraient pas de raison d’être. Nous n’aurions aucune raison en effet de défendre ce type de comportements.

Or, la réalité sur cette question est bien différente des représentations qu’en véhiculent les médias, les associations dites “antisectes” (Unadfi, CCMM, Fecris, etc.) et les pouvoirs publics (Miviludes, ministère de la santé). Nous tâcherons ici de démontrer que la “dangerosité sectaire”, même si elle peut exister, est très largement surestimée. Elle s’est muée, en France, en mythe.

La propagation de ce mythe est contraire, non seulement à ceux qui en sont victimes, mais aussi à la société toute entière et même aux antisectes déclarés qui se privent ainsi de réel efficace. Une meilleure compréhension du phénomène et de ses enjeux nous rapprochera de la réalité. Et aiderait la France à renouer avec le rayonnement intellectuel et spirituel qui a fait, dans le passé, l’admiration du monde entier.

Ce qui est de moins en le cas aujourd’hui en raison de sa politique officiellement discriminatoire.

Il y a plusieurs façons d’aborder la question des “sectes” : de façon passionnelle ou rationnelle, de façon polémique ou philosophique, de façon idéologique ou en s’appuyant sur des faits. Tout ce qui sera dit ici s’appuiera sur des faits, la plupart du temps ignorés de tous, et notamment des adversaires des sectes. De même, une réflexion philosophique tâchera d’éclairer les enjeux de cette tension si vive en France, plus vive que n’importe quel autre pays au monde, si ce n’est en Chine et dans les pays soumis aux dictatures.

Mus par une farouche volonté d’inconnaissance, les antisectes ont gagné, apparemment, la bataille, médiatique et politique : plus des deux tiers des Français estiment qu’il existe des sectes dangereuses infiltrées un peu partout. Mais ils ont d’ores et déjà perdu la guerre puisque ces mouvements non seulement n’ont pas disparu, mais se sont professionnalisés, modifiés, diversifiés. Et multipliés, surtout, prouvant la vanité de la politique menée dans notre pays. Aujourd’hui, les sectes semblent partout, dans le milieu de l’entreprise comme dans celui de la santé, dans les administrations comme dans le champ culturel.

Le revers de cette lutte contre les pratiques soi-disant sectaires est que tout individu s’aventurant en une voie un peu originale, dans le domaine de la pensée, de la santé ou du spirituel, peut désormais être inquiété par des vigiles normalisateurs publics et privés, ces derniers étant de plus financés par nos impôts. De plus en plus nombreuses sont les personnes qu’une dénonciation calomnieuse au titre d’appartenance à une secte (que cela soit vrai ou non) a cassées, leur faisant perdre leur travail, leur famille, leurs enfants, les obligeant parfois à quitter le pays. Les conduisant même à la dernière extrémité (cf. affaire Yves Jullien, directeur du centre Epinoia, qui s'était suicidé en 2000 après une campagne de dénigrement orchestrée par l'Unadfi).

Est-il normal, dans le pays dit des « droits de l’homme », des citoyens soient officiellement discriminés pour leurs croyances sans qu’il soit prouvé qu’ils aient personnellement commis un quelconque crime ou délit ?

> Tous les articles de l'enquête :

21 - Penser par soi-même, un idéal encore lointain

20 – La pression du « religieusement correct » conforte le risque de sectarisme

19 – Paradoxalement, être membre d’une «secte» permet de résister à la pensée unique

18 – Déviance aujourd’hui, mœurs tolérées demain. Comment savoir ?

17 – Pour un « marché » libre des cultes et des convictions

16 – Du positif dans la chasse aux sorcières «antisecte» à la française

15 – L’imposant arsenal français contre les « sectes » est unique au monde

14 - Les "sectes : des religions qui  n'ont pas réussi ?

13 - L'Eglise catholique : des principes que la Miviludes pourrait classer "dérives sectaires"

12 – Désormais, après l’avoir combattue, l’Eglise profite de la liberté de conscience

11 - Hegel : « Ce droit inaliénable de l’homme de se donner ses lois du fond de son cœur »

10 - La foi contre la raison versus la foi en la raison

9 - « Ils osent refuser à l’Eglise le droit d’exercer la censure ! »

8 - Liberté de la presse, « liberté exécrable, la plus funeste » !

7 – L’Eglise : « Que chaque individu soit soumis aux puissances ! »

6 - La liberté de penser ? Un droit « chimérique et monstrueux » !

5 – Les mauvais comportements des croyants éloignent les « gentils » de Dieu

4 - Ce que tout Français et les catholiques doivent aux protestants

3 - Christianisme et protestantisme, deux ex-sectes aujourd'hui "fréquentables"

2 - Les « sectes », symptômes des maux et lacunes de notre société

1 - Sectes, religions et liberté de pensée : Une question éminemment politique

Pour Sciences & Avenir, l’ouverture d’esprit est un «risque de dérive sectaire»

C’est du moins ce que semble penser Olivier Hertel, journaliste « scientifique » à Science & Avenir de novembre 2012. Il y présente son enquête, intitulée, en couverture du magazine, « Les sectes entrent à l’hôpital ». Et dans le corps du texte, il prétend apporter « les preuves des risques de dérives sectaires » causées par la présence de « médecines parallèles à l’hôpital ».

C’est du moins ce que semble penser Olivier Hertel, journaliste « scientifique » à Science & Avenir de novembre 2012. Il y présente son enquête, intitulée, en couverture du magazine, « Les sectes entrent à l’hôpital ». Et dans le corps du texte, il prétend apporter « les preuves des risques de dérives sectaires » causées par la présence de « médecines parallèles à l’hôpital ».

Le lecteur aura beau chercher : nulle trace de la moindre « secte » mais des méthodes thérapeutiques complémentaires, innovantes ou traditionnelles, mais « non validées scientifiquement ». C’est cela que le journaliste « scientifique » nomme « secte ».

Le terme de « secte », pourtant, n’a aucune valeur juridique ni même scientifique, du moins dans le sens dans lequel il emploie ce mot, c’est-à-dire mouvement coercitif à visée mafieuse.

O. Hertel n’apporte pas des « preuves » de dérives sectaires, mais des « preuves des risques de dérives sectaires ». La nuance semble faible mais elle est capitale. En effet, elle permet à tous les adversaires des médecines non conventionnelles d’agiter le drapeau rouge pour effrayer le bon peuple et favoriser des mesures de répression sans avoir besoin de s’appuyer sur des faits avérés, ni encore moins de réels dommages. Non, il suffit de dire qu’il y a des « risques » pour être entendu.


Le journaliste "scientifique" qui a fait l´enquête.

Bien sûr, on ne peut nier l’existence de dérives entraînant des pertes de chance pour les malades ou des dégâts réels dans ces pratiques. Mais elles sont exceptionnelles : quelques affaires par an. En comparaison, les dégâts causés, eux, chaque année ! par la médecine « officielle », par l’usage des médicaments « normaux » (et normés !) et par les pratiques médicales iatrogènes, s’élèvent à plus de 34 000 morts ! Ajoutons à cela les effets délétères de l’abus des prescriptions d´antidépresseurs et autres psychotropes...

Mais, dans cette affaire, il y a deux poids, deux mesures. Si vous êtes médecin de médecine « officielle » et que vos malades meurent dans vos bras, vous avez la bénédiction des autorités. Les 145 000 morts par le cancer chaque année sont désormais un chiffre statistique qui ne fait pas scandale.

En revanche, si vous pratiquez une médecine douce non validée par les autorités, vous risquez la radiation et l’opprobre national, même si aucun malade ne s’est plaint ! Normal, vous rentrez dans la catégorie des « risques » dits sectaires…

Combler les manques de la médecine classique

Le journaliste de Sciences ( !) & Avenir prétend démasquer les « sectes » s’infiltrant dans les hôpitaux et les institutions médicales : reiki, réflexologie plantaire, méthode Louise Bourbeau, sophrologie, traitement Burzinski, compléments alimentaires à base d’algue, fasciathérapie, médecine chamanique, etc.

Si des hôpitaux accueillent, très parcimonieusement d’ailleurs, ces médecines douces, ce n’est pas parce qu’ils sont « infiltrés » par des « sectes », comme veut le faire croire Sciences ( !) & Avenir. Ils le font en connaissance de cause et parce qu’il faut bien apporter des réponses aux douloureux manques de la médecine classique. Ils le font avec responsabilité et parce qu’ils ont l’esprit ouvert.

Il vrai que les autorités ont longtemps failli en laissant s’épanouir cette multitude d’approches sans les encadrer un minimum. Aujourd’hui, et la presse avec elles, elles surréagissent, les accusant d’être des « sectes » pour justifier leur répression voire leur interdiction.

Mieux vaudrait, comme le propose d’ailleurs le Centre d´analyse stratégique (CAS) dans sa récente note sur « Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ? »,  créer un label pour ces approches nouvelles.

Le CAS comme la Miviludes sont rattachés aux services du premier ministre. Le premier n’est qu’un organe consultatif, la seconde milite dans toutes les administrations et dans les enceintes parlementaires pour diffuser sa vision des choses. Vu la psychose anti-secte entretenue en France depuis des lustres, nul doute que c’est la vision « dure » de la Miviludes qui l’emportera…

> Voir aussi sur Ouvertures : "La guerre contre les médecines douces s’intensifie".