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« Sectes » : comment la presse incite à la haine des spiritualités pacifiques

La Miviludes vient de publier son rapport 2016 dont la presse se fait écho. Alors que le mot « secte » n’a aucune définition juridique et n’est pas reconnu par le gouvernement, les médias (y compris l’AFP) continuent à l’employer, présentant même cet organisme officiel comme « Mission anti-sectes » et incitant ainsi le public à craindre et haïr les spiritualités minoritaires.

Les titres parus dans actu-orange, le Point, Notre Temps, reprennent les termes de la dépêche AFP.

> Pour une bonne compréhension de cet article, il faut s'en tenir aux aspects déontologique et sémantique de la question des "sectes" dans les médias. Ce n'est pas une charge contre la politique "antisecte" du gouvernement, même si je suis obligé de montrer en quoi cette politique est critiquable pour faire ressortir l'importance du rôle des professionnels de l’information. Et donc la nécessité de s’astreindre à un usage rigoureux des termes, sous peine de dérapages aux dégâts humains considérables, particulièrement sous la pression émotionnelle d’événements tragiques comme nous en vivons aujourd'hui.

> Employer le mot juste : un devoir déontologique ! D'après un texte du groupe de travail sur le vocabulaire de l'Observatoire de déontologie de l'information (ODI)

Présenter la Miviludes (Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) comme la « Mission anti-sectes » constitue de fait une discrimination inadmissible. Les autorités ne luttent pas « contre les sectes » ! Celles-ci, dans leur acception de « nouvelles spiritualités », ne sont pas interdites, comme le croient beaucoup de Français en conséquence d'une mauvaise propagande. Elles ont les mêmes droits d’existence et d’action que n’importe quelle autre association.

En outre, le mot « secte » n'a pas de définition juridique : il a été banni (en théorie du moins) des discours officiels.

En ayant malgré cela recours à ce terme pour désigner des mouvements spirituels controversés mais pacifiques, la presse alimente de fait une haine publique envers des groupes de citoyens décrétés suspects à priori. Comme elle l'a fait entre les deux Guerres envers les Juifs.

Arbitraire

En France, ces mouvements spirituels sont bafoués, mis au pilori, calomniés, même s’ils n’ont pas été condamnés en tant que groupes par les tribunaux. L’exemple vient du sommet de l’Etat puisque la justification excipée par les médias et les lobbies anti-nouvelles-spiritualités (dits « anti-sectes ») réside dans la politique menée par un service du premier ministre nommé Miviludes. Cette mission interministérielle décrète que tel ou groupe est « à risque » de façon totalement arbitraire, jetant ainsi sur lui opprobre et suspicion. Et elle bafoue ainsi un principe fondamental de notre droit : la présomption d’innocence.

Comme l'indique le dernier rapport de la mission interministérielle, les journalistes consultent beaucoup la Miviludes, qui est leur première source d'information sur le thème des "sectes" et des "dérives sectaires". Mais ils se gardent bien, la plupart du temps, de consulter directement les groupes "signalés", comme pourtant leur déontologie les enjoint de le faire...

En effet, ses avis se basent sur des « signalements » (la plupart du temps des questions de citoyens du type : « Tel groupe est-il une secte ou non ? »), des rumeurs ou des coupures de presse. Ils ne résultent ni d’enquêtes de terrain, ni d’une confrontation directe avec ces groupes, ni de décision de justice, ni d’information scientifique (sociologique). Et la Miviludes refuse catégoriquement tout point de vue et tout débat public contradictoires.

Il est dès lors incompréhensible (sauf à admettre qu’elle est partie prenante dans cette volonté de discréditer les spiritualités minoritaires) et inadmissible que la presse reprenne son contenu sans aucun recul.

Infaillibilité quasi-papale

En vingt ans de politique nationale anti-nouvelles-spiritualités, pas un seul article ou reportage, dans les médias ou la presse, pas une seule émission sur le fonctionnement ou les méthodes de la Miviludes, sur la réalité des suspicions/accusations, sur le financement des associations soi-disant de victimes (en fait animées par des anti-nouvelles-spiritualités et subventionnées par l’État), sur l’influence de ces entités sur la justice elle-même, sur les victimes de cette politique discriminatoire, sur les bienfaits revendiqués par les membres de ces mouvements, etc.

Pour mes confrères, la parole de la Miviludes ou de l’Unadfi (ou du CCMM) est forcément vérité absolue. S’interroger sur sa validité, évaluer son action, enquêter sur la réalité du terrain en écoutant tous les interlocuteurs serait pour eux un crime : on ne conteste pas, dans un pays démocratique, une institution comme la Miviludes ("Pensez ! Elle défend les victimes des sectes"), dont les ukases bénéficient d’une infaillibilité quasi-papale.

Que des médias ouvertement partisans utilisent volontairement le mot « secte », on peut sinon l’admettre, du moins le comprendre. Mais que ce soit l’AFP, l’agence censée être neutre qui alimente tous les médias en nouvelles, qui le mette ainsi en avant, c’est un scandale que la profession devrait dénoncer.

Surveiller les dérives de la liberté d’expression ?

Si cet article ne suffisait pas à faire comprendre à mes confrères le scandale que représente le mode d'action de la Miviludes et le fonctionnement actuels de la politique française (et donc de la nécessité de garder son esprit critique face à ses avis et rapports), voici cet extrait d’un commentaire de maître Eolas sur son blog :

« [Ce qui fait] scandale (…), c'est l'existence d'une autorité (donc d'une dépense publique) dont le rôle est de surveiller des organisations religieuses considérées comme a priori suspectes. Imaginez, puisque vous vous voulez faire une analogie, qu'il existe une mission interministérielle chargée de surveiller les dérives de la liberté d'expression, chargée :
- D’observer et d’analyser le phénomène des organes de presse et des sites publics sur internet dont les agissements sont attentatoires aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales ou constituent une menace à l’ordre public ou sont contraires aux lois et règlements ;
- De favoriser, dans le respect des libertés publiques, la coordination de l’action préventive et répressive des pouvoirs publics à l’encontre de ces agissements ;
- De développer l’échange des informations entre les services publics sur les pratiques administratives dans le domaine de la lutte contre les dérives de la liberté d'expression ;
- De contribuer à l’information et à la formation des agents publics dans ce domaine ;
- D’informer le public sur les risques, et le cas échéant les dangers, auxquels les dérives de la liberté d'expression l’exposent et de faciliter la mise en œuvre d’actions d’aide aux victimes de ces dérives ;
- De participer aux travaux relatifs aux questions relevant de sa compétence menés par le ministère des affaires étrangères dans le champ international.
Dans les deux cas, on touche à une liberté fondamentale : liberté d'expression, liberté de conscience. Et puisque dépense publique il y a, on peut aussi soulever qu'il existe un organe chargé de rechercher les dérives illégales et de lutter contre : le parquet, qui manque de sous pour ce faire, mais a déjà le personnel et les locaux. »

> J’ajoute deux choses :

- S’il faut effectivement surveiller les groupes à risque, pourquoi la Miviludes s’est-elle limitée toutes ces années (sauf depuis quelques mois) aux mouvements pacifiques en laissant un boulevard aux groupes dangereux, comme les salafistes, dont les dangers et l’infiltration sur le sol français étaient connus depuis longtemps (depuis le début des années 80 !) ?

- S’il faut effectivement offrir une aide aux victimes de manipulations préjudiciables, cela ne devrait pas se faire par des entités (Miviludes, Unadfi, etc.) qui, étant engagées contre les nouvelles spiritualités, sont à la fois juges et parties. Ce qui leur permet notamment d’influer sur le cours de la justice en présentant des dossiers déjà bouclés estampillés d’un sceau officiel. Au détriment des droits de la défense.

Sectes, terrorisme : la funeste erreur d’analyse de l’État français

Pourquoi la lutte « antisecte » n’a pas empêché la multiplication des groupes spirituels ni la profusion des actions terroristes ? Parce que sa doctrine et, en conséquence, ses analyses, sont erronées.

> Par Julien Massenet, sociothérapeute.

Quand un médecin pose un diagnostic inapproprié, il ne faut pas s’étonner que son traitement soit inefficace. La France, trop confiante en sa capacité de raisonner, qui l’a conduite notamment à promouvoir ce bel outil qu’est la laïcité, a fini par penser qu’elle détenait la vérité sur le « vivre ensemble » : tout citoyen est libre de penser ce qu’il veut, mais nul ne peut imposer sa conception des choses. C’est pourquoi, par exemple, elle est (presque) parvenue à décoller la religion des affaires de l’État.

Excellent principe.

L’ennui, c’est que cette distinction nécessaire s’est muée en une hostilité plus ou moins patente envers les fois, les convictions, les croyances « différentes ». Une hostilité insufflée du plus haut niveau de l’Etat (Miviludes, Fecris) et entretenue par les médias et des groupes d’influence privés (Unadfi, CCMM, etc.) financés par le gouvernement.

Une politique spécifique a été crée en France, cas presque unique dans le monde, pour contrer les minorités spirituelles par la diabolisation et la poursuite judiciaire.

Bouc émissaire

Mais comment le pouvoir (de droite comme de gauche) a-t-il pu faire admettre une telle discrimination de fait  au peuple qui se souleva pour défendre pour les droits de l’homme ? Il utilisa simplement la vieille recette du bouc émissaire qui marche tellement bien. Il désigna donc une source du mal contre laquelle la lutte pouvait apparaître rationnellement justifiée et socialement acceptable : la secte !

Alors que les différentes minorités présentes en France ne posaient pratiquement aucun problème, le massacre de l’Ordre du Temple solaire (OTS) fournit en 1995 un très opportun prétexte (alors même que l’affaire n’est toujours pas élucidée, mais passons, ce n’est pas ce qui nous intéresse ici). Ce qui nous intéresse, c’est de constater que la peur fut le principal outil du pouvoir et de la presse pour empêcher divers mouvements comme les Krishna, les Moon, les raéliens, les Témoins de Jéhovah, etc., de vivre normalement dans la société avec leurs différences.

Envoûtés

Faire peur est une chose, mais expliquer est autre chose. On a alors réussi à convaincre les Français que les membres de ces mouvements ne pouvaient qu’avoir été en quelque sorte « envoûtés » par des gourous. On ainsi émergé différentes expressions qui ont fait florès : viol psychique, manipulation mentale, emprise, etc.

Il était impossible, pensait-on et clamait-on partout, que « nos » enfants, élevés dans la sainte religion ou selon les sains principes de la raison, puissent tout d’un coup changer leurs habitudes de se nourrir et de se vêtir, vouloir prendre des distances avec leur famille (cellule sacrée de la société !), professer des idées extravagantes comme le pouvoir de guérir par la prière, ou plus récemment, la nécessité de se faire exploser en public pour tuer un maximum de gens, etc.

Ces étonnantes modifications étaient forcément involontaires et donc ne pouvaient que résulter d’actions hypnotiques entreprises par des groupes et des personnes aux pouvoirs diaboliques. Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, c’est bien ce qui s’est passé dans la France du XXe et qui se passe toujours dans celle du XXIe.

État de sujétion

Comme nous sommes un pays de gens rationnels et intelligents, nous sommes parvenus à « expliquer » ce phénomène magique. C’est là que les psychiatres sont entrés en jeu. Ce sont eux qui ont fourni le concept clé qui a permis l’acceptation sociale, médiatique et juridique. Une acceptation qui fut même inscrit dans notre droit par la loi About-Picard de 2001 qui a consacré « l’état de sujétion ».

Grâce à cet artifice (car ce concept n’a aucune validité scientifique ni médicale), la victime d’une pression psychologique est entièrement dédouanée de TOUTE responsabilité dans la situation qu’elle a connue. Car un manipulateur, quel qu’il soit, a pu entrer dans for intérieur et prendre les commandes de sa volonté.

Or, ceci est impossible ! La rationalité, l’intelligence, l’autonomie de pensée ne peuvent être appropriées par un autre. Au pire, elles peuvent être trompées, orientées, abusées. Cela, certes, existe. Mais le pilotage total d’un moi de quelqu’un par quelqu’un d’autre est impossible, même sous hypnose. La conscience (le « je » d’une personne) n’est accessible qu’à cette seule personne, chacun peut en faire lui-même l’expérience intérieure !

Monade

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Le point encerclé a été utilisé par les Pythagoriciens pour représenter le premier être métaphysique, la monade.

Le sujet n’est jamais « objet » pour un autre ; il n’est toujours que sujet. Il ne peut jamais être perçu, touché et encore moins manipulé par quiconque. Tout ce que peut faire une personne extérieure, c’est bien sûr l’influencer, l’effrayer, le contraindre physiquement, le duper, etc.

Tout cela est possible, mais EN AUCUN CAS, cette personne ne peut lui ôter son autonomie, mettre son moi en esclavage, etc. Il y a toujours de la part du sujet ou de la victime une liberté qui adopte ou refuse la proposition extérieure, en fonction de ses critères, de ses connaissances, de ses croyances, de ses illusions, de ses attentes, de ses forces, etc. Car un sujet (une conscience) est une monade (au sens leibnizien du terme) maîtresse en sa demeure et intangible DE L’EXTERIEUR.

Cette chosification, cette objectivation de la conscience de l’homme par un autre que suppose la notion d’état de sujétion constituent une aberration très dangereuse individuellement et socialement parlant.

Fortifier le citoyen

C’est parce que l’Etat ne comprend pas cela que son combat contre les «soi-disantes « sectes » et le terrorisme est engagé sur une bien mauvais voie. Car il se limite essentiellement à combattre les groupes, les gourous jugés dangereux, etc. Certes, il faut réagir contre les profiteurs et les criminels. Mais, pour ce qui est des croyances, la seule véritable prévention, le seul moyen efficace de lutter contre les influences néfastes, c’est l’éducation, l’attention portée aux souffrances et aux situations de faiblesse (économiques comme psychologiques), c’est l’apprentissage du débat constructif et la formation à l’esprit critique.

Bref, c’est fortifier le citoyen, c’est accroître son degré de liberté par une politique – non plus une politique paternaliste de protection, comme c’est le cas essentiellement aujourd’hui –, mais d’information, de débat, de courage (ne pas craindre de prendre des risques), de confiance (vigilante) et – mais c’est sans doute beaucoup demander – de fraternité.

 

Blinded by his anti-sectarian obsession, Miviludes has left a free field to Islamist terrorism

From 2002, year of its establishment, to 2014, Miviludes has been ignoring the wolves born from openly murderous sects which settled on its territory. They preferred to chase the peaceful bees: spiritual minorities and alternative medicines. Result : a deadly misunderstanding which, unfortunately, keeps going.

Hit hard by attacks since January 2015, France is the European country that deplores the highest number of deaths in terrorist attacks since 2004. And the number of such attacks keeps increasing : Charlie Hebdo, Hypercacher, Paris, Saint -Denis, Saint-Quentin-Falavier, Magnanville, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray and several other attempts fortunately thwarted or aborted...

France attentatsStrangely enough, France is also the country claiming to be the fiercest fighter against “sectarian abuse”. It claims to be “on the forefront” in this area, thanks to the impressive legislative, judicial and law enforcement weaponry it has implemented in recent years : Miviludes (to fight against sectarian abuse), with a President whose salary has been multiplied by two, Caimades (an anti-cult special police), the About-Picard law (a law punishing “sectarian abuse”), anti-cult associations funded by the government (Unadfi, CCMM, Gemppi, etc.), countless warning campaigns, millions of euros spent each year...

The problem - and it is huge - is that it always fought against peaceful individuals and groups while ignoring totally at the same time members of dangerous groups openly claiming their willingness to kill.

Real threats answered by blindness

The issue of creating tools for prevention and fight against Islamist radicalization was raised extremely late. It started to be considered by Miviludes in 2014 only, although existing since 2002. It is only since that year - more than 30 years after the first warnings of Islamist sectarian abuse ! - that Miviludes has been “working” on “detection and prevention of [Islamist] radical behavior”.

True, this inter-ministerial body has not been helped by the State, all governments [1] have been equally blind and biased. “Since the 80s”, regrets in Le Figaro in May 2015 Jeannette Bougrab, a French scholar who became Master of Requests to the Council of State, “France has been underestimating the rise and radicalization of Islam. The case of the veil in Creil in 1989 was a first warning, unfortunately ignored. The elites have preferred to cover their eyes rather than take the measure of the disastrous consequences of the abandonment of our Republican model. I tried to alert through writings and lectures on the severity of the phenomenon of radicalization of young Muslims, some being recent converts. But one sometimes has the terrible impression that people get used to the violations of the most fundamental rights.”

This total blindness in front of real threats was however coupled with a paranoid psychosis in front of minority spiritual movements (other than the Islamist ones) and alternative medicine, and with their unwavering harassment for twenty years.

In 2005, the Intelligence service (Renseignements Généraux, RG) have alerted on the Islamist threat

A striking example, in February 2005, an article in Le Monde reported the contents of a report on the Salafist movement in France which was presented to Minister of the Interior by the Central Direction of Renseignements Généraux (DCRG) : “The soil is favorable, the plant grows and its roots are not compatible with those of the Republic. (...) [Text] establishes a mapping of its current areas of influence. It also addresses its modes of action in sensitive areas, where it has most of its activists and supporters, more than 5,000 people in total, of which about 500 constitute the core.” According to the RG, Salafists currently control [in 2005] forty places of worship throughout the territory and conduct destabilization attempts in forty others, in order to take power.

“The DCRG study shows that Salafism, a split movement in perpetual evolution, has expanded its influence in recent years in almost all the territory. In 2000, this radical vision of Islam gathered followers in six regions ; today only four are spared (Lower Normandy, Corsica, Limousin, Poitou-Charentes). For the RG police, Salafism is the preferred antechamber of young Islamists who then espouse violent action.”

That same year, following the bomb terrorist attacks in London, France had raised the alert level of its Vigipirate Plan. A dozen small groups of radical Islamists were under very close watch by RG over the territory. They were individuals, nearly 150 in total, with an extremist religious commitment and “tendencies to criminal actions”, in the words of a police official.

Miviludes’ silence in front of Jihadist threat

Such sectarian abuse, that should theoretically come as emergency cases ahead of their concerns, if one believes the objectives assigned to this body, Miviludes ignored them, even though the dangerousness of these people has been proven and the “sectarian” character of the abuse is obvious.

JO Miv

Inside the Journal Officiel 29 november 2002.

No, this very year, they publish a report that does not say a word about the Islamists risks and focuses on an alleged “social evil” : “Listening to the victims and their families, Miviludes now make a disturbing list of damages caused by the influence exercised by persons or organizations behaving as thought masters. Such abuse occurs in all areas of social life, health and care, training and tutoring, sports and cultural activities, esoteric and mystical groups. They note that new bodies appear almost daily, that no point in the territory is spared, that these micro-structures are often much more difficult to identify than large well-known organizations.”

The danger in this area is not apparent, but Miviludes claim to be expert to expose the crooks : “In the register of seduction,” they wrote in their report, “some sectarian organizations advocate, for example, the fight against substance abuse, rejection of violence or the defense of children's rights. Before exercising any criticism against the generosity so displayed, the state will have to provide evidence that this beautiful language is an illusion and conceals a will to proselytize and develop a situation of dependence or undue influence.”

For France, “cults” are a greater threat than Islamists

Fenech & Blisko

Georges Fenech (left) and Serge Blisko, the former and the new president of Miviludes.

Experiencing enormous difficulties in providing such evidence, Miviludes will, a few years later, imagine another way to convince French citizens that fighting against spiritual minorities and alternative therapies (soft medicine), described as “sectarian abuse” for the cause, is much more important and urgent than working to stop the Jihadi virus.

They will order by themselves an Ipsos poll which culminated in 2010 with results that no journalist, by the way, had the idea to check, despite the fact-checking mode : cults (there was no question about Islamist cults) constitute a “significant” threat to democracy according to 66 % of French people. 42 % of them perceive them as a “threat to their family and friends around.”

Even more extravagant yet, 20 % of respondents knew in their surroundings one or more “victims of sectarian abuse”, i. e. one French out of five ! If that were true, this would be enough to trigger an immediate national mobilization and a massive plan of protection. This has not happened.

In fact, this poll, widely echoed uncritically by the press, is not based on anything objective or factual : it can be analyzed, at most, as the successful result of the anti-cult propaganda by the government.

“Gurus” do not use bombs

The list of groups and individuals unjustly discriminated against by Miviludes is too long to be reported here. Those interested can check their annual reports and thematic documents which are full of accusations without evidence and of false accusations.

Or see here for the specific issue of unconventional medicine.

Targeted groups and individuals, labeled as crooks or “gurus” by Miviludes, have sometimes tried to defend themselves in court. But, also attacked by the media and tried by judges trained in this area by Miviludes and associations like Unadfi, they were unlikely to be heard. As they use no bomb and murdered no one, the modern State Inquisition was able to quietly go against them with the express support of mainstream media and the public, completely manipulated.

The executive power, committed to a wrong conception of “sectarian abuse”, is powerless to understand, even more to reduce, the true threat by real opponents to the Republic, Jihadists who do not bother with the subtleties of “democratic debate”.

“Gurus” do not use bombs. But they are the ones Miviludes are actually hunting down.

> In short, if I had to summarize my feelings, when able to hit without risk peaceful individuals or groups that can hardly defend themselves, the Republic is “on the forefront”. When it comes to fighting against groups and hate speech calling for the destruction of the country, there is a low profile attitude. How many more deaths and injuries will it take before France finally wakes up and changes its attitude ?

[1] There were a few exceptions, but, as often, they have not been heard. Thus, MP Benoît Hamon regretted that on such a serious matter as the burqa in the Republic, we do not speak of the movements that inspire this kind of radical religious militancy “including Salafist movements” (Le Figaro, January 24, 2010). He added that “if the government wants to go to the end, he should inscribe Salafists in the register of sects and cults.” But we would have risked angering the “good” Muslims and exceeding the limits of a constitutional State. Yet in 1995, MPs did not hesitate to infringe on the constitutional State by publishing without investigation nor debate, a list of 175 alleged sectarian movements. Neither the Order of the Solar Temple nor Islamist groups were on this list. Similarly, Miviludes was not embarassed to establish - without scientific or contradictory proceedings, flouting without fear of being reprimanded the presumption of innocence of involved practitioners – lists of alternative medicine presented as “sectarian risks” (see below).

> See also :

- Attacks, New Age.- Fight against all "sects" : the reasons for a failure, by Débredinoire.

- "Analysis : Jihadism and "sectarian abuses" by Jean-François Mayer, a historian, founder of Religioscope.

Aveuglée par son obsession antisectaire, la Miviludes a laissé libre champ au terrorisme islamiste

De 2002, date de sa création, à 2014, la Miviludes a ignoré les loups, issus de sectes ouvertement meurtrières, qui s’installent sur son territoire. Elle a préféré pourchasser les mouches pacifiques des minorités spirituelles et des alter-médecines. Résultat : un contresens mortifère et qui, malheureusement, perdure.

=> English version here

Durement touchée par les attentats depuis janvier 2015, la France est le pays européen qui déplore le plus de morts lors d’attaques terroristes depuis 2004. Et le nombre de ces attaques ne cesse d'augmenter : Charlie Hebdo, Hyper Cacher, Paris, Saint-Denis, Saint-Quentin-Falavier, Magnanville, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray et plusieurs tentatives heureusement déjouées ou avortées...

France attentatsÉtrangement, la France est en même temps le pays qui dit être le plus acharné contre les « dérives sectaires ». Elle se dit « en pointe » dans ce domaine, grâce à l’imposant arsenal législatif, judiciaire et policier qu’elle a mis en place ces dernières années : Miviludes (lutte contre les dérives sectaires) dont le salaire du président a été multiplié par deux, Caimades (police spécialisée antisecte), loi About-Picard (loi punissant les « dérives sectaires »), associations antisectes financées par l’Etat (Unadfi, CCMM, Gemppi, etc.), innombrables campagnes d’alerte, millions d’euros dépensés chaque année…

Le problème – et il est de taille – est qu’elle s’est toujours acharnée contre des individus et des mouvements pacifiques en ignorant en même temps totalement les membres de groupes dangereux revendiquant ouvertement leur volonté de tuer.

Cécité face aux vraies menaces

La question de la création d’outils de prévention et de lutte contre la radicalisation islamiste a été extrêmement tardive. Elle n’a commencé à être prise en compte par la Miviludes qu’en 2014, elle qui existe depuis 2002. Ce n’est que depuis cette année-là, soit plus de 30 ans après les premières alertes sur les dérives sectaires islamistes !, que la Miviludes « travaille » sur « la détection et la prévention des comportements radicaux » islamistes.

Il est vrai que cette instance interministérielle n’a pas été aidée par l'Etat qui, tous gouvernements confondus[1], a été tout aussi aveugle et de parti pris : « Depuis les années 80, déplore dans le Figaro en mai 2015 Jeannette Bougrab, universitaire française devenue maître des requêtes au Conseil d'État, la France sous-estime la montée et la radicalisation de l’islam. (...) Les élites ont préféré se couvrir les yeux plutôt que de prendre la mesure des conséquences désastreuses de l’abandon de notre modèle républicain. J’ai tenté d'alerter à travers des écrits et des conférences sur la gravité du phénomène de radicalisation de jeunes musulmans, pour certains récemment convertis. Mais on a parfois la terrible impression que les gens s’habituent aux violations des droits les plus fondamentaux. »

Cette cécité totale face aux vraies menaces a été en revanche doublée d’une psychose paranoïaque face aux mouvements spirituels minoritaires (autres qu’islamistes) et aux médecines douces, et d’un acharnement sans faille depuis vingt ans à leur égard.

Dès 2005, les RG alertent sur la menace islamiste

Exemple frappant, en février 2005, un article du Monde rapporte la teneur d’un rapport sur le mouvement salafiste en France qui a été remis au ministre de l'intérieur par la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) : « Le terreau est favorable, la plante grandit et ses racines ne sont pas compatibles avec celles de la République. (…) [Le texte] dresse une cartographie de ses zones d’influence actuelles. Il aborde également ses modes d’action dans les quartiers sensibles, où il compte la plupart de ses militants et sympathisants, soit plus de 5 000 personnes au total, dont environ 500 constituent le noyau dur.

» Selon les RG, les salafistes contrôlent actuellement [en 2005] une quarantaine de lieux de culte sur l’ensemble du territoire et mènent des tentatives de déstabilisation dans une quarantaine d’autres, afin d’y prendre le pouvoir.

Dans un article de La Croix du 19 mars 2017, Didier Leschi, ancien chef du bureau des cultes au ministère de l’intérieur évoque le moment d'anthologie où il a tenu tête, s'appuyant sur des "faits et non sur des rumeurs", à Georges Fenech, alors président de la Miviludes. Lors de cette audition, il avait ajouté, concernant l'islam en France : « Ces dérives liées à l’Islam, cette attention, nous voudrions la faire partager à la fois par la Miviludes et par les associations de défense des victimes, or force est de constater que ce segment des dérives sectaires suscite peu l’attention, manifestement, les familles de ces jeunes n’intéressent pas, pas plus que les victimes». 

» L'étude de la DCRG montre que le salafisme, mouvance éclatée en perpétuelle évolution, a étendu son influence ces dernières années sur la quasi-totalité du territoire. En 2000, cette conception radicale de l’islam rassemblait des adeptes dans six régions ; aujourd'hui quatre seulement sont épargnées (la Basse-Normandie, la Corse, le Limousin, Poitou-Charentes). Pour les policiers des RG, le salafisme est l’antichambre privilégiée des jeunes islamistes qui épousent ensuite l'action violente ».

Cette même année, à la suite des attentats de Londres, la France avait relevé le niveau d’alerte du plan Vigipirate. Les renseignements généraux surveillaient très attentivement une quinzaine de petits groupes de radicaux islamistes sur le territoire. Il s’agissait d’individus, près de 150 au total, ­ ayant un engagement religieux extrémiste et des « velléités d'action délictueuses », selon l’expression d’un responsable policier.

La Miviludes muette sur la menace djihadiste

Ces dérives sectaires-là, qui auraient dû théoriquement entrer en urgence en tête de ses préoccupations si l’on en croit les objectifs qui lui ont été assignés, la Miviludes les ignore, alors même que la dangerosité de ces personnes est avérée et que le caractère « sectaire » de la déviance est manifeste [2].

JO Miv

Dans le Journal Officiel du 29 novembre 2002.

Non, cette année-là, elle publie un rapport qui ne dit pas un mot sur les risques islamistes et se concentre sur un prétendu "fléau social" : « À l’écoute des victimes et de leurs familles, la Miviludes dresse aujourd’hui un constat inquiétant des dommages provoqués par l’emprise exercée par des personnes ou des organisations se conduisant en maîtres à penser. De telles dérives se produisent dans tous les secteurs de la vie sociale, soins et santé, formation continue et soutien scolaire, sports et activités culturelles, groupes ésotériques ou mystiques. Elle relève que de nouveaux organismes apparaissent presque chaque jour, sans qu’aucun point du territoire ne soit épargné, ces micro-structures étant souvent beaucoup plus difficiles à cerner que les grandes organisations bien connues ».

Le danger, dans ce domaine, n’est pas apparent, mais la Miviludes se dit experte pour démasquer les escrocs : « Dans le registre de la séduction, écrit-elle dans son rapport, certaines organisations sectaires prônent, par exemple, la lutte contre la toxicomanie, le refus de la violence ou la défense des droits de l’enfant. Avant d’exercer la moindre critique à l’encontre de la générosité ainsi affichée, l’État va devoir apporter la preuve que ce beau langage est un leurre et qu’il dissimule une volonté de prosélytisme et de mise en situation de dépendance ou d’emprise mentale ».

Pour la France, les « sectes » sont plus une menace que les islamistes

Fenech & Blisko

Georges Fenech (à g.) et Serge Blisko, l'ancien et le nouveau président de la Miviludes.

Éprouvant d'énormes difficultés à administrer cette preuve, la Miviludes va, quelques années plus tard, imaginer un autre moyen pour convaincre les Français que lutter contre les minorités spirituelles et les thérapies non conventionnelles (médecines douces), qualifiés de « dérives sectaires » pour la cause, est autrement plus important urgent que d’œuvrer à stopper le virus djihadiste.

Elle va commander elle-même à Ipsos un sondage qui va aboutir, en 2010, à des résultats qu’aucun journaliste, d'ailleurs, n’a eu l’idée d'approfondir : les sectes (il n’était pas question des sectes islamistes) constituent une menace « importante » pour la démocratie selon 66 % des Français. 42 % d'entre eux les perçoivent comme une « menace pour leur entourage familial et amical ».

Et, plus extravagant encore, 20 % des personnes interrogées connaissent dans leur entourage une ou plusieurs « victimes de dérives sectaires » : soit un Français sur cinq ! De quoi, si cela était vrai, déclencher une mobilisation nationale immédiate, ainsi qu'un plan massif de protection. Il n'en a rien été.

En fait, ce sondage, largement répercuté sans esprit critique par la presse, ne repose sur rien d’objectif ni de factuel : il peut être analysé, tout au plus, comme le fruit réussi de la propagande antisecte de l’État.

Les « gourous » ne posent pas de bombes

La liste des mouvements et personnes injustement discriminés par la Miviludes est trop longue pour être rapportée ici. Les personnes intéressées peuvent consulter ses rapports annuels et les documents thématiques qui fourmillent d’accusations sans preuve et de dénonciations calomnieuses.

Ou voir ici pour la seule question des médecines non conventionnelles.

Les groupes et les personnes visées, qualifiées d’escrocs ou de « gourous », par la Miviludes ont parfois tenté de se défendre devant la justice. Mais, attaqués également par les médias et jugés par des magistrats formés dans ce domaine par la Miviludes et des associations comme l’Unadfi, ils avaient peu de chances d’être entendus. Comme ils n’ont pas posé de bombe ni assassiné personne, la moderne inquisition d’État a pu continuer tranquillement à les ignorer avec le soutien exprès des grands médias et d'un grand public complètement manipulé.

Le pouvoir exécutif, engagé sur une mauvaise conception de la « dérive sectaire », est impuissant à comprendre, encore moins à résorber, la vraie menace des vrais adversaires de la République que sont les djihadistes, qui ne s’embarrassent pas des subtilités du « débat démocratique ».

Les « gourous », eux, ne posent pas de bombes. Mais c’est ceux-là que la Miviludes pourchasse effectivement.

> Bref, si je devais résumer mon sentiment, l'aveuglement de la Miviludes, sa polarisation sur des mouvements qui s’écartent de la doxa laïque et scientiste, l'ont empêchée de voir les vrais dangers.  Mais il y eut aussi la peur de s'attaquer au dossier chaud, politiquement parlant, des différentes mouvances musulmanes en France. Il y a peu de risque à taper sur des personnes ou des groupes pacifiques et qui ne peuvent guère se défendre. En ce cas, la République est "en pointe". Quand il s'agit de s'attaquer aux groupes et aux discours de haine qui appellent à la destruction du pays, on est moins vaillant... Combien de morts et de blessés faudra-t-il encore pour que la France se réveille et modifie enfin son attitude ?

[1] Il y eut bien quelques exceptions, mais, comme souvent, elles n’ont pas été entendues. Ainsi, le député Benoît Hamon avait trouvé dommage que sur un sujet aussi sérieux que la burqa dans la République, on ne parle pas des mouvements qui inspirent ce type de militantisme radical religieux « notamment les mouvements salafistes » (le Figaro du 24 janvier 2010). Il avait ajouté que « si le gouvernement veut aller au bout, qu’il inscrive les salafistes au registre des sectes et des mouvements sectaires ». Mais on aurait alors risqué de mécontenter les « bons » musulmans et de dépasser les limites de l’État de droit. Pourtant, en 1995, les députés n’avaient pas hésité à sortir de l’État de droit en publiant, sans enquête ni débat, une liste de 175 mouvements supposés sectaires. Et il n'y avait dans cette liste ni l'Ordre du temple solaire, ni les groupes islamistes. De même, la Miviludes ne s'est jamais gênée pour établir – sans procédure scientifique ni contradictoire, bafouant sans crainte d'être réprimandée la présomption d'innocence envers les praticiens concernés – des listes des médecines douces présentées comme "à risque sectaire" (voir plus loin).

[2] Il faudrait réserver le mot « sectaire » aux mouvements qui, comme Daech ou Boko Haram, revendiquent ouvertement leurs crimes (viols, assassinats, attentats, etc.) au nom d’une idéologie à consonance religieuse ou politique.

> Voir aussi :

- Attentats, Nouvel Age.- Lutte contre toutes les « sectes » : les raisons d’un fiasco par Débredinoire.

- Analyse : Djihadisme et "dérives sectaires", par Jean-François Mayer, historien, fondateur de Religioscope.


Lutte contre toutes les « sectes » : les raisons d’un fiasco

L’approche paternaliste et arrogante menée par la France est dangereuse et stérile. Elle entretient la naïveté et la vulnérabilité des citoyens face aux différentes formes d’influence au lieu de les aider à développer leur esprit critique et leur autonomie intellectuelle.

Résumé de l'article
- La politique "antisecte" de la France est un fiasco car les mouvements qu'elle prétend combattre prolifèrent
- Elle amalgame mouvements meurtriers et pacifiques sous le même vocable en s'acharnant sur les pacifiques (Nouvel Age, développement personnel...), laissant les autres prospérer
- Elle repose sur un concept, le lavage du cerveau ("l'abus de personne en état de sujétion psychologique"), qui n'est pas démontré scientifiquement
-  Réduites à l'état de "victimes", les personnes "sorties de sectes" n'ont pas la possibilité d'une reconstruction fondée sur la vérité psychologique et relationnelle

- En prétendant dire qui est "secte" et pas "secte", cette politique entretient la passivité et la naïveté du public
- Elle délaisse complètement la prévention qui permettrait de développer l'esprit critique et d'accompagner les personnes à risque ou fragiles
- Dans le cas des groupes pacifiques, elle a toujours préféré la répression arbitraire à la recherche de médiation.

Contreproductive et dangereuse, la politique du gouvernement français est un échec, de l’aveu même de l’ancien président de la Miviludes, l’instance interministérielle chargée de la lutte contre les « sectes » et les dérives « sectaires » : Georges Fenech confessait lui-même être dépassé.

Coup de blues pour Georges Fenech : malgré tout l’arsenal mis en place contre les « sectes », le « phénomène » ne cesse de croître… Concept : JL ML.

Coup de blues pour Georges Fenech, qui voit des "sectes" partout : malgré tout l’arsenal mis en place, le «phénomène» ne cesse de croître… Concept : JL ML.

Les « sectes » en effet se multiplient. Le mot englobe des formes extrêmement variées, toutes mises dans le même sac. Elles peuvent être ouvertement criminelles (Daech, Boko Haram…) ou supposées être des arnaques (scientologie, médecines douces…). Quoiqu'il en soit, meurtriers ou pacifiques, les « mouvements à caractère sectaire », selon la terminologie consacrée, prolifèrent et prospèrent.

La lutte « antisecte » est pourtant dotée d’un arsenal considérable, l’un des plus complets au monde et il se renforce sans cesse. Les associations « antisecte » pullulent de la même façon, en appui de cette politique.

Malgré cela, cette politique est un fiasco. D'abord, elle est dramatiquement démunie face à la fascination terroriste. Le député Georges Fenech, qui a présidé la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, a dénoncé les failles du système de renseignement français. Il aurait tout aussi bien pu critiquer sa propre politique de lutte contre les « sectes » de 2008 à 2012, au cours de laquelle, en tant que président de la Miviludes, tout accaparé qu’il était à combattre la scientologie et quelques autres groupes spirituels, il n’a su ni voir ni empêcher la montée des « dérives sectaires » meurtrières…

De plus, cette politique se révèle tout aussi impuissante à enrayer un phénomène (le développement personnel Nouvel Age, assimilé à de la « dérive sectaire » par les autorités) qui s’infiltre partout dans la société.

Pas dans le bon sens

Pourquoi ce fiasco retentissant ? Parce que, depuis trente ans que cette politique a été lancée, non seulement elle s'est montrée partiale, s’acharnant sur les groupes non violents en ignorant la montée des terroristes, mais surtout elle n’appréhende pas la question dans le bon sens, celui de la réalité psychique de l’homme.

Le moyen le plus sûr d’échouer à résoudre un problème est de prendre des clichés, ou ses propres interprétations et croyances, pour la réalité. C’est ce qui se passe avec la question des « sectes » qui fonctionne plus sur le mode de l’irrationnel que sur la réalité de l’homme.

Le bon sens, ce serait d’abord de partir d’une vérité incontournable : quelle que soit la pression, physique ou psychologique, exercée sur une personne, nul ne peut penser à sa place à l’intérieur de cette personne.

Il peut certes l’influencer, la manipuler, la séduire, l’envoûter, la contraindre à agir, la droguer, etc. Il peut l’obliger physiquement à se comporter à l’inverse de son désir et même la réduire en esclavage.

Toujours, dans n’importe quel cas de figure, cette personne conservera en elle le choix entre ses pensées, le choix de ses pensées.

En prison, sous la torture même, cette alternative demeure. Dans L’Archipel du goulag, le dissident Soljenitsyne décrit l’émotion que lui procure la découverte de cette liberté insoupçonnée face à l’oppression qu’il subit : « Désormais, plus de doute, plus de fièvre, plus de remords – la pure lumière de la joie ! C’est cela qu’il fallait ! Et votre perception du monde devient si lumineuse que la béatitude vous inonde, encore que tout reste à faire ».

« Si puissantes que soient les forces qui torturent l’être humain, l’homme a la faculté de savoir qu’il est torturé et d’influencer ainsi de quelque façon, ses rapports avec son destin. Ce grain de pouvoir - permettant de prendre position, de décider d'une question aussi insignifiante soit-elle - ne se perd jamais », in Rollo May, Carl Rogers, Gordon Allport, Herman Feifel, Abraham Maslow, Psychologie existentielle, EPI, 1986.

De cette vérité découle les autres : il est impossible, contrairement à ce qu’affirment les militants antisectes pour justifier leur combat, de « capter la pensée » de quelqu’un, d’« annihiler son libre arbitre », d’avoir sur lui une « emprise totale » au point de pouvoir à sa place diriger sa pensée de l’intérieur.

Seul en son for intérieur

En conséquence, il est impossible d’ôter à l’homme sa spécificité et sa dignité d’être autonome et responsable, spécificité et dignité qui résident dans le fait qu’il est seul, en son for intérieur, à choisir ses pensées (même s’il peut être influencé).

Le concept de « lavage de cerveau » est un cliché largement répandu et qui demeure malgré sa non-validation scientifique.

Le cliché du lavage de cerveau

Des chercheurs américains avaient publié en 1961 le contenu de leurs travaux sur les prisonniers revenus de Chine ou de Corée et ayant subi un « lavage de cerveau ». Conclusion : l’efficacité de ces méthodes est quasi-nulle. Seule une infime minorité de prisonniers ayant subi un tel traitement a décidé de vivre en Chine et aucun de ceux qui sont revenus aux États-Unis ne s’est rallié au communisme.

Parallèlement, la CIA a engagé des recherches, de 1953 à la fin des années 1960, dans le but de mettre au point une technique de lavage de cerveau, par conditionnement, hypnose et usage de drogue. Ces expériences n’aboutirent pas. Selon Edward Hunter, cité par les auteurs, on peut « décolorer » un cerveau en le « lavant » – réduisant le sujet à un état d’hébétude – mais il est impossible de le « recolorer » en créant une nouvelle personnalité avec des idées opposées aux idées précédentes.

En 1986, l’American Psychological Association juge un rapport d’un comité d’enquête sur le lavage de cerveau comme non scientifique et l’American Sociological Association considère comme non prouvée l’application aux sectes de la théorie de la persuasion coercitive. En Italie, l’article 603 du code pénal, qui depuis 1889 punit le « délit de suggestion » (plagio), est déclaré illégitime par la Cour constitutionnelle en 1981. Les tribunaux américains ont estimé irrecevables les arguments faisant référence au « lavage de cerveau ».

- Source : Dick Anthony, Massimo Introvigne, Le lavage de cerveau : mythe ou réalité ? Paris, L’Harmattan, 2006.

Cela dit, s’il paraît impossible de reconditionner un cerveau pour qu’il suive la volonté d’un autre, ou de piloter ce cerveau de l’extérieur, l’objectif des antisectes de lutter contre l’exploitation des personnes est légitime. Mais la méthode qu’ils emploient, découlant de leur idée de lavage de cerveau (ou de « l’état de sujétion », le terme choisi par le législateur pour inscrire l’idée dans la loi), est erronée. Elle est donc forcément stérile et source d’autres souffrances et de nouvelles injustices.

Car c’est toujours un « je » humain unique – qui n’est pas une entité mais un acte (l’acte de diriger la conscience sur quelque chose) – qui accueille, adopte (ou non) telle proposition, telle affirmation, telle perspective de vie.

Oui, le « moi » (personnalité + caractère) peut être manipulé, trompé, etc. mais c’est toujours lui, en fin de compte qui décide de ce qu’il fait des pensées que son « je » lui présente. Pensées qu’il est seul à connaître et sur lesquelles il est seul à pouvoir jouer. Sa conscience peut d’ailleurs, à l’occasion, lui rappeler les éventuelles trahisons à ses propres valeurs de base, lui permettant un temps de se reprendre s’il va vraiment à leur encontre.

Quasi criminel de parler ainsi

L’erreur radicale et fondatrice de la lutte antisecte est d’ignorer, d’occulter cette vérité. Pour elle, une secte ou un gourou semble pouvoir « laver » le cerveau et – telle la petite douve du foie qui manipule la fourmi pour qu’elle se fasse manger par le mouton, son objectif principal –, le diriger de l’intérieur. Ce qui est une absurdité étant donné qu’aucun « je » ne peut entrer dans le « je » d’un autre.

C’est pourtant là la seule explication qui est donnée de comportements présentés comme extravagants, inconcevables (des jeunes « très bien » qui partent en Syrie par exemple).

C’est commode pour définir une cause, pour désigner un agent extérieur du mal. Mais c’est quasi criminel de parler ainsi car, en s’empêchant de comprendre en vérité les situations, on laisse le mal prospérer. Et même, on l’encourage.

D’ailleurs, l’action antisecte, si elle aboutit parfois à faire cesser des situations complexes et douloureuses (ce qui est une bonne chose), détruit trop souvent l’exercice, et même casse la vie, de gens honnêtes et bienfaisants, condamnés sous le syndrome du chien que l’on accuse de la rage pour le noyer[1].

Les victimes démunies

Parallèlement, cette politique laisse les « victimes » des « sectes » démunies face à une reconstruction extrêmement problématique car élaborée sur des bases fausses : non, l’errance que celles-ci ont connues dans leur relation de soumission n’est pas le fait seulement des soumettants ! Pour vraiment guérir, il leur est capital de chercher aussi à comprendre pourquoi elles ont adhéré : quelle crédulité, quelles croyances erronées, quelles peurs et quels espoirs, quelles idées toutes faites elles avaient préalablement entretenues, etc.

Exactement la même naïveté est à l’œuvre dans la croyance aux promesses d’un politicien ou d’un religieux habile et dans celle d’un groupe de fanatiques comme Daech. Seuls les contextes et les enjeux sont différents.

Ces personnes peuvent s’apercevoir alors qu’elles avaient sans doute laissé en friche leur vie intérieure, ou qu’elles s’étaient laissé porter au gré des multiples influences sans prendre conscience de celles-ci : publicité, religion, famille, idéologie, intérêt masqués, etc.

Pourquoi a-t-on besoin, à un moment ou à un autre de son existence, d’une aide, d’un guide ou d’un groupe de conviction ? Quand on veut guérir de souffrances ou d’un vide intérieurs très profonds, l’offre institutionnelle, officielle, est souvent démunie, au moins insuffisante. C’est le cas souvent, par exemple, pour les jeunes mal assimilés rendus fous de haine par l’hypocrisie des sociétés développées économiquement.

Comme, en outre, notre société ne favorise pas la recherche d’une vie épanouie sur le plan spirituel, comme les dogmes classiques ne tiennent plus leur ancienne position, l’aspiration à une vie plus haute, plus pleine de sens, ne trouve souvent pas de débouché sur le « marché » traditionnel.

Inculture et passivité

Ainsi, une inculture, une fragilité ou une passivité intérieure, peuvent expliquer à elles seules qu’une influence suggestive, par une personne charismatique ou un groupe à forte conviction, puissent entraîner ces personnes, en recherche de solutions autres que celles du « système », dans des voies qui ne sont pas forcément les meilleures pour elles.
Mais c’est une erreur dangereuse et attentatoire aux libertés les plus précieuses que de diaboliser par principe ces « gourous » ou ces groupes (hors les groupes ouvertement criminels) qui peuvent parfaitement convenir à d’autres personnes en recherche. On voit vers quoi, sevrées, se tournent aujourd’hui certaines de ces sensibilités perdues !

La meilleure solution est d’enrichir la culture et éveiller l’esprit critique.

Mais cet esprit critique doit tout autant s’exercer envers le fonctionnement des services de l’Etat ! On ne peut pas non plus avoir une confiance aveugle envers lui car il est constitué d’hommes faillibles qui peuvent à tout moment servir d’autres intérêts que l’intérêt général, y compris en matière de santé (voir scandale du Médiator et tant d’autres), même lorsqu’ils ne suivent que leurs convictions : ce n’est nullement une garantie de hauteur de vue.

Enfin, il faut mettre le paquet sur la prévention : favoriser la culture du débat et la confrontation avec la différence et ne jamais laisser les déshérités économiques et culturels sans accompagnement.

Bébé politique

Faire aveuglément confiance au Pouvoir pour savoir si un groupe est spirituel ou pas (cf. la liste des "sectes" de l'Assemblée nationale), bienfaisant ou non, lui qui a certains intérêts dans ce domaine (protéger l’industrie pharmaceutique, par exemple) et défend certains dogmes, ne serait-ce qu’à travers ses élus (sénateur Alain Milon : « Il n’y a qu’une médecine »), c’est démissionner de sa propre responsabilité, c’est rester un bébé politique qui a besoin de Papalétat pour penser à sa place. L’Etat n’a pas vocation, normalement, à statuer sur ces sujets.

Certes, tout le monde n’est pas armé de la même façon pour déceler d’éventuelles tromperies. C’est pourquoi la vigilance du Pouvoir demeure nécessaire. Mais cette veille ne doit pas se confondre avec une certification de la validité de la pensée et des choix de vie et de santé comme c’est le cas actuellement.

La réponse française à la question des « minorités non orthodoxes » et des médecines douces est, à la différence de ce qui se passe dans d’autres pays démocratiques, essentiellement d’ordre paternaliste et répressif.

En cas de conflit dans un cadre de minorité spirituelle, il serait plus sain, tellement plus humain, plus juste et plus efficace d’organiser des lieux et structures de conciliation et de médiation, et de n’aborder le plan pénal qu’en deuxième intention, si la médiation échoue.

Voilà, en République, l’accompagnement que la Patrie doit à ses enfants.

[1] Que ce soit à la Libération ou sous le maccarthysme, par exemple, c’est une réalité historiquement constatée que toutes les situations de combat contre des catégories ont servi à des vengeances ou des crapuleries personnelles.

 

 

Mon intervention sur un tabou médiatique : l’analyse de la politique antisectes

Voici le résumé de ma contribution à la Conférence de Dijon du vendredi 29 avril 2016 sur le thème « Lutte antisectes : bilan et perspectives ». L’événement, qui a rassemblé plus de 70 personnes, était organisé par CAP LC et Débredinoire.

Dijon CAP DEB

Thierry Delval, membre de Cap LC (au micro), Thierry Bécourt, président de Cap LC, et JL ML. Photo : Cap LC.

Avant d’entamer mon propos, je me suis présenté ainsi :

- Je suis « journalistologue », une nouvelle spécialité, dont je suis le fondateur, s’intéressant à l’introduction de la « pensée » dans le traitement des informations d'actualité. J’agis pour une épistémologie du travail journalistique et notamment, tout prioritairement, pour une connaissance, par l’informateur, de ses propres présupposés, préjugés et partis pris automatiques[1].

- Je défends les victimes des dérives de la lutte antisecte. Je ne suis pas opposé à – je reconnais même la nécessité de – traquer et dénoncer les manipulations des groupes et des personnes disposant d’une quelconque autorité et abusant de la faiblesse ou de la crédulité des autres. Mais alors, que cela soit fait partout – et non seulement dans les mouvements spirituels ou les médecines douces ! Car cette traque centrée contre les mouvements injustement baptisés par le gouvernement « sectes » ou « à risque sectaire » est source d’innombrables souffrances et injustices qui n'émeuvent personne, pas même les défenseurs des droits de l'homme...

Des médias partiaux et fuyant le débat

Les médias ne transmettent que les informations qui paraissent confirmer le « danger des sectes ». Partant de faits parfois réels, ils ne présentent que l’aspect négatif des choses, taisant toute information inverse, ne donnant la parole qu’aux accusateurs.

Un exemple flagrant de cette partialité : l’émission « L’emprise mentale : quand les thérapeutes dérapent » sur France 5 le 19 avril 2016. Tous les acteurs et tous les invités au débat qui a suivi étaient à charge, la commentatrice du reportage puis la journaliste du débat n’apportant aucune contradiction, bien au contraire. La peur et l’émotion (familles éplorées en gros plan) ont servi d’arguments plutôt que la réflexion et la recherche de compréhension.

Inversement, quand la scientologie gagne un procès en France contre l’Etat et l’Unadfi, c’est le silence total. Ou quand elle est blanchie (en Belgique), après 18 ans d’enquête, la plupart des médias français, quand même obligés de dire un mot de cet événement retentissant, se contentent des quelques lignes diffusées par l’AFP…

Certains journalistes vont même inventer des faits pour émouvoir plus leurs lecteurs, comme ce carnet intime fictif d’une victime présenté comme réel dans le livre enquête d’Antoine Guélaud (TF1) « Ils ne m’ont pas sauvé la vie ».

Journalistes : une profession sans régulation nationale professionnelle

Alors que partout dans le monde, dans les pays démocratiques, existent des instances nationales pour écouter les plaintes du public envers les médias, comme les conseils de presse, où siègent éditeurs, journalistes et représentants du public, en France, le projet de création d’un Conseil de presse, porté par l’APCP dont je suis co-créateur, n’aboutit toujours pas.

Marcel Disko, président de la Miviludej.

Marcel Disko, président de la Miviludej.

J’ai notamment participé à un groupe de travail sur le vocabulaire employé par les journalistes dans le cadre de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), émanation de l’APCP. A mon initiative, et malgré les vives résistances de certains, l’atelier a mis également à son agenda les mots « secte » et « dérive sectaire ». Le rapporteur de ce groupe de travail a entendu mes arguments.

Enfin, je me suis pris à imaginer, sur le mode humoristique, ce que pourrait être une instance de régulation du travail de ma profession présidée par un certain Marcel Disko (dessin ci-contre).

Perspectives

L’information diffusée par CAP LC, Débredinoire et des conférences comme celle-ci permet d’alerter les Français sur les dérives de cette chasse aux sorcières d’un autre temps et d’inviter les victimes de ces discriminations à ne pas se laisser faire, par exemple, en demandant systématiquement un droit de réponse (presse écrite et internet).

Certes, il faut combattre les abus, mais des organismes comme la Miviludes, l’Unadfi, le CCMM et la Fecris, instances partiales et focalisées contre les personnes et les mouvements qui agissent pour défendre la conscience et les alternatives, doivent être réformés. Si l’on peut leur reconnaître l’utilité d’offrir une écoute attentive des victimes des personnalités ou groupes nocifs (ça arrive malheureusement), ils devraient agir comme médiateurs plutôt que comme inquisition et tribunal parallèles sans déontologie ni contrôle.

Si j’œuvre contre le racisme des matérialistes radicaux et des athées extrémistes qui voudraient éradiquer toute marque de transcendance dans notre société ; si je me fais l’avocat des groupes qualifiés de l'infamant « sectes », à l'incompréhension de beaucoup, c’est bien parce que je suis épris de justice et de fraternité.

C’est pourquoi aussi j’invite tous les groupes spirituels et toutes les professions thérapeutiques non reconnues et non réglementées à concevoir des référentiels éthiques universels et à mettre en place des cellules d’écoute des doléances à l’intérieur même de leur mouvement ou pratiques.

Enfin, je plaide pour que chaque mouvement, chaque personnalité charismatique fassent preuve d’humilité en reconnaissant qu’ils ne peuvent détenir seuls la vérité, que la société n’est pas forcément leur ennemie et qu’ils apprennent à communiquer avec le monde de telle sorte qu’ils puissent apporter leurs valeurs et leurs connaissances de façon désirable par tous.

[1] Le magazine Reflets a publié en décembre 2014 (n° 14) un dossier courageux sur le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien, en insistant précisément sur l’analyse du filtre de toute personne prétendant informer.

La politique antisecte nuit également aux victimes qu’elle prétend défendre

Effet pervers de la politique française contre les minorités spirituelles et thérapeutiques : le gel du processus de guérison des victimes une fois celles-ci reconnues comme telles par la justice.

Roudinesco 2

Élisabeth Roudinesco, psychanalyste, durant l'émission de France5. Cliquer sur l'image pour voir la vidéo.

Voyez l’extrait vidéo ci-contre. Tiré de l’émission publiée par France5 le 19 avril 2016, il montre la conclusion de son « enquête au cœur de la manipulation mentale » illustrée par trois cas de thérapeutes « déviants » poursuivis ou condamnés en justice.

Dans cette conclusion, deux questions majeures et très pertinentes sont posées par Élisabeth Roudinesco, psychanalyste :

- « La justice répare et apaise. Mais permet-elle pour autant de tourner la page de l’emprise mentale ? »

- Une fois la justice rendue, on peut alors se demander « pourquoi un patient a contribué lui-même, dans un pays libre et démocratique, à devenir une victime du pire [l’emprise mentale] ? ».

Blisko

Serge Blisko, président de la Miviludes.

C’est en effet une constante chez ceux qui sont « sortis de sectes » avec l’aide des structures institutionnelles que sont les ADFI, de la Miviludes, etc. : une fois reconnue socialement la réalité des préjudices à leur égard, étape indispensable au retour de leur équilibre, les victimes ne parviennent pas à s’expliquer comment elles sont pu passer plusieurs années dans une situation de soumission et d’acceptation d’empiètements sur leur intimité.

Et mon sentiment est qu’elles sont empêchées de le faire. Empêchées par le mode de traitement de ces affaires par l’État, un mode essentiellement dénigratoire et répressif. Et surtout, par l’emploi de la locution « dérive sectaire » pour qualifier les déviances constatées.

La faute de l'autre

France5Cette étiquette évite d’étudier le dossier sereinement, comme on l’attendrait d’une Justice impartiale, à charge et à décharge. Puisque tout aura été la faute de l’autre, et seulement la faute de l’autre, cette étiquette a cet effet pervers d’empêcher les victimes, une fois reconnues comme telles, de faire le travail d’introspection indispensable pour se reconstruire et recouvrer la pleine autonomie de leur pensée.

En effet, en assimilant ces « dérapeuthes » (thérapeutes déviants) à des gourous aux pouvoirs illimités, les antisectes travestissent la réalité. La réalité est plus complexe, forcément plus complexe. La vérité, c’est que la conscience de tout individu est impénétrable à autrui. Certes, et bien évidemment, elle peut connaître des influences, des pressions, des tromperies de toutes sortes. Mais au bout du compte, et dans quelque situation de ce soit, le for intérieur humain est précisément le seul endroit où chacun se trouve seul maître chez soi, quelque soit son environnement physique. L’étincelle de conscience, le « je » intime – qui est autre chose que le moi psychologique ou neurobiologique – est inviolable.

Quand on fait croire aux victimes des « sectes » qu’elles ont vécu une « emprise absolue », un « meurtre de leur esprit », une « perte totale de leur libre arbitre », qu'« on a pris le contrôle de leur vie », etc., comme le prétendent les antisectes, on leur ment. Car tout être humain ne peut qu’accorder de son propre chef une part de lui-même, sous la forme d’une signification, voire d’une évidence, à tout ce qu’on lui présente. Même infime, cette part ne peut pas, ne doit pas être occultée. Nier cette vérité, ce serait, outre une erreur cognitive, nier l’humanité, la dignité de la personne.

Si l’emprise avait été totale, alors il faudrait annuler tous les actes administratifs que la personne envoûtée aura signés pendant toutes ces années : contrat de travail, contrat de mariage, etc., parce qu’ils auraient été en fait décidés par une « autre personne » qui aurait pris les commandes de sa raison…

Petite voix

Encore une fois, la victime peut certes avoir éprouvé fascination, ascendance, domination, tyrannie même, à son encontre, mais toujours, d’une façon ou d’une autre, une liberté en elle lui a proposé (sans s’imposer) d’assentir ou de refuser. On a toujours, en permanence, un choix de pensées qui nous est proposé.

Le vrai problème, c’est qu’elle n’a pas su entendre ou accueillir cette petite voix. C’est qu’elle n’a pas appris à suivre sa boussole intérieure. C’est en cela que réside essentiellement le risque – et non dans la prétendue toute puissance du « gourou ».

À chaque fois, il y a forcément une forme d’une adhésion. Celle-ci ne peut venir que de la personne qui fait face aux sollicitations ou pressions externes.

C’est en cela que réside notre dignité d’être humain et que nul ne peut nous retirer.

Comprendre cela permettrait aux victimes de ne pas tout jeter de ces années sous influence. Elles pourraient enfin faire la part des choses entre ce qui leur a été dit ou fait avec tromperie et ce qui a pu leur apporter une autre vision des choses, l’accès à d’autres dimensions de la vie jusqu’alors insoupçonnées. Il n'est pas souhaitable qu’elles se sentent poussées à jeter à la poubelle tout ce passé, les empêchant de valoriser certains aspects positifs qu’elles peuvent en tirer malgré tout.

France5 : « Emprise mentale, quand la thérapie dérape »
Manipulation : 1 ; déontologie : 0

Si vous cherchez un exemple clair et irréfutable de la façon dont les médias vous manipulent et trahissent leur mission, regardez cette émission. Au delà du fond – pour lequel j’exprime toute mon empathie aux victimes –, je note que les réalisateurs de l’émission ont « oublié » les règles essentielles de la déontologie journalistique :
- Présentation uniquement à charge de trois thérapeutes sans leur donner la parole
- Absence de tout avis contradictoire
- Fort accent mis sur l’émotion (gros plans sur les familles éplorées, exacerbation du sentiment de peur, etc.)
- Travestissement de la vérité : par exemple, la commentatrice affirme que la Miviludes reçoit  « 2 500 plaintes » par an, alors que cet organisme n’est pas habilité à traiter des plaintes mais seulement des signalements, parmi lesquels il faut compter les simples demandes de renseignement, interrogations, etc. Ce n’est pas un détail car cela sert à effrayer plus.
- Partialité. La présentatrice « oublie » de préciser, bien qu’on parle de justice, que l’État, la Miviludes et l’Unadfi ont été condamnés plusieurs fois pour déni de justice et diffamation dans ce type d’affaires. Et que Me Picotin , l’avocat antisecte interviewé dans le reportage, avait été condamné en 2015 pour avoir surfacturé un couple pour une aide de « sortie de secte » qu’il leur avait apportée…
De même, dans le « débat » qui a suivi, il n'y avait que des personnes à charge, en premier lieu desquelles la journaliste...

En faisant de l’activité qu’ont suivie les « victimes » une abomination, on fait de celles-ci des déchirés : comment ont-ils pu adhérer à un mal absolu ? De cette façon, on leur interdit d’admettre qu’il y ait des aspects positifs ? Ils DOIVENT renier ce genre de pensées résiduelles, donc se renier eux-mêmes.

En élaborant une capacité personnelle de discernement, au contraire, elles peuvent reconquérir leur autonomie de pensée. Au lieu de ne devoir leur salut qu’à la puissance publique dont elles risquent d’une part d’être toujours dépendantes, d’autre part, de ne pas voir ses intérêts et motivations cachés (et ils sont nombreux ; voir d’autres articles sur ce site). Et au lieu de demeurer dans une sorte d’infantilisme qui ne devrait sa sécurité qu’à la protection de l’État sur des sujets qui ressortissent pourtant en premier lieu du libre arbitre.

En fait, ce que j’ai envie de dire aux Françaises et aux Français qui tremblent à la seule évocation du mot « secte », c’est d’avoir peur moins des « sectes »[1] que de leur propre crédulité, de leur trop grande confiance comme de leur trop grande méfiance, de leur passivité intellectuelle, de leur oubli à penser par eux-mêmes, de leur inculture spirituelle, bref de leur manque de confiance résultant de la jachère de leur vie intérieure.

[1] Du moins des groupes pacifiques, qui constituent l’essentiel des mouvements en France, et des personnages charismatiques.

 

« Sectes » et vocabulaire : une manipulation journalistique généralisée

Il ne se passe une semaine sans qu’un média national ou local ne sorte une affaire de «secte», donnant ainsi l’impression, comme aimait le dire l’ancien président de la Miviludes, d’un véritable «fléau». Cet article décrypte la manipulation opérée par la plupart de mes confrères pour entretenir frauduleusement cette paranoïa.

Tribune Lyon 3

La plupart des journalistes, en France, emploient de façon illégale le mot « secte », terme infamant et qui fait très peur à tous. Ainsi, dans sa dernière édition, Tribune de Lyon offre à ses lecteurs une « enquête sur les sectes les plus actives à Lyon ». Dans chapeau introductif, le journaliste écrit : « De l’Église de scientologie aux Témoins de Jéhovah (TJ), les principales organisations reconnues comme « sectes » par l’État sont bien présentes dans l’agglomération ».Tribune Lyon 2

Dans le corps de l’article, pour contredire le porte-parole des TJ à Lyon qui déclare que « l’appellation "secte" n’est plus valable, car nous sommes enregistrés sous le statut d’association », le journaliste n’oppose aucune dérive constatée, ni même aucun fait délictueux supposé. Non, il lui suffit de rétorquer, en lieu d’argument définitif : « Et pourtant, les Témoins sont toujours considérés comme une secte par l’État ». Et la messe est dite !

Pourtant, le mot « secte » ne devrait plus avoir cours, du moins pour qualifier en France tous ces mouvements pacifiques qui ont autant le droit d’exister que n’importe quel autre groupement de citoyens.

Atteinte à la liberté de croyance

Le terme « secte », en effet, n’a pas de définition légalement parlant. Il a même dû, par « sécurité juridique », être éliminé du vocabulaire administratif et politique : il portait en effet atteinte à la liberté de conscience, de croyance ou de religion.

Le signe le plus manifeste de cette évolution sémantique est visible au sommet de l’État (niveau du premier ministre) dans le changement de nom de l’organisme national chargé de la question « sectaire ». Ainsi la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils), créée en 1998, est devenue, en 2002, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires » (Miviludes).

De même, si les trois premiers rapports parlementaires, depuis 1983, s’attaquaient aux « sectes », le dernier, qui s’interrogeait sur « l'influence des mouvements à caractère sectaire » (2013) porte la marque de ce nécessaire changement terminologique.

Les journalistes, apparemment, ne s’estiment pas tenus par une rigueur langagière qui leur compliquerait le travail. Car ils seraient obligés d’être précis et factuels et d’enquêter eux-mêmes sur le terrain, au lieu de se contenter de s’appuyer sur l’autorité de la parole publique, en fait sur la propagande des « antisectes » officiels ou autoproclamés.

« Reconnue comme secte »

Il faut dire que l’État s’accommode parfaitement de cette confusion car elle lui permet de bénéficier du soutien aveugle des médias et de continuer sa politique discriminatoire et arbitraire sans être l’objet d’une analyse trop scrupuleuse de son travail. Sur le site de la Miviludes, les anciens rapports sur les « sectes » sont toujours affichés et, à différents niveaux, le mot « secte » peut encore être vu.

Mais, nous l’avons avec la Tribune de Lyon (et elle n’est pas la seule !), les journalistes vont encore plus loin, n’hésitant pas, pour justifier leurs articles à charge, à claironner que tel ou tel mouvement est « reconnu comme secte » par l’État ou le gouvernement. Tout simplement parce que son nom figure dans le fameux rapport de 1995 qui comportait une liste de 173 mouvements qualifiés de « sectes ».

Or cet argument est irrecevable.

Régulièrement, notamment dans les réponses aux questions aux parlementaires, les ministres successifs sont obligés de rappeler que la République ne reconnaît ni religion ni secte et que seuls doivent être considérés les troubles à l’ordre public ou les atteintes effectives aux personnes ou aux biens.

« Rapport dépourvu de valeur juridique »

Le 10 mars 1998, le ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement publiait une circulaire précisant que « le rapport parlementaire de MM. Alain Gest et Guyard [1995] n’a pas d’effet juridique sur l’action administrative de l’État en matière de ce que le langage courant dénomme « sectes », celles-ci étant, comme toutes religions, simplement soumises au droit commun. » Et cette circulaire de préciser : « Aucun groupement n’a donc jamais été classé comme « secte » par la République ».

Le 27 mai 2005, M. Raffarin, alors premier ministre, publiait une circulaire « relative à la lutte contre les dérives sectaires ». Il y précisait : « Aussi a-t-il été décidé, plutôt que de mettre certains groupements à l'index, d’exercer une vigilance particulière sur toute organisation qui paraît exercer une emprise dangereuse pour la liberté individuelle de ses membres ». Et il terminait en disant que « le recours à des listes de groupements sera évité au profit de l'utilisation de faisceaux de critères ».

De même, la « liste noire » de 1995 a fait l’objet de décisions de justice, notamment celle du tribunal administratif de Caen qui, en 2005, a conclu dans une affaire concernant les TJ, que [l’accusé, un hôpital en l’occurrence] ne saurait, en tout état de cause, se prévaloir d’un rapport établi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale classant les Témoins de Jehovah parmi les "sectes", un tel rapport étant dépourvu de valeur juridique »[1].

Caractère sectaire : une appréciation « subjective »

Il arrive souvent, également, que les médias, « alertés » par une vigilante association de dénonciation de « sectes », pudiquement revêtue de la noble cape de la « défense de la famille », que les médias, donc, se scandalisent que tel ou tel mouvement puisse simplement tenir une réunion dans une salle d’une ville

Groning

Or, dans une réponse apportée au député Jean-Pierre Brard qui l’interrogeait sur la possibilité d’interdire les manifestions publiques organisées par des mouvements listés par le rapport parlementaire sur les sectes, le ministre de l’intérieur avait répondu en 1998 à l’Assemblée nationale (source) : « Aux termes de l’article 2 de la Constitution du 4 octobre 1958, la France, république laïque, respecte toutes les croyances. Dès lors, le droit ignore la notion de secte, à laquelle n’est attachée aucune conséquence juridique. L’appréciation du caractère sectaire d’une association est nécessairement subjective. La qualification de « secte » donnée à certains groupements ou associations ne saurait donc, à elle seule, fonder légalement un refus de mise à disposition. [...] Un refus ainsi motivé serait gravement attentatoire à la liberté de culte à valeur constitutionnelle. »

Atteinte grave et manifestement illégale

Pareillement, en 2007, « le Conseil d’État a jugé que le refus opposé à une association cultuelle [en l’occurrence, il s'agissait des TJ] de lui accorder la location d'une salle municipale, surtout lorsqu’il est consécutif à d’autres refus de même nature opposés à des associations identiques et annulés précédemment par le juge administratif, porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion dès lors que la commune ne fait état d’aucune menace à l’ordre public, mais seulement de considérations générales relatives au caractère sectaire de l’association, ni d’aucun motif tiré des nécessités de l’administration des propriétés communales ou du fonctionnement des services (JRCE, 30 mars 2007, Ville de Lyon, n° 304053) » (source).

Ainsi, au mépris de leur déontologie comme du droit, bafouant tant la présomption d’innocence que le droit du citoyen à la liberté de croyance, liberté « fondamentale », bien des journalistes se sentent autorisés, en utilisant le mot "secte", à salir à longueur de colonnes et d’émissions des groupes de citoyens parce que les préjugés, la peur de la différence, l’intolérance ou la médisance les ont d'avance condamnés.

MondeMême le journal dit "de référence" (Le Monde) n’hésite pas à concevoir une rubrique spécialisée baptisée, non pas "Analyse du phénomène sectaire", mais, illégalement, "Lutte contre les sectes"... Ce qui, en rapport avec le droit républicain, signifie en fait « lutte contre une catégorie de personnes déclarées sous-citoyens », ce qui rappelle, dans l’esprit, de bien mauvaises et douloureuses attitudes nationales…

 

[1] Sans compter que ce rapport a été réalisé dans la précipitation, sans exigence méthodologique, sans étude de terrain et sans information contradictoire et qu’il est de toute façon, de l’aveu même de l’ex-président de la Miviludes, obsolète. Constater que la presse française s’appuie sur un document si médiocre et vieux de plus de vingt ans pour justifier son dénigrement, c’est mesurer son degré de professionnalisme.

Médias et approches alternatives : je suis interviewé par BTLV

Internet permet aujourd’hui de contourner la censure et l’autocensure des « grands » médias. BTLV ne craint pas d’aborder des sujets tabous, comme celui du traitement des approches alternatives par le pouvoir et les médias.

BTLV

Cliquer sur l'image pour accéder à l'émission (10 premières minutes gratuites ; s'abonner pour écouter l'heure entière).

Bob

J'ai été interviewé par le journaliste de BLTV Bob Bellanca.

La chaîne radio/TV BTLV (Bob dit toute la vérité), disponible sur internet, m'a invité pour une heure d'interview, ce qui est un format exceptionnellement long pour un média d'information !

Le rédacteur en chef me proposait d'évoquer « vos différents chevaux de bataille et notamment présenter votre opinion sur la réelle utilité de la Miviludes. Il s'agirait d'un entretien d'une heure avec Bob Bellanca ».

L’entretien s'est en fait concentré surtout sur la critique des médias, certes en lien avec les approches alternatives, mais je n'ai pas eu l'occasion, finalement, de traiter du délicat problème de la Miviludes (Mission d'information, de veille et de lutte contre les dérives sectaires, instance sous la responsabilité du premier ministre).

Dommage, parce que cette critique de l'action gouvernementale est un tabou dans les médias, au contraire de la critique des médias qui commence à être à la mode...

Peut-être une autre fois ?

Cela dit, il est rare de pouvoir parler aussi librement et aussi longtemps sur une antenne. Heureusement que le Net est là pour permettre ce type d'expression. J'en sais vivement gré à toute l'équipe de BTLV.

 

 

J’ai interpelé le premier ministre sur la politique antisectes du gouvernement

Voici la réponse qu’il me fait parvenir par le biais de son chef de cabinet. Ou l’art de botter en touche…

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Manuel Valls. Photo : site du premier ministre.

Comme ni mes confrères ni nos élus ne s'intéressent à la question de la pertinence de la « lutte antisectes », le 30 septembre 2015 j'ai écrit ceci au premier ministre Manuel Valls :

« Depuis quelque vingt années qu’est menée en France une politique spécifique contre les « sectes » puis les « dérives sectaires », les résultats ne semblent pas au rendez-vous : les mouvements se sont transformés et de nouvelles approches, notamment thérapeutiques, se sont multipliées, échappant de plus en plus à la régulation administrative, qui est débordée.

Journaliste ayant étudié de près ce domaine depuis le début, j’ai acquis la conviction que les modalités de l’approche gouvernementale, faite de suspicion, de dénigrement, de non-dialogue et de répression, pour justifiée qu'elle puisse être dans des cas exceptionnels, va non seulement à l'encontre des droits humains (elle est même stigmatisée par plusieurs de nos voisins), mais surtout est contre-productive.

Ne pensez-vous qu’il serait temps d’imaginer une autre politique qui, à l’instar de ce qui se fait dans bien d’autres pays démocratiques, saurait allier une forme de reconnaissance de ces pratiques « différentes » à une surveillance rigoureuse certes, mais dans un esprit professionnel, apaisé (non passionnel comme aujourd’hui) et constructif ? » (...)

Et voici la magnifique réponse que m'a faite un mois plus tard son chef de cabinet, Sébastien Gros :

Réponse PM

Il va sans dire que je n'ai jamais rien reçu de la Miviludes, qui est précisément LE problème. Il s'est bien moqué de moi !