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Interviewé par Nexus, je pointe les dessous de la « chasse aux sectes à la française »

La journaliste Sabrina Debusquat ose poser la question qui fâche dans un dossier intitulé "La Lutte antisecte à la française pénalise-t-elle les médecines douces ? " pour le magazine Nexus (mars 2018). A cette occasion, elle a interrogé le président de la Miviludes, mais aussi votre serviteur, dont elle dit que je suis le « seul journaliste à porter un regard critique sur la lutte antisectes en France ».

Le n° 115 de mars-avril 2018 de Nexus.

 

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J’ai écrit au président de la République et au 1er ministre pour les alerter sur les dérives de « la lutte contre les sectes »

Les médias nationaux censurant toutes les informations susceptibles d’éveiller l’esprit critique concernant la politique nationale de lutte contre les « dérives sectaires », j’ai écrit à MM. Macron et Philippe pour les alerter sur quelques points sensibles, alors qu’une « réforme » de la Miviludes est actuellement à l’étude.

Par un courrier daté du 23 mai 2017, la Cour des comptes avait formulé, à l’attention du premier ministre, des « recommandations pour améliorer le fonctionnement de la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires ».

En réponse à ce référé, le Premier ministre, Édouard Philippe, s’était engagé à moderniser la gouvernance de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Emmanuel Macron et Édouard Philippe.

Aucun élu, aucun journaliste, aucun média national, aucun intellectuel français n’a fait preuve du moindre esprit critique sur la politique « anti-secte » menée depuis des lustres par les différents gouvernements. J’ai cru de mon devoir d’interpeller les responsables au sommet de l’État sur cette carence. Et, pour l'illustrer, j'ai mis en avant trois points qui méritent réflexion :

Intolérance :

1017-2017  : mille ans de « chasse aux sectes » en France  !

Scandale d’État :

Aveuglée par son obsession antisectaire, la Miviludes a laissé libre champ au terrorisme islamiste

Déni de justice :

Laval (Mayenne)  : l’Etat censure le Cercle des Amis de Bruno Gröning lynché par la presse et sur Tweeter

Voici la teneur de la lettre que j’ai adressée le 13 novembre 2017 au président de la République avec copie au premier ministre :

Voici la réponse du chef de cabinet de la présidence :

> Depuis, silence radio.

J’aide une « blessée de l’info » à faire publier un droit de réponse dans un quotidien

Les personnes et les groupes discriminés (spiritualité, médecines douces…) sont pris fort au dépourvu quand ils se trouvent tout d'un coup victimes de maltraitance médiatique. Voici comment je mets mon expertise journalistique à leur service.

Dans un article paru le 5 avril 2018, le quotidien l’Aisne Nouvelle dénigre le Cercle des Amis de Bruno Gröning (CABG), le présentant comme « secte avançant masquée », selon le fantasme habituel. Cela, simplement parce que cette association annonçait une conférence sur la guérison spirituelle selon l’enseignement de ce guérisseur allemand du milieu du siècle dernier.

Bruno Gröning, guérisseur spirituel allemand, mort à Paris en 1959.

A cause du bruit formé autour de l’article, la conférence a carrément été annulée par la communauté d’agglomération, propriétaire du bâtiment où devait avoir lieu l’événement. Un pur acte de censure, selon moi, motivé par l’habituelle calomnie de la Miviludes qui considère, sans autre forme de procès de procès, que la « dérive sectaire est absolue » dans le cas de ce mouvement.

Personne ne va remettre en cause la parole d’un organisme interministériel, même si cette parole est totalement arbitraire, dénuée de définition juridique et controuvée !

La correspondante locale du mouvement m’a demandé si je pouvais l’aider. Voici le Droit de réponse que j’ai conçu pour elle, et qui est paru le jeudi 7 juin dans ce journal. Bien évidemment, le journal, légalement obligé de le publier puisqu’il respectait les critères, l’a présenté sous sa forme la plus épurée possible, sans même la référence au contenu de l’article déclencheur (je le retranscris pour en faciliter la lecture) :

« M. le Directeur de l’Aisne Nouvelle,

Dans un article publié dans votre édition du 5 avril 2018, sous le titre : « La conférence annulée cachait-elle une secte ? », votre journaliste M. de Saint-Riquier me cite nommément. Etant ainsi parfaitement identifiée, la loi m’octroie le droit à une réponse dans votre journal.

Je souhaite donner les précisions suivantes :

1.­– L’association le « Cercle des Amis de Bruno Gröning » (CABG), organisatrice de la conférence prévue le 16 mai 2018 à l’espace Créatis et annulée par la communauté d’agglomération, propriétaire de la salle, n’a nullement cherché, contrairement à ce qu’écrit votre journaliste, à « se cacher ». Tout a été fait au grand jour, comme le prouve amplement la photo d’annonce de la manifestation que vous publiez en illustration de votre article.

2.– L’association CABG est une association loi 1901 légalement inscrite au Journal Officiel. Jamais condamnée pour ses activités, elle n’a jamais été interdite ni dissoute et bénéficie dans leur plénitude des mêmes droits républicains que toute autre.

3.– Le discrédit jetée sur elle par votre article tient au fait d’être « épinglée » par la Miviludes, que votre journaliste cite, un organisme d’Etat qui se permet de mettre au pilori des mouvements qui « dérangent ». Si votre journaliste avait voulu renseigner loyalement vos lecteurs, il se serait renseigné sur le fonctionnement de ce ministère particulier. Il aurait appris qu’il jette des anathèmes sur des groupes sans que leur dossier n’ait été étudié à charge et à décharge, sans les écouter et en refusant d’apporter les rectifications nécessaires, sauf quand la Justice l’y contraint, comme deux décisions récentes l’ont montré (arrêt fasciathérapie du 07/12/17 et médecine anthroposophique du 28/04/18). De ce fait, les règles du débat démocratique sont faussées, car qui oserait croire qu’une instance d’Etat, qui plus est placée auprès du premier ministre, puisse se comporter de façon aussi partiale, arbitraire et discriminatoire ?

4.– Le CABG est un mouvement ouvert et généreux qui s’efforce de faire bénéficier les gens qui souffrent des pouvoirs de la prière. Rien de criminel ! Et cela d’autant moins que ses membres sont bénévoles, que la liberté de penser, d’aller et venir en son sein est totale et que l’argent n’a cours que pour régler les charges indispensables à toute activité sociale.

5.– Outre la stupeur et la douleur d’être ainsi mise au pilori, la parution de votre article a déjà eu des répercussions très dommageables sur mon environnement personnel. Sans doute même sont-elles irréparables. Au moins cette mise au point permettra à tout lecteur osant penser par lui-même de prendre de la distance avec ces accusations de « secte » apposées sur le CABG comme sur d’autres communautés, à l’instar de certaines étoiles de sinistre mémoire. »

> L’article d’origine.

> Le droit de réponse.

La Justice sanctionne des accusations non fondées de la Miviludes

Coup sur coup, deux décisions de justice sont venues sanctionner la Miviludes, ce ministère chargé de lutter contre les « dérives sectaires ». Elles lui ordonnent de retirer la fasciathérapie ainsi que la médecine anthroposophique du rapport « Santé et dérives sectaires » qu’elle avait publié en 2012.

Si mes confrères avaient fait correctement leur travail, ils auraient demandé à la Miviludes, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, de justifier précisément les accusations qu’elle porte régulièrement contre des minorités spirituelles et des médecines douces. Ils auraient pu alors constater que la plupart de ses incriminations n’étaient pas fondées. Mais comme les médias suivent aveuglément, depuis son existence, les ukases de cette instance placée auprès du premier ministre, celle-ci a pu dire et écrire n’importe quoi pour dénigrer ces approches « différentes ». Jusqu’à fabriquer de toute pièce contre elles des griefs alarmants.

La plupart de ces approches alternatives attaquées ont courbé l’échine, espérant que cette mise au pilori allait passer ou glisser sur elles. Mais deux d’entre elles ne se sont pas laissé faire. Elles ont saisi la Justice et la Justice leur a donné raison.

Pointés du doigt arbitrairement dans le guide "Santé et dérives sectaires" de la Miviludes (2012), les professionnels de la fasciathérapie ont attaqué ce service et obtenu gain de cause par un arrêt du 7 décembre 2017 : l’instance doit supprimer la référence à la fasciathérapie de son guide. Voir l’interview d’Anouk Serre, présidente de Fascia France.

Plus récemment, le 20 avril 2018, le tribunal administratif de Paris a « enjoint au premier ministre de retirer la médecine anthroposophique de la liste des médecines à dérive sectaire [de ce même guide] et de publier sur le site de la Miviludes et sur l’ensemble des supports de communication du gouvernement un communiqué en ce sens ».

Dans son jugement, le tribunal administratif de Paris a considéré en particulier que « l’absence de reconnaissance ou d'évaluation officielle d'une pratique thérapeutique n'impliquait pas, par elle-même, un risque de dérive sectaire et que la médecine anthroposophique ne remplissait aucun des critères de dangerosité fixés par la Miviludes ».

Le tribunal a estimé en outre « qu'il n’était pas nécessaire de diligenter une évaluation de ce courant médical ».

L’association qui a déposé plainte est le Conseil national professionnel des médecins à expertise particulière – Section médecine anthroposophique (CNP MEP - SMA).

Dès la publication de ce guide et « au-delà de son indignation, elle s’était interrogée sur les raisons qui avaient motivé l’inscription de la médecine anthroposophique sur une telle liste, jetant ainsi le discrédit sur la globalité de ce courant thérapeutique ». Elle avait obtenu, par un jugement du 8 octobre 2015, la « communication forcée » et la production des documents de la Miviludes ayant servi à l’élaboration de son guide.

Face à l’inconsistance des motifs et des éléments factuels utilisés par la Miviludes pour disqualifier la médecine anthroposophique, le Conseil des médecins anthroposophes a saisi le tribunal administratif pour « demander des comptes à la Miviludes et faire retirer sans délai la médecine anthroposophique de la liste des médecines à dérive sectaire ».

Pour sa défense, le premier ministre s’était borné à soutenir « premièrement que la médecine anthroposophique n’est pas officiellement reconnue par les autorités médicales, le ministère de la santé et le conseil national de l’Ordre des médecins ; deuxièmement que la requérante n’apporte aucun élément infirmant ce fait ; troisièmement qu’aucune évaluation n’a été faite permettant de reconnaître légalement cette pratique ».

Pas une raison pour affirmer qu’une telle pratique « présente des risques de dérive sectaire », juge le tribunal qui ajoute que « c’est à tort que le Premier ministre a refusé de faire droit à la demande de rectificatif conduisant au retrait de la médecine anthroposophique de la liste des médecines à dérive sectaire ».

Dans un communiqué de presse, la médecine anthroposophique se « félicite de ce jugement de bon sens et regrette la position dogmatique et excessivement stricte des autorités de tutelle de la Miviludes sur les médecines complémentaires et intégratives ».

 

1017-2017 : mille ans de « chasse aux sectes » en France !

Cette année, nous « célébrons » le millième anniversaire d’un sport bien français : la chasse aux sectes.

Les chanoines d’Orléans, premières victimes de l’intolérance d'Etat, brûlés pour hérésie. Dessin de Jean Luyken en 1685.

Tout a commencé avec la mort appliquée en 1017 (d’autres disent en 1022) par le roi de France, Robert-le-Pieux, à une douzaine de chanoines d’Orléans convaincus de « manichéisme cathare », considéré comme une dangereuse hérésie.

Le roi est pourtant l’ami personnel de plusieurs d’entre eux. Il ne se résout à les condamner au bûcher que parce qu’il « appréhende de leurs doctrines à la fois la ruine de la patrie et la mort des âmes », selon le chroniqueur Raoul Glaber.

Ce fut le coup d’envoi de toute une suite d’exécutions et de massacres.
Aujourd’hui, on tue toujours les « hérétiques », mais seulement (heureusement !) administrativement, socialement et médiatiquement…

Et le peuple, habilement manipulé par une propagande relayée avec zèle par les médias, applaudit !

Au cœur du problème, il y a l'intolérance de beaucoup de Français (dont l'Histoire a montré de bien nombreux et tristes exemples) envers les convictions ou les modes de pensée qui les dérangent. Une intolérance inscrite aujourd'hui encore dans le fonctionnement même de l’État.

Comme celui-ci ne peut interdire les minorités spirituelles et qu'en même temps il ne veut pas les laisser vivre normalement, ils a mis en place toute une imposante mécanique de répression frauduleuse (car contrevenant aux hauts plus hauts principes républicains*) pour les condamner socialement sans avoir à s'expliquer ou à rendre des comptes démocratiquement.

Il a créé notamment un ministère de la Vérité (la Miviludes) qui lance des fatwas, hors système judiciaire, auxquels tous les ignorants et les craintifs adhèrent. Même si cet organisme s'est bien gardé de s'élever contre les vrais groupes dangereux !

Incroyable dans un pays cultivé et "civilisé" comme le nôtre, mais vrai !

Nous sommes le 11 novembre 2017, près de cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale, mille ans après le coup d'envoi de l'intolérance d’État : la guerre de l’État contre les minorités pacifiques qui dérangent continue...

> Un exemple récent .- Laval (Mayenne) : l’État censure le Cercle des Amis de Bruno Gröning lynché par la presse et sur Tweeter

* La Miviludes a été condamnée plusieurs pour diffamation et déni de justice. Elle a constitué – ce qui est illégal – une liste des "mouvements à risque" qui permet aux différents acteurs de la société de les discriminer ; elle refuse tout débat contradictoire avec des personnes qui pourraient contester ses avis ; elle dénie le droit de réponse à ces mouvements qu'elle dénigre dans ses publications et avis ; elle a érigé la violation de la présomption d'innocence en principe de gestion de ses dossiers ; etc.

 

 

Laval (Mayenne) : l’Etat censure le Cercle des Amis de Bruno Gröning lynché par la presse et sur Tweeter

La gendarmerie fait pression sur l’hôtel Kyriad de Laval et obtient l’annulation de la présentation d’un documentaire sur la « guérison » que devait organiser le Cercle des Amis de Bruno Gröning le 26 novembre 2017.

« Les chambres de l’hôtel Kyriad Laval vous invitent à la sérénité », explique l’hôtel sur son site.

« J'ai contacté l’hôtel Kyriad de Laval pour [avoir une] explication sur annulation du 26 novembre, commente la personne qui devait procéder à la projection du film. La personne de l’accueil m'a dit que c’était une demande de la direction suite à la visite de la gendarmerie les informant qu’il y avait des commentaires défavorables sur Tweeter et qu’il y avait aussi un article dans le journal "le Courrier de la Mayenne". »

Ainsi, sans qu’aucun délit ne soit constaté, et en dehors de toute décision d’un juge, la gendarmerie a obtenu de l’hôtel Kyriad de Laval (Mayenne) qu’il annule la présentation d’un documentaire sur la « guérison » que devait organiser le Cercle des Amis de Bruno Gröning le 26 novembre 2017.

La Miviludes, organisme placé auprès du premier ministre pour lutter contre les « dérives sectaires », pointe précisément cette association dans cet article du quotidien, tout en affirmant qu’elle ne tient pas de liste de « sectes », « la loi ne [définissant] même pas la notion de sectes ».

Pressions

La journaliste Kristell Le Gall explique que le Cercle des amis de Bruno Gröning « est dans le viseur de la Miviludes et des associations luttant contre les dérives sectaires », comme l’Unadfi. En soutenant ces actes discriminatoires et en publiant son article calomniateur sans même donner la parole à l’association dénigrée, elle et le Courrier de la Mayenne bafouent la déontologie journalistique et la présomption d'innocence.

La Miviludes et ces associations diffusent leurs « messages de prévention », qui sont autant de pressions sur les organisateurs d’événements, sans jamais aucun débat contradictoire et même si les mouvements qu’ils désignent à l’opprobre public n’ont commis ni infraction ni délit, ce qui viole les principes les plus hauts de la justice démocratique.

Personne, y compris des entreprises privées comme l’hôtel Kyriad, n’ose se mettre en travers des oukases que ce ministère et ces associations édictent. En l’occurrence, la Réception de l’hôtel de Laval a fait savoir à l’organisatrice de l’événement prévu que, « suite à des messages sur les réseaux sociaux nuisant à l’image de notre établissement concernant votre réservation de salle, nous annulons votre réservation ».

Les deux autres présentations, à Rennes et à Sablé-sur-Sarthe, ont pu se tenir normalement.

Je tiens à préciser que, alors que je suis à la retraite et que j'aimerais bien me consacrer à autre chose, j'ai rédigé cet article pour défendre l'association injustement attaquée et pour informer mes concitoyens sur le comportement indigne de notre pays des pouvoirs publics, des associations anti-minorité spirituelles et de la presse.
En effet, je reste mobilisé (et finalement j'y prends un certain plaisir, celui de bien comprendre les mécanismes de la discrimination) car je suis le seul journaliste en France à vouloir que la déontologie soit respectée par notre profession dans ce type d'affaires.
Klaus Barbie avait un avocat, les djihadistes accusés ont un avocat. Dans le cas des minorités spirituelles, on se passe d'avocat car on peut condamner sans procès. Pourquoi se priver de calomnier quand le calomnié n'a pas le droit à la parole ?

J'ajoute que les belles âmes protestent haut et fort (c'est bien !) quand on menace Charlie Hebdo mais qu'elles se taisent (c'est moins bien !) quand l’État français, des associations privées subventionnées et la presse locale discriminent de concert une association pacifique par ailleurs ni interdite ni condamnée en quoi que ce soit.

« État de sujétion psychologique » : dialogue avec le président de la Fédération française de psychiatrie

Les décisions de justice doivent être prises sur des critères de droit, donc de rationalité. Or, l’« état de sujétion » d’une personne dont on abuse de la faiblesse, qui constitue la base de l’accusation de « secte », n’a pas été défini. Pas plus juridiquement que scientifiquement. J’ai posé la question au président de la Fédération française de psychiatrie.

Un article paru sur Ouvertures révèle les réponses de différents acteurs et institutions légitimes à s’exprimer sur la valeur de la notion d’« état de sujétion psychologique », incluse dans loi About-Picard de 2001, dite loi "antisecte". Le 7 septembre 2016, j'ai notamment interrogé Bernard Odier, le président de la Fédération française de psychiatrie.

Mme Picard, à l'origine de la loi qui porte son nom, actuellement présidente de l'Unadfi, et M. Fenech, ex-président de la Miviludes, en 2011, à l'occasion du 10e anniversaire du texte.

Je présente ce dialogue sous la forme d’une interview fictive mais tirée d’un échange réel par mails (septembre 2016).

J-L ML.- Pouvez-vous me dire s’il existe une base scientifique (médicale, psychiatrique, psychanalytique, psychologique, clinique, autre) au concept de "état de sujétion psychologique" (je ne parle pas de la suggestion).

Je n’arrive pas à trouver la moindre référence à ce sujet dans des travaux scientifiques, médicaux ou cliniques.

Je connais les explications de la Miviludes, l’organisme chargé de lutter contre les dérives sectaires. Mais celle-ci ne cite aucune base scientifique pour définir ce concept, hormis les affirmations de quelques psychiatres qui travaillent avec ou pour elle ou qui sont appelés à trancher sur ce point en tant qu’experts devant les juges. Par ailleurs, la Miviludes est un organisme administratif ; ses avis ne peuvent se substituer aux connaissances scientifiques.

Pouvez-vous m’indiquer s’il existe une définition précise de concept, ainsi que les références, études ou avis éventuels ​dont la profession de psychiatre disposerait sur l’état de l’art ?

Bernard Odier, président de la Fédération française de psychiatrie.- Vous posez une question dont les développements psychiatriques sont actuels et à venir. Le terme est administratif, juridique, avant d’être psychologique ce qu’il est aussi. Le terme sujétion décrit plutôt une relation qu’un état, tandis que la clinique psychiatrique est surtout individuelle. Cependant l’intérêt de la psychiatrie pour les aliénations conduit à ce que les psychiatres se penchent sur ces états de soumission, souvent de servitude volontaire.

JL ML.- Je partage le fond de vos remarques. Le problème est que, précisément dans le cas de la loi dont il est question, le terme de sujétion est pris non pas comme une relation mais comme un "état".

Je ne questionne pas sur le problème de "l’abus de faiblesse", qui existe depuis un certain temps dans notre arsenal juridique mais sur l'abus de faiblesse d'une personne en état de sujétion. C’est cette formulation qui me paraît problématique. D’autant plus qu’elle est validée par des psychiatres (les experts des tribunaux) qui vont jusqu’à cautionner l’idée de "captation du libre arbitre" d’une personne par une autre.

​Les problèmes de dépendance, soumission, etc., sont une chose ; autre chose est l’état psychologique d’une personne dont une autre personne aurait annihilé le libre arbitre pour se la soumettre, ce qui me paraît impossible à prouver comme à réaliser.

La loi crée un nouveau crime qui s'appuie sur un concept que les psychiatres et les psychologues sont chargés devant les tribunaux de déterminer, avec toutes les conséquences qu’un jugement peut entraîner sur la vie des personnes concernées.

"L’état de sujétion" d'une personne (ce qui est autre chose, pour la loi et pour les professionnels du psychisme convoqués, que l’état de dépendance) existe-t-il vraiment ? Est-il seulement possible ? Comment déterminer cliniquement cet état, comment le définir ?

Bernard Odier.- Sous réserve que vous ne fassiez pas une interprétation restrictive du terme "état de sujétion" (qui implique implicitement l’existence d'une relation aliénante), vous serez peut-être intéressé par le texte ci-joint [voir ci-dessous] d'une communication scientifique ».

> 2013 colloque de la Miviludes, psychiatre des hôpitaux, Centre psychiatrique du Bois de Bondy au colloque de la Miviludes du 23 novembre 2013.

JL ML.- D’accord avec les recommandations de l’auteur psychiatre quand il écrit : « Je me méfie beaucoup des concepts flous et de leur extensivité abusive. Je comprends donc la méfiance de nombreux juristes autour des notions d’emprise, de perversion narcissique, de manipulation mentale… Il faut à tout prix récuser la toute-puissance de l’expert auquel on confierait la tâche de qualifier à lui seul l’infraction. »

C’est précisément l’objet de [notre] démarche : mettre en question ces notions floues, comme celle d’ailleurs de « l’état de sujétion », et éviter, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui dans les tribunaux, de fonder la décision de justice sur l’avis de l’expert.

Ensuite, [nous contestions] que l’on puisse tenir ce genre de propos : « Il ne s’agit pas simplement de sujets sous emprise, sous influence, objets de manipulation mentale mais de victimes d’asservissement psychique, d’esclavage relationnel, d’emprise totalitaire, de déni d’autonomie, d’exploitation psychique de l’homme par l’homme. »

Et : « Chacun se trouve en position de régression infantile, de sujétion. Ainsi disparaissent la rationalité, la logique, l’intelligence, la capacité critique ou tout simplement l’autonomie de pensée. »

La rationalité, l’intelligence, l’autonomie de pensée ne disparaissent jamais, elles sont, au pire, trompées, orientées, abusées. Cette chosification possible de la conscience de l’homme par un autre que suppose cette notion d’état de sujétion est, [pour nous], une aberration très dangereuse individuellement et socialement parlant.

La conscience (le « je » d’une personne) n’est accessible qu’à cette seule personne (…). Le sujet n’est toujours que sujet [jamais objet], il ne peut jamais être perçu, touché et encore moins manipulé par quiconque.

Tout ce que peut faire une personne extérieure, c’est bien sûr l’influencer, l’effrayer, le contraindre physiquement, le tromper, abuser de lui, etc.

​Tout cela est possible, mais ​EN AUCUN CAS, ​cette personne ne peut lui ôter son autonomie, mettre son moi en esclavage, etc. Il y a toujours de la part du sujet victime une liberté qui adopte ou refuse la proposition extérieure, en fonction de ses critères, de ses connaissances, de ses croyances, de ses illusions, de ses attentes, etc. Car un sujet (une conscience) est une « monade » [au sens leibnizien du terme] maîtresse en sa demeure et intangible DE L’EXTERIEUR.

C’est ce contresens qui est fait par la plupart, y compris par les professionnels du psychisme, et qui est inscrit désormais dans la loi. [Nous pensons] que c’est une très grave et très dangereuse erreur. Et [nous nous étonnons] que la profession n’ait pas plus approfondi sa réflexion sur ce sujet capital. »

> Faute de réponse à ce dernier commentaire, notre dialogue s’est arrêté là.

L’« abus de faiblesse en état de sujétion psychologique » : une manipulation parlementaire ?

La formulation « abus de faiblesse en état de sujétion psychologique » est elle-même le fruit d’une manipulation. Elle a été inscrite dans la loi en lieu et place des termes « emprise » ou « manipulation mentale ». Ces termes-là, pressentis au départ par le législateur, ont été récusés car leur réalité était impossible à prouver et qu’ils pouvaient s’étendre à l’infini sur toute activité humaine.

Or, les parlementaires voulaient n’atteindre que les « sectes ». Mais, autre problème pour eux, le terme de « secte » n’a aucune existence juridique. Il est impossible de l’inscrire dans un texte de loi.

Comment faire pour quand même condamner des groupes de pensée alternative sans attenter à la liberté de penser ? Les antisectes ont trouvé une arme à double détente :

- Un : prétendre ne pas s’intéresser au contenu des enseignements diffusés par ces groupes mais ne réprimer que les actes contraires à la loi. D’où les fameux critères de la Miviludes. Le problème est que ces critères, généralistes, peuvent concerner toutes catégories de citoyens. Un délit spécifique restait nécessaire pour caractériser non plus une « secte » mais une « dérive sectaire » (qui n’a pas plus, soit dit en passant, de définition légale que la « secte »).

- Deux : concevoir un délit spécifique proche de l’idée que se fait l’opinion d’une « secte » : un groupe dont le véritable objectif est de gruger des personnes faibles pour les exploiter financièrement ou sexuellement. Le délit consisterait dans le fait de piloter la conscience d’autrui grâce à des méthodes frauduleuses, de capter son libre arbitre et de se le soumettre entièrement. Cela tombe bien, la loi condamne déjà l’abus de faiblesse. On va donc aggraver ce délit par le fait d’abuser de la faiblesse d’une personne « en état de sujétion psychologique », mais sans jamais définir ce qu’est cet « état » de sujétion.

Ce fut un coup habile, car, jointe à l’abus de faiblesse, cette formulation consacrait la croyance populaire en la maîtrise d’une conscience par une autre conscience. Personne n’a protesté jusqu’à aujourd’hui que cette maîtrise totale était impossible, puisque personne ne peut penser à la place d’un autre : personne ne peut dire je à la place d’un autre je !

On peut tromper la vigilance de quelqu’un (comme le fait le prestidigitateur), on peut profiter de son ignorance ou abuser de son amour du gain, comme dans les pyramides de Ponzi (affaire Madoff, par exemple), on peut l’escroquer en profitant de sa naïveté (personnes âgées…), etc. Tout ça, c’est de l’abus de faiblesse.

Mais affirmer qu’une personne ou une autre est en "état de sujétion psychologique" : impossible ! Et si certains psychiatres ont pu le faire lors de procès, c’est en outrepassant leur prérogative et en cautionnant une croyance qui n’a aucune base scientifique. Il suffit en effet au psychiatre de croire en la fable de la captation du libre arbitre pour orienter le dossier d’un prévenu vers une incrimination d’abus de faiblesse d’une personne en état de sujétion. Tandis qu’un autre, à mon avis, plus rigoureux, se dira incompétent et donc incapable de se prononcer sur ce point précis.

 

Excommunication chez les Témoins de Jéhovah : les griefs des exclus et de l’Unadfi

Les Témoins de Jéhovah pratiquent l’excommunication envers les membres qui ont commis des « péchés » graves. Cette mesure entraînerait la coupure totale des liens sociaux et familiaux entre l’excommunié et les fidèles de la congrégation. Et de grandes souffrances chez les exclus. Selon l’Unadfi, cette pratique constitue une « atteinte aux droits de l’homme ».

Dans un document publié en décembre 2015, l’Unadfi aborde une pratique controversée et la qualifie d’ « atteinte aux droits de l’homme ». Selon l’association, « il s’agit de la mesure la plus radicale appliquée à un adepte qui commet ce qui est considéré (dans le règlement interne) comme un « péché grave » et ne se repent pas.

» La dénonciation des fautifs est clairement demandée, quitte même à violer le secret professionnel. Si cela s’avère nécessaire, les anciens peuvent aussi s’assurer, par des « visites pastorales » àson domicile, que chaque adepte vit conformément à la doctrine. L’excommunication d’un adepte fait généralement suite à une décision d’un tribunal interne, le « comité de discipline religieuse » composé de 3 ou 4 anciens.

» Celui qui quitte le mouvement de sa propre initiative est, lui aussi, traité comme un excommunié. Certains actes sont assimilés à un retrait volontaire, comme accepter une transfusion sanguine ou contester une doctrine (apostat).

» Alors que cette mesure ne devrait signifier que la rupture spirituelle, elle entraîne aussi l’ostracisme et le rejet par la coupure immédiate des liens sociaux et familiaux entre l’excommunié et l’ensemble des fidèles de la congrégation, y compris ses amis et sa propre famille.

» La Watch Tower, organe officiel du mouvement, donne à ses membres des instructions leur demandant de ne « plus fréquenter » ceux qui quittent son organisation (excommuniés, ou retirés volontairement), même si ces derniers font partie de leur famille proche : parents, enfants, frères, sœurs. De ce fait, celui qui quitte les Témoins de Jéhovah est exclu non seulement de l’Organisation mais également de sa propre famille restée dans le mouvement.

» Les victimes vont chercher aide et soutien sur des forums, auprès des associations, ou s’adressent à des organismes officiels quand ils existent (comme la Miviludes). Aujourd’hui, les anciens adeptes et l’entourage de familles Témoins de Jéhovah sont de plus en plus nombreux, dans tous les pays, à dénoncer les atteintes à leurs droits fondamentaux, atteintes « institutionnalisées » par le mouvement au nom de sa liberté de culte.

 La base biblique de l'excommunication

C’est sur la base de ce passage de la Bible que les Témoins justifient l’ostracisme envers ceux qui ont gravement « péché » (Première épitre aux Corinthiens de l’apôtre Paul 5 : 11-13) :

La Sainte Bible, éditions du Cerf, Paris, 1961.

L’internaute qui m’avait interpelé (dont la famille est impliquée dans le mouvement et auquel j’ai apporté une première réponse) est bien conscient que l’Unadfi, « tout comme la Miviludes, ne prendront d’initiative pour faire cesser la pratique de l’ostracisme chez les Témoins. Ils attendent que quelqu’un dépose plainte par exemple sur la base de l’atteinte au droit de changer de religion, mais c’est difficile [d’attaquer] une famille dont on recherche l’affection. La seule issue à cette pratique médiévale, sera l’information du public.

» Quant à une médiation, elle est absolument impossible. C’est un Collège central aux USA qui décide de tout. Il ne peut être contesté du fait qu’il est censé être le seul porte-parole de Dieu sur la terre. La pratique de l'excommunication est actuellement sans cesse rappelée par les écrits [du mouvement] mais aussi par des vidéos lors des grands rassemblements ou sur leur chaine de télé sur internet ».

Dans cette vidéo, réalisée par le mouvement lui-même, il est clairement expliqué que la fidélité à Jéhovah (« la Vérité ») doit passer avant les sentiments, y compris familiaux.

Un extrait de La tour de Garde, un magazine du mouvement.

 Pour aller plus loin :

> Article précédent : L'excommunication chez les Témoins de Jéhovah est-elle incriminable ?

> L'excommunication sur le site officiel des TJ.
Il y est écrit : " (...) N’empêche que les liens du sang et les liens conjugaux perdurent. Ils continuent de mener une vie de famille normale et de se témoigner de l’affection".
L'internaute qui m'a interpelé dénonce un "double langage", car, selon lui et de nombreux témoignages d'exclus, dans les faits, la vie de famille "normale" n'est plus possible.

> Le blog de Thomas, 33 ans, qui quitté volontairement les Témoins de Jéhovah en novembre 2014, quatorze ans après son baptême dans cette organisation. Il se présente comme « chrétien pleinement épanoui et heureux dans [sa] nouvelle relation à Dieu à travers Jésus-Christ ». A consulter notamment pour la rubrique « Témoignages ».

> Prochain article : les explications et le commentaire (anonyme) d’un parent Témoin de Jéhovah.

La Cour de cassation confirme la condamnation de l’Unadfi face à l’église de scientologie

Le 12 janvier 2017, la Cour de cassation a rejeté un pourvoi de l’Union des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi), qui se plaignait d’avoir été condamnée par la Cour d’appel de Paris pour abus de droit.

Alors qu’elle n’était pas légitime pour le faire et qu’elle le savait parfaitement, l’Unadfi s’était quand même portée partie civile contre la scientologie dans un procès qui s’était déroulé en 2009 (première instance) et en 2011 (appel).

Eric Roux, président de l’Union des églises de scientologie de France.

L’Association spirituelle de l’église de scientologie (ASES-CC) avait alors assigné l’association « antisecte » en lui reprochant d’avoir ainsi commis un abus de droit. Elle estimait que cette constitution de partie civile abusive avait « pollué les débats judiciaires et que la mauvaise foi de l’Unadfi était caractérisée par le fait que cette dernière savait pertinemment bien qu’elle était irrecevable, mais que son seul but était de nuire à l’Eglise et d’influencer illégalement les débats judiciaires en cours ».

En novembre 2015, la Cour d’appel de Paris a donné raison à l’église de scientologie en reconnaissant qu’il était « certain que la présence de l’Unadfi a influencé le déroulement du procès et le fond des débats » et en jugeant que sa mauvaise foi était établie.

Arrogance

La Cour avait aussi estimé que les propos tenus ensuite par l’église (« Cette demande est le fruit de l’arrogance d’une association présente à tous les niveaux de l’Etat, se sachant soutenue par la Miviludes et le ministère de la justice, assurant depuis plus de treize ans des formations aux magistrats du siège et que tous les ministères importants, y compris le premier ministre, financent à coût de centaines de milliers d’euros ») n’étaient pas diffamatoires.

L’Unadfi avait été condamnée à verser 21 000 € à l’ASES-CC et à ses membres. Elle s’était pourvue en Cassation.

C’est cette décision que la Cour de cassation a confirmée ce 12 janvier.

Pour le président de l’Union des églises de scientologie de France, Eric Roux, « il s’agit d’une décision importante, non seulement pour l’église de scientologie, qui voit ainsi confirmer par la juridiction suprême le fait que l’Unadfi a été la source d’une influence indue autant qu’illégale dans le procès en question, mais pour la justice en général, puisqu’aujourd’hui il faut réfléchir à deux fois avant de se constituer partie civile dans un procès sans légitimité et en toute mauvaise foi. Il faut maintenant que l’Unadfi tire les leçons de ce cuisant échec, mais aussi que les pouvoirs publics réalisent que lorsqu’ils soutiennent financièrement de telles actions, ils sont complices dans l’illégalité et dans l’abus ».

L’excommunication chez les Témoins de Jéhovah est-elle incriminable ?

Un internaute demande mon avis à propos de la pratique de l’excommunication chez les témoins de Jéhovah. Voici ce que je lui ai répondu.

Deux exemples de publications du mouvement.

La demande d'avis de l'internaute sur les témoins de Jéhovah était formulée sous cette forme, le 20 décembre 2016 :

« J'ai eu l'occasion de lire vos regrets de voir la Miviludes restreindre excessivement les libertés des organismes qualifiés de sectaires. J'aimerais avoir votre sentiment sur l'attitude de certains mouvements comme les Témoins de Jéhovah notamment dans le cadre de leur pratique extrême de l'excommunication. Leur attitude est décrite dans le document joint ; document réaliste compte tenu de ce que j'ai pu constater personnellement ! Ce document rapporte des faits exacts. »

Était joint à sa demande un lien vers un document publié par l’Unadfi : « Témoins de Jéhovah, l’excommunication, une atteinte aux droits de l'homme ».

Et voici ma réponse :

« Je vous rappelle en premier lieu que la République, en raison de son principe de laïcité, n’intervient pas dans le contenu des croyances et les respecte toutes, dans la mesure où elles n’enfreignent pas les règles du droit.

Je vous rappelle également, si vous suivez mes interventions, que mes analyses et critiques portent sur les pratiques de la Miviludes et des associations du type de celle dont vous me présentez un document.

Dans le cas présent, vous m’affirmez que le document « rapporte des faits exacts ». Je vous bien vous croire. Je note seulement que ni la Miviludes, ni l’Unadfi ne cherche ni ne donne des informations contradictoires ou des avis opposés, ce qui serait la moindre des choses dans un pays démocratique. Elles font donc preuve de partialité, ce que je leur reproche, étant toutes les deux financées par de l’argent public. Le public, dont je suis, ne peut donc pas se faire lui-même son propre avis sur ces questions.

Par ailleurs, vous dites avoir constaté « personnellement » la réalité des faits rapportés dans le document. Vous êtes peut-être partie prenante dans ce dossier, vous-même étant un ancien disciple ou connaissant un proche impliqué. Nécessairement, votre vision est teintée d’émotions et de sentiments qui s’ajoutent à votre vision des choses et ne permettent pas une attitude objective. C’est tout à fait normal mais, pour un observateur extérieur comme moi, c’est insuffisant pour établir mon jugement.

Concernant l’excommunication : la plupart des religions ont leur règlement intérieur (le droit canon, par exemple, pour l’église catholique) dans lequel sont indiqués les critères d’intégration et d’exclusion. Il n’est pas anormal qu’un membre de la communauté qui n’en respecte pas les principes puisse être exclu. Après, si les formes de cette exclusion « portent atteinte aux droits de l’homme », c’est à la justice d’en décider, et au cas par cas. Et non à l’Unadfi, engagée « contre les sectes », ce qui est proprement illégal, les « sectes » n’étant pas interdites en France.

Cela dit, je peux comprendre que des attitudes excessivement rigides de ce mouvement ou d’un autre puissent en blesser des membres ou leur entourage. Il manque en France un lieu, un organisme impartial qui pourrait recueillir leur plainte et servir de médiateur (et non d’accusateur ou de procureur comme c’est le cas aujourd’hui), ce que je m’efforce de faire, afin d’apaiser les tensions et de construire des compromis satisfaisants pour tous les partis en lice.

Cordialement. »