Les Témoins de Jéhovah pratiquent l’excommunication envers les membres qui ont commis des « péchés » graves. Cette mesure entraînerait la coupure totale des liens sociaux et familiaux entre l’excommunié et les fidèles de la congrégation. Et de grandes souffrances chez les exclus. Selon l’Unadfi, cette pratique constitue une « atteinte aux droits de l’homme ».
Dans un document publié en décembre 2015, l’Unadfi aborde une pratique controversée et la qualifie d’ « atteinte aux droits de l’homme ». Selon l’association, « il s’agit de la mesure la plus radicale appliquée à un adepte qui commet ce qui est considéré (dans le règlement interne) comme un « péché grave » et ne se repent pas.
» La dénonciation des fautifs est clairement demandée, quitte même à violer le secret professionnel. Si cela s’avère nécessaire, les anciens peuvent aussi s’assurer, par des « visites pastorales » àson domicile, que chaque adepte vit conformément à la doctrine. L’excommunication d’un adepte fait généralement suite à une décision d’un tribunal interne, le « comité de discipline religieuse » composé de 3 ou 4 anciens.
» Celui qui quitte le mouvement de sa propre initiative est, lui aussi, traité comme un excommunié. Certains actes sont assimilés à un retrait volontaire, comme accepter une transfusion sanguine ou contester une doctrine (apostat).
» Alors que cette mesure ne devrait signifier que la rupture spirituelle, elle entraîne aussi l’ostracisme et le rejet par la coupure immédiate des liens sociaux et familiaux entre l’excommunié et l’ensemble des fidèles de la congrégation, y compris ses amis et sa propre famille.
» La Watch Tower, organe officiel du mouvement, donne à ses membres des instructions leur demandant de ne « plus fréquenter » ceux qui quittent son organisation (excommuniés, ou retirés volontairement), même si ces derniers font partie de leur famille proche : parents, enfants, frères, sœurs. De ce fait, celui qui quitte les Témoins de Jéhovah est exclu non seulement de l’Organisation mais également de sa propre famille restée dans le mouvement.
» Les victimes vont chercher aide et soutien sur des forums, auprès des associations, ou s’adressent à des organismes officiels quand ils existent (comme la Miviludes). Aujourd’hui, les anciens adeptes et l’entourage de familles Témoins de Jéhovah sont de plus en plus nombreux, dans tous les pays, à dénoncer les atteintes à leurs droits fondamentaux, atteintes « institutionnalisées » par le mouvement au nom de sa liberté de culte.
La base biblique de l'excommunication
C’est sur la base de ce passage de la Bible que les Témoins justifient l’ostracisme envers ceux qui ont gravement « péché » (Première épitre aux Corinthiens de l’apôtre Paul 5 : 11-13) :
La Sainte Bible, éditions du Cerf, Paris, 1961.
L’internaute qui m’avait interpelé (dont la famille est impliquée dans le mouvement et auquel j’ai apporté une première réponse) est bien conscient que l’Unadfi, « tout comme la Miviludes, ne prendront d’initiative pour faire cesser la pratique de l’ostracisme chez les Témoins. Ils attendent que quelqu’un dépose plainte par exemple sur la base de l’atteinte au droit de changer de religion, mais c’est difficile [d’attaquer] une famille dont on recherche l’affection. La seule issue à cette pratique médiévale, sera l’information du public.
» Quant à une médiation, elle est absolument impossible. C’est un Collège central aux USA qui décide de tout. Il ne peut être contesté du fait qu’il est censé être le seul porte-parole de Dieu sur la terre. La pratique de l'excommunication est actuellement sans cesse rappelée par les écrits [du mouvement] mais aussi par des vidéos lors des grands rassemblements ou sur leur chaine de télé sur internet ».
Dans cette vidéo, réalisée par le mouvement lui-même, il est clairement expliqué que la fidélité à Jéhovah (« la Vérité ») doit passer avant les sentiments, y compris familiaux.
Pour aller plus loin :
> Article précédent : L'excommunication chez les Témoins de Jéhovah est-elle incriminable ?
> L'excommunication sur le site officiel des TJ.
Il y est écrit : " (...) N’empêche que les liens du sang et les liens conjugaux perdurent. Ils continuent de mener une vie de famille normale et de se témoigner de l’affection".
L'internaute qui m'a interpelé dénonce un "double langage", car, selon lui et de nombreux témoignages d'exclus, dans les faits, la vie de famille "normale" n'est plus possible.
> Le blog de Thomas, 33 ans, qui quitté volontairement les Témoins de Jéhovah en novembre 2014, quatorze ans après son baptême dans cette organisation. Il se présente comme « chrétien pleinement épanoui et heureux dans [sa] nouvelle relation à Dieu à travers Jésus-Christ ». A consulter notamment pour la rubrique « Témoignages ».
> Prochain article : les explications et le commentaire (anonyme) d’un parent Témoin de Jéhovah.
Les faits sont effectivement exacts : 1) Cette organisation prévoit la rupture des relations non pas seulement spirituelles, religieuses, mais aussi familiales (parents enfants, frères soeurs etc) pour empêcher les adeptes de la quitter et les contraindre au retour s’ils la quittaient néanmoins. La revue de février 2016 p 27 rapporte comme exemple à suivre, le cas d’une adepte qui répond à sa mère excommuniée souffrant de ne plus voir sa fille, que « c’est elle s’était elle-même coupée de la famille en péchant ». Elle ajoute ce chantage affectif : « La seule façon de soulager ta souffrance, c’est de revenir à Jéhovah » 2) Elle use d’un double langage, mensonger en prétendant faussement dans ses écrits qu’elle respecte la liberté de changer de religion : » Nul ne devrait être contrait d’avoir à choisir entre sa famille et ses croyances. (RV 7 2009 p 29) ou « l’excommunication est une mesure strictement religieuse » et « … l’excommunication est une mesure religieuse et non civile » (Manuscrit lu dans les congrégation en mars 1995) 3) La convention européenne des droits de l’homme garantit en son art 9 la liberté de changer de religion . Ce n’est visiblement pas le cas de la part de cette organisation.