Voici la réponse qu’il me fait parvenir par le biais de son chef de cabinet. Ou l’art de botter en touche…
Manuel Valls. Photo : site du premier ministre.
Comme ni mes confrères ni nos élus ne s'intéressent à la question de la pertinence de la « lutte antisectes », le 30 septembre 2015 j'ai écrit ceci au premier ministre Manuel Valls :
« Depuis quelque vingt années qu’est menée en France une politique spécifique contre les « sectes » puis les « dérives sectaires », les résultats ne semblent pas au rendez-vous : les mouvements se sont transformés et de nouvelles approches, notamment thérapeutiques, se sont multipliées, échappant de plus en plus à la régulation administrative, qui est débordée.
Journaliste ayant étudié de près ce domaine depuis le début, j’ai acquis la conviction que les modalités de l’approche gouvernementale, faite de suspicion, de dénigrement, de non-dialogue et de répression, pour justifiée qu'elle puisse être dans des cas exceptionnels, va non seulement à l'encontre des droits humains (elle est même stigmatisée par plusieurs de nos voisins), mais surtout est contre-productive.
Ne pensez-vous qu’il serait temps d’imaginer une autre politique qui, à l’instar de ce qui se fait dans bien d’autres pays démocratiques, saurait allier une forme de reconnaissance de ces pratiques « différentes » à une surveillance rigoureuse certes, mais dans un esprit professionnel, apaisé (non passionnel comme aujourd’hui) et constructif ? » (...)
Et voici la magnifique réponse que m'a faite un mois plus tard son chef de cabinet, Sébastien Gros :
Il va sans dire que je n'ai jamais rien reçu de la Miviludes, qui est précisément LE problème. Il s'est bien moqué de moi !
A l’initiative du parti Arc-en-ciel (AEC), les députés ont décidé ce 21 mars 2016 la création d’une commission d’enquête parlementaire sur « la façon dont le pays lutte contre les sectes depuis le début des années 80 jusqu’à aujourd’hui ».
Séance d'une commission d'enquête parlementaire. Photo : Assemblée nationale.
Décontenancés par les attentats perpétrés par des sectes terroristes en 2015, un certain nombre de parlementaires, interpelés par des parents de victimes et par des articles de presse, ont voulu comprendre pourquoi, alors que la France est « lourdement engagée depuis plus de trente ans dans la lutte contre les sectes, notre système institutionnel n’a pas su prévoir ni endiguer la montée des dérives sectaires djihadistes sur le territoire ». Il faut donc effectuer un « diagnostic sans concession » de ce système pour pouvoir proposer, éventuellement, des « pistes de réforme ».
La commission sera présidée par le député centriste Abou Pikar. Jacques Renard (divers gauche), qui préside le groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale, a été désigné rapporteur.
Une sous-catégorie de citoyens
Dans l’exposé des motifs présenté par Bernard Ammoytier (droite), les députés disent vouloir « mesurer l’efficacité de [cette] politique ». Ils s’interrogeront en effet sur les raisons qui ont motivé la constitution de quatre commissions d’enquête (un record absolu pour une seule thématique), la création de la Miviludes et d’une police spécialisée, le financement public des associations dites « antisectes », le vote de lois spécifiques « visant une sous-catégorie de citoyens », etc. Le tout pour aboutir à la multiplication des groupes sectaires (116 en 1982, 172 en 1995, plus de 800 aujourd’hui), à l’explosion des signalements de dérives sectaires, notamment dans le domaine de la santé, et à l’engagement de nombreux jeunes Français dans le fanatisme islamiste.
Les « sectes » : un problème « mal posé »
Le sociologue Jacques Pourdieu. Dessin : JL ML.
Selon le sociologue Jacques Pourdieu, la politique française de « lutte contre les sectes » repose sur une base « totalement erronée » : les « adeptes » de ces mouvements, tout comme les jeunes recrues des djihadistes, seraient en quelque sorte « envoûtés » par les groupes manipulateurs qui emploieraient des techniques visant à « annihiler leur libre arbitre ». Leurs comportements seraient ainsi téléguidés ; l’emprise mentale de leurs mentors sur leur conscience serait LA cause de leur dérive et de leur changement de vie.
« Certes, on ne peut nier l’existence de propagandes, de tentatives de suggestion et de séduction, admet Jacques Pourdieu. Mais un sujet humain est et reste un sujet ! Il existe toujours une part de choix, d’adhésion volontaire en tout individu. C’est son désir de donner un sens à sa vie, c’est son besoin de transcendance qui le font opter pour telle ou telle perspective autre. En fait, le peu d’attrait des religions, des schémas idéologiques ou médiatiques entourant le candidat à la conversion face, en contraste, à l’excitation de voies exaltantes parce que semblant absolues, constitue LA vraie faille de tout le système. Donc, en se contentant de diaboliser l’offre « différente », au lieu d’améliorer, d’enrichir et de diversifier l’offre existante, les pouvoirs publics et la presse s’interdisent toute compréhension juste et, par là, tout traitement adéquat du problème ».
Les parlementaires ont tenu, cependant, à souligner « le rôle indispensable d’accueil des angoisses et d’écoute » des familles tenu tant par la Miviludes que par les associations dédiées, affirmant que leur investigation portera surtout « les suites qui sont données à ces signalements ». Nombre d’observateurs, notamment dans le milieu scientifique et à l’étranger, ont en effet critiqué « la partialité, l’agressivité, le non respect de la présomption d’innocence, la discrimination arbitraire et l’abus de pouvoir » des instances qui luttent contre les sectes.
Une information neutre et indépendante
Le président de la commission a évoqué en conférence de presse la possibilité de :
- faire évoluer la politique nationale « du tout répressif vers une meilleure connaissance et une reconnaissance sociale, sous des conditions à définir, de certains groupes et voies thérapeutiques empruntées » ;
- remplacer l’arsenal existant par « une information neutre et conçue par des experts indépendants, [ainsi que par] un dispositif de recueil des plaintes impartial intégrant le principe du contradictoire et adossé à un mécanisme éthique de médiation ».
Les élus devront rendre leurs conclusions à la mi-octobre.
L’exigence d’«honnêteté» de l’information ne peut remplacer «l’objectivité» qui doit être conservée comme «horizon à atteindre». «Secte ou dérive sectaire» : le journaliste devrait «se contenter de dénoncer les actes répréhensibles au regard de la loi sans affubler de ce qualificatif devenu infamant, et sans plus d’examen, ceux qui pensent ou agissent à l’écart de l’establishment».
Cliquer sur l'image pour accéder au site de l'ODI et télécharger ses rapports.
« Au cours de l’année 2015, les membres de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) ont poursuivi leur veille sur le respect de la déontologie de l'information, à partir de leurs propres observations et de celles de sources extérieures (sites spécialisés, médias généralistes, syndicats de journalistes, associations de citoyens, chercheurs, etc.) Près de 200 alertes ont été sélectionnées depuis octobre 2014, date de remise du précédent rapport. »
Membre de cette association, ma contribution en 2015 a été d’insister sur la nécessité de viser « l’objectivité » journalistique, même si elle ne constitue qu’un horizon toujours fuyant, plutôt que de l’abandonner au seul profit de l’exigence d’honnêteté, comme le veulent un certain nombre de confrères.
De même, au sein d’un groupe de travail sur le vocabulaire journalistique, j’ai voulu montrer que « au nom de la lutte – légitime – contre les dérives sectaires, les mots « secte » et « dérive sectaire » sont souvent employés à tort et à travers, de façon abusive, au mépris de la présomption d’innocence et sans que les accuses puissent se défendre. C’est un sujet sensible, complexe, traité généralement de façon passionnelle et réductrice ».
Le groupe de travail a conclu que « le public (et surtout les membres des groupements concernés, qui ont aussi droit au respect) apprécierait donc sans doute qu’on se contente de dénoncer les actes répréhensibles au regard de la loi, commis par tel ou tel groupe, sans affubler de ce qualificatif devenu infamant, et sans plus d’examen, ceux qui pensent ou agissent à l’écart de l’establishment ».
« Ce troisième rapport de l’Observatoire de la déontologie de l’information, « Informer dans la tourmente », souligne un certain nombre de points marquants : la convergence des médias n’est pas seulement un thème économique, elle est également la réalité actuelle de l’information interconnectée qui fait système ; le rôle croissant des réseaux sociaux vient renforcer cet effet systémique ; la gestion des relations avec les sources devient plus complexe à mesure qu’elles se diversifient. Déjà relevés l’année dernière, le durcissement des relations entre les politiques et les médias ou l’effacement des frontières entre information, communication et publicité doivent conduire les rédactions à renforcer leurs défenses déontologiques. (…)
L’ODI inscrit son action dans la durée ; résolument tripartite, il appelle les entreprises, syndicats et associations à le rejoindre afin de conforter l’approche déontologique, au cœur de l’information professionnelle de qualité. »
C’est ma conviction : des dizaines de milliers de morts auraient pu être évitées si on avait écouté la Parole passant par Georges Roux. Son message universel, publié en 1950 mais repoussé à l’époque, devient de plus en plus évident. Dans ce livre, je raconte ce qui m’a aidé à soulever le voile des apparences.
Des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers même, sans doute, auraient pu être épargnées si l'on avait suivi les préceptes inscrits dans le Message, constitué de trois livres[1] rédigés par Georges Roux au début des années cinquante.
Non pas par un coup de baguette magique ni par je ne sais quel rayonnement magnétique, mais par simple bon sens. Georges Roux avait prédit, par exemple, que l'abus de la médecine chimique pouvait entraîner de graves conséquences ; que l'alcool, le tabac et les viandes cuites, pouvaient causer le cancer ; que l'homme, pour conserver bonne santé, devait se nourrir essentiellement (pas exclusivement) de fruits, de légumes et de céréales ; que nos pollutions et notre avidité égoïste nous poussaient au suicide collectif, etc.
A l'époque, il fut ridiculisé par la société. Tout ce qu'il a dit aujourd'hui, pourtant, se réalise. Il est encore temps de réagir.
Liberté
G. Roux dérangeait aussi parce qu'il parlait au nom de « Dieu ». Mais il suffit de remplacer ce mot par Intelligence, amour ou conscience pour reconnaître l'évidence : nous avons sur Terre la multiforme conséquence de nos actes et/ou de notre passivité.
Ce Message m'a éclairé sur le pourquoi de l’Homme : le monde est conçu, si nous le voulons, pour notre épanouissement, pour notre naissance en l'Esprit en êtres autonomes.
Dit autrement, par Bergson par exemple, l’Univers est « une machine à faire des dieux ». Autrement encore, il est « déterminé pour la réalisation de la Raison et de la Liberté », comme le pensait le philosophe allemand Fichte. C’est pourquoi, subtil paradoxe, cet Univers apparaît à la fois comme soumis aux inflexibles lois naturelles et confié au « hasard » de l’évolution. D'une certaine façon, et paradoxalement, il a une « finalité » sans en avoir...
En fait, cette détermination de l’Univers « en vue de la liberté » ne peut être aperçue que par le cœur. Elle ne peut apparaître d’emblée comme une évidence philosophique ou scientifique.
Une trace dans l’Histoire
Cet enseignement, que je découvre en 1975, rejoint la plupart des "grands textes" philosophiques ou religieux et les éclaire. Grâce à lui, j’ai pu mieux me comprendre, comprendre mes marges de manœuvre dans l'action et construire les bases d’une pensée féconde. J’ai ainsi développé une vision du monde personnelle, cohérente et positive, qui s’harmonise avec une multitude d’autres pensées. Et qui me pousse à œuvrer, dans l’intérêt général, pour le bonheur de chacun, le mien compris bien évidemment.
L'histoire relatée dans L'Amour n'attend pas est hors normes, peut-être difficile à croire pour certains, je veux bien l’admettre. Si je la publie aujourd’hui, c’est sur la demande de certaines personnes. Mais aussi pour laisser une trace dans l’Histoire. Pour donner une autre version de la vie et de l’œuvre de cet homme (mal) connu sous le vocable de « Christ de Montfavet » (1903-1981).
Les médias, le pouvoir et l’opinion publique, en effet, se sont cantonnés à l’aspect sombre de l’événement. Aspect engendré par les rumeurs et les calomnies, mais aussi par les maladresses des « disciples ». Ils sont ainsi passés à côté de la lumière qu'il pouvait répandre.
Transcendance
Je raconte tout cela, de la façon la plus sincère et transparente possible, dans mon livre.
J’y évoque : ma biographie, les relations avec mon entourage, mes découvertes, ce que je comprends du Message, les reproches des détracteurs, mes doutes et ma joie, l'histoire du mouvement (Alliance universelle) vu de l’extérieur comme de l’intérieur, ma sortie du mouvement, la politique nationale envers les minorités spirituelles et thérapeutiques, mes convictions, etc.
Dénué de prosélytisme, l'ouvrage apporte un éclairage inédit sur la problématique de la conviction et de la foi dans une société démocratique. Il ouvre la porte – c’est en tout cas mon souhait – sur une appréhension plus réaliste, plus intelligente et aussi foncièrement conciliatrice des rapports de l’individu et de la société avec la transcendance.
[1] Georges Roux, Journal d’un guérisseur ; Paroles du Guérisseur ; Mission divine, éditions Alliance universelle, Avignon.
Une « zététicienne » a posé sur Facebook la question de savoir si l’enseignement scientifique est fait de manière sérieuse dans les écoles Montessori. Voici un extrait des discussions.
L'école Montessori fait parfois l'objet d'attaques et de rumeurs gratuites. Dans le fil de la discussion de Zététique, qui a pour objet "l'investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux, des allégations extraordinaires et de la fiabilité de leurs preuves", une internaute a posé la question suivante : « Certains membres de ce groupe savent-ils comment sont enseignées les sciences dans les écoles Montessori ? Une amie m'a alerté sur le fait que les personnes qui suivaient les formations Montessori pour devenir enseignants étaient souvent, je cite "prêtes à croire le premier gourou de la nutrition venu, tendances limite ésotériques etc". Pensez vous que l'enseignement scientifique est fait de manière sérieuse dans ces écoles ? »
Il y a cent ans mourrait Charles Taze Russell (1852- 1916), le dernier prophète millénariste du 19ème siècle. Après sa mort, son mouvement se scinda en de multiples groupes rivaux, dont l’Association internationale des Témoins de Jéhovah.
Par Régis Dericquebourg, Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL/CNRS) ; Faculty for Comparative studies of Religion and Humanism (Antwerpen-Wilrijk).
Charles Taze Russell , dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la mort, se situe dans la veine théologique impulsée par William Miller (1782-1829) qui avait annoncé le retour du Christ et l’avènement du millénium pour 1844 et continuées par des prédicateurs et par Ellen White (1827-1915), fondatrice des Adventistes du septième jour que Russell aurait fréquenté.
Charles Taze Russel. Huile sur toile, JL ML, 2016.
Dans les débuts de sa prédication, il eut pour associés quelques anciens Adventistes du septième Jour. En revisitant les Ecritures bibliques, il a élaboré une eschatologie originale qui consiste en une lutte des travailleurs contre le capital qui aboutit à une révolution mondiale qui se termine non pas politiquement mais spirituellement par le retour du Christ de manière invisible et sa domination pendant le millénium.
Russell a prédit plusieurs dates de l’avènement de la Parousie et a donc suscité des attentes vaines chez ses disciples réunis au sein de la Watchtower Tract and Bible Society. Après son décès (1916), son mouvement se scinda en de multiples groupes rivaux, le plus connu est l’Association internationale des Témoins de Jéhovah qui a abandonné certaines de ses vues et qui ne se réfère plus à ses écrits. Une myriade de mouvements russellistes dont les effectifs sont parfois très restreints continuent à étudier ses Ecrits. Toutefois, tous ces mouvements qui lui ont succédé perpétuent l’attente millénariste.
Une activité intense
On peut donc considérer que Russell a transmis le flambeau millénariste au 20ème siècle et maintenant au 21ème siècle, alors que d’autres mouvement du même type ont abandonné ou repoussé dans un avenir lointain l’attente de la restauration du Paradis originel sur la terre.
Russell a déployé une activité intense. Les Témoins de Jéhovah estiment qu’il aurait fait un million et demi de kilomètres pour répandre son message, pour fonder des congrégations ou pour visiter les congrégations existantes. Il fut un auteur prolifique (comme Ellen White). Il a écrit 5000 pages imprimées, il a prononcé trente mille sermons qu’il a publiés dans quatre mille journaux. Son œuvre principale : Les Etudes dans les Ecritures (en 6 volumes) ont été imprimés à 16 millions d’exemplaires.
Du point de vue sociologique, Russell correspond à la définition wébérienne du prophète. Son exemple prouve qu’il peut encore exister des prophétismes dans une société industrielle contrairement à ce que certains ont affirmé. Dans ses activités, Russell a géré son charisme de manière très rationnelle comme il avait géré brillamment ses affaires commerciales avant de se consacrer à sa mission. Il a utilisé les nouveautés techniques de son époque comme le cinéma naissant pour répandre son message (Le photodrame de la création).
La question de la réussite prophétique
D’autre part, la mission de Russell nous renvoie à la question de la réussite prophétique. Comment estimer s’il a réussi ou s’il a échoué sans tomber dans les jugements de valeur ? Et d’abord : qu’est que la réussite d’un prophète ? Certes, ses prédictions ont été des échecs mais en dépit de cela, ses disciples sont restés attachés à son message et à sa personne. Et il a fondé un mouvement qui comptait à son décès vingt cinq mille fidèles répartis en 1200 congrégations dans le monde sans que son message ait eu un impact historique.
Enfin, que représentait son message dans son contexte historique et social ? La réussite toute relative de la mission de Russell peut-elle s’expliquer par les thèses socio-sémantiques de De Certeau ou de Bourdieu selon lesquelles le prophète apporte les mots qui manquent aux gens à un moment de crise ?
En dehors de l’intérêt théologique et historique, Russell et le russellisme restent une mine d’interrogations et d’interprétations sociologiques.
La Miviludes dénonce la guérison spirituelle pratiquée par les Amis de Bruno Gröning comme «dérive sectaire absolue» et obtient l’annulation de deux réunions publiques. La porte-parole du mouvement en France, interrogée par Débredinoire, donne son point de vue.
Tout a commencé avec le projet du Cercle des Amis de Bruno Gröning (CABG) d’organiser une conférence dans les locaux de l’Auberge de Jeunesse Yves Robert (Paris 18e) ce dimanche 14 février 2016.
L'auberge de jeunesse Yves Robert (Paris 18e) qui a refusé d'accueillir une conférence du Cercle des amis de Bruno Groening après la "mise en garde" de la Miviludes. Photo : capture d'écran googlemaps.
Serge Blisko, le président de la Miviludes, a écrit une lettre au directeur de l’établissement pour le mettre en garde contre la « dangerosité » de ce mouvement : « La dérive sectaire est absolue, explique-t-il. Cette conférence sera animée par le Docteur Blättner, qui a été radié de l’Ordre des médecins et les discours véhiculés par ce mouvement n’ont aucune validité scientifique. Ils invitent notamment à arrêter les traitements médicaux – notamment de cancers - pour se tourner vers la prière, ce qui entraîne une perte de chance, juridiquement répréhensible ». Selon M. Blisko, qui a fait également le tour des médias, « ils peuvent être d’une efficacité redoutable dans le processus d’emprise mentale pouvant conduire des patients à des comportements d’adhésion irréductible ».
« Erreur regrettable »
Ursula Moya, porte-parole du mouvement pour la France. Femme d'affaires, elle dirigea en France la filiale d'un grand groupe allemand de manutention et de matériel de transmission.
En réponse, la Fédération unie des auberges de jeunesse (FUAJ) s’est empressée d’annuler la conférence, précisant qu’il s’agissait d’une « erreur regrettable », qu’elle « ne cautionn[ait] en aucun cas les activités de ce type d’associations ».
Une autre conférence, qui devait se tenir à Amiens le 20 février également dans une auberge de jeunesse, a été annulée par la même FUAJ. L’hôtel Ibis de la ville, qui avait dans un premier temps accepté d’accueillir la conférence, a lui aussi reculé.
« Tout ce qui d'ordre spirituel est rejeté par certains, réplique Ursula Moya, porte-parole du mouvement décrié. Toutes les accusations reposent sur de fausses informations ou de mauvaises interprétations. »
Selon le mouvement, « aucun diagnostic, aucun examen médical n'est jamais effectué, aucune thérapie, aucun traitement n'est ni prescrit, ni déconseillé. Toute l'action du Cercle d'aide à la vie par voie spirituelle repose sur un bénévolat absolu, dans le but d'aider ceux qui sont effondrés sous le fardeau de la maladie et des souffrances à retrouver espoir et foi en leur propre rétablissement ».
Lien entre le corps et l'esprit
Mme Moya ajoute : « A l'instar de Bruno Gröning du temps de son vivant, nous invitons toujours clairement les personnes que nous suivons à poursuivre leur traitement. Nous les incitons à faire confiance à leur médecin traitant. Nous ne les détournons pas de la médecine officielle, mais nous les accompagnons ».
Bruno Gröning (1906-1959).
Organisation
La fondatrice du mouvement est Grete Häusler (1922 – 2007). Après être devenue la plus proche collaboratrice de Bruno Gröning, elle a créé les premières communautés en Autriche, puis, en 1979, le « Cercle des amis de BG » (CABG). Celui-ci a pour but de « maintenir l’héritage de Bruno Gröning pour la postérité et permettre aides et guérisons à des personnes en souffrance ». Dirigé par Dieter Häusler, le fils de Grete Häusler, il ne comporte aucun salarié.
En Allemagne, les communautés du CABG sont chapeautées, pour les besoins commerciaux et juridiques, par le « Cercle d’aide naturelle à la vie », une association reconnue par l’administration fiscale comme « servant exclusivement des objectifs caritatifs et d’utilité publique ». Les dons, utilisés notamment pour louer les salles pour les conférences et pour les réunions des membres, sont ainsi exonérés d’impôt.
Le responsable français du mouvement, enregistré au tribunal de grande instance de Forbach, est Bernard Grandpair.
En fait, se trouve posée la question de la réalité des guérisons obtenues par les membres du groupe. Pour la Miviludes et, à ses côtés, le Conseil de l’ordre des médecins, le ministère de la santé et les associations anti-spiritualité (Unadfi, CCMM, etc.), ces pratiques sont par principe des « dérives sectaires » car leurs fondements ne sont pas « validés scientifiquement ». Autrement dit, ce n’est même pas la peine de les étudier, car la guérison par la prière ne peut pas exister. Pour ces acteurs, « faire un lien entre le corps et l’esprit » est un critère patent de charlatanisme.
Un groupe de contrôle médico-scientifique
Ursula Moya conteste cet à priori : « À la fin des années 80, des médecins ont commencé à s’intéresser aux évènements qui se produisaient au sein du CABG. En 1992, un groupe médico-scientifique international spécialisé (MWF) a vu le jour, animé par le Dr. Kamp, urgentiste à Hambourg (Allemagne). L'une de ses tâches principales, depuis, est de vérifier, documents médicaux à l’appui, les témoignages de guérison. Le déroulement de la guérison doit être relaté objectivement, les rapports médicaux préalablement établis sont vérifiés, des examens sont effectués après chaque guérison. Ainsi, des milliers de pages ont été archivées. Les témoignages répertoriés ont été regroupés par maladie, conformément à la classification en usage dans les milieux professionnels. On peut y lire des témoignages de guérisons d'affections physiques ou psychiques, mais aussi de dépendances à l'alcool ou à la drogue. Des guérisons d'animaux et de plantes sont également confirmées ».
« Un sens à ma vie »
Selon Mme Moya, dans de nombreux pays, des médecins du mouvement pratiquent au grand jour et y font des conférences, du type de celles que le Dr Blättner comptait faire en France : « Aux États-Unis, en Angleterre, beaucoup d'hôpitaux laissent libre accès aux guérisseurs, aux magnétiseurs, aux praticiens de reiki... »
Allemande, retraitée, habitant en France depuis 50 ans, Mme Moya a rencontré le CABG en 2002 : « Mon existence a depuis complètement changé. J’ai trouvé un sens à ma vie : le Bien existe et on peut le capter ! Je suis catholique, comme d’autres, dans le mouvement, sont musulmans, protestants, bouddhistes, etc. J’ai pu trouver cette communion avec Dieu, ou avec une Force supérieure, on peut l’appeler comme on veut. L’important, c’est de pouvoir se connecter avec par l’ouverture du cœur et de l'esprit ».
La « vérité » est un concept décidément très fécond. C’est intéressant de voir que les philosophes se disputent toujours autour de ce concept, comme le fait Bouveresse contre l’approche de Foucault en invoquant Nietzsche en figure tutélaire commune.
Friedrich Nietzsche.
Chacun a son idée de la vérité, serait-ce de penser qu'elle n'existe pas. D'autres sont certains d'avoir la bonne définition. Quoiqu'il en soit, nul n'a jusqu'à aujourd'hui prouvé de toute évidence qu'il détenait l'équation ultime expliquant tout.
On pourrait dès lors penser que débattre autour du concept de vérité est inutile. Personnellement, je pense qu'au contraire, c'est passionnant, parce que cela nous indique où chaque interlocuteur se situe. Ses convictions, sa vision du monde influent sur son discours. Tâcher d'élucider les positions respectives, leurs présupposés et ce que cela implique aussi dans le domaine politique et social, c'est selon moi faire œuvre utile et sert à affiner notre propre perception de la réalité.
Ainsi, cette disputatio entre les philosophes Bouveresse et Foucault...
Cliquer sur l'image pour lire l'article en entier.
...nous permet d'approfondir notre appréhension du monde comme objet indépendant de notre perception ou indissolublement lié à elle. Selon que nous adoptons l'une ou l'autre conception, notre attitude psychologique, morale, existentielle enfin, sera différente.
Un ami, par espiègle provocation, et comme un argument contre ma décision (il y a quarante ans) de ne plus boire d’alcool, me rappelle que Jésus avait transformé l’eau en vin. Comme nous aimons débattre, je lui réponds ceci.
Ces remarques sont extraites des interventions énoncées lors de l'Université 1984 d’été du Comité national de défense contre l’alcoolisme (CNDA) sur le thème « Alcool et religions ».
> Eugène Vassaux, directeur du Comité national de défense contre l’alcoolisme (CNDA) :
« Tout le monde connaît le parallélisme surprenant entre l’expansion du christianisme d’une part, et d’autre part l’extension de la culture de la vigne jusqu’à la fin du Moyen Âge. »
Chaulage du vin au sel de plomb pour édulcorer une vendange trop acide. Gravure anonyme du XVe siècle (wikipédia).
Le leadership de la prévention de l’alcoolisme fut assuré par les protestants au XIXe siècle. Dès 1769, le pasteur anglais Wesley, qui fut à l’origine de la création des Églises méthodistes, recommande aux membres de son Église l’abstinence (partielle) des boissons distillées. L’abstinence totale fait son apparition dans ce mouvement en 1784.
Diverses sociétés de tempérance voient le jour ensuite en Europe et aux USA.
En France, il faut attendre 1836 pour voir se créer la 1ère société de tempérance par M. Dutrone (Amiens), puis l’Association française contre l’abus des boissons alcooliques. En 1872.
Par la suite, lors de la création du CNDA en 1950, on note un assez grand nombre de prêtres et de pasteurs dans les membres de l’association.
Comment changer l'eau en vin (sans être Jésus)...
> Jean-François Six, docteur en théologie, professeur à l’Institut catholique de Paris :
« Même si le Christ a utilisé le vin pour Cana, cela ne veut pas dire qu’il y a une apologie de l’alcool, tout au contraire (je souligne). Le vin comme fonction symbolique, justement dans la messe, est le contraire car – St-Augustin l’a dit très fortement – dans l’Eucharistie nous n’absorbons pas la divinité, c’est elle qui s’empare de nous si nous le voulons bien dans notre liberté. Nous avons inversé le signe, c’est cela qui est très grave, c’est cela la perversion. »
Dans la Bible, le vin et la vigne sont associés autant à des valeurs positives qu’à des valeurs négatives (on retrouve là la fameuse liberté humaine qui doit décider l’orientation de sa vie et à qui est proposée la dualité tentatrice, J-L).
> Maurice Robert, ethnologue, chercheur au CNRS : « Dans la Bible, on notera près de 150 versets faisant référence au vin, autant à la vigne. Toutes les associations symboliques s’y rencontrent. Le symbolisme du vin s’exprime toujours en bivalence, contradictoire autant que complémentaire, par exemple : la vie et la mort ; l’usage et l’excès ; le plaisir et la douleur ; la vertu et le vice ; la puissance et le déclin ; la nature et la culture et, bien sûr, l’humain et le divin. »
« Par l’absorption du liquide alcoolisé, se trouvent soit inhibés les blocages psychologiques, soit ouvertes les voies nouvelles de la connaissance intérieure [et de la communication avec Dieu, ou un dieu]. (…) L’alcool ne renvoie pas d’abord au paganisme et à l’animalité ; l’alcool renvoie d’abord au religieux et c’est bien pour cela que c’est plus difficile à extirper. »
> Jean-Paul Linas, délégué régional du CNDA :
« Dans la Bible, le vin est tantôt recommandé, tantôt déconseillé. »
Un des mots mot hébreu (les autres sont checar et yayin) traduit par vin dans la Bible est « tirösh » qui veut dire suc de la grappe, moût, vin doux ou jus de raisin. Dans le Nouveau Testament, le terme grec « gleukos » a la même signification plurielle.
Instituant l’Eucharistie, Jésus n’utilise aucun terme désignant le vin, ni gleukos ni oinos, mais emploie la périphrase « ce fruit de la vigne » qui désigne la boisson contenue dans la coupe (Matthieu 26 :29).
Chat ivrogne.
> Saint-Paul : « Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Soyez au contraire remplis (ivres) de l’Esprit ».
Plusieurs théologiens des premiers siècles étaient convaincus que le vin de la Cène était non fermenté – probablement un sirop de jus de raisin délayé dans de l’eau.
> Major Malan, Armée du salut : « Les textes de l’Ancien Testament qui prescrivent l’abstention totale du vin fermenté non seulement sont peu nombreux , mais, par surcroît, ne concernaient qu’une catégorie limitée de personnes [prêtres, scarificateurs, Naziréens, Réhabites…]. (…) La clé véritable du problème est que l’alcoolisme n’a été le fléau ni de la Dispensation juive ni celui de l’Eglise chrétienne primitive mais bel et bien le fléau de notre XXe siècle. Sous cet éclairage, il apparaît secondaire que l’eau changée en vin lors du miracle des Noces de Cana soit du jus de raisin ou du vin fermenté. Ce qui nous intéresse au premier chef est de savoir que Jésus a accompli ce miracle en vertu d’un acte de pure bonté dans la perspective d’un symbolisme très élevé et pas le moins du monde (la chose tombe sous le sens) pour que les parents, amis et connaissances des nouveaux mariés, invités à la noce, s’enivrassent… »
> Jean-Marc Saint, pasteur protestant : « Nous nous demandions en quoi l’eau avait été changée, c’est en joie. »
Parmi les 5 règles classiques de la morale bouddhique, il y en a une qui dit : « S’abstenir des boissons alcooliques et narcotiques ».
La ligne de conduite protestante prône l’abstinence totale.
Réveillon du Nouvel An : l'alcool reste la première cause d'accident mortel, avant la vitesse. Source : caradisiac
> Et je partage (à quelques formulations près) la conclusion du pasteur Sauvagnat, au cours de la table ronde qui clôt le colloque : « Une des tâches du chrétien doit être de chercher à identifier [les] forces destructrices et [les] forces destructrices dans la vie. Et il me semble qu’aujourd’hui, au stade où nous en sommes dans la connaissance du produit alcool, il y a suffisamment de raisons pour considérer le produit alcool comme étant du côté des forces destructrices. L’un des premiers devoirs du chrétien devrait être de faire cette identification claire, précise pour lui-même mais aussi pour la société dans laquelle il vit qui est malade l’alcool [50 000 morts tous les ans ! en France + maladies et accidents…].
C’est la raison pour laquelle, personnellement, je vis mon christianisme dans un engagement qui est un engagement clair face à la société malade d’alcool : l’abstinence. Mon devoir, qui est aussi mon privilège, est d’être du côté des forces construction et non du côté des forces de destruction. Même si dans les traditions, même si dans la pensée disons culturelle, on a pu trouver un certain nombre de bénéfices à la consommation d’alcool, je crois qu’il est évident que le nombre de dangers surpasse de loin le nombre d’avantages dans ce produit. »
> Tout ceci étant dit, ayant moi-même apprécié le vin avant d'arrêter pour des raisons spirituelles et de santé, je ne jette la pierre à personne. Beaucoup d'amateurs de vin sont très raisonnables. En revanche, je m'élève vivement contre la publicité clandestine qui pollue nombre d'articles et d'émissions au mépris total de la déontologie. Et contre cette sacralisation française du vin qui a un impact délétère puissant sur de nombreux esprits fragiles.
Débredinoire a reçu un courrier du Père éternel qui souhaite répondre à la une du Charlie Hebdo prévue le 6 janvier 2016 et qui le met en cause sur sa Une avec ce titre : « 1an après, l’assassin court toujours ».
En mémoire de l'attentat du 7 janvier 2015, Charlie Hebdo sort, ce mercredi 6 janvier 2016, un numéro spécial avec cette une :
Voici la lettre que Dieu m'invite à publier en réponse :
Mon cher Riss,
Je viens vers toi à la suite de la Une de ton journal qui Me met en scène en me présentant comme l’assassin en liberté de l’attentat perpétré l’an dernier contre ta rédaction.
Je comprends ta douleur et ta rage et, très sincèrement, Je compatis. Mais si, foi de Messie !
Tu accepteras mieux sans doute Ma sollicitude à ton égard après avoir lu ce qui suit.
D’abord permets-Moi de te dire que ta Une fait fausse route en s’en prenant à Moi. Je ne suis pour rien dans toutes ces horreurs, étant l’Amour. Charlie était plus dans le juste quand il titrait : « C’est dur d’être aimé par des cons ! »
Voulant l’homme libre – et tu es bien le premier à revendiquer et défendre mordicus ce statut, n'est-ce pas ? –, qu’y puis-Je si certains qui parlent en Mon nom sont des assassins fanatiques orgueilleux et stupides ?
Mais d’un autre côté, et dans un certain sens – que Je vais t’expliciter –, J’accepte ton accusation. Mais si, foi de Messie !
En effet, Je donne la mort à TOUS les êtres à que Je crée, qu’ils soient végétaux, animaux ou humains. Oui, J’ai bien « prémédité » de vous « tuer » tous, et pas seulement vous, rédacteurs de Charlie Hebdo. J’ai bien prévu effectivement – c’est même programmé dans vos cellules ! – d’ôter l’existence à toute forme de vie mais au bout d’un certain laps de temps, sauf bien sûr si vous précipitez l’échéance par vos comportements absurdes.
C’est que, pour vous, êtres humains, J’ai organisé les choses de telle façon que vous disposez de tout le temps nécessaire, sur cette Terre, pour choisir, par delà les apparences « matérielles », la vie de l’Esprit et de l’Amour, vie par laquelle vous pouvez accéder à l’Eternel Présent, une fois votre périple terrestre achevé.
Mais vous n’êtes pas obligés d’opter pour cette voie…
Enfin, cher Riss, tu écris dans ton éditorial : « Les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants ». C’est malheureusement parfois vrai, à Mon grand dam, tellement trop de ceux qui disent croire en Moi sont dogmatiques, superstitieux, arrogants ou craintifs dans leur foi.
Je vous invite donc, vous qui prétendez M'aimer, à redoubler d'amour, d'intelligence et de confiance en Moi pour Me permettre de vous apporter enfin, concrètement et sans aller contre votre liberté, toute Ma Lumière et toute Ma tendresse.
Vous verrez alors que ceux qui ne croient pas en Moi au moins vous respecterons."
Signé : "Celui qui vous a tous créés et Qui vous ne vous veut que du bien".