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L’homme est d’abord esprit

Le matérialisme érigé en dogme conduit au scientisme et le scientisme à la dégradation de la nature et à la flétrissure de l’homme. Il est urgent et vital, en tout, partout, de redonner sa place, la première, à l’esprit.

C'est parce qu'il est "esprit", et pas seulement un corps, que l'homme peut "se faire". Dessin : JL ML.

En France, le matérialisme a outrepassé ses droits et s’est imposé comme la norme du vrai dans les sciences et dans la politique. Avec des conséquences graves dans bien des domaines, notamment dans ceux de l’économie (triomphe du profit) et de la santé (influencé par les lobbies). Pour le matérialisme, le corps humain n’est qu’un ensemble de pièces agencées – ingénieusement, mais par le hasard ! – entre elles et sur lesquelles on peut donc agir mécaniquement (biologiquement, chimiquement) sans se préoccuper de « l’âme » du patient.

La conscience, considérée comme un simple fait individuel, est cantonnée dans le domaine privé. L’esprit, qui est la nature, la substance même de la conscience, est considéré comme un simple sous-produit du cerveau.

Et, de ce fait, est une donnée négligeable.

Cette vision du monde, qui fait de la matière la seule réalité à prendre en compte, engendre des tensions, des malaises et même des maladies, notamment mentales. La France est le pays qui consomme le plus de médicaments et particulièrement de psychotropes. L’hôpital, et particulièrement l’hôpital psychiatrique, est en crise aigüe. La méfiance, la peur, l’agressivité s’emparent du cerveau de nombreux compatriotes qui finissent par redouter l’avenir et s’entre-haïr.

Certains se révoltent. D’autres – beaucoup – se suicident (plus de 10 000 morts chaque année).
Il faut agir !
Et agir, c’est donner toute sa place, c’est-à-dire la première, dans nos décisions quotidiennes, à cette valeur dénigrée : l’esprit.

La première place, pour deux raisons, l’une philosophique, l’autre éthique.

> Philosophiquement  : c’est une vérité indéniable que, sans l’esprit, l’homme ni ne réfléchirait, ni ne comprendrait, ni ne parlerait, ni ne créerait. Et que donc rien ne pourrait être dit sur le monde. Le monde n’existe pour l’homme que parce que l’homme le pense. Dans sa conscience et par l’exercice qu’il fait de l’esprit (et toute science, toute connaissance n’est imaginable que dans et par l’esprit), le monde vient donc en second, grâce à la lumière de la conscience qui le fait apparaître.

De même, une matière qui existerait absolument, indépendamment de tout esprit (et qui dès lors serait considérée comme LA réalité), est une absurdité, une aporie, puisqu’alors nous ne pourrions pas avoir la moindre idée d’elle ni jamais être certain de quoi que ce soit la concernant.

> Ethiquement : seul l’esprit peut nous montrer que l’humanité est une, que nos différences sont inessentielles, qu’elles sont de formes, et non de nature. L’esprit seul peut nous faire aimer le sens de l’unité de l’humanité, de la responsabilité et de l’écoute, le respect et la curiosité de l’autre, des minorités et de la nature. Lui seul peut nous procurer la joie de vouloir être plus fortement que de vouloir posséder. Lui seul, libre par essence, peut provoquer l’enthousiasme de savoir, la curiosité du complexe et du beau, la gestion constructive des contraires dans le dialogue.

Lui seul sait marier les mots toi et moi, amour et fraternité, individu et universel.

Dans le concret, l’esprit et le corps sont un. C’est dans leur interaction permanente que se situe la clé d’un comportement juste, de décisions cohérentes et productrices d’harmonie, particulièrement en matière de santé.

L’impérialisme matérialiste, dont le symptôme le plus pernicieux est le scientisme et parce qu’il a voulu mener seul le monde et les affaires, est, malgré les innombrables et admirables réussites de la démarche scientifique, mortifère car il mutile l’homme et le désespère. Il doit accepter de regagner sa place comme base féconde – mais seulement partielle – des savoirs, de la connaissance.

Il peut conseiller la conscience et le cœur, mais jamais ne doit choisir et diriger à leur place.

J’invite ainsi tous les acteurs sensibles aux plus hautes valeurs et ceux qui se préoccupent du sort des souffrants et des victimes, ainsi que de l’exploitation effrénée et du saccage de la nature, à ouvrir les yeux sur la réalité de l’esprit, en commençant par sa découverte en soi, condition pour l’instauration de rapports justes, apaisés et constructifs avec tous les autres.

Le matérialisme se meurt, vive l’humanisme transcendantal !

Le matérialisme a été érigé insidieusement en norme politique. Il sert aujourd’hui de justificatif philosophique au libéralisme effréné. Avec des conséquences désastreuses pour l’homme et son environnement. Il doit laisser place à l’humanisme transcendantal, qui reconnaît la valeur spirituelle incommensurable de chaque individu.

"La Question", par JL ML.

Pourquoi le libéralisme, basé sur le concept de liberté, une valeur fondamentale de nos démocraties et du corpus des droits de l'homme, produit-il autant de souffrances et d’injustice ?

Pourquoi cette doctrine de philosophie politique finit-elle par enchainer les hommes, entraînant un esclavagisme insidieux (car il ne dit pas son nom) qui détruit les individus, les liens sociaux ainsi que les écosystèmes et jusqu’au climat ?

Essentiellement, parce qu’elle s’est édifiée, historiquement, contre l’État et son autorité jugée arbitraire.

Or, ce faisant, elle s’est coupée du Tout, d’un point de rassemblement pourtant nécessaire à l’harmonie générale. Elle a ainsi encouragé l’individualisme, l’égoïsme et la course au profit au détriment de l'humain.

Philosophiquement, le libéralisme a adopté le matérialisme, car c’était le moyen de s’accaparer les forces productives et de se soumettre les autorités politiques. Tout étant matière, tout n’étant que matière, ceux qui contrôlent cette matière sont les maîtres du monde. Quelles que soient les apparences et les régimes politiques.

Liberté et responsabilité

Le socialisme, né en réaction face à ces excès du libéralisme, n’a pas réussi à imposer un rééquilibrage des forces ni une juste prise en compte des besoins essentiels de tous. Pourquoi ? Parce qu’il a écarté lui aussi la transcendance, élément pourtant constitutif de la nature humaine, dimension irrépressible sauf à conduire au suicide, individuel ou collectif. Par peur face à l’insaisissable, à l’inconscient, aux réalités invisibles ? Par orgueil, croyant pouvoir tout maîtriser par la Raison ?

Quoiqu’il en soit, ce rejet, ce refoulement de la part transcendante qui anime chaque être humain, n’est aujourd’hui plus supportable !

Un nouvel humanisme est indispensable si l’humanité veut conserver son Habitacle et même simplement survivre. Un humanisme transcendantal, basé non plus sur la seule matière mais d’abord sur la conscience ; sur le respect de soi, des autres et de la nature ; sur la curiosité et le désir de savoir ; sur la liberté ET la responsabilité ; sur l’apprentissage joyeux de l’autonomie dans la fraternité.

Voilà le nouveau ferment qu’il faut pouvoir offrir à notre société morcelée, divisée, craintive, souvent naïve et manipulée. Elle pourra alors véritablement s’efforcer vers le bien, s’enthousiasmer pour l’intérêt général tout en s’engageant sur la voie de l’épanouissement individuel.

Chacun y trouvera son compte, y compris les entrepreneurs et autres bâtisseurs de fortune car ils auront l’assurance d’agir dans un contexte légitime, librement régulé et ne laissant plus personne sur le carreau.

Non, la conscience ne peut pas être un « objet scientifique comme un autre » !

« La conscience est-elle un objet scientifique comme un autre ? » Telle est la question que (se) pose le magazine La Recherche (« La conscience – Ce que nous révèlent les scientifiques – dossiers n°15 octobre 2015).

Philosophiquement, je réponds clairement « non ! » à cette question, pour la raison que la conscience n’est précisément pas un « objet » mais est une curiosité de notre Univers qui a la caractéristique essentielle de n’être que « sujet ».

articlePersonne, absolument personne ne peut observer la conscience d’un autre. Il peut certes voir – et analyser, y compris scientifiquement – des traces, des effets, des manifestations de cette conscience. Mais jamais l’apercevoir en tant que telle.

Même à soi, la conscience ne peut pas plus s’apparaître qu’un œil peut observer son propre « voir ». On est chacun tellement et uniquement "sujet" qu'on ne peut même pas s'observer soi-même "objectivement"...

Couv consc La conscience - Ce que nous révèlent les scientifiques – dossiers n°15 daté octobre 2015.

 

Comment faire cohabiter matérialisme et transcendance ?

En France, le matérialisme est devenu insidieusement la norme institutionnelle et sociale. Sous couvert de laïcité, les visions spiritualistes sont exclues de la sphère publique, ou simplement traitées en termes de gestion de la paix sociale. Or, le besoin de transcendance est inhérent à l’homme. Comment la prendre en compte ? En favorisant l’individuation des citoyens.

"La Question", par JL ML.

"La Question", par JL ML.

La question du sens de l’Univers, et aussi de notre raison d’être humaine, est capitale. D’abord individuellement, pour savoir comment orienter sa propre existence. Collectivement aussi, pour savoir sur quelles bases prendre de bonnes décisions, comment favoriser l’intérêt général, quelles règles du jeu mettre en place pour favoriser la cohabitation de tous avec tous.

Cette question a donc une importance vitale, y compris en termes de politique, de civilisation, de diplomatie. Nous voyons ce qui se passe aujourd’hui avec la question de l’islam, par exemple, en France et dans le monde. Tout se passe comme si la planète était divisée (pour faire vite et si l’on excepte ceux qui doutent) entre matérialistes rationalistes (le monde sort du hasard) et croyants irrationnels (le monde a un sens ; finalisme).

Aujourd’hui, les bases du vivre ensemble sont essentiellement dictées par les rationalistes athées.

Cela peut se comprendre. En effet, la science occidentale a fait d’extraordinaires découvertes et a permis des progrès technologiques fulgurants. Pour autant, détient-elle le mot final sur l’homme ?

Certains le croient, des scientifiques, des politiques, des responsables de toute nature. Notamment parmi certains darwiniens qui présentent le créationnisme, ou même simplement la foi, comme une dangereuse superstition. En tant que telles, selon eux, ces croyances n’ont pas à entrer dans le débat public. Celui-ci doit accueillir uniquement des faits scientifiques avérés. C’est particulièrement vrai en médecine, par exemple, où seules sont retenus les traitements « basés sur des preuves ».

Quasi officiellement, tout se passe comme s’il est admis désormais que l’univers n’a pas de sens. D’où le fameux « désenchantement » du monde. On évacue la subjectivité, la spiritualité, l’âme. Y compris l’éthique (cf. ‘Le Hasard et la nécessité’, Jacques Monod) !

Abus idéologique

Les matérialistes se prétendent cartésiens et traitent les croyants de dogmatiques, d’irrationnels, voire d’illuminés ou, pire encore, de charlatans. Cet abus idéologique est grave parce qu'il laisse place aux dérives que l’on connaît : priorité au profit, à la technologie, etc. Avec toutes les pollutions et les injustices qui en découlent.

De même, la divinisation du matériel et du physique a conduit à une société hypernormée, fonctionnant essentiellement sur les apparences et l’immédiat, au détriment du long terme, de la sensibilité, de la complexité, de la poésie, de la foi, bref, de l’humain.

Autre problème, la conséquence sur le vivre ensemble l’international. En effet, Dieu, la religion, l’esprit ayant été abusivement évacués du domaine de la connaissance, le croyant qui se veut "raisonnable" n’a plus d’outil conceptuel, d’argument fort à opposer aux extrémistes et aux fanatiques religieux. Or ceux-ci ont au moins une bonne raison, une certaine légitimité à leur combat : le refus occidental de l’Esprit leur paraît inadmissible.

Et ce refus est inadmissible de fait, que l’on soit croyant ou non, car aucun scientifique n’a prouvé l’inexistence de l’Esprit ou de Dieu. Ni l’inverse, d’ailleurs ! En toute logique, toute société intellectuellement honnête doit admettre la cohabitation entre des visions du monde multiples, autant celles donnant un sens à l’univers que celles lui en refusant un.

De même, ceux qui croient en une dimension divine ou spirituelle de l’homme, et notamment les scientifiques croyants, doivent pouvoir œuvrer et travailler avec l’hypothèse que l’univers a un sens.

Autant de croyances que de croyants

Mais cette affirmation implique une contrepartie. En effet, le sens donné au monde par ceux qui pensent qu’il en a un diffère d’un croyant à l’autre. D’où un déséquilibre : d’un côté, les non croyants forment un groupe homogène ; de l’autre, leurs croyances sont presque aussi nombreuses qu’il y a de croyants.

Aussi, ces derniers, s’ils veulent pouvoir intervenir dans le débat et le fonctionnement publics, doivent s’élever pour concevoir un point de rencontre universel. Ils doivent se dépouiller de leurs dogmes particularistes, aller plus loin que leurs propres doctrines ou préjugés. Pour être légitimes dans le discours public, devient nécessaire une vision générale susceptible de rassembler tous les croyants autour d’une poignée de grands principes universels admis possiblement par tous, y compris par les non croyants, sans passer par le filtre de leurs particularismes (qu’ils peuvent en revanche conserver dans leur vie privée).

Les religions et les approches spirituelles et idéalistes, sont ainsi invitées à travailler plus pour le bien commun et les valeurs universelles, à relativiser les étiquettes et la défense de leur chapelle pour échanger avec tous sur un plan universel.

Récapitulons :

- A la science de reconnaître ses limites structurelles (elle ne pourra jamais dire le tout de la réalité, nous le savons aujourd’hui) et d’accepter que l'on puisse aussi travailler sur l'hypothèse d'un univers en partie "finalisé" (sans forcément parler d’un Dieu). Aux institutions de reconnaître que bien des réalités échappent encore à notre connaissance dite rationnelle (par exemple, le phénomène des guérisseurs) et de s’ouvrir en conséquence.

- Aux croyants de se hisser au delà de leurs dogmes particularistes, d’intégrer les découvertes scientifiques (amendables et perfectibles) et de s’unir autour de quelques grands principes que les non croyants pourraient reconnaître comme compatibles avec leurs connaissances.

Bref, que toutes les parties sachent voir au delà de leurs « savoirs », au delà de la croyance et de la non croyance, jusqu’à une réalité universelle, transcendantale, dans laquelle tous et chacun peuvent se retrouver.

Chacun est universellement unique

Chacun est unique et ne peut, ne doit pas se laisser résumer par une étiquette, aussi vraie et belle soit-elle. Fût-elle une révélation divine. Ne nous laissons impressionner ni par les théologiens ni par les savants ni par aucune autorité ! Chacun de nous est légitime pour répondre à la question du sens de l’existence, pour choisir sa vision du monde, pour dire si l’univers a un sens ou non.

D’où l’importance de s’épanouir en s’individualisant, de cultiver une soif personnelle de connaître et de développer son esprit critique. En effet, si on ne bâtit pas sa propre pensée, si l’on conserve une trop faible conviction personnelle, on peut facilement se laisser prendre par des discours trompeurs, qu’ils soient officiels, scientistes ou religieux.

De même, si l’on se restreint à un dogme traditionnel ou révélé, à une vérité "extérieure", on risque l’enfermement sur des voies tracées d’avance et déconnectées de la vie du présent.

D’ores et déjà, il y a une vérité qui pourrait tous nous rassembler, c’est qu’il faut à l’homme, pour s’épanouir au milieu des siens, après la satisfaction de ses besoins fondamentaux, la liberté, l’amour et la connaissance.

C’est sur ces trois valeurs que doivent désormais, à mon sens, porter tous nos efforts individuels et collectifs.