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Aveuglée par son obsession antisectaire, la Miviludes a laissé libre champ au terrorisme islamiste

De 2002, date de sa création, à 2014, la Miviludes a ignoré les loups, issus de sectes ouvertement meurtrières, qui s’installent sur son territoire. Elle a préféré pourchasser les mouches pacifiques des minorités spirituelles et des alter-médecines. Résultat : un contresens mortifère et qui, malheureusement, perdure.

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Durement touchée par les attentats depuis janvier 2015, la France est le pays européen qui déplore le plus de morts lors d’attaques terroristes depuis 2004. Et le nombre de ces attaques ne cesse d'augmenter : Charlie Hebdo, Hyper Cacher, Paris, Saint-Denis, Saint-Quentin-Falavier, Magnanville, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray et plusieurs tentatives heureusement déjouées ou avortées...

France attentatsÉtrangement, la France est en même temps le pays qui dit être le plus acharné contre les « dérives sectaires ». Elle se dit « en pointe » dans ce domaine, grâce à l’imposant arsenal législatif, judiciaire et policier qu’elle a mis en place ces dernières années : Miviludes (lutte contre les dérives sectaires) dont le salaire du président a été multiplié par deux, Caimades (police spécialisée antisecte), loi About-Picard (loi punissant les « dérives sectaires »), associations antisectes financées par l’Etat (Unadfi, CCMM, Gemppi, etc.), innombrables campagnes d’alerte, millions d’euros dépensés chaque année…

Le problème – et il est de taille – est qu’elle s’est toujours acharnée contre des individus et des mouvements pacifiques en ignorant en même temps totalement les membres de groupes dangereux revendiquant ouvertement leur volonté de tuer.

Cécité face aux vraies menaces

La question de la création d’outils de prévention et de lutte contre la radicalisation islamiste a été extrêmement tardive. Elle n’a commencé à être prise en compte par la Miviludes qu’en 2014, elle qui existe depuis 2002. Ce n’est que depuis cette année-là, soit plus de 30 ans après les premières alertes sur les dérives sectaires islamistes !, que la Miviludes « travaille » sur « la détection et la prévention des comportements radicaux » islamistes.

Il est vrai que cette instance interministérielle n’a pas été aidée par l'Etat qui, tous gouvernements confondus[1], a été tout aussi aveugle et de parti pris : « Depuis les années 80, déplore dans le Figaro en mai 2015 Jeannette Bougrab, universitaire française devenue maître des requêtes au Conseil d'État, la France sous-estime la montée et la radicalisation de l’islam. (...) Les élites ont préféré se couvrir les yeux plutôt que de prendre la mesure des conséquences désastreuses de l’abandon de notre modèle républicain. J’ai tenté d'alerter à travers des écrits et des conférences sur la gravité du phénomène de radicalisation de jeunes musulmans, pour certains récemment convertis. Mais on a parfois la terrible impression que les gens s’habituent aux violations des droits les plus fondamentaux. »

Cette cécité totale face aux vraies menaces a été en revanche doublée d’une psychose paranoïaque face aux mouvements spirituels minoritaires (autres qu’islamistes) et aux médecines douces, et d’un acharnement sans faille depuis vingt ans à leur égard.

Dès 2005, les RG alertent sur la menace islamiste

Exemple frappant, en février 2005, un article du Monde rapporte la teneur d’un rapport sur le mouvement salafiste en France qui a été remis au ministre de l'intérieur par la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) : « Le terreau est favorable, la plante grandit et ses racines ne sont pas compatibles avec celles de la République. (…) [Le texte] dresse une cartographie de ses zones d’influence actuelles. Il aborde également ses modes d’action dans les quartiers sensibles, où il compte la plupart de ses militants et sympathisants, soit plus de 5 000 personnes au total, dont environ 500 constituent le noyau dur.

» Selon les RG, les salafistes contrôlent actuellement [en 2005] une quarantaine de lieux de culte sur l’ensemble du territoire et mènent des tentatives de déstabilisation dans une quarantaine d’autres, afin d’y prendre le pouvoir.

Dans un article de La Croix du 19 mars 2017, Didier Leschi, ancien chef du bureau des cultes au ministère de l’intérieur évoque le moment d'anthologie où il a tenu tête, s'appuyant sur des "faits et non sur des rumeurs", à Georges Fenech, alors président de la Miviludes. Lors de cette audition, il avait ajouté, concernant l'islam en France : « Ces dérives liées à l’Islam, cette attention, nous voudrions la faire partager à la fois par la Miviludes et par les associations de défense des victimes, or force est de constater que ce segment des dérives sectaires suscite peu l’attention, manifestement, les familles de ces jeunes n’intéressent pas, pas plus que les victimes». 

» L'étude de la DCRG montre que le salafisme, mouvance éclatée en perpétuelle évolution, a étendu son influence ces dernières années sur la quasi-totalité du territoire. En 2000, cette conception radicale de l’islam rassemblait des adeptes dans six régions ; aujourd'hui quatre seulement sont épargnées (la Basse-Normandie, la Corse, le Limousin, Poitou-Charentes). Pour les policiers des RG, le salafisme est l’antichambre privilégiée des jeunes islamistes qui épousent ensuite l'action violente ».

Cette même année, à la suite des attentats de Londres, la France avait relevé le niveau d’alerte du plan Vigipirate. Les renseignements généraux surveillaient très attentivement une quinzaine de petits groupes de radicaux islamistes sur le territoire. Il s’agissait d’individus, près de 150 au total, ­ ayant un engagement religieux extrémiste et des « velléités d'action délictueuses », selon l’expression d’un responsable policier.

La Miviludes muette sur la menace djihadiste

Ces dérives sectaires-là, qui auraient dû théoriquement entrer en urgence en tête de ses préoccupations si l’on en croit les objectifs qui lui ont été assignés, la Miviludes les ignore, alors même que la dangerosité de ces personnes est avérée et que le caractère « sectaire » de la déviance est manifeste [2].

JO Miv

Dans le Journal Officiel du 29 novembre 2002.

Non, cette année-là, elle publie un rapport qui ne dit pas un mot sur les risques islamistes et se concentre sur un prétendu "fléau social" : « À l’écoute des victimes et de leurs familles, la Miviludes dresse aujourd’hui un constat inquiétant des dommages provoqués par l’emprise exercée par des personnes ou des organisations se conduisant en maîtres à penser. De telles dérives se produisent dans tous les secteurs de la vie sociale, soins et santé, formation continue et soutien scolaire, sports et activités culturelles, groupes ésotériques ou mystiques. Elle relève que de nouveaux organismes apparaissent presque chaque jour, sans qu’aucun point du territoire ne soit épargné, ces micro-structures étant souvent beaucoup plus difficiles à cerner que les grandes organisations bien connues ».

Le danger, dans ce domaine, n’est pas apparent, mais la Miviludes se dit experte pour démasquer les escrocs : « Dans le registre de la séduction, écrit-elle dans son rapport, certaines organisations sectaires prônent, par exemple, la lutte contre la toxicomanie, le refus de la violence ou la défense des droits de l’enfant. Avant d’exercer la moindre critique à l’encontre de la générosité ainsi affichée, l’État va devoir apporter la preuve que ce beau langage est un leurre et qu’il dissimule une volonté de prosélytisme et de mise en situation de dépendance ou d’emprise mentale ».

Pour la France, les « sectes » sont plus une menace que les islamistes

Fenech & Blisko

Georges Fenech (à g.) et Serge Blisko, l'ancien et le nouveau président de la Miviludes.

Éprouvant d'énormes difficultés à administrer cette preuve, la Miviludes va, quelques années plus tard, imaginer un autre moyen pour convaincre les Français que lutter contre les minorités spirituelles et les thérapies non conventionnelles (médecines douces), qualifiés de « dérives sectaires » pour la cause, est autrement plus important urgent que d’œuvrer à stopper le virus djihadiste.

Elle va commander elle-même à Ipsos un sondage qui va aboutir, en 2010, à des résultats qu’aucun journaliste, d'ailleurs, n’a eu l’idée d'approfondir : les sectes (il n’était pas question des sectes islamistes) constituent une menace « importante » pour la démocratie selon 66 % des Français. 42 % d'entre eux les perçoivent comme une « menace pour leur entourage familial et amical ».

Et, plus extravagant encore, 20 % des personnes interrogées connaissent dans leur entourage une ou plusieurs « victimes de dérives sectaires » : soit un Français sur cinq ! De quoi, si cela était vrai, déclencher une mobilisation nationale immédiate, ainsi qu'un plan massif de protection. Il n'en a rien été.

En fait, ce sondage, largement répercuté sans esprit critique par la presse, ne repose sur rien d’objectif ni de factuel : il peut être analysé, tout au plus, comme le fruit réussi de la propagande antisecte de l’État.

Les « gourous » ne posent pas de bombes

La liste des mouvements et personnes injustement discriminés par la Miviludes est trop longue pour être rapportée ici. Les personnes intéressées peuvent consulter ses rapports annuels et les documents thématiques qui fourmillent d’accusations sans preuve et de dénonciations calomnieuses.

Ou voir ici pour la seule question des médecines non conventionnelles.

Les groupes et les personnes visées, qualifiées d’escrocs ou de « gourous », par la Miviludes ont parfois tenté de se défendre devant la justice. Mais, attaqués également par les médias et jugés par des magistrats formés dans ce domaine par la Miviludes et des associations comme l’Unadfi, ils avaient peu de chances d’être entendus. Comme ils n’ont pas posé de bombe ni assassiné personne, la moderne inquisition d’État a pu continuer tranquillement à les ignorer avec le soutien exprès des grands médias et d'un grand public complètement manipulé.

Le pouvoir exécutif, engagé sur une mauvaise conception de la « dérive sectaire », est impuissant à comprendre, encore moins à résorber, la vraie menace des vrais adversaires de la République que sont les djihadistes, qui ne s’embarrassent pas des subtilités du « débat démocratique ».

Les « gourous », eux, ne posent pas de bombes. Mais c’est ceux-là que la Miviludes pourchasse effectivement.

> Bref, si je devais résumer mon sentiment, l'aveuglement de la Miviludes, sa polarisation sur des mouvements qui s’écartent de la doxa laïque et scientiste, l'ont empêchée de voir les vrais dangers.  Mais il y eut aussi la peur de s'attaquer au dossier chaud, politiquement parlant, des différentes mouvances musulmanes en France. Il y a peu de risque à taper sur des personnes ou des groupes pacifiques et qui ne peuvent guère se défendre. En ce cas, la République est "en pointe". Quand il s'agit de s'attaquer aux groupes et aux discours de haine qui appellent à la destruction du pays, on est moins vaillant... Combien de morts et de blessés faudra-t-il encore pour que la France se réveille et modifie enfin son attitude ?

[1] Il y eut bien quelques exceptions, mais, comme souvent, elles n’ont pas été entendues. Ainsi, le député Benoît Hamon avait trouvé dommage que sur un sujet aussi sérieux que la burqa dans la République, on ne parle pas des mouvements qui inspirent ce type de militantisme radical religieux « notamment les mouvements salafistes » (le Figaro du 24 janvier 2010). Il avait ajouté que « si le gouvernement veut aller au bout, qu’il inscrive les salafistes au registre des sectes et des mouvements sectaires ». Mais on aurait alors risqué de mécontenter les « bons » musulmans et de dépasser les limites de l’État de droit. Pourtant, en 1995, les députés n’avaient pas hésité à sortir de l’État de droit en publiant, sans enquête ni débat, une liste de 175 mouvements supposés sectaires. Et il n'y avait dans cette liste ni l'Ordre du temple solaire, ni les groupes islamistes. De même, la Miviludes ne s'est jamais gênée pour établir – sans procédure scientifique ni contradictoire, bafouant sans crainte d'être réprimandée la présomption d'innocence envers les praticiens concernés – des listes des médecines douces présentées comme "à risque sectaire" (voir plus loin).

[2] Il faudrait réserver le mot « sectaire » aux mouvements qui, comme Daech ou Boko Haram, revendiquent ouvertement leurs crimes (viols, assassinats, attentats, etc.) au nom d’une idéologie à consonance religieuse ou politique.

> Voir aussi :

- Attentats, Nouvel Age.- Lutte contre toutes les « sectes » : les raisons d’un fiasco par Débredinoire.

- Analyse : Djihadisme et "dérives sectaires", par Jean-François Mayer, historien, fondateur de Religioscope.


Lutte contre toutes les « sectes » : les raisons d’un fiasco

L’approche paternaliste et arrogante menée par la France est dangereuse et stérile. Elle entretient la naïveté et la vulnérabilité des citoyens face aux différentes formes d’influence au lieu de les aider à développer leur esprit critique et leur autonomie intellectuelle.

Résumé de l'article
- La politique "antisecte" de la France est un fiasco car les mouvements qu'elle prétend combattre prolifèrent
- Elle amalgame mouvements meurtriers et pacifiques sous le même vocable en s'acharnant sur les pacifiques (Nouvel Age, développement personnel...), laissant les autres prospérer
- Elle repose sur un concept, le lavage du cerveau ("l'abus de personne en état de sujétion psychologique"), qui n'est pas démontré scientifiquement
-  Réduites à l'état de "victimes", les personnes "sorties de sectes" n'ont pas la possibilité d'une reconstruction fondée sur la vérité psychologique et relationnelle

- En prétendant dire qui est "secte" et pas "secte", cette politique entretient la passivité et la naïveté du public
- Elle délaisse complètement la prévention qui permettrait de développer l'esprit critique et d'accompagner les personnes à risque ou fragiles
- Dans le cas des groupes pacifiques, elle a toujours préféré la répression arbitraire à la recherche de médiation.

Contreproductive et dangereuse, la politique du gouvernement français est un échec, de l’aveu même de l’ancien président de la Miviludes, l’instance interministérielle chargée de la lutte contre les « sectes » et les dérives « sectaires » : Georges Fenech confessait lui-même être dépassé.

Coup de blues pour Georges Fenech : malgré tout l’arsenal mis en place contre les « sectes », le « phénomène » ne cesse de croître… Concept : JL ML.

Coup de blues pour Georges Fenech, qui voit des "sectes" partout : malgré tout l’arsenal mis en place, le «phénomène» ne cesse de croître… Concept : JL ML.

Les « sectes » en effet se multiplient. Le mot englobe des formes extrêmement variées, toutes mises dans le même sac. Elles peuvent être ouvertement criminelles (Daech, Boko Haram…) ou supposées être des arnaques (scientologie, médecines douces…). Quoiqu'il en soit, meurtriers ou pacifiques, les « mouvements à caractère sectaire », selon la terminologie consacrée, prolifèrent et prospèrent.

La lutte « antisecte » est pourtant dotée d’un arsenal considérable, l’un des plus complets au monde et il se renforce sans cesse. Les associations « antisecte » pullulent de la même façon, en appui de cette politique.

Malgré cela, cette politique est un fiasco. D'abord, elle est dramatiquement démunie face à la fascination terroriste. Le député Georges Fenech, qui a présidé la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, a dénoncé les failles du système de renseignement français. Il aurait tout aussi bien pu critiquer sa propre politique de lutte contre les « sectes » de 2008 à 2012, au cours de laquelle, en tant que président de la Miviludes, tout accaparé qu’il était à combattre la scientologie et quelques autres groupes spirituels, il n’a su ni voir ni empêcher la montée des « dérives sectaires » meurtrières…

De plus, cette politique se révèle tout aussi impuissante à enrayer un phénomène (le développement personnel Nouvel Age, assimilé à de la « dérive sectaire » par les autorités) qui s’infiltre partout dans la société.

Pas dans le bon sens

Pourquoi ce fiasco retentissant ? Parce que, depuis trente ans que cette politique a été lancée, non seulement elle s'est montrée partiale, s’acharnant sur les groupes non violents en ignorant la montée des terroristes, mais surtout elle n’appréhende pas la question dans le bon sens, celui de la réalité psychique de l’homme.

Le moyen le plus sûr d’échouer à résoudre un problème est de prendre des clichés, ou ses propres interprétations et croyances, pour la réalité. C’est ce qui se passe avec la question des « sectes » qui fonctionne plus sur le mode de l’irrationnel que sur la réalité de l’homme.

Le bon sens, ce serait d’abord de partir d’une vérité incontournable : quelle que soit la pression, physique ou psychologique, exercée sur une personne, nul ne peut penser à sa place à l’intérieur de cette personne.

Il peut certes l’influencer, la manipuler, la séduire, l’envoûter, la contraindre à agir, la droguer, etc. Il peut l’obliger physiquement à se comporter à l’inverse de son désir et même la réduire en esclavage.

Toujours, dans n’importe quel cas de figure, cette personne conservera en elle le choix entre ses pensées, le choix de ses pensées.

En prison, sous la torture même, cette alternative demeure. Dans L’Archipel du goulag, le dissident Soljenitsyne décrit l’émotion que lui procure la découverte de cette liberté insoupçonnée face à l’oppression qu’il subit : « Désormais, plus de doute, plus de fièvre, plus de remords – la pure lumière de la joie ! C’est cela qu’il fallait ! Et votre perception du monde devient si lumineuse que la béatitude vous inonde, encore que tout reste à faire ».

« Si puissantes que soient les forces qui torturent l’être humain, l’homme a la faculté de savoir qu’il est torturé et d’influencer ainsi de quelque façon, ses rapports avec son destin. Ce grain de pouvoir - permettant de prendre position, de décider d'une question aussi insignifiante soit-elle - ne se perd jamais », in Rollo May, Carl Rogers, Gordon Allport, Herman Feifel, Abraham Maslow, Psychologie existentielle, EPI, 1986.

De cette vérité découle les autres : il est impossible, contrairement à ce qu’affirment les militants antisectes pour justifier leur combat, de « capter la pensée » de quelqu’un, d’« annihiler son libre arbitre », d’avoir sur lui une « emprise totale » au point de pouvoir à sa place diriger sa pensée de l’intérieur.

Seul en son for intérieur

En conséquence, il est impossible d’ôter à l’homme sa spécificité et sa dignité d’être autonome et responsable, spécificité et dignité qui résident dans le fait qu’il est seul, en son for intérieur, à choisir ses pensées (même s’il peut être influencé).

Le concept de « lavage de cerveau » est un cliché largement répandu et qui demeure malgré sa non-validation scientifique.

Le cliché du lavage de cerveau

Des chercheurs américains avaient publié en 1961 le contenu de leurs travaux sur les prisonniers revenus de Chine ou de Corée et ayant subi un « lavage de cerveau ». Conclusion : l’efficacité de ces méthodes est quasi-nulle. Seule une infime minorité de prisonniers ayant subi un tel traitement a décidé de vivre en Chine et aucun de ceux qui sont revenus aux États-Unis ne s’est rallié au communisme.

Parallèlement, la CIA a engagé des recherches, de 1953 à la fin des années 1960, dans le but de mettre au point une technique de lavage de cerveau, par conditionnement, hypnose et usage de drogue. Ces expériences n’aboutirent pas. Selon Edward Hunter, cité par les auteurs, on peut « décolorer » un cerveau en le « lavant » – réduisant le sujet à un état d’hébétude – mais il est impossible de le « recolorer » en créant une nouvelle personnalité avec des idées opposées aux idées précédentes.

En 1986, l’American Psychological Association juge un rapport d’un comité d’enquête sur le lavage de cerveau comme non scientifique et l’American Sociological Association considère comme non prouvée l’application aux sectes de la théorie de la persuasion coercitive. En Italie, l’article 603 du code pénal, qui depuis 1889 punit le « délit de suggestion » (plagio), est déclaré illégitime par la Cour constitutionnelle en 1981. Les tribunaux américains ont estimé irrecevables les arguments faisant référence au « lavage de cerveau ».

- Source : Dick Anthony, Massimo Introvigne, Le lavage de cerveau : mythe ou réalité ? Paris, L’Harmattan, 2006.

Cela dit, s’il paraît impossible de reconditionner un cerveau pour qu’il suive la volonté d’un autre, ou de piloter ce cerveau de l’extérieur, l’objectif des antisectes de lutter contre l’exploitation des personnes est légitime. Mais la méthode qu’ils emploient, découlant de leur idée de lavage de cerveau (ou de « l’état de sujétion », le terme choisi par le législateur pour inscrire l’idée dans la loi), est erronée. Elle est donc forcément stérile et source d’autres souffrances et de nouvelles injustices.

Car c’est toujours un « je » humain unique – qui n’est pas une entité mais un acte (l’acte de diriger la conscience sur quelque chose) – qui accueille, adopte (ou non) telle proposition, telle affirmation, telle perspective de vie.

Oui, le « moi » (personnalité + caractère) peut être manipulé, trompé, etc. mais c’est toujours lui, en fin de compte qui décide de ce qu’il fait des pensées que son « je » lui présente. Pensées qu’il est seul à connaître et sur lesquelles il est seul à pouvoir jouer. Sa conscience peut d’ailleurs, à l’occasion, lui rappeler les éventuelles trahisons à ses propres valeurs de base, lui permettant un temps de se reprendre s’il va vraiment à leur encontre.

Quasi criminel de parler ainsi

L’erreur radicale et fondatrice de la lutte antisecte est d’ignorer, d’occulter cette vérité. Pour elle, une secte ou un gourou semble pouvoir « laver » le cerveau et – telle la petite douve du foie qui manipule la fourmi pour qu’elle se fasse manger par le mouton, son objectif principal –, le diriger de l’intérieur. Ce qui est une absurdité étant donné qu’aucun « je » ne peut entrer dans le « je » d’un autre.

C’est pourtant là la seule explication qui est donnée de comportements présentés comme extravagants, inconcevables (des jeunes « très bien » qui partent en Syrie par exemple).

C’est commode pour définir une cause, pour désigner un agent extérieur du mal. Mais c’est quasi criminel de parler ainsi car, en s’empêchant de comprendre en vérité les situations, on laisse le mal prospérer. Et même, on l’encourage.

D’ailleurs, l’action antisecte, si elle aboutit parfois à faire cesser des situations complexes et douloureuses (ce qui est une bonne chose), détruit trop souvent l’exercice, et même casse la vie, de gens honnêtes et bienfaisants, condamnés sous le syndrome du chien que l’on accuse de la rage pour le noyer[1].

Les victimes démunies

Parallèlement, cette politique laisse les « victimes » des « sectes » démunies face à une reconstruction extrêmement problématique car élaborée sur des bases fausses : non, l’errance que celles-ci ont connues dans leur relation de soumission n’est pas le fait seulement des soumettants ! Pour vraiment guérir, il leur est capital de chercher aussi à comprendre pourquoi elles ont adhéré : quelle crédulité, quelles croyances erronées, quelles peurs et quels espoirs, quelles idées toutes faites elles avaient préalablement entretenues, etc.

Exactement la même naïveté est à l’œuvre dans la croyance aux promesses d’un politicien ou d’un religieux habile et dans celle d’un groupe de fanatiques comme Daech. Seuls les contextes et les enjeux sont différents.

Ces personnes peuvent s’apercevoir alors qu’elles avaient sans doute laissé en friche leur vie intérieure, ou qu’elles s’étaient laissé porter au gré des multiples influences sans prendre conscience de celles-ci : publicité, religion, famille, idéologie, intérêt masqués, etc.

Pourquoi a-t-on besoin, à un moment ou à un autre de son existence, d’une aide, d’un guide ou d’un groupe de conviction ? Quand on veut guérir de souffrances ou d’un vide intérieurs très profonds, l’offre institutionnelle, officielle, est souvent démunie, au moins insuffisante. C’est le cas souvent, par exemple, pour les jeunes mal assimilés rendus fous de haine par l’hypocrisie des sociétés développées économiquement.

Comme, en outre, notre société ne favorise pas la recherche d’une vie épanouie sur le plan spirituel, comme les dogmes classiques ne tiennent plus leur ancienne position, l’aspiration à une vie plus haute, plus pleine de sens, ne trouve souvent pas de débouché sur le « marché » traditionnel.

Inculture et passivité

Ainsi, une inculture, une fragilité ou une passivité intérieure, peuvent expliquer à elles seules qu’une influence suggestive, par une personne charismatique ou un groupe à forte conviction, puissent entraîner ces personnes, en recherche de solutions autres que celles du « système », dans des voies qui ne sont pas forcément les meilleures pour elles.
Mais c’est une erreur dangereuse et attentatoire aux libertés les plus précieuses que de diaboliser par principe ces « gourous » ou ces groupes (hors les groupes ouvertement criminels) qui peuvent parfaitement convenir à d’autres personnes en recherche. On voit vers quoi, sevrées, se tournent aujourd’hui certaines de ces sensibilités perdues !

La meilleure solution est d’enrichir la culture et éveiller l’esprit critique.

Mais cet esprit critique doit tout autant s’exercer envers le fonctionnement des services de l’Etat ! On ne peut pas non plus avoir une confiance aveugle envers lui car il est constitué d’hommes faillibles qui peuvent à tout moment servir d’autres intérêts que l’intérêt général, y compris en matière de santé (voir scandale du Médiator et tant d’autres), même lorsqu’ils ne suivent que leurs convictions : ce n’est nullement une garantie de hauteur de vue.

Enfin, il faut mettre le paquet sur la prévention : favoriser la culture du débat et la confrontation avec la différence et ne jamais laisser les déshérités économiques et culturels sans accompagnement.

Bébé politique

Faire aveuglément confiance au Pouvoir pour savoir si un groupe est spirituel ou pas (cf. la liste des "sectes" de l'Assemblée nationale), bienfaisant ou non, lui qui a certains intérêts dans ce domaine (protéger l’industrie pharmaceutique, par exemple) et défend certains dogmes, ne serait-ce qu’à travers ses élus (sénateur Alain Milon : « Il n’y a qu’une médecine »), c’est démissionner de sa propre responsabilité, c’est rester un bébé politique qui a besoin de Papalétat pour penser à sa place. L’Etat n’a pas vocation, normalement, à statuer sur ces sujets.

Certes, tout le monde n’est pas armé de la même façon pour déceler d’éventuelles tromperies. C’est pourquoi la vigilance du Pouvoir demeure nécessaire. Mais cette veille ne doit pas se confondre avec une certification de la validité de la pensée et des choix de vie et de santé comme c’est le cas actuellement.

La réponse française à la question des « minorités non orthodoxes » et des médecines douces est, à la différence de ce qui se passe dans d’autres pays démocratiques, essentiellement d’ordre paternaliste et répressif.

En cas de conflit dans un cadre de minorité spirituelle, il serait plus sain, tellement plus humain, plus juste et plus efficace d’organiser des lieux et structures de conciliation et de médiation, et de n’aborder le plan pénal qu’en deuxième intention, si la médiation échoue.

Voilà, en République, l’accompagnement que la Patrie doit à ses enfants.

[1] Que ce soit à la Libération ou sous le maccarthysme, par exemple, c’est une réalité historiquement constatée que toutes les situations de combat contre des catégories ont servi à des vengeances ou des crapuleries personnelles.

 

 

La condamnation pour diffamation de la TFP par la Miviludes confirmée en appel

La Mission interministérielle de veille et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a bien diffamé la Société française pour la défense de la tradition, famille et propriété (TFP) dans son rapport de l’année 2008, publié en mai 2009. C’est ce qu’a conclu la Cour d’appel de Paris dans un arrêt du 2 juillet 2015.

L´avocat Gérard Ducrey, défenseur de TFP. Photo : VD/Paris-Tribune.

L´avocat Gérard Ducrey, défenseur de TFP.
Photo : VD/Paris-Tribune.

« Le rôle d’une instance gouvernementale n’est pas de diffamer. La TFP est composée de catholiques, la Miviludes agit comme une nouvelle inquisition, elle est un dévoiement de la laïcité et porte atteinte à l’esprit de la République », a protesté l’avocat de la TFP, maître Gérard Ducrey, à l’issue du procès en appel.

tfp

Le logo de FTP.

« L’affaire se poursuivra devant le juge administratif pour la fixation des dommages et intérêts que l’État devra verser à TFP, annonce l'association dans un communiqué. En effet, la Cour d’appel de Paris a considéré que Georges Fenech, président de la Miviludes à l’époque, était responsable des propos diffamatoires et qu’on ne pouvait lui accorder le bénéfice de la bonne foi, outre qu’il avait lui-même renoncé à s’en prévaloir devant la Cour. Mais sa faute s’inscrit dans le fonctionnement de la Miviludes. »

Recherche d'immunité

La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, lors de la première condamnation de la Miviludes, avait observé « que la plus grande rigueur peut être attendue quant aux vérifications mises en œuvre et à la prudence dans l’expression lorsque le texte émane d’un organisme étatique auprès du premier ministre qui ne saurait se livrer à des approximations ».

fenechInterrogé à l’époque par le Progrès, Georges Fenech s’était montré serein : « Nous assumons cette condamnation et allons faire appel. Ce n´est pas cette instrumentalisation judiciaire qui nous impressionne. Être condamné à l´initiative d´une secte, cela prouve que je dérange, que le travail entrepris depuis vingt ans dans cette lutte paie ».

Le 29 février 2012, Philippe Vuilque, député et ami de Georges Fenech, avait réussi à faire adopter par l´Assemblée nationale un amendement accordant l´immunité aux membres de la Miviludes. Cet amendement avait été ensuite censuré par le Conseil constitutionnel. Pour maître Ducrey, « cette démarche législative visait précisément à empêcher les poursuites judiciaires engagées à son encontre par TFP ».

> Georges Fenech, président de la Miviludes, condamné pour diffamation publique (article 2012)

 

14 – Les “sectes” : des religions qui n’ont pas réussi ?

L’Eglise catholique est une secte qui a réussi (à se conserver dans le temps) : elle est socialement admise. « Les sectes sont des religions qui n’ont pas réussi », selon le bon mot de Michel Onfray. Elles sont donc socialement refusées. Sans que cette discrimination ait toujours un lien avec leur dangerosité supposée.

La "manipulation mentale", un cliché qui fonctionne bien en France.

La "manipulation mentale" des "sectes", un cliché qui fonctionne bien en France.

Pour pouvoir les empêcher de prospérer, on accuse les "sectes" de tous les maux, en se basant essentiellement sur des plaintes d’anciens adeptes ou des familles et sur les dires de ces experts en spiritualité qu’étaient – c’est bien connu – les ex-Renseignements généraux (les fameux RG, la “police secrète”).

Les adversaires de la diversité spirituelle ont tissé au fil du temps une hétéroclite alliance objective : Eglise, rationalistes, francs-maçons, médecine académique, associations antisectes spécialisées financées sur fonds publics, médias, députés spécialisés dans cette œuvre, ex-adeptes recyclés en experts antisecte, etc.

Car c’est un fait que les “sectes” peuvent nuire beaucoup. Non pas tant à la société qu'… aux intérêts en place : aux cultes établis (avec leur cortège de prérogatives, d’églises et de lieux “sacrés”) ; aux pratiques médicales conventionnelles (maintien et développement du système de médecine curative et technologique, avec ses laboratoires, ses équipements de plus en plus coûteux et son principe de gratuité déresponsabilisant - au détriment d’une médecine holistique et de prévention) ; aux groupes antisectes autoproclamés qui prospèrent grâce aux fonds publics et en l’absence même de cotisations ; à la  pensée unique, etc.

La plupart du temps, ces “minorités de conviction”, comme les nomme la Coordination des associations des particuliers pour la liberté de conscience (Cap LC), ou “minorités spirituelles” pour le Centre d’information et de conseils des nouvelles spiritualités (Cicns), sont respectueuses des règles de la République.

Un harcèlement peu efficace

La "secte", diable du XXIe siècle dans le pays des Lumières...

La "secte", diable du XXIe siècle dans le pays des Lumières...

La preuve en est vite administrée. Malgré une persécution conduite par le gouvernement, de nombreuses instances administratives et quelques associations très actives, malgré d’incessantes campagnes de presse systématiquement hostiles, malgré des lois (comme la loi About-Picard) conçues spécialement contre les “sectes”, malgré une police spécialisée (la cellule d´assistance et d´intervention en matière de dérives sectaires - Caimades), malgré tout cet arsenal de moyens déployé, les condamnations par la justice sont très rares, exceptionnelles même.

Les décisions des tribunaux sont même assez souvent favorables aux mouvements discriminés quand ils ont le courage de se battre jusqu’à saisir les cours européennes.

De même, si l’on s’en tient aux chiffres plus qu’aux fantasmes, la baudruche “sectes dangereuses” est vite dégonflée. Le 19 décembre 2006, la "commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs", présidée par le député Georges Fenech (UMP, Rhône), a publié un rapport.

"Sectes" : 80 000 enfants en danger... ou moins de dix ?

Pour Georges Fenech, alors président de la Miviludes (sur LCP), il y aurait entre "60 et 80 000 enfants en dangesr dans les sectes".

Pour Georges Fenech, alors président de la Miviludes, il faut répondre "oui !" à la question posée par LCP. Mais les chiffres de victimes qu'il arbore sont contestés par l'administration elle-même...

On constate une différence radicale entre les chiffres annoncés par la dite commission (« 60 à 80 000 enfants en danger ») et les 9 cas en cours de traitement répertoriés sur tout le territoire pour l’ensemble des cinq ministères consultés ! Une disproportion qui a même conduit Didier Leschi, directeur du Bureau des cultes au ministère de l’intérieur, à se demander si l’action des responsables anti-sectes n’était pas de nature à produire « un trouble à l’ordre public ». Et il avait ajouté : « La focalisation sur certains groupes s’apparente beaucoup plus à un jugement sur la croyance de ces groupes qu’à leurs activités en tant que groupes ».

Le même jour où la commission parlementaire publiait son rapport, l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (Odas) sortait le sien sur les enfants en danger en général (c’est-à-dire dans la société "normale, hors "sectes"). Il notait dans notre pays une forte augmentation des maltraitances pour négligences lourdes et violences psychologiques. Il fait état de 97 000 cas d’enfants maltraités ou en danger au cours de la seule année 2005 !

Faire peur pour justifier la répression

Jean-Paul Willaime, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études et sociologue des religions, a relevé, dans le journal Réforme du 11-17 janvier 2007, que le rapport parlementaire tendait à rétablir un régime des cultes reconnus (régime institué par Napoléon), en stigmatisant certains groupes et en ignorant les dérives sectaires des religions constituées. Diffuser un chiffre de 80 000 enfants victimes, en assimilant systématiquement les enfants dont les parents appartiennent à certains groupes à des victimes, « est irresponsable et n’a qu’un but : faire peur et justifier d’autant mieux les mesures plus répressives ».

Ce qui d’ailleurs s’est vérifié un peu plus tard, le 5 mars 2007, avec la loi réformant la protection de l’enfance a été promulguée (n° 2007-293, Journal Officiel du 6 mars 2007). Ce texte élargit la peine de six mois d’emprisonnement et de 3 750 € d’amende à tous les refus de vaccination ! Jusqu’ici, suivant la vaccination, les pénalités n’étaient pas les mêmes. Désormais, la peine la plus lourde est assénée à tous les refus parentaux de vaccination, sans qu’il y ait eu un vrai débat public autour de cette mesure qui n’a pu être votée que parce que quelques députés avaient agité le chiffon rouge des "sectes". La presse généraliste d’information s’est désintéressée de cette question.

Alors, si, parfois, on peut accuser certains mouvements de troubler l’ordre public, c’est parce que des opposants vocifèrent pour les empêcher de s’installer dans un quartier ou une ville, ou de se manifester publiquement, comme cela arrive très souvent contre les témoins de Jéhovah ou l’église de scientologie, les principales bêtes noires, avec les raëliens, des antisectes.

Autre preuve de la bonne composition des "sectes", quoiqu’on en dise. Malgré l’esprit d’inquisition et l’ostracisme dont ils sont victimes, qui font perdre leur travail à certains, qui jouent souvent en leur défaveur dans les procédures de divorce, par exemple, les membres de ces groupes restent calmes. De leur part, pas de réaction violente pour se faire entendre, pas de voiture en feu, pas de saccages de bureau de ministère, pas de tir sur les préfectures, mais appel à la raison, à la discussion, à une meilleure prise en compte des réalités, au jugement loyal et impartial, etc. (1)

En vain jusqu’à aujourd’hui : leur parole dans les lieux de débat public est officieusement, mais réellement, interdite. Et, sur ce thème, les journalistes sont dispensés (par eux-mêmes mais avec la bénédiction des pouvoirs publics) du respect de leur déontologie. A quelques très rares exceptions près, comme ce hors-série du Monde des religions qui, pour la première fois, sollicite l'intelligence du lecteur, au lieu de chercher à seulement lui faire peur...

(1) Et parfois, quand tout cela s'est avéré inutile, saisie de la justice (pour les groupes ou les personnes qui en ont les moyens. Les autres subissent en silence).

> A suivre :

15 - L'arsenal français contre les "sectes" est unique au monde

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