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La métaphysique, une réponse à la quête des jeunes

Qui suis-je et que fais-je sur Terre ? Ces questions, même des très jeunes enfants se les posent. Mais personne pour y répondre car, dans notre société plus avide de confort matériel que de métaphysique, rares sont les personnes capables de donner une réponse satisfaisante à des jeunes en recherche.

Par Paul Vinel

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Paul Vinel.

"Le débat sur la laïcité est devenu hautement inflammable. Il est l’otage de manieurs d’idées, qui n’en sont plus à leurs premières outrances. » C’est le NouvelObs qui le dit ! La place des religions dans notre France laïque est encore et toujours un sujet de controverse.

Les religions existent depuis la nuit des temps et ne sont pas prêtes de disparaitre. Le plus souvent elles ont été facteur de civilisation, nombreux sont les bienfaits apportés par elles : repos hebdomadaire, enseignement, soins hospitaliers, œuvres sociales, abolition de l'esclavage, Droits de l'Homme, etc... La liste est longue. Mais de tout temps des guerres de religion ont également existé, et cette situation va perdurer.

La naïveté n’est pas de mise face à certains excès car les religions peuvent aussi être facteur de violence, car même si elles sont d'inspiration divine, elles sont aussi et surtout mises en œuvre par des humains. Ni entièrement bonnes, ni entièrement mauvaises, elles sont ce que leurs membres en font.

L'interdiction des signes religieux ostentatoires au sein de l'école publique était une idée attractive : elle devait offrir aux écoliers un environnement neutre, exempt de tout prosélytisme religieux. Mais elle a totalement échoué : les apprentis djihadistes qui ont tenté de se rendre en Syrie ou en Irak, ou commis des attentats en France, ne sont pas issus d'écoles religieuses, mais ont tous été éduqués dans des écoles publiques vides de tout symbole religieux.

Comment cela a-t-il été possible ?

Personne pour les guider

Comme l’a dit Hubert Reeves, célèbre astrophysicien, nous sommes tous des poussières d'étoiles perdues en plein Univers. Et chacun de nous un jour ou l'autre s’est posé la question : qui suis-je et que fais-je sur Terre ? Cette question, même des très jeunes enfants se la posent. Mais personne pour y répondre car dans notre société plus avide de confort matériel que de métaphysique rares sont les personnes capables de donner une réponse à des jeunes en recherche. Et quand survient un recruteur djihadiste avec des fausses réponses, certains de ces jeunes le croient et le suivent. Voilà comment nos jeunes deviennent des criminels immondes : ils cherchaient un sens à la vie, mais personne pour les guider !

De toute évidence l’obscurité en elle-même n’existe pas, il s’agit juste d’un concept utile pour qualifier l’absence de lumière. N’existant pas, l’obscurité ne peut donc être supprimée, cependant une simple bougie suffit à la faire reculer. Il en va de même de l’obscurantisme : impossible à éradiquer mais facile à faire reculer grâce à un apport de connaissances vraies !

Faire revenir Dieu à l’école

Cela est le rôle des média, mais surtout le rôle de l’enseignement. Après avoir chassé Dieu des écoles, il est urgent de l’y faire revenir. Le vide métaphysique dans lequel les jeunes ont été abandonnés, a permis aux recruteurs djihadistes de les embrigader dans leur entreprise haineuse. Un enseignement du fait religieux pour ouvrir des horizons aux élèves tout en les laissant libres de leurs choix futurs, est à mettre en place de toute urgence.

Dans notre monde globalisé, la multiplicité des opinions, des croyances religieuses et philosophiques est inéluctable. De ce fait la liberté de conscience, déjà inscrite dans notre Constitution, est tout simplement incontournable. Mais comme toute liberté, elle s'arrête là où la liberté des autres commence. Le Code de la route a permis la libre circulation des véhicules et des individus tout en assurant leur sécurité. De même la laïcité doit permettre la liberté de conscience et d’expression de chacun tout en respectant la dignité de tous.

Une noble tâche !

> Nouvelobs : 50 nuances de laïcité... Et vous, quel laïque êtes-vous ?

Les « sectes », si seulement nous les avions laissé tranquilles !

Ah ! Si seulement nous avions laissé tranquilles les « sectes », aujourd’hui notre vie serait plus colorée et bien plus drôle. Et les jeunes en quête d’idéal seraient certainement moins tentés par les massacreurs islamistes.

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Paul Vinel.

Par Paul Vinel

Aujourd’hui nous croiserions dans nos rues des dévots de Krishna en robe safran, une touffe de cheveux au milieu de leur crâne rasé, agitant une petite clochette et psalmodiant sans fin « Hare Krishna, Hare Krishna,… ». Pour nous déplacer, plus besoin de moyens polluants, juste monter sur notre tapis volant, installés dans la plénitude transcendantale, planant au-dessus des encombrements et des turbulences de la vie. Les adeptes des Elohim, vêtus des couleurs de l’arc en ciel, nous initieraient aux charmes de la méditation sensuelle et nous inviteraient à voyager dans les étoiles. Et bien d’autres…

Ah ! Si nous avions laissé tranquilles les sectes, aujourd’hui notre vie serait plus colorée et bien plus drôle. Surtout nous entendrions moins des « Allahou Akbar », et davantage des « Alléluia, Dieu tout puissant ». Parce qu’à la question inquiète des jeunes en recherche, « quel avenir pour nous, quel sens à notre vie ? », les amis de Jehova, Bible sacré à la main, auraient répondu, la main sur le cœur et avec la foi du charbonnier : « le Paradis sur Terre », et leur auraient enseigné la non-violence et l’amour du prochain.

Quelle tranquillité aujourd’hui cela serait ! Mais cela n’est pas.

Les adorateurs de la déesse Raison rejettent le sacré et le divin qu’ils ne comprennent pas, et les qualifient de balivernes et de superstitions. Ils se sont opposés avec force à toutes les sectes, petites ou grandes, bonnes ou moins bonnes. Et dans leur volonté de les éradiquer, ils ont leurré le peuple de France, ont mobilisé tous les média à leur service, les utilisant comme armes de manipulation massive, et ils ont fait voter des lois discriminatoires. Les sectes ont été privées de parole, discréditées, réduites à se taire.

Mais en même temps, à la question des jeunes en quête d’idéal, « quel avenir pour nous, quel sens à notre vie ? », les adeptes d’un islam violent et conquérant ont répondu : « l’Enfer sur la Terre et le Paradis d’Allah aux massacreurs ! » En l’absence de toute autre réponse, face au silence de nos responsables politiques, ces jeunes remplis d’énergie et avides d’action les ont crus et les ont suivis !

Aujourd’hui, notre société humaine est confrontée à des crises d’une extrême gravité. La plus grave sans conteste est la pollution généralisée qui met en danger la survie même de notre humanité. La seconde crise est l’augmentation constante du chômage. Certains pour la juguler proposent d’augmenter encore la consommation au risque d’aggraver davantage encore la pollution. Enfin la troisième crise concerne tous les conflits armés dans le monde, et plus récemment l’apparition et l’extension du terrorisme islamique. Désormais il n’existe plus d’endroit dans le monde où la paix et la tranquillité soient assurées.

Parce que toute occupée à améliorer le confort matériel des individus, notre société a largement négligé les aspects religieux et spirituels de l’existence. « Dieu est mort » entendions-nous. Et quand les terroristes islamistes ont crié « Allahou Akbar », gloire à Dieu, cela a été la sidération, un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Que des anges de la mort rendent gloire au Créateur de toute vie, et voilà toutes nos valeurs fondamentales sens dessus dessous. Les cycles de vie et de mort se suivent et s’enchainent, mais Dieu, lui, ne meurt jamais. Il est l’Eternel Présent. Nous avons voulu l’éliminer en interdisant sa présence dans les écoles, mais il s’est juste manifesté ailleurs avec encore plus de force. Et s’il faut regretter une seule chose, c’est justement cette absence de Dieu dans nos écoles : à cause d’elle nos écoliers sont des ignorants en religions, incapables de faire la différence entre une doctrine intolérante et haineuse, et une doctrine d’amour respectueuse des convictions des uns et des autres. Il est urgent que Dieu retrouve sa place dans toutes nos écoles. Il est urgent d’éduquer tous nos enfants au fait religieux et de former leur capacité de jugement afin de leur permettre des choix éclairés.

Le développement foudroyant du terrorisme islamique a démontré que des individus étaient capables de tout abandonner pour poursuivre un rêve, le paradis d’Allah, rêve utopique et criminel certes, mais rêve assez fort pour les mettre en action. Parce que la nature humaine ne se satisfait pas seulement du simple confort matériel, elle aspire aussi à une vision transcendante de son passage sur Terre, elle aspire à dépasser sa seule constitution matérielle, elle aspire à une vision supra-matérielle de soi-même. Le Général de Gaulle avait bien compris ce besoin inné de transcendance pour chacun. Ce pourquoi aux français, il parlait de « la grandeur de la France ». Depuis nous avons oublié. C’est la force des islamistes d’avoir pris conscience de ce besoin vital enfoui en chaque individu et d’avoir su l’utiliser dans leur funeste projet. La guerre qu’ils nous ont déclarée n’est pas seulement militaire, elle est également une guerre des idées, des croyances et des valeurs, une guerre religieuse et spirituelle en somme.

Mais qui a les capacités pour les affronter sur ce nouveau champ de bataille ?

Un contre-discours à la propagande islamiste est urgent à mettre en place. Les islamistes ont eu l’idée géniale d’appuyer leur discours sur « la volonté d’Allah », autorité suprême et difficile à contrecarrer. Nos dirigeants n’ont jamais été formés au langage religieux. Ils sont incapables d’élaborer une doctrine basée sur de tels concepts. De même les groupements athées ou laïques : la plupart d’entre eux ont les religions en horreur, le langage religieux les indispose. Les religions officielles ont elles des arguments à faire valoir : c’est leur rôle. Mais elles ont également des problèmes à résoudre : leur audience a largement diminué et leur message devient dès lors inaudible. Même les autorités musulmanes peinent à élaborer un contre-discours et à se faire entendre. Leurs divisions internes et les interprétations multiples du Coran en sont la cause.

Restent cependant les minorités de conviction : celles-là même que nous avons refusé d’entendre. Largement décriées et dénigrées ces dernières années, accusées d’être sectaires, elles se sont forgées une identité dans l’adversité. Prosélytes, le langage religieux et les controverses leur sont familiers. Elles comportent des individualités brillantes, sont très diverses et proposent des réponses concrètes à de nombreuses questions existentielles. Elles offrent des perspectives à tous ceux qui recherchent une transcendance, un sens à leur vie au-delà du simple confort matériel. Longtemps reléguées sur le banc de touche, leur motivation à convaincre est grande. En pays musulman, certaines ont amené des musulmans déçus à les rejoindre. En prison, l’initiation à la méditation a permis la diminution de la violence et des récidives. Les minorités de conviction peuvent apporter beaucoup à notre société dans sa lutte contre la violence et la haine. Il est plus que temps de comprendre qui elles sont vraiment, d’étudier leurs diverses propositions, de voir comment les intégrer dans une stratégie globale.

Le temps n’est plus de subir passivement la violence, il faut mettre un terme aux actions terroristes. La guerre qui nous est imposée est d’ordre religieux : vouloir nous imposer un islam rigoriste par tous les moyens imaginables. Les actions militaires et policières sont certes indispensables, mais elles ne peuvent éradiquer à elles seules l’idéologie totalitaire sous-jacente.

Seuls un discours religieux et des outils spirituels peuvent permettre ce résultat.

> A voir :

 

Aveuglée par son obsession antisectaire, la Miviludes a laissé libre champ au terrorisme islamiste

De 2002, date de sa création, à 2014, la Miviludes a ignoré les loups, issus de sectes ouvertement meurtrières, qui s’installent sur son territoire. Elle a préféré pourchasser les mouches pacifiques des minorités spirituelles et des alter-médecines. Résultat : un contresens mortifère et qui, malheureusement, perdure.

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Durement touchée par les attentats depuis janvier 2015, la France est le pays européen qui déplore le plus de morts lors d’attaques terroristes depuis 2004. Et le nombre de ces attaques ne cesse d'augmenter : Charlie Hebdo, Hyper Cacher, Paris, Saint-Denis, Saint-Quentin-Falavier, Magnanville, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray et plusieurs tentatives heureusement déjouées ou avortées...

France attentatsÉtrangement, la France est en même temps le pays qui dit être le plus acharné contre les « dérives sectaires ». Elle se dit « en pointe » dans ce domaine, grâce à l’imposant arsenal législatif, judiciaire et policier qu’elle a mis en place ces dernières années : Miviludes (lutte contre les dérives sectaires) dont le salaire du président a été multiplié par deux, Caimades (police spécialisée antisecte), loi About-Picard (loi punissant les « dérives sectaires »), associations antisectes financées par l’Etat (Unadfi, CCMM, Gemppi, etc.), innombrables campagnes d’alerte, millions d’euros dépensés chaque année…

Le problème – et il est de taille – est qu’elle s’est toujours acharnée contre des individus et des mouvements pacifiques en ignorant en même temps totalement les membres de groupes dangereux revendiquant ouvertement leur volonté de tuer.

Cécité face aux vraies menaces

La question de la création d’outils de prévention et de lutte contre la radicalisation islamiste a été extrêmement tardive. Elle n’a commencé à être prise en compte par la Miviludes qu’en 2014, elle qui existe depuis 2002. Ce n’est que depuis cette année-là, soit plus de 30 ans après les premières alertes sur les dérives sectaires islamistes !, que la Miviludes « travaille » sur « la détection et la prévention des comportements radicaux » islamistes.

Il est vrai que cette instance interministérielle n’a pas été aidée par l'Etat qui, tous gouvernements confondus[1], a été tout aussi aveugle et de parti pris : « Depuis les années 80, déplore dans le Figaro en mai 2015 Jeannette Bougrab, universitaire française devenue maître des requêtes au Conseil d'État, la France sous-estime la montée et la radicalisation de l’islam. (...) Les élites ont préféré se couvrir les yeux plutôt que de prendre la mesure des conséquences désastreuses de l’abandon de notre modèle républicain. J’ai tenté d'alerter à travers des écrits et des conférences sur la gravité du phénomène de radicalisation de jeunes musulmans, pour certains récemment convertis. Mais on a parfois la terrible impression que les gens s’habituent aux violations des droits les plus fondamentaux. »

Cette cécité totale face aux vraies menaces a été en revanche doublée d’une psychose paranoïaque face aux mouvements spirituels minoritaires (autres qu’islamistes) et aux médecines douces, et d’un acharnement sans faille depuis vingt ans à leur égard.

Dès 2005, les RG alertent sur la menace islamiste

Exemple frappant, en février 2005, un article du Monde rapporte la teneur d’un rapport sur le mouvement salafiste en France qui a été remis au ministre de l'intérieur par la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) : « Le terreau est favorable, la plante grandit et ses racines ne sont pas compatibles avec celles de la République. (…) [Le texte] dresse une cartographie de ses zones d’influence actuelles. Il aborde également ses modes d’action dans les quartiers sensibles, où il compte la plupart de ses militants et sympathisants, soit plus de 5 000 personnes au total, dont environ 500 constituent le noyau dur.

» Selon les RG, les salafistes contrôlent actuellement [en 2005] une quarantaine de lieux de culte sur l’ensemble du territoire et mènent des tentatives de déstabilisation dans une quarantaine d’autres, afin d’y prendre le pouvoir.

Dans un article de La Croix du 19 mars 2017, Didier Leschi, ancien chef du bureau des cultes au ministère de l’intérieur évoque le moment d'anthologie où il a tenu tête, s'appuyant sur des "faits et non sur des rumeurs", à Georges Fenech, alors président de la Miviludes. Lors de cette audition, il avait ajouté, concernant l'islam en France : « Ces dérives liées à l’Islam, cette attention, nous voudrions la faire partager à la fois par la Miviludes et par les associations de défense des victimes, or force est de constater que ce segment des dérives sectaires suscite peu l’attention, manifestement, les familles de ces jeunes n’intéressent pas, pas plus que les victimes». 

» L'étude de la DCRG montre que le salafisme, mouvance éclatée en perpétuelle évolution, a étendu son influence ces dernières années sur la quasi-totalité du territoire. En 2000, cette conception radicale de l’islam rassemblait des adeptes dans six régions ; aujourd'hui quatre seulement sont épargnées (la Basse-Normandie, la Corse, le Limousin, Poitou-Charentes). Pour les policiers des RG, le salafisme est l’antichambre privilégiée des jeunes islamistes qui épousent ensuite l'action violente ».

Cette même année, à la suite des attentats de Londres, la France avait relevé le niveau d’alerte du plan Vigipirate. Les renseignements généraux surveillaient très attentivement une quinzaine de petits groupes de radicaux islamistes sur le territoire. Il s’agissait d’individus, près de 150 au total, ­ ayant un engagement religieux extrémiste et des « velléités d'action délictueuses », selon l’expression d’un responsable policier.

La Miviludes muette sur la menace djihadiste

Ces dérives sectaires-là, qui auraient dû théoriquement entrer en urgence en tête de ses préoccupations si l’on en croit les objectifs qui lui ont été assignés, la Miviludes les ignore, alors même que la dangerosité de ces personnes est avérée et que le caractère « sectaire » de la déviance est manifeste [2].

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Dans le Journal Officiel du 29 novembre 2002.

Non, cette année-là, elle publie un rapport qui ne dit pas un mot sur les risques islamistes et se concentre sur un prétendu "fléau social" : « À l’écoute des victimes et de leurs familles, la Miviludes dresse aujourd’hui un constat inquiétant des dommages provoqués par l’emprise exercée par des personnes ou des organisations se conduisant en maîtres à penser. De telles dérives se produisent dans tous les secteurs de la vie sociale, soins et santé, formation continue et soutien scolaire, sports et activités culturelles, groupes ésotériques ou mystiques. Elle relève que de nouveaux organismes apparaissent presque chaque jour, sans qu’aucun point du territoire ne soit épargné, ces micro-structures étant souvent beaucoup plus difficiles à cerner que les grandes organisations bien connues ».

Le danger, dans ce domaine, n’est pas apparent, mais la Miviludes se dit experte pour démasquer les escrocs : « Dans le registre de la séduction, écrit-elle dans son rapport, certaines organisations sectaires prônent, par exemple, la lutte contre la toxicomanie, le refus de la violence ou la défense des droits de l’enfant. Avant d’exercer la moindre critique à l’encontre de la générosité ainsi affichée, l’État va devoir apporter la preuve que ce beau langage est un leurre et qu’il dissimule une volonté de prosélytisme et de mise en situation de dépendance ou d’emprise mentale ».

Pour la France, les « sectes » sont plus une menace que les islamistes

Fenech & Blisko

Georges Fenech (à g.) et Serge Blisko, l'ancien et le nouveau président de la Miviludes.

Éprouvant d'énormes difficultés à administrer cette preuve, la Miviludes va, quelques années plus tard, imaginer un autre moyen pour convaincre les Français que lutter contre les minorités spirituelles et les thérapies non conventionnelles (médecines douces), qualifiés de « dérives sectaires » pour la cause, est autrement plus important urgent que d’œuvrer à stopper le virus djihadiste.

Elle va commander elle-même à Ipsos un sondage qui va aboutir, en 2010, à des résultats qu’aucun journaliste, d'ailleurs, n’a eu l’idée d'approfondir : les sectes (il n’était pas question des sectes islamistes) constituent une menace « importante » pour la démocratie selon 66 % des Français. 42 % d'entre eux les perçoivent comme une « menace pour leur entourage familial et amical ».

Et, plus extravagant encore, 20 % des personnes interrogées connaissent dans leur entourage une ou plusieurs « victimes de dérives sectaires » : soit un Français sur cinq ! De quoi, si cela était vrai, déclencher une mobilisation nationale immédiate, ainsi qu'un plan massif de protection. Il n'en a rien été.

En fait, ce sondage, largement répercuté sans esprit critique par la presse, ne repose sur rien d’objectif ni de factuel : il peut être analysé, tout au plus, comme le fruit réussi de la propagande antisecte de l’État.

Les « gourous » ne posent pas de bombes

La liste des mouvements et personnes injustement discriminés par la Miviludes est trop longue pour être rapportée ici. Les personnes intéressées peuvent consulter ses rapports annuels et les documents thématiques qui fourmillent d’accusations sans preuve et de dénonciations calomnieuses.

Ou voir ici pour la seule question des médecines non conventionnelles.

Les groupes et les personnes visées, qualifiées d’escrocs ou de « gourous », par la Miviludes ont parfois tenté de se défendre devant la justice. Mais, attaqués également par les médias et jugés par des magistrats formés dans ce domaine par la Miviludes et des associations comme l’Unadfi, ils avaient peu de chances d’être entendus. Comme ils n’ont pas posé de bombe ni assassiné personne, la moderne inquisition d’État a pu continuer tranquillement à les ignorer avec le soutien exprès des grands médias et d'un grand public complètement manipulé.

Le pouvoir exécutif, engagé sur une mauvaise conception de la « dérive sectaire », est impuissant à comprendre, encore moins à résorber, la vraie menace des vrais adversaires de la République que sont les djihadistes, qui ne s’embarrassent pas des subtilités du « débat démocratique ».

Les « gourous », eux, ne posent pas de bombes. Mais c’est ceux-là que la Miviludes pourchasse effectivement.

> Bref, si je devais résumer mon sentiment, l'aveuglement de la Miviludes, sa polarisation sur des mouvements qui s’écartent de la doxa laïque et scientiste, l'ont empêchée de voir les vrais dangers.  Mais il y eut aussi la peur de s'attaquer au dossier chaud, politiquement parlant, des différentes mouvances musulmanes en France. Il y a peu de risque à taper sur des personnes ou des groupes pacifiques et qui ne peuvent guère se défendre. En ce cas, la République est "en pointe". Quand il s'agit de s'attaquer aux groupes et aux discours de haine qui appellent à la destruction du pays, on est moins vaillant... Combien de morts et de blessés faudra-t-il encore pour que la France se réveille et modifie enfin son attitude ?

[1] Il y eut bien quelques exceptions, mais, comme souvent, elles n’ont pas été entendues. Ainsi, le député Benoît Hamon avait trouvé dommage que sur un sujet aussi sérieux que la burqa dans la République, on ne parle pas des mouvements qui inspirent ce type de militantisme radical religieux « notamment les mouvements salafistes » (le Figaro du 24 janvier 2010). Il avait ajouté que « si le gouvernement veut aller au bout, qu’il inscrive les salafistes au registre des sectes et des mouvements sectaires ». Mais on aurait alors risqué de mécontenter les « bons » musulmans et de dépasser les limites de l’État de droit. Pourtant, en 1995, les députés n’avaient pas hésité à sortir de l’État de droit en publiant, sans enquête ni débat, une liste de 175 mouvements supposés sectaires. Et il n'y avait dans cette liste ni l'Ordre du temple solaire, ni les groupes islamistes. De même, la Miviludes ne s'est jamais gênée pour établir – sans procédure scientifique ni contradictoire, bafouant sans crainte d'être réprimandée la présomption d'innocence envers les praticiens concernés – des listes des médecines douces présentées comme "à risque sectaire" (voir plus loin).

[2] Il faudrait réserver le mot « sectaire » aux mouvements qui, comme Daech ou Boko Haram, revendiquent ouvertement leurs crimes (viols, assassinats, attentats, etc.) au nom d’une idéologie à consonance religieuse ou politique.

> Voir aussi :

- Attentats, Nouvel Age.- Lutte contre toutes les « sectes » : les raisons d’un fiasco par Débredinoire.

- Analyse : Djihadisme et "dérives sectaires", par Jean-François Mayer, historien, fondateur de Religioscope.


Une mission d’enquête parlementaire sur trente ans de politique nationale antisecte

A l’initiative du parti Arc-en-ciel (AEC), les députés ont décidé ce 21 mars 2016 la création d’une commission d’enquête parlementaire sur « la façon dont le pays lutte contre les sectes depuis le début des années 80 jusqu’à aujourd’hui ».

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Séance d'une commission d'enquête parlementaire. Photo : Assemblée nationale.

Décontenancés par les attentats perpétrés par des sectes terroristes en 2015, un certain nombre de parlementaires, interpelés par des parents de victimes et par des articles de presse, ont voulu comprendre pourquoi, alors que la France est « lourdement engagée depuis plus de trente ans dans la lutte contre les sectes, notre système institutionnel n’a pas su prévoir ni endiguer la montée des dérives sectaires djihadistes sur le territoire ». Il faut donc effectuer un « diagnostic sans concession » de ce système pour pouvoir proposer, éventuellement, des « pistes de réforme ».

La commission sera présidée par le député centriste Abou Pikar. Jacques Renard (divers gauche), qui préside le groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale, a été désigné rapporteur.

Une sous-catégorie de citoyens

Dans l’exposé des motifs présenté par Bernard Ammoytier (droite), les députés disent vouloir « mesurer l’efficacité de [cette] politique ». Ils s’interrogeront en effet sur les raisons qui ont motivé la constitution de quatre commissions d’enquête (un record absolu pour une seule thématique), la création de la Miviludes et d’une police spécialisée, le financement public des associations dites « antisectes », le vote de lois spécifiques « visant une sous-catégorie de citoyens », etc. Le tout pour aboutir à la multiplication des groupes sectaires (116 en 1982, 172 en 1995, plus de 800 aujourd’hui), à l’explosion des signalements de dérives sectaires, notamment dans le domaine de la santé, et à l’engagement de nombreux jeunes Français dans le fanatisme islamiste.

Les « sectes » : un problème « mal posé »

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Le sociologue Jacques Pourdieu. Dessin : JL ML.

Selon le sociologue Jacques Pourdieu, la politique française de « lutte contre les sectes » repose sur une base « totalement erronée » : les « adeptes » de ces mouvements, tout comme les jeunes recrues des djihadistes, seraient en quelque sorte « envoûtés » par les groupes manipulateurs qui emploieraient des techniques visant à « annihiler leur libre arbitre ». Leurs comportements seraient ainsi téléguidés ; l’emprise mentale de leurs mentors sur leur conscience serait LA cause de leur dérive et de leur changement de vie.

« Certes, on ne peut nier l’existence de propagandes, de tentatives de suggestion et de séduction, admet Jacques Pourdieu. Mais un sujet humain est et reste un sujet ! Il existe toujours une part de choix, d’adhésion volontaire en tout individu. C’est son désir de donner un sens à sa vie, c’est son besoin de transcendance qui le font opter pour telle ou telle perspective autre. En fait, le peu d’attrait des religions, des schémas idéologiques ou médiatiques entourant le candidat à la conversion face, en contraste, à l’excitation de voies exaltantes parce que semblant absolues, constitue LA vraie faille de tout le système. Donc, en se contentant de diaboliser l’offre « différente », au lieu d’améliorer, d’enrichir et de diversifier l’offre existante, les pouvoirs publics et la presse s’interdisent toute compréhension juste et, par là, tout traitement adéquat du problème ».

Les parlementaires ont tenu, cependant, à souligner « le rôle indispensable d’accueil des angoisses et d’écoute » des familles tenu tant par la Miviludes que par les associations dédiées, affirmant que leur investigation portera surtout « les suites qui sont données à ces signalements ». Nombre d’observateurs, notamment dans le milieu scientifique et à l’étranger, ont en effet critiqué « la partialité, l’agressivité, le non respect de la présomption d’innocence, la discrimination arbitraire et l’abus de pouvoir » des instances qui luttent contre les sectes.

Une information neutre et indépendante

Le président de la commission a évoqué en conférence de presse la possibilité de :

- faire évoluer la politique nationale « du tout répressif vers une meilleure connaissance et une reconnaissance sociale, sous des conditions à définir, de certains groupes et voies thérapeutiques empruntées » ;

- remplacer l’arsenal existant par « une information neutre et conçue par des experts indépendants, [ainsi que par] un dispositif de recueil des plaintes impartial intégrant le principe du contradictoire et adossé à un mécanisme éthique de médiation ».

Les élus devront rendre leurs conclusions à la mi-octobre.

(Rubrique : Infaux)