Présidentielle : pourquoi je ne présente pas ma candidature


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Après mûre réflexion, j’ai décidé finalement de ne pas présenter ma candidature à l’élection présidentielle de 2012. Voici pourquoi.

 

Comme tout citoyen français, j’ai la possibilité de briguer le poste de président de la République. Mais je ne le ferai pas pour 2012  : l’action politique institutionnelle ne me semble pas le premier moyen de « changer la vie ».

 

Car, en fait, tout est politique et ce qui se passe dans l’âme du citoyen est plus important encore que ce qui se décide collectivement. Le jeu collectif est une résultante  : il dépend en effet de la qualité de chaque individualité. Agir sur les mécanismes institutionnels, s’unir pour imposer une vision du monde à une minorité d’autres citoyens, c’est déjà, en quelque sorte, intervenir après la bataille.

 

Le vrai combat, c’est celui que chacun de nous livrons en nous-mêmes contre les forces ou l’inertie qui nous détournent de notre idéal. Le vrai combat, c’est celui de mobiliser, au contraire, les forces qui nous grandissent, nous ouvrent, nous confortent et nous délivrent de la peur.

 

Tant qu’il a peur de quoi ou de qui que ce soit, l’homme est fragile et cherche hors de lui-même, dans le groupe et les idéologies notamment, sa protection. Pour se défendre, et défendre ceux qu’il appelle les siens, il est prêt à beaucoup d’accommodements, jusqu’à l’extrême limite, celle au-delà de laquelle il perd son âme.

 

Pour sa sécurité, il peut "vendre" sa liberté.

 

Or, s’il perd son âme, il perd l’essentiel. Et quand perd-il son âme  ? Quand ce qu’il fait n’est plus en résonnance avec ce qu’il sait ou avec ses idées. Pour moi, rien n’est plus précieux, rien ne nous apporte plus de joie que de vivre en harmonie avec notre pensée, avec notre conscience.

 

Car, pour ce faire, nous devons conjuguer idéal et vérité, rêve et réalité. Aspirons-nous à la grande fraternité universelle  ? Nous regardons d’abord nos actes, nos propres comportements et tentons de les faire coïncider avec nos espérances. L’expérience, le terrain, les actions concrètes nous apprennent si nous avons vu juste. Sinon, nous cherchons à déceler l’erreur, le faux raisonnement, le préjugé, la fausse croyance qui nous ont fourvoyés.

 

Alors nous nous corrigeons et progressons ainsi dans un perfectionnement continu.

 

Alors, et alors seulement, l’addition, le croisement, l’interfécondation de nos actes avec ceux des autres produiront une société ouverte, confiante et généreuse.

 

Mais si nous nous refermons sur nous-mêmes, si nous voulons défendre d’abord nos intérêts et ceux de nos proches  ? Alors, oui, il faut des lois, des contraintes et la force publique pour préserver l’intérêt général. Mais ces lois et cette force, maniées en bonnes intentions, seront détournées par celles et ceux qui n’auront pas fait ce "travail intérieur". Les conflits, les incompréhensions et les injustices continueront, nécessitant de nouvelles contraintes, de nouvelles lois. Jusqu’à désespérer le citoyen sincère.

 

C’est ce qui se passe aujourd’hui.

 

L’humanité est une grande famille qu’on ne peut diviser. Mais elle ne se vivra comme telle que dans la mesure où chacun compte d’abord sur lui-même pour « changer la vie ». En changeant « sa » vie.

 

Etant engagé dans cette voie, mais étant encore bien trop petit, je ne saurais pour l’heure être l’exemple enthousiasmant d’une telle perspective.

 

C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas présenter ma candidature à l’élection présidentielle de 2012.

 

J.-L M.-L.

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