Les groupes spirituels ou thérapeutiques, les personnes ou les entités controversées en général, sont parfois abordés par des journalistes prétendant « rétablir la vérité » à leur égard ou leur permettre enfin de s´expliquer honnêtement. C´est souvent un piège.
En effet, et j´ai recueilli plusieurs témoignages dans ce sens, il s´agit souvent d´une ruse, de la part du reporter, pour entrer dans la place et tourner des images "sur le vif" censées prouver la réalité des allégations de "dérives" (sectaires, charlatanesques ou autres). Aussi, j´ai estimé nécessaire de rédiger ces quelques précautions élémentaires.
Quand vous êtes approché, sur des sujets sensibles, par un journaliste qui veut faire un reportage sur vous ou vos activités, demandez-lui de :
- présenter sa carte de presse ;
- justifier (papier à en tête ou mail) son appartenance au média pour lequel il dit vouloir vous interroger ;
- rédiger une note expliquant l´objet précis et le cadre de sa demande ;
- pouvoir regarder le montage (ou la retranscription de l´interview pour la presse papier) avant de donner votre accord pour sa publication (il peut vous refuser mais vous pouvez le demander ; vous avez vous aussi le droit de refuser sa requête si vous n´avez pas la possibilité de voir le résultat avant diffusion).
En cas d´accord du journaliste pour une visualisation avant publication, avoir cet accord par écrit avant l´interview afin de pouvoir acter en justice dans le cas où il ne serait pas respecté.
Méfiez-vous en général des caméras cachées (souvent une paire de lunettes ou un stylo), de plus en plus à la mode. Voir tous les objets qui peuvent cacher une caméra.
Penser qu´un stagiaire peut être un journaliste déguisé, malgré le "s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque" qui figure dans la Charte des devoirs professionnels des journalistes.
Ayez bien en tête que la profession journalistique n´est pas régulée, que sa déontologie est laissée au bon vouloir des individus ou des rédactions et que vous n´avez pratiquement pas de moyens de recours hormis les médiateurs (rares et souvent défenseurs des rédactions dans ce domaine) ou la justice (longue, coûteuse et rarement au fait des subtilités de la problématique. De plus, la qualification de "secte" - qui peut pourtant détruire une existence - n´est pas une diffamation, la secte n´ayant pas de définition juridique)...
Il ne s´agit pas de réveiller la parano mais d´inviter à être lucide et vigilant. Je n´ai encore jamais rencontré un confrère qui ait réalisé un reportage ou un débat neutre et contradictoire, qui ne soit pas "à charge", sur la question des "dérives sectaires"..
>> C´est quand même terrible pour moi d´en arriver à devoir écrire ce genre de papier au sujet de ma propre profession. Mais je suis obligé de le faire pour la défense de la qualité de l´information et la sauvegarde du débat public...