Non, je ne rêve pas d’aller sur Mars !


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Dans son émission du 13 mars sur TF1 « On a marché sur l´Islande », Nicolas Hulot a tenté d’illustrer la vision de scientifiques qui comparent cette île, sous certains aspects, à la planète Mars. Il a même ouvertement épousé leur « rêve fantastique  : poursuivre l’aventure humaine ailleurs que sur la terre ». Cette attitude m’a choqué et déçu de la part de Nicolas. En effet, la colonisation spatiale me paraît être l’exact contraire de l’attitude écologiste.

 

Nicolas Hulot et un scientifique en Islande.

Quelle arrogance, quelle inconscience, de la part des Terriens, que de vouloir habiter une nouvelle planète alors que nous sommes en train de saccager la nôtre  ! Alors que nous ne sommes pas encore capables de cohabiter sans nous entretuer, d’exister sans épuiser les ressources ni sans contaminer les milieux, et sans détruire les écosystèmes.

 

Comment pouvons-nous vouloir coloniser un milieu vierge de toute dégradation, de toute pollution, en sachant très bien que nous ne saurons pas le respecter  ?

 

Je vois à cette fuite en avant deux motifs principaux  :

- la nécessité d’émigrer après avoir ravagé notre habitacle naturel  ;

- le développement de la connaissance.

 

Sur le premier point, si nous étions des individus responsables, nous appliquerions le principe de précaution  : pas de sortie hors notre orbite tant que nous ne sommes pas capables d’assurer la pérennité de notre écosystème. Déjà nous avons déréglé notre système atmosphérique et nous sommes à l’origine d´une pollution orbitale de 35 millions de débris et déchets spatiaux, dont plus de 8 000 gros objets.

 

Il me semble évident que le respect de l’écologie et le souci de la survie des générations futures nous commandent déjà de faire le ménage chez nous et de limiter notre expansionnisme.

 

Sur le second point, le développement de la connaissance, celle-ci, aussi fascinante et justifiée soit-elle dans la plupart des cas, doit, c’est en tout cas mon avis, tenir compte d’autres paramètres pour établir des priorités. Ainsi, j’estime que les milliards de dollars dépensés pour cette conquête seraient mieux consacrés, dans un premier temps, à la fourniture de l’eau potable à toutes les populations de la terre, à l’établissement de circuits alimentaires durables partout dans le monde, à l’accès aux soins pour tous les peuples, bref à assurer les besoins essentiels de l’humanité de manière durable.

 

Il ne s’agit pas de vouloir freiner la science. Mais d’avoir le cœur – ou au moins la décence – de favoriser une vie digne pour tous avant d’aller aussi loin.

 

À ceux qui placeraient plus haut que tout l’investissement dans l’exploration de notre cosmos, je pose cette question toute simple  : « Si votre enfant était malade, si vous-même et votre famille étiez à la rue, si votre femme et votre fille étaient contraintes de se prostituer pour seulement survivre, et que l’on vous offrait le choix de dépenser quelques dizaines de milliards de dollars, continueriez-vous à donner priorité à la conquête spatiale  ? »

 

Vous me rétorqueriez sans doute : « Mais pourquoi opposer ces catégories de dépenses  ? On peut très bien les faire cohabiter ».

 

À quoi je répondrai  : « Oui, mais tant que l’assouvissement des besoins essentiels pour tous n’est pas la priorité de nos programmes politiques ou scientifiques, les dépenses qui ne sont pas indispensables à la survie de tous sont illégitimes ».

 

Je sais que je ne serai peu entendu sur ce point, tellement abstrait est devenu le troisième terme de notre devise nationale…

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