Les 15 morts font la « une ». Les 13 000 morts par iatrogénèse sont ignorées sauf de quelques connaisseurs, qui « regrettent » la situation. En attendant, l’hécatombe continue…
La plupart des médias font leur gros titre avec le Mediator, ce médicament anti-diabète qui aurait provoqué la mort d´au moins 500 personnes depuis 1976 en France.
C’est l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) qui, après avoir interdit ce traitement il y a tout juste un an, a donné l’alerte le 16 novembre 2010.
L’absence de mise en perspective de la part des médias n’a toujours étonné : 500 morts sur 33 ans, cela fait un peu plus de 15 morts par an.
15 morts de trop certes, mais pourquoi fait-on silence total à propos des au moins 13 000, voire 18 000 décès avérés par an causés par iatrogénèse, c’est-à-dire qui ont une origine médicamenteuse ? Si on multiplie ce chiffre par 33 pour avoir une grossière estimation du nombre de morts causées par les médicaments sur la même période, on obtient près de 430 000 morts !
Pourquoi ne parle-t-on jamais de ces morts-là ?
Peut-être parce qu’on n’a pas trop envie de savoir…
Lors de l’audition de MM. Claude Huriet, président, et Dominique Martin, directeur de l´Office national d´indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (Oniam), le 6 décembre 2005 au Sénat, Anne-Marie Payet, rapporteure, a voulu savoir si cet organisme disposait de « statistiques relatives à la survenance d´accidents médicamenteux en France ». Elle a rappelé à cette occasion que les chiffres les plus couramment avancés font état de « 140 000 hospitalisations provoquées par des accidents médicamenteux et 13 000 décès avérés, sans compter les accidents bénins qui ne font pas l´objet d´une déclaration systématique ».
Son président a indiqué que l´Oniam n´établissait pas de statistiques particulières relatives aux accidents médicamenteux.
La sénatrice a alors voulu connaître les raisons de la survenance des accidents médicamenteux. Elle s´est interrogée sur « la pertinence de certaines statistiques selon lesquelles, pour les malades âgés de plus de soixante-dix ans, une ordonnance sur dix pose des problèmes de sécurité et une sur cinquante serait dangereuse ».
Claude Huriet a indiqué à nouveau que « les données statistiques sur les accidents médicamenteux sont parcellaires et qu´il n´existe pas de recueil spécifique de données relatives aux accidents provoqués par des prescriptions inadaptées ».
Dominique Martin a insisté sur « le caractère complexe des accidents médicamenteux qui peuvent avoir pour origine plusieurs causes : la défectuosité du produit, des effets indésirables ou une prescription inadaptée. Dans ce dernier cas, la probabilité de survenance d´un accident est plus forte dans deux situations particulières : une mauvaise association médicamenteuse ou l´absence de surveillance du patient durant le traitement prescrit ».
Claude Huriet a « regretté que les prescriptions comportant des associations polymédicamenteuses soient monnaie courante. Les pouvoirs publics doivent réfléchir aux moyens de faire évoluer cette situation ».
L´Afssaps communique bien, parcellairement, des informations sur ces effets secondaires. Mais à quand une information honnête et exhaustive dans ce domaine ? A quand des publications complètes, et surtout impartiales, sur les désastres d’une certaine médication chimique ?
La transparence est un mot qui fait encore très peur à nos institutions. Peut-on décemment espérer que Nora Berra, la nouvelle secrétaire d´Etat à la santé, qui a travaillé pendant dix ans pour de grands laboratoires pharmaceutiques, voudra faire toute la lumière sur ces aspects bien sombres de notre médecine ?