Liberté thérapeutique

Médecines douces : les premières évaluations du ministère de la santé


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Le ministère de la santé prétend donner une « information claire et objective » sur les « médecines alternatives, complémentaires, douces ou naturelles ». A ce jour, six de ces pratiques ont été étudiées.

Méd douces Min santé

Cliquer sur l'image pour accéder au site du ministère.

« Des risques peuvent exister lors de la mise en œuvre [de ces pratiques] et les bénéfices attendus méritent de faire l’objet d’une information claire et objective », explique le ministère. C’est ce qu’il estime faire en présentant six de ces pratiques sur son site.

Débredinoire a lu ces analyses et vous présente une brève synthèse de chacune.

- « Biologie totale.- La biologie totale repose sur la théorie qu’un être humain malade peut guérir de nombreuses maladies graves par la pensée. Cette théorie n’est pas validée par les données actuelles de la science. La biologie totale est enseignée en dehors des apprentissages officiels de la médecine et des professions paramédicales.

De plus, l’absence de preuves scientifiques sur la sécurité et l’efficacité de cette technique doit inciter les patients à la prudence et ne pas conduire à l’abandon des traitements conventionnels. »

- « Lyses adipocytaires avec effraction cutanée.- Des complications graves liées à  certaines techniques de lyses adipocytaires avec effraction cutanée ont été observées : nécroses (destructions tissulaires, escarres), infections graves pouvant nécessiter des traitements antibiotiques de plusieurs semaines. Dans certains cas, ces complications ont entraîné des hospitalisations avec interventions chirurgicales et des séquelles définitives.

Lyses adipocytaires avec effraction cutanée.- Le ministère chargé de la Santé a demandé des études scientifiques sur l’innocuité de ces techniques. Ce document sera complété lorsque les résultats de ces études seront connus. La sécurité de ces pratiques ne pouvant être garantie, la plus grande prudence est recommandée. »

- « La mésothérapie.- La mésothérapie est présentée par ses promoteurs comme une méthode présentant moins d’effets secondaires que les traitements conventionnels. Deux arguments sont avancés  : le premier est que la mésothérapie emploie des médicaments à doses plus faibles qu’en médecine conventionnelle ou des produits présentés comme étant sans risques. Le second argument est que ces médicaments ou ces produits n’ont qu’une action locale car ils sont injectés à proximité des lésions. »

- « Ostéopathie.- Les études réalisées à ce jour ne peuvent apporter de preuves de l’efficacité de l’ostéopathie. Des études rigoureuses sur le plan de la méthodologie sont nécessaires pour clarifier l’intérêt de cette pratique.

Des évènements indésirables rares mais d’une extrême gravité peuvent survenir surtout  lors de manipulations des vertèbres cervicales. »

- « Chiropraxie.- Les réponses apportées par la chiropraxie pourraient être efficaces dans les lombalgies aiguës et subaiguës mais sans supériorité prouvée par rapport aux traitements conventionnels (kinésithérapie, traitements médicamenteux). Cependant, des études rigoureuses sur le plan de la méthodologie sont nécessaires pour établir cette efficacité avec certitude et évaluer plus précisément les risques.

Des évènements indésirables rares mais d’une extrême gravité peuvent survenir surtout lors de manipulations des vertèbres cervicales. »

- « Fish therapy ou « fish pédicure ».- L’absence de preuves scientifiques sur la sécurité et l’efficacité de cette technique doit inciter les patients à la prudence.

De plus, cette pratique implique une prise de risques infectieux, liée à l’immersion d’une partie ou de tout le corps dans un bain contenant des poissons. »

La plupart de ces fiches sont basées sur des travaux menés, au sein de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), par l'unité 669 a pour mission d'évaluer diverses pratiques thérapeutiques dites "non conventionnelles".

Plusieurs de ces fiches contiennent également cet avertissement : « Si cette pratique vous est proposée pour le traitement d’une affection ou d’une maladie, vous pouvez, si le professionnel est un médecin, vous adresser au conseil départemental de l’ordre des médecins du département dans lequel il exerce. Si le professionnel n’est pas un médecin, vous pouvez porter plainte pour exercice illégal de la médecine ».

Mes observations

- Toutes ces approches "différentes" et non reconnues officiellement sont présentées comme, au mieux, n’apportant rien de plus que ce qu’apporte la médecine académique.

On ne pouvait s’attendre à ce qu’il en soit autrement, vu l’esprit qui gouverne la démarche des pouvoirs publics dans ce domaine : préserver le système existant tout en prétextant protéger le patient.

La preuve en est que seul le système médical académique (conseils de l’ordre, ANSM, HAS, Inserm, Invs, etc.) a été consulté ; que ni les représentants de ces approches ni leurs bénéficiaires n’ont été écoutés ; que les experts indiqués sont les farouches adversaires des médecines douces (Miviludes, Unadfi, CCMM, etc.). La démarche du gouvernement n’est donc pas si « objective » qu’il l’affirme.

- Le principal argument du ministère est que ces théories n’ont pas été validées scientifiquement et qu’elles peuvent donc être à risque. La limite du raisonnement est claire : diaboliser et combattre tout ce qui n’est pas scientifiquement prouvé revient à prétendre que ce que seul est vrai ce qui est connu de nos savants. Or, nos « savants », même s’ils ont fait d’extraordinaires découvertes, ne savent pas tout : ce qu’on ignore encore est certainement infiniment plus important que ce que l’on sait ! Certaines pratiques non reconnues, empiriques ou traditionnelles, ont de beaux résultats, ce qui explique en grande partie leur succès auprès de la population.

- On suspecte la biologie totale parce que « la théorie qu’un être humain malade peut guérir de nombreuses maladies graves par la pensée n’est pas validée par les données actuelles de la science ». Or, bien que cela ne soit pas reconnu officiellement, car très difficile à vérifier et surtout contraire au dogme matérialiste, la guérison par la pensée ou par la parole est expérimentée sur tous les continents par des millions de personnes depuis que l’homme est homme. Plutôt que de stigmatiser ceux et celles qui pratiques avec cette foi, quelque soit la technique utilisée, il serait plus judicieux de concevoir, dans la concertation avec ces « empiriques », un certain nombre de protocoles pour que leur travail s’effectue de façon éthique et sécuritaire…

 

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