Premier portrait d’une série consacrée aux fondateurs des religions minoritaires : l’américaine Mary Baker Eddy, 1821-1910. Un récit par le sociologue Régis Dericquebourg.
Mary Baker Eddy, fondatrice de l’Eglise de la Science Chrétienne, fut une autre prophétesse du xixe siècle. Petite paysanne issue d’une famille congrégationaliste, elle eut une santé fragile jusqu’à l’âge de 42 ans, puis elle devint, après une révélation suivie d’une guérison, la fondatrice d’une dénomination qui comptait à sa mort plus de six cents groupes locaux, qui diffusait un quotidien célèbre et avait sa cathédrale.
Née le 16 juillet 1821, à Bow (Etat du New Hampshire), cadette d’une famille rurale modeste et fervente, elle fut instruite par un de ses frères car une santé médiocre l’empêchait de supporter les contraintes de la vie scolaire.
Son enfance fut marquée par deux expériences de guérison par la foi. La biographe scientiste chrétienne Mary Ramsay raconte qu’à 8 ans la mère de la fillette, en priant et en méditant sur l’exemple biblique de Samuel (1,3), mit fin à des voix qui l’appelaient. A douze ans, elle fut guérie de la même manière d’un accès de fièvre qui s’était déclenché après qu’elle eut entendu parler du Jugement dernier et de l’Enfer. Entourée de l’affection des siens jusqu’en 1841, Mary Baker
Eddy traversa ensuite une série d’épreuves (mort de son frère, mort de son mari, mort de sa mère) qui la laissèrent dans une détresse matérielle et en proie à des troubles physiques auxquels elle chercha à remédier par divers moyens. Elle utilisa l’homéopathie, le traitement spirite et se fit soigner par un guérisseur mesmériste. Ce dernier la soulagea mais en 1866, une chute sur le verglas la laissa paralysée. Un médecin diagnostiqua « une commotion cérébrale et une paraplégie consécutive à une dislocation de l’épine dorsale».
Le 4 février 1866, alors qu’elle était au pire, elle demanda à rester avec une Bible et elle médita sur le récit de la guérison du paralytique dans l’Evangile selon Saint Mathieu (9, 1-8). Elle eut une expérience de lumière qu’elle décrivit en ces termes : « La main divine me conduisit dans un nouveau monde de Lumière et de Vie, un nouvel univers – ancien pour Dieu, mais nouveau pour son petit enfant ». Elle eut l’impression de comprendre clairement que « tout être réel est en Dieu, l’Entendement divin, et que la Vie, la Vérité et l’Amour sont tout-puissants et toujours présents ». Mary Baker se leva. La révélation avait effacé sa maladie. Les scientistes chrétiens font remonter l’origine de leur mouvement à cette journée mémorable.
Guérie, Mary Baker Eddy déploya ensuite un zèle considérable, écrivant sa théodicée, débattant avec les pasteurs et les incrédules, fondant une Église sur son interprétation de la Bible et sur la pratique du traitement par la prière, créant un quotidien de renommée internationale, le Christian Science Monitor, et assurant sa succession. Elle mourut en 1910 à l’âge de 89 ans.
Par Régis Dericquebourg, sociologue des nouvelles spiritualités.
> La fiche sur Mary Baker Eddy sur wikipédia.
> La Mary Baker Eddy Library à Boston.