Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, a décidé de « s’atteler dans les meilleurs délais à la rédaction d’une charte [déontologique] refondatrice, en s’inspirant des textes et projets existants ». Parallèlement, le SNJ accepte désormais l´éventualité d’une instance de régulation, en préalable de quoi il y pose certaines conditions.
Réuni en congrès à Paris, du 14 au 16 octobre 2010, et prenant acte que « le gouvernement compte se saisir (…) de la question de la déontologie des journalistes », le SNJ a « décidé de s’atteler dans les meilleurs délais à la rédaction d’une charte [déontologique] refondatrice, en s’inspirant des textes et projets existants ».
Dans un communiqué publié le 16 octobre, il note que, « la question d’une instance régulatrice étant souvent présentée comme concomitante à celle d’une charte de déontologie », le Congrès a voulu préciser la position du syndicat en la matière.
Extrait :
« Si un Conseil de déontologie journalistique – dénomination retenue par nos confrères belges francophones et qui semble la plus adaptée – devait voir le jour en France, le SNJ y poserait les conditions suivantes :
• Sa mission essentielle serait d’instruire, de rechercher l’origine des dérives déontologiques dans les pratiques et le fonctionnement de l’ensemble de la chaîne rédactionnelle, et non auprès du seul journaliste situé en première ligne. L’objectif est avant tout d’analyser les erreurs commises pour éviter qu’elles ne se reproduisent.
• Un tel conseil rendrait publics les résultats de ses investigations, cette seule publicité tenant lieu de sanction.
• Son ouverture à des représentants du public et de la société civile paraît souhaitable, leur désignation pouvant dépendre du dossier instruit, mais sa composition préserverait une large majorité en faveur des journalistes et des éditeurs.
• Toute personne saisissant le Conseil de déontologie journalistique ne pourrait parallèlement entamer de procédure devant la justice tant que ce Conseil n´a pas mené son instruction et rendu son avis. Nul ne pourrait se prévaloir par la suite de cet avis, que ce soit lors d´une procédure sociale dans l´entreprise (sanction, licenciement, etc.) ou en appui d´une quelconque action en justice.
• Un tel conseil serait placé sous la tutelle de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP), organisme représentatif où siègent à parité journalistes et éditeurs, à qui les initiateurs de la loi de 1935 avaient confié une mission de contrôle de la dimension éthique des pratiques journalistiques.
Enfin, le SNJ rappelle que l´obligation de respect de la déontologie professionnelle faite à chaque journaliste dépend pour partie des conditions objectives d´exercice de la profession : tout ce qui concourt à la précarisation croissante des journalistes ou à l´assujettissement des rédactions à d´autres intérêts que ceux de l´information du public va donc à son encontre. »
>> Promoteur de l’idée d’un Conseil de presse en France depuis les années 80, je me réjouis qu’enfin le premier syndicat de journalistes envisage positivement l’existence d’une telle instance, à mon avis indispensable pour aider la profession à recouvrer sa crédibilité.