On en prend vraiment trop à son aise avec l’esprit. Sous prétexte qu’il est impalpable, invisible, non mesurable, non maîtrisable, etc., on le néglige, on le méprise, on le piétine. A tort car seule la concordance entre la pensée et l’acte permet à l’homme de se trouver, de s’épanouir et finalement de prétendre au bonheur.
Et si le péché contre l´esprit est le seul irrémissible, c´est parce qu´il nous coupe de la source même de notre dignité, de notre humanité.
Une des manifestations les plus tangibles de l’esprit est ce que nous nommons le bien (ou, dans une mesure moindre, le droit). Ce qui « doit être » ou ce qui « devrait être ». Ce que la loi morale nous suggère ou ce que la loi des hommes nous impose.
Mais aujourd’hui, la loi des hommes est tellement alambiquée, l’injustice et la fraude sont tellement manifestes partout, y compris dans nos pays dits démocratiques, y compris en chacun d´entre nous, que beaucoup citoyens se demandent pourquoi respecter encore un droit partout bafoué. Si bien qu’on a pu dire que la seule différence entre un citoyen lambda et un voleur est que seul ce dernier s’est fait prendre…
Ecouter, suivre les indications de sa conscience.
J’aime ce beau texte de Rousseau : « Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d´un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l´homme semblable à Dieu, c´est toi qui fais l´excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m´élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m´égarer d´erreurs en erreurs à l´aide d´un entendement sans règle et d´une raison sans principe. Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil de philosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ; dispensés de consumer notre vie à l´étude de la morale, nous avons à moindres frais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinions humaines. Mais ce n´est pas assez que ce guide existe, il faut savoir le reconnaître et le suivre. S´il parle à tous les coeurs, pourquoi donc y en a-t-il si peu qui l´entendent ? Eh ! c´est qu´il parle la langue de la nature que tout nous a fait oublier. La conscience est timide, elle aime la retraite et la paix ; le monde et le bruit l´épouvantent ; les préjugés dont on l´a fait naître sont ses plus cruels ennemis [...], le fanatisme ose la contrefaire et dicter le crime en son nom. »
In Émile ou De l´Éducation.