Préoccupé par le manque de rigueur de l’information de Canal+ et TF1, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) leur a ordonné la lecture sur leurs antennes d´un communiqué d’excuses. Chaque communiqué devait être lu, dans un délai de huit jours, au cours de l’émission pour laquelle le manquement a été constaté. Il précisait les faits reprochés à la chaîne.
Le CSA avait constaté en 2009, sur plusieurs chaînes de radio et de télévision, une augmentation qu’il juge « préoccupante » du nombre de « manquements à l’obligation de rigueur » de l’information, qui lui ont été signalés par des tiers ou dont il s’est saisi de lui-même. 76 dossiers ont été traités contre 35 en 2008.
Au terme de leur examen :
- 32 lettres d’observation ou de mise en garde ont été adressées aux chaînes par le CSA ;
- 10 mises en demeure ont été prononcées ;
- 2 procédures de sanction ont été engagées.
Les principaux manquements concernaient :
- l’utilisation, sans vérification, d’images mises en ligne sur internet ;
- l’annonce erronée de plusieurs décès ;
- le manque de rigueur dans la présentation de certaines informations ;
- des atteintes au droit à l’image.
Selon Emmanuel Berretta (Le Point), les deux chaînes ont d´abord refusé de faire ainsi leur "mea culpa". Avant de se plier à la décision des "sages".
Le journaliste du Point rapporte également la réaction du syndicat CFTC des journalistes : « Le CSA, une autorité administrative, peut-il légitimement imposer la lecture d´un communiqué administratif sans ingérence dans l´élaboration des journaux télévisés ? La liberté de la presse est, en effet, protégée par la loi de 1881 qui est devenue un principe constitutionnel, si bien que seule l´autorité judiciaire peut constater et sanctionner les excès de la liberté de la presse (diffamation, injure publique, apologie des crimes de guerre, incitation à la haine raciale...). Le syndicat relève judicieusement que "dans aucune erreur relevée par le CSA, la justice n´a été saisie ».
Le Conseil se dit « conscient des difficultés auxquelles les chaînes sont confrontées dans leur travail de vérification de l’information, notamment en raison du développement d’internet. Il leur propose une réflexion concertée sur les conditions dans lesquelles elles accomplissent ce travail, afin de préserver la crédibilité de l’information dans l’intérêt du public ».
>> Quelle que soit la légitimité du CSA, ce seul organe de surveillance de la bonne application des règles déontologiques de la presse (et encore, elle est réservée à l´audiovisuel), on voit combien les médias français sont peu enclins à rendre publiquement des comptes sur la façon dont ils assument leur responsabilité sociétale.