Qu’est-ce qui différencie un journaliste d’un blogueur, ou de tout autre personne qui s’exprimer dans les médias ? Peut-on légitiment définir une distinction précise entre lui et tous les autres ? Oui, mais cela reste bien théorique…
S’il n’est pas possible de définir une frontière nette entre le journaliste et tous les autres, alors il n’y a pas lieu de lui reconnaître un rôle spécifique, ni de lui accorder un statut spécial : c’est un « communiquant » parmi les autres. S’il existe, au contraire, une frontière nette entre le journaliste et les autres, ce que nous croyons, alors il importe de la formuler de façon claire et nette.
Nous croyons que ce qui distingue un journaliste de toute autre personne s’exprimant dans les médias n’est pas la plus ou moins grande pertinence de ses analyses, mais le fait qu’il est chargé, au nom du public et pour lui, de rapporter des FAITS précis de façon exacte et impartiale. Il a, d’une certaine façon, une mission d’intérêt général.
De façon exacte, cela implique le respect d’un semble de règles comme : aller sur le terrain, vérifier l’information à la source, recouper l’information, etc.
Être impartial, c’est restreindre au maximum les biais de la subjectivité, c’est éviter autant que faire se peut toute préférence et parti pris, notamment de nature idéologique, politique, économique, sociale, raciale ou culturelle, dans la relation des FAITS.
Pour cela, le journaliste traque ses propres préjugés, peurs, désirs, croyances, etc. dans ses interventions. Conséquence pratique, puisque nul n’est parfait, il reconnaît facilement et corrige ses erreurs, et multiplie les points de vue, y compris ceux qui le dérangent.
Ce souci d’impartialité est le fondement même de sa spécificité et de sa crédibilité.
Cette vigilance vis à vis de ses propres préjugés conduit également le journaliste à éviter tout jugement hâtif et toute généralisation. Il évite de stigmatiser une personne ou un groupe de personnes en leur attribuant une étiquette, une qualification morale née de sa propre subjectivité.
Le journaliste s’efforce au contraire d’étudier chaque fait, chaque situation dans le concret, au cas par cas et avec précision. Et ce, le plus objectivement possible, c’est-à-dire, professionnellement parlant, à charge et à décharge.
Enfin, le journaliste entend avant publication toute personne (physique ou morale) faisant l’objet de reproches graves. Il décrit avec précision les griefs qu’il compte publier. La prise de position de la partie touchée par ces reproches graves est reproduite de manière loyale dans le même récit médiatique.
En conclusion, si le journaliste peut exprimer sa subjectivité, celle-ci ne doit pas prendre le pas sur la justesse de l’information ni s’exercer au détriment de ses concitoyens. Ou alors, il est un simple citoyen qui s’exprime mais ne peut revendiquer le rôle ni le titre de journaliste.