La guerre déclarée en France contre les sectes évolue nettement aujourd’hui contre les médecines non conventionnelles (dites douces, parallèles ou différentes). La Miviludes, officiellement infiltrée dans l’appareil d’Etat (Justice, Intérieur, Santé), demande maintenant aux médecins de lui « signaler toute situation suspecte ».
L’appareil répressif contre les médecines douces passe aujourd’hui à la vitesse supérieure. Après avoir mis en place un « groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique » (GATPNCT) destiné à concevoir « la politique de lutte contre les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique dangereuses » ; après avoir annoncé son intention d’interdire la méthode Hamer et la biologie totale, le gouvernement, par le biais de la Miviludes, invite les médecins à lui dénoncer « toute situation suspecte ».
Autrement dit, tout soignant, qu’il soit médecin ou non, s’il pratique une médecine différente, non encore homologuée par l’Académie de médecine, peut désormais faire l’objet d’une délation. Cela se pratiquait déjà, mais cette fois-ci, c´est encouragé officiellement.
Une pratique que l’on croyait bannie depuis les horreurs de la Dernière Guerre...
La Miviludes prépare un guide sur les "dérives sectaires" dans la santé pour les praticiens, qui sera prêt début 2012. Un dossier sera consacré à ce thème dans le Bulletin de l’Ordre des médecins de janvier-février 2012. |
En fait, la rhétorique des « mouvements sectaires » est mobilisée pour pouvoir conserver un monopole présenté comme scientifique et sans risque. Bien que le terme de « secte » ne soit pas défini juridiquement, il permet aux instances politiques et sanitaires de réprimer commodément (c’est-à-dire en évitant tout débat contradictoire et toute critique) les voies alternatives, pionnières ou traditionnelles, sous prétexte qu’elles ne seraient pas « scientifiquement prouvées ».
Un référent « dérives sectaires » par départements au Conseil de l’ordre
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Dans une interview pour la lettre du Conseil de l’ordre des médecins, Hervé Machi, secrétaire général de la Miviludes, évoque le « partenariat » avec cet ordre : « Le Dr Patrick Romestaing, président de la section Santé publique et Démographie médicale, est notre référent. Il assiste à nos réunions depuis plusieurs années et participe à nos travaux. L’Ordre a nommé des référents "dérives sectaires" dans tous les conseils départementaux. Depuis, la Miviludes reçoit une dizaine de signalements quotidiens provenant de conseils départementaux : preuve qu’il existe un réel besoin sur le terrain ».
La Miviludes a toujours présenté ces « signalements » comme des preuves de dangerosité de ces pratiques différentes, comme une justification de son activité. Or, il ne s´agit la plupart du temps que d´interrogations. Aux yeux de la population, la Miviludes est crue impartiale et sincère. Comment les Français pourraient-ils penser qu’une instance gouvernementale organise une répression quasi aveugle contre des pionniers non encore reconnus ? Comment pourraient-ils imaginer que l’Etat utilise le prétexte de les protéger pour empêcher une concurrence qui mettrait à mal un profitable système sanitaire ?
Appuyer les signalements auprès de la justice
Alors, qu’est-il conseillé au médecin « qui soupçonne une dérive sectaire » ?
« Le mieux, répond Hervé Machi, est qu’il alerte, avec le concours de son conseil départemental, trois institutions : l’ARS [agence régionale de santé], le procureur de la République du tribunal de grande instance et la Miviludes. Nous invitons les médecins à nous informer de toute situation suspecte, par courrier postal ou par mail. La Miviludes n’a pas de pouvoir d’enquête, mais elle coordonne les actions de prévention et de répression entre police, justice, éducation nationale, monde médical… Elle peut appuyer les signalements auprès de la justice et faire avancer les dossiers plus facilement ».
C’est vrai que, après avoir fait peur aux Français en disant que les sectes, mouvements quasi terroristes hyper puissants, étaient partout ; après avoir créé une loi spécifique pour lutter contre ces mouvements, bien rares sont les condamnations en justice ! Alors, il faut se mobiliser pour gonfler les chiffres…
> Bien évidemment, il est juste et nécessaire d´étudier les différentes voies thérapeutiques qui émergent ou perdurent sur le marché de la santé. Le problème est qu´en France, c´est la voie répressive qui a été adoptée. En outre, ce sont les mêmes qui ont des intérêts à protéger qui disent le bien et le mal en la matière. Et malheureusement, beaucoup d´acteurs, la presse comprise, s´accomodent de cette scandaleuse situation. Scandaleuse car menée en bafouant les principes les plus sacrés de la démocratie, et notamment celui qui offre à tout accusé le droit d´être entendu devant une instance impartiale...