Il faudra bien admettre un jour que les bases intellectuelles de notre société sont faussées. Il faudra bien qu’on le reconnaissance : la connaissance objective est impossible, que ce soit dans le domaine scientifique (et a fortiori journalistique). La raison en est simple : il n’y a pas d’objet sans sujet. Il n’y a même d’objet que pour un sujet.
La science, qui tente de réduire au maximum la part du sujet, est dans l’utopie si elle pense pouvoir s’en affranchir un jour.
La vérification empirique d’une hypothèse n’apporte qu’un élément de preuve, qu’une présomption. De même, l’intersubjectivité, c’est-à-dire la construction partagée d’une connaissance, n’est pas une garantie de vérité, tout au plus, une approche, un accroissement de probabilité (objectivité faible).
Seul le « point de vue » de Dieu (concept philosophique) pourrait prétendre objectiver le monde, parce qu’il serait identiquement et simultanément seul sujet et tout objet. Paradoxalement, la science matérialiste, quand elle prétend se passer de Dieu, pense, quand elle prétend à l’objectivité, comme s’Il existait - et se met... à sa place.
Même les mathématiques ont besoin d´axiomes, c´est-à-dire de propositions admises collectivement mais indémontrables. Elles aussi renvoient toujours, à un moment ou à une autre, au sujet. C´est dans le sujet, en l´homme, que tout se joue ; dans son esprit. Et l´esprit, c´est le contraire de la matière et de son déterminisme.
L´esprit, c´est la liberté.
C´est pourquoi il y aura toujours une part d´interprétation, de positionnement personnel à prendre, obligatoirement, dans toute connaissance. C´est pourquoi ni les scientifiques, ni les experts ne peuvent dicter à l´homme sa conduite : il y aura toujours nécessité de faire appel à la conscience de chacun.