Grippe A : « On ne comprend plus rien mais on a raison ! »


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Tel est en substance le discours d’un de nos plus grands spécialistes de la grippe, le professeur Bruno Lina, qui s’est illustré dans la récente campagne contre la grippe A par sa fougue vaccinatrice. Dans une interview récente, il reconnaît être dépassé par le phénomène. Mais il est tellement sûr de lui qu’il n´hésite pas à combiner l’action du H1N1 avec celle du H5N1, le premier virus se propageant vite mais tuant peu, le second étant peu contagieux mais souvent mortel. Mais, soyons rassurés, la démarche est uniquement « cognitive ».

 

Bruno Lina.

Au sein du laboratoire P4 de Lyon, une expérience est en cours pour tenter de déterminer les conditions d´hybridation des virus H1N1 (grippe porcine) et H5N1 (grippe aviaire). « On essaie de comprendre, en infectant une cellule avec ces deux virus, quels sont les déterminants génétiques qui leur permettraient d´échanger leurs gènes » résume pour le Progrès le virologue Bruno Lina, qui dirige les travaux sur la grippe A pour ce laboratoire Inserm.

 

Cette « expérience à haut risque » est liée au Centre national de référence des virus de la grippe, que ce dernier dirige. Mais sa finalité ne serait pas, selon lui, d´aboutir à un vaccin, mais juste « cognitive ». « Toutes les manipulations se font en scaphandre et obéissent à des règlements très contraignants » assure Bruno Lina.

 

Bien que la probabilité de l´apparition spontanée d´un tel monstre viral soit « faible », ces travaux, qui ont reçu l’onction ministérielle, préfigurent d’autres recherches dans ce sens.

 

Le risque de fuite de virus des labos n’est pas nul

 

Maintenant que la polio est sur le point d’être éliminée, le danger pourrait venir des virus conservés dans les laboratoires. Le risque que le poliovirus ne s’échappe d’un laboratoire est même désigné par l’OMS comme « majeur » :

 

« Après l’éradication mondiale de la poliomyélite, la vaccination sera interrompue et c’est la population mondiale tout entière qui sera exposée à ce risque. Le Dr Bruce Aylward, médecin de Programme mondial OMS des Vaccins et Vaccinations (GPV), chargé de la mise en œuvre de l’initiative au jour le jour, dit : “Nous devons éviter que ne se reproduise ce qui s’est passé lorsque la variole a été éradiquée. En 1977, moins d’un an après la découverte (en Somalie) du dernier cas de variole transmise naturellement, une personne est décédée au Royaume-Uni après avoir été contaminée par un virus échappé d’un laboratoire proche. Mais la polio n’est pas comme la variole une maladie très visible. Elle pourrait se propager silencieusement au sein d’une population non protégée et provoquer une catastrophe de santé publique de dimensions mondiales” ».

 

L’OMS a donc demandé à tous les pays de signer un plan définitif coordonné à l’échelle mondiale garantissant que l’éradication de la maladie sera suivie par « l’éradication du risque de la voir réapparaître ». Un voeu qui est encore loin d´être réalisé.

 

A rapprocher de ce qui s’est passé en 2007 en Grande-Bretagne où six foyers de fièvre aphteuse avaient été recensés près de Pirbright (dans le Surrey). Selon toute vraisemblance, le virus s’était échappé de l’Institut de la santé animale (IAH), organisme public de réputation internationale, qui s’avère être « le laboratoire de référence de l´Union européenne pour la fièvre aphteuse ». Se trouve dans la même ville le Merial Animal Health, un laboratoire privé pharmaceutique spécialisé dans les maladies animales. Il s’agit de l’un des quatre laboratoires autorisés par l’Union européenne « à manipuler le virus aphteux vivant pour la production de vaccins ». Ironie du sort : ce vaccin n’était même pas destiné à la Grande-Bretagne où son utilisation est interdite.

 

Bruno Lina est membre influent du lobby vaccinal contre la grippe. Il préside en France le  GEIG (financé par Sanofi Pasteur MSD, GSK, Pierre Fabre, Solvay et Novartis Vaccines) et est membre du comité de lutte contre la grippe A.

 

Dans une interview parue cette fois-ci dans mag2lyon, il avoue son ignorance sur l’évolution de la protection vaccinale comme sur celle du virus. Mais cela n’ébranle pas une seule seconde sa foi dans la vaccination. Voici un extrait de l’échange avec la journaliste du magazine rhônalpin  :

 

« - Le vaccin sera encore efficace l’hiver prochain ?
- Intuitivement, je dirais qu’il protégera sur le long terme car ce vaccin agit plus comme un rappel, c’est-à-dire comme si les patients avaient déjà été en contact avec ce virus. Mais ce que je ne sais pas, c’est si le virus aura muté l’hiver prochain. Ce qui rendrait les anticorps moins protecteurs.
- En fait, vous ne savez pas grand chose !
- Non, je dois admettre que je ne comprends plus rien. Je ne comprenais déjà pas grand chose avant, mais alors là, c’est encore pire !
- Mais vous continuez de plaider pour la vaccination !
- Oui, car je sais que ce virus de la grippe est imprévisible. Et imaginer que le problème est réglé est une erreur. Je ne changerai donc pas d’avis. »

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