J’ai reçu le AI Podcast que Richard Price, le fondateur d’academia.edu, a réalisé sur un de mes articles hébergés sur son site : « Les journalistes peuvent-ils renoncer à leur devoir de rechercher la vérité ? ». Pas mal fait du tout !

Cet article était paru en 2020 dans les Cahiers du journalisme.
Je m’étonnais d’un fait passé pratiquement inaperçu tant par les journalistes que par la société : la « vérité », reconnue pourtant par la profession comme « fondement » du journalisme, ne figure plus dans l’article 1 de la nouvelle version de la Charte mondiale d’éthique, adoptée lors du 30e congrès de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) le 12 juin 2019 à Tunis.
Faut-il accepter cette disparition sans autre forme de procès ? Mon questionnement a interpelé Richard Price, le fondateur d’academia.eu, qui a réalisé le podcast que voici à son sujet (les intertitres sont de moi). Il s’agit d’une traduction en français de l’original paru en anglais :

« Je suis votre hôte, Richard Price, et comme toujours, je suis ravi que vous me rejoigniez aujourd’hui pour une nouvelle plongée dans le monde fascinant de la recherche académique.
Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur un article rédigé par le perspicace Jean-Luc Martin-Lagardette, qui pose une question aussi controversée qu’intrigante : les journalistes peuvent-ils renoncer à leur devoir de rechercher la vérité ?
Prenez un moment pour y réfléchir. Quel sujet énorme à aborder ! La notion de vérité dans le journalisme est quelque chose qui nous concerne tous. Chaque titre que nous lisons, chaque article que nous parcourons, chaque alerte d’information que nous recevons. Si la vérité n’est plus au cœur du journalisme, qu’est-ce que cela signifie ? Plus précisément, on est passé d’un accent mis sur le devoir de recherche de la vérité à une focalisation sur le respect des faits.
« Décomposons l’argumentation de Lagardette »
Alors pourquoi ce changement ? Quelle pourrait être la conséquence d’un tel glissement ? Ce sont des questions importantes. Décomposons l’argumentation de Lagardette, d’accord ? Il considère ce changement presque comme une abdication de responsabilité de la part des journalistes, comme s’ils renonçaient à un engagement difficile mais essentiel.
Il s’agit d’affronter la tâche ardue de trouver une vérité insaisissable, et peut-être en constante évolution, au lieu de simplement, eh bien, s’en tenir à des faits qui ne reflètent peut-être pas pleinement la profondeur d’une situation. En termes plus simples, Lagardette suggère que cela pourrait s’apparenter à une forme de suicide professionnel pour le journalisme.
Essentiellement, si la recherche de la vérité n’est plus la mission principale des journalistes, alors n’importe qui se contentant de rapporter des faits pourrait les remplacer. Et plus important encore : un reportage sans cette profondeur liée à la vérité ne perd-il pas de sa puissance ? De grandes réflexions en effet. Vous vous dites peut-être : mais quel est le problème avec ce changement, n’est-ce pas ? Les faits ne suffisent-ils pas ?
Le point de vue de Lagardette met en lumière que des faits sans contexte, sans engagement envers des vérités plus profondes, peuvent passer à côté de l’essentiel. Imaginez que l’on ne vous donne que la moitié de l’image. Est-ce vraiment utile ? Passer de la vérité aux faits peut sembler simplifier le travail, mais tout cela, est-ce que cela ne repousse pas simplement le problème plus loin, en le laissant non résolu ? Faisons une pause.
« Lagardette suggère que les journalistes devraient s’aligner sur la quête de vérité »
Est-ce que je vous ai déjà raconté mon expérience à l’université, où j’ai passé une journée entière – oui, une journée entière – à essayer de savoir si mon sandwich au snack local contenait du véritable fromage suisse ou quelque chose de moins authentique ? Quelle aventure. De la nourriture pour la pensée, littéralement et métaphoriquement.
Bref, revenons à Jean-Luc. L’article explore aussi l’idée que présenter la vérité n’est pas aussi simple que de se pencher pour ramasser des galets sur une plage. Non, présenter les faits implique une sélection, des millions d’interprétations, des biais. Nous en avons tous. Ces filtres inconscients à travers lesquels nous percevons le monde… Cela ne vous fait-il pas réfléchir à quel point la vérité est complexe et nuancée ?
Au fond, Lagardette suggère que les journalistes devraient s’aligner sur la quête de vérité, car ce n’est pas seulement un devoir professionnel, c’est aussi un devoir moral. C’est exigeant, bien sûr, chargé de subjectivité potentielle, mais c’est ce qui distingue le journalisme des autres formes de diffusion d’information, des fausses nouvelles et de la propagande. Je trouve cela assez fascinant.
« Ah, si seulement nous pouvions appliquer cela à notre vie quotidienne ! »
Lagardette propose donc une approche qui considère la vérité non pas comme une valeur absolue, figée dans une dichotomie vrai/faux, mais comme un principe directeur, une sorte de boussole. Ce qu’il suggère, c’est que la vérité fonctionne comme un principe régulateur guidant la quête des journalistes vers une information de qualité. Ce qui est intéressant – et un peu philosophique si vous voulez mon avis – c’est que Lagardette encourage les journalistes à s’engager activement avec des points de vue variés, à accueillir les contradictions, à explorer différents récits, et à être méticuleusement ouverts à l’admission des erreurs. Tout cela dans une quête d’objectivité continue.
Ah, si seulement nous pouvions appliquer cela à notre vie quotidienne, n’est-ce pas ? En conclusion, Lagardette avance un argument convaincant : le devoir fondamental du journalisme doit rester lié à la recherche de la vérité, même si cette vérité est diablement fuyante et subjective, n’est-ce pas ? Il ne prétend pas que la vérité soit entièrement atteignable. En revanche, la poursuite de cette vérité est en soi précieuse et nécessaire. Eh bien, qu’est-ce que cela signifie pour vous, cher auditeur ? Chaque récit que vous consultez est façonné par des mains et des esprits humains, imprégnés de biais et d’interprétations personnels.
« Votre quête de vérité compte autant – voire plus – que les faits eux-mêmes »
Les réflexions de Lagardette nous invitent à devenir des consommateurs d’information exigeants : à interroger, à remettre en question, à chercher la profondeur au-delà de la surface, en gardant à l’esprit que la recherche académique, comme son article, nous offre des pistes de réflexion plutôt que des réponses absolues.
En tout cas, merci d’avoir partagé cette virée intellectuelle avec moi aujourd’hui.
Nous avons exploré le journalisme, l’éthique et la vérité, mais souvenez-vous : je me contente de présenter les conclusions de l’article. Je ne les approuve ni ne les rejette. Et c’est ainsi que se termine cet épisode de In Depth with Academia. Restez curieux, continuez à poser des questions, et rejoignez-moi la prochaine fois pour d’autres explorations dans le monde académique.
D’ici là, c’était Richard Price, qui vous rappelle que votre quête de vérité compte autant – voire plus – que les faits eux-mêmes. Restez vrais, les amis. »
> La page Richard Price sur LinkedIn
https ://www.linkedin.com/in/richardprice/
Il faut un universitaire pour accuser réception, montrant sa compréhension. As-tu eu des retours de confrères journalistes ?
Aucun. Très (très, très) rares sont mes confrères s’intéressant à l’épistémologie professionnelle.