De plus en plus de pays reconnaissent les limites de la médecine académique et l’intérêt d’ouvrir une porte aux praticiens, non médecins, des thérapies douces. Sauf en France… Synthèse de la conférence que j’ai donnée à l´Espace Faubourg le 24 juin dernier à Paris.
Lors de cette conférence, j’ai d’commencé par un état des lieux succinct du statut des médecines douces à l’échelle de la planète :
- Recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour que tous les pays intègrent les médecines non conventionnelles (MNC) dans les systèmes nationaux de santé. L’OMS a même édité un guide méthodologique pour aider à l’évaluation de ces approches « différentes ».
- Le Parlement européen en 1997 et le Conseil de l’Europe en 1999 ont également appelé à une reconnaissance de ces pratiques.
- Aux Etats-Unis, a été créé le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM), centre de recherche sur les médecines alternatives placé sous la responsabilité de l’Institut national de la santé. Les MNC sont classées en 3 familles : les thérapies fondées sur les produits naturels ; les thérapies du corps et de l’esprit ; les thérapies fondées sur la manipulation.
- En Suisse, 5 MNC sont réintégrées dans l’assurance maladie obligatoire, pour une période d’essai de six ans : la médecine anthroposophique, l’homéopathie, la thérapie neurale, la phytothérapie et la médecine chinoise.
- En G-B, l’ostéopathie et la chiropraxie sont des professions réglementées depuis 20 ans. Le Complementary and Natural Healthcare Council (CNHC) a été crée en 2008 : il tient un registre de praticiens volontaires qui ont suivi une formation sur des standards minimaux ; il veille à l’application d’un code éthique accompagné d’un système de plaintes pour les patients de 13 disciplines non académiques ainsi régulées.
- En Allemagne, 20 000 heilpraktikers non médecins exercent après avoir réussi un examen organisé par les autorités sanitaires des régions.
- En Chine et au Vietnam, les deux médecines (académique et non conventionnelles) sont proposées indifféremment : on parle de médecine intégrative.
- En France, l’Académie de médecine a reconnu 4 MNC : acupuncture, hypnose, ostéopathie et taï-chi. Seulement elles ne sont pas reconnues comme « spécialités » à part entière, mais comme « orientations ». Elles peuvent donc très bien être considérées, le cas échéant, comme du charlatanisme.
La médecine française sur la défensive pour protéger son monopole
La France, en effet, a emprunté une voie officielle plutôt rigide. Toute pratique n’ayant pas été « prouvée scientifiquement » est susceptible d’être vue comme une escroquerie, ou comme « dérive sectaire », et attaquée comme telle si l’occasion se présente.
Le ministère de la santé a publié sur son site un chapitre sur les MNC, qu’il a élaboré avec la Miviludes. Cette instance interministérielle incontrôlée, présidée actuellement par un médecin, s’efforce de protéger le monopole académique et attaque les alternatives et les minorités thérapeutiques sans enquête de terrain ni étude contradictoire.
Le gouvernement a mis en place également le Groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (GATPNCAVT). Cette instance, composée de représentants de l’institution médicale et de l´appareil répressif, ne comporte aucun spécialiste des MNC et mène principalement une politique de dénigrement contre elles.
Notre pays se distingue donc des autres par une volonté farouche de protéger le monopole médical et de diaboliser les approches « douces ».
Bien que les MNC soient de plus en plus pratiquées par des cliniques et des hôpitaux, elles opèrent sous l’épée de Damoclès de l’accusation de charlatanisme et de « dérive sectaire », comme l’y encourage une certaine presse (Sciences & Avenir, par exemple).
Ces approches thérapeutiques "différentes" mériteraient pourtant un statut original et une régulation spécifique pour en assurer un usage à la fois large et sécurisé, comme cela se fait partout ailleurs dans le monde.
En France, cela passe par une petite révolution cognitive et politique qui permettrait d´ouvrir la santé à toutes ses composantes humaines : rationnelle, intuitive, émotionnelle/affective et spirituelle.