Beaucoup de Français ont du mal à comprendre pourquoi l’homéopathie, qui existe depuis 223 ans, est aujourd’hui dans le collimateur des autorités sanitaires. Pourtant plébiscitée par les trois quarts de nos concitoyens, cette méthode de soin subit depuis quelques mois de violentes attaques de la part du monde médical (académies de médecine et de pharmacie, conseils de l’ordre des médecins et des pharmaciens, etc.), mais aussi – ce qui est plus récent et très éclairant – des lobbies rationalistes et des associations antisectes.
Pour moi, qui observe attentivement tous ces milieux, ces campagnes de dénigrement sont le symptôme d’une société malade « dans sa tête » (et dans son cœur). En effet, la volonté de proscrire tant les médecines dites « douces » que les minorités dites « sectes » procède de la même phobie : la peur ou la haine de l’esprit.
Personne n’étant parfait, les activistes qui militent contre les pseudomédecines et les pseudoreligions ont beau jeu de dénicher ici ou là telle dérive effectivement associée à un groupe ou à une pratique. Bien que ces dérives puissent être constatées dans n’importe quel domaine, ici elles sont le prétexte à une généralisation abusive et à une diabolisation en règle : irrationalité, charlatanisme, emprise mentale, etc.
C’est en prétextant ces menaces sur les familles et sur la société toute entière qu’un certain nombre d’associations spécialisées (Unadfi, CCMM, Gemppi, Fecris, etc.) se sont vu octroyer de conséquentes subventions, sans lesquelles, d’ailleurs, elles périraient, n’ayant pratiquement pas d’adhérents. Cela fait des années que ces lobbies, dont le rôle est parfois consacré par la reconnaissance d’utilité publique, ont infiltré tout l’appareillage d’Etat, du pouvoir central aux préfectures, en liaison étroite avec la Miviludes, les ministères de la santé, de l’intérieur et de la justice, les conseils de l’ordre des médecins et des pharmaciens, etc.
La presse, dans son immense majorité, est totalement acquise aux thèses de ces groupes.
Le problème est que ces associations ont elles-mêmes dérivé vers une intolérance systématique envers tout ce qui les dérange. Et notamment envers ce qui touche au spirituel.
En outre, à ces associations se sont jointes dernièrement des communautés vouées à la défense de la « raison » et de la « vraie » science. Main dans la main avec les « antisectes », désormais, s’affichent des entités comme l’Association française pour l'information scientifique (Afis), qui milite contre les « obscurantismes » et les « entreprises charlatanesques ». Ou comme l’Observatoire zététique qui, au moyen de l’analyse critique, s’évertue à démonter les croyances et affirmations dogmatiques en matière de paranormal.
Qui aurait à redire à ces initiatives ? Elles sont salutaires si, à l’aide de l’investigation et du doute méthodique, elles favorisent la réflexion et la distance par rapport à ces phénomènes que la science n’a pas démontré ou a même invalidé. On ne peut que se réjouir à priori de cet effort d’hygiène mental, surtout à une époque où se répandent les fake news !
Le problème, similaire à celui posé par les associations « antisectes », est qu’elles ont tendance à verser dans le dogmatisme et le sectarisme qu’elles s’acharnent à combattre par ailleurs.
Ainsi, les associations antisectes comme les associations rationalistes se retrouvent avec les institutions scientifiques et médicales pour stigmatiser l’homéopathie et, de façon générale, les « médecines douces ». Avec un argument commun : non démontrées scientifiquement, elles sont irrationnelles et doivent être proscrites. L’article 39 (article R.4127-39) du code de la santé publique stipule : « Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé [je souligne]. Toute pratique de charlatanisme est interdite. » Donc, selon ces gens, les homéopathes, qu’ils soient ou non médecins, sont donc des charlatans. Et l’homéopathie est une imposture.
Les attaques contre cette pratique bicentenaire ont franchi un pas supplémentaire : elles convergent aujourd’hui pour obtenir son bannissement du système de santé conventionnel.
Il y a sept ans, dans l’indifférence générale, le code de déontologie médicale a été modifié par un décret (n° 2012-694 du 7 mai 2012).
L’article R4127-8 de ce nouveau texte qui dit : « Dans les limites fixées par la loi et compte tenu des données acquises de la science, le médecin est libre de ses prescriptions qui seront celles qu´il estime les plus appropriées en la circonstance ». Cette formulation est identique à la formulation du texte en vigueur jusqu’alors, au détail près des neuf mots soulignés en gras dans le texte.
Il est évident – du moins pour les gens qui réfléchissent – que la « médecine basée sur les preuves » est un critère de sécurité mais pas suffisant pour garantir à lui seul la qualité du soin. Le savoir faire, l’honnêteté intellectuelle et morale, l’ouverture d’esprit, l’intuition, voire la chance, interviennent aussi dans la réussite de toute thérapie. Le corps et l’esprit humain, impossibles à dissocier l’un de l’autre, ne fonctionnent pas comme de pures mécaniques, ce que laisse pourtant supposer une médecine matérialiste uniquement basée sur « les données acquises de la science ».
C’est là le cœur de la fraude cognitive exercée par ces assaillants. Fraude, car elle revient à dire : science = vérité absolue, et à instituer le savoir académique comme SEUL admissible en matière de santé. Ce qui fait de la médecine une religion dont les préceptes s’imposent à tous les praticiens, sous peine de sanction voire d’exclusion. Et, comme toute institution ou toute personne sûre de détenir la vérité, elle s’arroge le droit de désigner des hérétiques et de lancer des fatwas.
C’est ce qui vient de se passer avec l’homéopathie. A ceci près qu’une fatwa s’impose sans discussion. Alors qu’ici, elle est communiquée par l’Eglise médicale à l’homéopathie avec cette injonction : « Prouvez-nous que vous respectez nos dogmes sous peine d’excommunication ! »
> A suivre.