Quelle que soit l’origine (génétique, comportementale, environnementale, etc.) de nos maladies, nous pouvons les affronter de multiples manières. Selon nos attitudes, le mal est maintenu, voire encouragé, ou efficacement combattu et résorbé. Une approche philosophique de prévention pourrait optimiser nos chances de santé.
« Je ne suis pas que mon corps » : cela paraît une évidence, une lapalissade. Mais, dans la pratique, notamment dans le domaine de la santé, nous nous comportons bien trop souvent comme si nous n’étions qu’un corps. Ou comme si celui-ci était autre chose que soi, une chose que nous pouvons traiter en objet.
Or nous sommes aussi un sujet, un être sensible, conscient, qui fait constamment des choix. Nous l’oublions notamment en matière de santé, ou, pour employer un terme plus juste et plus franc, en matière de maladie. Nous voyons celle-ci comme une agression tombée du ciel, un malheur injuste occasionné par le seul hasard. Et c’est bien dans cette optique que le médecin, et avec lui tout l’appareil institutionnel, prend en charge son patient : « Vous avez la malchance d’être tombé malade ; aussi la société va s’occuper de vous et vous soigner gratuitement ».
C’est le principe de base, même si ce principe est de plus en plus écorné en raison du gouffre financier auquel il conduit, comme on le voit aujourd’hui avec la nécessité de rogner les dépenses consacrées au traitement des maladies : 223 milliards d’euros en 2009 !
Loin de moi, évidemment, l’idée d’affirmer qu’à l’inverse le malade est la seule cause de son mal. Hérédité, traditions, environnement…, multiples sont les paramètres influents. Il ne s’agit pas de culpabiliser quiconque mais de réfléchir sans leurre sur une question qui va devenir de plus en plus importante avec l’accroissement et le vieillissement de la population.
Mais que chacun de nous supporte les conséquences de ses comportements, cela est de mieux en mieux admis : alcools, tabac, pollutions de tous ordres, mais aussi stress, dépression, etc. L’état de notre psychisme influe aussi sur celui de notre chair car il y a un lien très étroit entre les deux. Un lien qu’on oublie la plupart du temps.
Comme si notre corps, ce n’était pas aussi nous…, nous avec nos sensations, notre volonté, notre conscience, nos sentiments, nos souvenirs, nos espoirs, nos craintes.
Et chacun de nos choix.
Mais en séparant notre corps, simple objet dont nous jouissons sans entrave quand il fonctionne bien et que nous abandonnons à notre médecin quand il nous fait souffrir, en séparant ce corps de notre esprit, de notre être, de notre « je », nous nous condamnons à rester étranger à une partie de nous-même, nous entretenons une schizophrénie qui nous dépossède de notre autonomie.
Alors, nous avons désespérément besoin de faire confiance à la médecine et aux institutions qui nous prennent en charge, quitte à fermer les yeux sur leurs dérives. Leurs dysfonctionnements et les intérêts masqués conduisent souvent à entretenir le mal (qui justifie leur existence et leurs prérogatives) au lieu de le combattre à la source (cf. l’histoire de la recherche sur le cancer). Et ils finissent par susciter une méfiance diffuse envers le système qui risque maintenant d’exploser…
Et le plus important peut-être est qu’en agissant ainsi, en se coupant en deux et en laissant la part physique de nous-mêmes aux mains des experts, nous nous privons des messages et des informations qu’émet notre corps. En agissant toujours et rapidement pour supprimer l’effet sans tout faire pour remonter à la cause, nous passons à côté d’une mine de renseignements que celui-ci nous envoie subtilement.
Bien sûr il faut agir, et d’abord pour ôter la souffrance. Mais il faut se garder d’assommer la chair avec des bombes chimiques ou de trancher en elle pour éradiquer le mal. Il faut prendre le temps d’étudier le parcours du malade, son environnement, ses comportements, ses habitudes, etc. Cela demande du temps, un temps que le corps médical ne peut pas consacrer aujourd’hui à sa patientèle. Et il utilise alors les moyens les plus rapides et les plus radicaux, qui ne sont pas sans effets nocifs : plusieurs milliers de morts par an dus aux médicaments, par exemple…
Quel que soit le soignant que nous choisissons pour nous aider, nous ne pouvons que gagner à nous réapproprier notre corps.
Si, en effet, je considère mon corps comme le creuset d’où peut naître mon être réel, la matrice d’un être – qui sait ? - éternel, je prends mille précautions, dans le but d’user plus largement de ma liberté et de mon temps, pour le bichonner, l’entretenir, l’entraîner, le développer, le soigner en respectant les lois de son fonctionnement : finis les poisons qui l’agressent, comme les mets trop lourds ou trop raffinés ; finis le tabac, l’alcool et autres drogues. Bonjour la nourriture saine, exempte de pollution, vivante comme le sont mes cellules qui s’en nourrissent.
Bref, pour avoir le temps de mon accomplissement en tant qu’humain, et dans les meilleures conditions possibles, je n’attends pas d’être malade pour me soucier de mon corps. J’investis dans le soin et la précaution. En France, dans nos dépenses de santé, moins de 5 % du budget santé sont consacrés à la prévention. Et encore, dans ce chiffre, on compte la vaccination !
Aujourd’hui, beaucoup sentent cette évolution. Se multiplient les médecines dites douces ou complémentaires, les professionnels plus ou moins sérieux du bien-être, les groupes de pensée, de prière, de méditation, de partage, à la recherche de cette dimension à la fois plus haute et plus globale de leur être, que la société institutionnelle ne leur offre pas. Celle-ci, figée sur son passé, sa « légitimité » démocratique et ses prérogatives, tente bien vainement de les diaboliser et de les combattre, avant de finir par en récupérer les meilleures avancées.
Ne plus tomber malade, aimer prendre soin de soi deviennent les mots d’ordre. Bien plus intéressant que : si je tombe malade, je suis pris en charge de toute façon par la sécurité sociale, pensée qui prévaut encore bien trop souvent. Mais qui va finir, il le faudra bien, par céder le pas à la responsabilité de soi. Puis au plaisir de se gérer soi-même, de découvrir son corps dans des perceptions nouvelles et libératrices.
Quand on sait que, statistiquement, un Français sur deux aura le cancer (et une Française sur trois) et que 150 000 Français meurent chaque année de cette maladie, on peut vouloir par soi-même échapper aux pinces du crabe. Et se prendre en mains pour mettre toutes les chances de son côté.
Les sciences et les techniques académiques ont montré leurs limites. C’est ce qu’ont compris beaucoup de Français. Ils ne les rejettent pas, mais ils en connaissent les insuffisances et les travers, notamment sur le plan éthique. L’appareil d’État est tellement infiltré par les intérêts privés qu’il commence à faire peur…
Mieux vaut donc ne pas tomber malade. Et le plaisir rejoint l’intérêt. En effet, dans l’unité retrouvée entre le physique et l’esprit, je peux alors explorer de nouvelles voies, tout en restant attentif aux informations que je reçois par l’intermédiaire de mon corps sur la qualité de mes choix de vie.
Je suis le cavalier, mon corps est le cheval : ils se respectent, s’aiment : c’est une nécessité pour la réussite du voyage entrepris. Et une vraie joie de cheminer.
Ça me rappelle une formation de formateur faite il y a quelques années en arriere et où j’avais pour thème * le déficit de sécurité sociale* , et où j’abordais vaillamment le thème de la nutrition et des plantes dans tous ses aspects comme « remède » à ce déficit et cette ignorance globale.
Cela s’est terminé bizarrement et j’ai refusé de faire mon exposé car mon thème à été jugé UTOPISTE.. ‘Quoi rajouter..?