Précisément parce que je suis un amoureux de la vérité et du bien commun, je revendique à la fois la subjectivité en journalisme et le communautarisme en politique. Quand ils sont accompagnés de la recherche sincère de la vérité.
Cela peut paraître paradoxal, voire contradictoire. Et pourtant, mon expérience de journaliste et de militant de la fraternité m’a enseigné qu’il n’est pas possible de prétendre être neutre, impartial ou objectif dans aucune de nos activités humaines.
Même la science n’échappe pas d’une certaine façon au relativisme. Et pour cause, si elle était en mesure de décrire les choses comme elles sont en réalité, elle serait capable de les reproduire, donc de recréer l’univers entier, la vie comprise…
C’est pourquoi l’honnêteté commande, en journalisme par exemple, de cesser la fiction de la neutralité et de rendre clair le point de vue d’où l’on parle, la vision du monde qui motive la ligne éditoriale. Tout en recherchant la vérité en toute chose, bien sûr, c’est-à-dire, principalement, en n’occultant pas les faits qui nous dérangent, en étudiant attentivement les critiques et les objections qui nous sont faites. En gardant loyalement ouverte la possibilité d’amendement, de correction, d’amélioration, etc.
De même, à l’encontre de la pensée unique actuelle, je prône le fait d’accepter le communautarisme. Autrement dit, il me semble juste de reconnaître les diverses communautés dans le débat public, qu’elles aient droit de cité avec leurs spécificités, leurs valeurs, y compris celles qui dérangent la « majorité » des citoyens. Non pas comme des entités absolues et autonomes, mais comme des « points de vue sur le monde ». Pour la raison essentielle que nulle communauté nationale, religieuse ou politique ne détient la vérité définitive sur le pourquoi ou le comment de l’univers et de l’homme.
Toute communauté nationale a donc comme obligation logique d’accueillir en son sein les points de vue étrangers à sa culture. Tout en débattant, bien évidemment, avec ces points de vue étrangers, sur les valeurs à respecter tous. Celles-ci pouvant à mon sens se résumer à la recherche sincère du bien (vu comme ce qui permet l’épanouissement de chacun et de tous), la considération de l’autre et le respect de sa liberté.
Si toutes les communautés, la nationale comme les autres, vivaient en fonction de ces valeurs, chacun pourrait vivre plus librement et plus légèrement.
L’intégration, qui est souvent opposée au communautarisme, se réduit en fait souvent à l’obligation pour les autres points de vue à se plier à la pensée culturellement majoritaire. Donc, à abdiquer de leur âme. Inacceptable pour elles. Or c’est un peu se qui se passe en France, pays qui a du mal à accepter que d’autres pensent différemment que lui.
Je me souviens encore des réactions négatives dans mon environnement personnel quand je suis arrivé un jour en djellaba (tout simplement parce qu’il faisait chaud et que je me sentais bien dans ce vêtement). Et je dois affronter presque systématiquement de l’agressivité, voire de la censure, dans une sphère publique, quand je prétends qu’à mon sens l’univers n’est pas le seul fruit du hasard, que l’homme peut avoir une raison d’être supraterrestre, ou, plus prosaïquement, quand je déplore que l’adoration française pour le vin conduise chaque année à un si grand désastre sanitaire et social…
En cette période de foire aux vins célébrée à grands frais par tous les médias, il fallait que ceci fût dit :-)