Comment le pouvoir prépare les prochains scandales sanitaires


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Sourd aux critiques et aux demandes de reconnaissance des voies thérapeutiques « différentes », le pouvoir, malgré ses promesses de réforme, s’enferre dans sa posture manichéenne, une attitude dangereuse pour la santé des Français.

 

« Il faut tirer toutes les leçons de ce dossier  ! », clament en chœur Nicolas Sarkozy, président de la République, et Xavier Bertrand, ministre de la santé, après les révélations sur le Mediator, ce médicament qui aurait provoqué la mort de 500 à 2000 patients. Tous deux assurent que le gouvernement allait engager une « refondation en profondeur de la politique du médicament » et du système de pharmacovigilance, « au travers de procédures plus réactives et d´autorités publiques plus efficaces ».

 

Après les scandales du sang contaminé, de l’hormone de croissance, de la vache folle, de l’amiante, du distilbène, etc., celui du Mediator suscite à son tour la traditionnelle salve de promesses.

 

Les promesses ne seront pas tenues

 

Sans être ni cynique ni prophète, je puis d’ores et déjà assurer qu’elles ne seront pas tenues. Pour une raison très simple, si simple qu’elle échappe à tous les acteurs impliqués, qui n’ont aucun intérêt à la regarder en face  : à chaque fois que les dérives sont mises au jour, on se contente de raccommoder les plaies en surface sans faire le diagnostic du mal, bien plus profond, qui est à l’origine de tous ces malheurs (qui, rappelons-le, se paient quand même en milliers de morts).

 

Et ce mal est particulièrement virulent en France, pays trop favorisé qui vit sur ses  lauriers. Ce mal, c’est le fait que, trop souvent, l’orgueil (la suffisance) et le profit l’emportent sur l’intérêt des citoyens et des malades. Ils l’emportent à tous les niveaux de décision, y compris là où l’intérêt général devrait primer, c’est-à-dire dans les administrations, les instances techniques et d´expertise et les assemblées délibératives.

 

Le refus d’écouter ceux qui dérangent

 

Cela conduit mécaniquement au refus d’écouter et à incriminer ceux qui dérangent et critiquent (quitte à taire les faits qui fâchent et à mentir, comme le montrent à chaque fois les rapports qui sont commandés après coup). On l´a vu dans l´affaire du Mediator.

 

En France, de nombreux lanceurs d’alerte sont désavoués, publiquement dénigrés, placardisés, licenciés, attaqués en justice. Malgré les scandales et les promesses de transparence et de justice, le pouvoir a jusqu’à ce jour refusé d’accorder une protection juridique à ces indispensables sentinelles.

 

En France, bien des savants sont inquiétés ou fuient le pays en raison de leurs innovations qui dérangent les « savoirs » établis.

 

En France surtout, et contrairement à l’immense majorité des pays qui nous ressemblent, les pouvoirs organisent une répression, acharnée et sans contrôle démocratique, des minorités spirituelles et thérapeutiques, parce qu’elles ont beaucoup à dire sur les questions de santé. Et que leur parole pourrait déranger les intérêts des rouages bien « huilés » du système si elle pouvait être portée sur la place publique.

 

Un dossier officiel contre les médecines non conventionnelles

 

En ce début janvier 2011, au moment même où l’affaire du Médiator éclatait ; au moment même où l’on constatait la réticence des Français à se faire inoculer le vaccin contre la grippe à la suite de la gestion catastrophique de la lutte contre la grippe A, le ministère de la santé publiait sur son site un dossier pour mettre en garde les patients contre les « pratiques non conventionnelles » en matière de santé.

 

Plutôt que de faire profil bas, il choisit de présenter la question de façon manichéenne et simpliste  : il y a d’un côté les « gentils » : la science objective, sérieuse, contrôlée, sûre et éthique ; et de l’autre, les « méchants » avec leurs pratiques douteuses, non validées, charlatanesques et présentant une « perte de chance » pour les malades qui y recourent…

 

Une telle position est indécente, voire criminelle  : elle veut faire croire aux Français qu’il n’y a qu’une façon sûre de se soigner, la façon académique. Alors que celle-ci, au delà de tous ses réels et innombrables bienfaits, provoque chaque année par ses méthodes des centaines de milliers d’hospitalisations et une vingtaine de milliers de décès  !

 

Alors que les bienfaits de la médecine non-conventionnelle (plébiscitée pourtant par des millions d’utilisateurs) ne sont pratiquement jamais pris en compte, tant sur les plans sanitaire que financier, et que ses éventuels effets pervers ne sont même pas comptabilisés, tant leur nombre est rare… Connaîtriez-vous même un seul scandale qui ait fait autant de dégâts que le seul Mediator en raison de l’utilisation mal appropriée de telle ou telle plante  ?

 

Le pouvoir use de toute son autorité pour asséner des contrevérités et diaboliser ses contradicteurs. Ainsi, le dossier sur le site web du ministère est fortement inspiré par l’office public d’inquisition, la Miviludes, qui agite l’épouvantail des « sectes ».

 

Une vision partiale, réductrice et idiote

 

Car, selon les autorités françaises, derrière ces pratiques non conventionnelles, il y a cette menace, indiquant, notamment, que « si un discours dénigrant la médecine conventionnelle vous a été tenu, il est possible que vous ayez été victime d’une dérive sectaire ». Le patient est alors invité à aller cafter à qui de droit…

 

Cette vision est partiale, réductrice et idiote. Mais ce serait peu de choses si elle n’était pas aussi dangereuse. La peur des sectes est entretenue depuis des lustres, dans notre pays des « droits de l’homme », par le discours officiel sur des bases arbitraires, avec la complicité parfois très active de grands médias. Au lieu de les rassembler en ces temps difficiles, elle divise les Français en deux camps. Les gentils, qui écoutent Papa gouvernement qui veut les « protéger »  ; et les méchants, forcément animés de mauvaises intentions (qui osent emprunter des chemins non balisés et non remboursables, sans pourtant renier, dans la plupart des cas, les voies officielles).

 

Les voies pour se soigner sont multiples

 

Cette discrimination est aussi intellectuellement malhonnête  : elle ne recouvre pas la réalité, provoque injustices et souffrances inutiles et surtout retarde l’avènement d’une communication officielle adulte, rigoureuse et contradictoire, qui responsabiliserait chaque Français sur la gestion de sa propre santé.

 

Les voies pour se soigner et pour guérir sont multiples. Quelle folie de prétendre le contraire  ! Quand le pouvoir admettra-t-il enfin cette simple vérité  ?

 

Ces voies pourraient parfaitement cohabiter. Et nos pouvoirs seraient bien inspirés, plutôt que de crier « Au charlatan  ! », d’étudier les modalités d’une collaboration entre tous pour le plus grand bénéfice de tous. Ce n´est pas le récent Groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique, lui-même à visée essentiellement répressive, qui pourrait faire l´affaire...

 

Tant que le pouvoir cherche d’abord à protéger la machine à sous que représente (aussi, malheureusement) la politique sanitaire conventionnelle  ; tant qu’il ignore ou pourfend ces hommes, ces femmes et ces mouvements qui prospectent des terres nouvelles, il fait soigneusement le lit des prochains scandales, dont beaucoup sont déjà en route… Quand ils surviendront et que la vue de toutes ces morts évitables sera devenue insupportable, il dira à nouveau, avec toute la ferveur qui sourd aujourd´hui de la bouche de notre ministre de la santé  : « Je vous ai compris  ! Nous allons réformer. »

 

Mais, comme pour un certain Ben Ali qui était resté sourd aux besoins de son peuple, il sera encore une fois trop tard. Surtout pour les victimes…

 

>>  A lire également : "Ne tombons plus malades !"

 

>> A venir : une réflexion sur la dangereuse naïveté de la médecine "objective" (dite aussi "basée sur des preuves scientifiques").

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.