Christophe Barbier ou l’intelligence pétrifiée


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Dans un éditorial violent daté du 6 février 2013, le directeur de l’Express s’en prend à la Cour européenne des droits de l’homme qui a condamné l’État français à verser des indemnités à des « sectes » pour « violation de la liberté de pensée ». Au nom de la République, mais contrevenant ainsi à ses principes fondamentaux (la primauté du droit sur les passions), il demande au gouvernement d’ignorer la décision judiciaire.

 

 

C’est fou ce qu’un homme intelligent peut être bête quand il se laisse emporter par ses sentiments  ! Quand la haine s’exprime, par exemple, la raison n’a plus cours. Elle est littéralement pétrifiée, stérilisée, voire anéantie.

 

Christophe Barbier est un homme intelligent, pourtant. Il brille non seulement dans les colonnes de son journal, mais aussi sur les plateaux de télévision et même sur les planches au théâtre. C’est pourtant bien lui qui signe cet éditorial enflammé dans lequel il réclame l’abolition du droit au profit des passions débridées, dès lors qu’il s’agit de « sectes ».

 

En cela, il ne fait pas preuve d’originalité. Il cautionne, en la dramatisant, la politique menée depuis plus de 30 ans  par les autorités françaises contre la diversité intellectuelle, spirituelle et thérapeutique.

 

La Miviludes est l’organe officiel chargé d’inciter à la haine de la différence et de déclencher la répression contre ceux qui pensent autrement. Organe fonctionnant dans le plus parfait arbitraire, hors de toute démarche scientifique et de tout contrôle démocratique. Cette instance placée auprès du premier ministre, Christophe Barbier la soutient de toute sa verve, ignorant à quel point elle bafoue sans cesse nos plus grands principes démocratiques.

 

La France plusieurs fois condamnée

 

Normal, pas plus que ses confrères il n’a eu l’idée d’enquêter sur la compétence de ses membres, la justesse de son fonctionnement ou la réalité des accusations lancées.

 

La France, ces derniers temps, a été plusieurs fois condamnée pour ne pas avoir respecté la liberté de conscience de ses minorités spirituelles. Plutôt que de réfléchir, de se demander pourquoi, il condamne les juges européens, les accusant de « bêtise », de « sottise », de « lâcheté », etc.

 

Ne lui vient pas à l’idée que ces professionnels, en général des pointures dans leur domaine, ont tout simplement dit le droit, ce qui est la base du contrat entre les citoyens dans une démocratie. En France, la justice est (dé)formée, noyautée, par la Miviludes et les associations antisectes financées par l’État. Heureusement, l’Europe reste le dernier recours pour les Français qui pensent « différents ».

 

Mais le droit gêne les intolérants de tous poils qui ne conçoivent la liberté qu’à leur propre usage…

 

Impartialité

 

Tous les poncifs sont convoqués pour justifier leur terrorisme intellectuel  : les « sectes ne pensent pas, sinon à leur seul intérêt », etc. Christophe Barbier oublie, ne veut pas voir que, dans ces mouvements, il y a des citoyens qui ont fait leur choix en toute connaissance de cause, qui en tirent la force de ne pas suivre les injonctions du seul marché et de la pensée unique. Et trouvent ainsi les moyens de s’épanouir selon leur idée.

 

Qu’il y ait parfois des dérives, certainement. Mais certainement moins graves en nombre et en qualité que dans l’économie mondialisée, et même dans les familles bien-pensantes dans lesquelles se compte l’immense majorité des viols, des femmes tuées par leurs conjoints, des enfants maltraités, des drogués, etc.

 

Mais sa haine des « sectes », à l’instar de nombreux de mes confrères, obnubile tellement la vue de M. Barbier qu’il est devenu incapable de la moindre impartialité dans ce domaine, perdant de la sorte ce qui fait pourtant l’âme de son métier.

 

Une altercation entre le rédacteur en chef web de l’Express et un raëlien

 

Selon un communiqué de presse diffusé par les Raëliens, une confrontation physique aurait eu lieu entre Eric Mettout, rédacteur en chef web de l’Express, et Kimbangu Piffer, leader du mouvement raëlien en France.

 

Ce mardi 19 février 2013, en effet, une délégation raëlienne, bien que le mouvement ne fût pas nommé dans l’article, manifestait son « indignation » devant le siège du magazine. « Faudra-t-il que l’histoire se répète avant que l’opinion publique mondiale ne découvre l’aberration des propos tenus aujourd’hui par certains politiciens et journalistes français, 70 ans après la Shoa qui avait révélé au monde entier l’horreur que produisait une campagne de haine perpétrée envers une population, s’est indigné Kimbangu Piffer. A quand  ‘’la nuit de cristal’’ qui verra la population, endoctrinée par une propagande savamment distillée par des journalistes comme M. Barbier, se jeter sur les minorités religieuses traitées dédaigneusement de ‘‘sectes’’ ? »

 

Le mouvement a affirmé « les droits des membres des minorités religieuses et spirituelles à être respectés au même titre que les religions traditionnelles ».

 

> Eric Mettout m´a envoyé ce lien vers son commentaire sur cette altercation.


Juste pour rire

 

Le lendemain de la parution de cet article sur l´édito de Ch. Barbier, je reçois cette "réponse" de l´Express m´offrant 10 semaines de lecture gratuite"  ! Une chevaleresque manière d´encourager la critque des médias, je dois le reconnaître...

 

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