Après la publication de sa position, le 11 novembre 2012, contre les mouvements psychanalytiques français, les assimilant à des « mouvements sectaires », l’association Autism Rights Watch (Défense des droits de l’autisme) publie une lettre ouverte adressée à la Miviludes pour dénoncer « l’emprise sectaire de la psychanalyse sur les élites médicales, le service radiophonique public et le gouvernement français ».
David Heurtevent, vice-président de ARW. |
Les autistes et de leurs familles sont l’objet d’une guerre de plus en plus violente entre les différences approches thérapeutiques sensées les aider.
Dans ce conflit, la psychanalyse, notamment freudienne, subit des attaques sans précédent. La dernière en date est le fait d’une nouvelle association, enregistrée aux USA mais très active en France, Autism Rights Watch (Défense des droits de l’autisme), dont les membres fondateurs sont des autistes.
AWR demande instamment l’interdiction du « packing », une technique d’enveloppement de personnes autistes dans des linges humides et réfrigérés, pratique qu’elle qualifie de « torture ». Dans cet objectif, elle a organisé une manifestation publique en marge des Journées nationales de l’Ancra (Association nationale des centres ressources autisme) qui se sont tenues fin septembre à l’université de Caen.
La recherche sur le « packing » autorisée
Avec « Vaincre L’Autisme » et le collectif « Soutenons Le Mur », ARW mène également campagne pour protester contre le fait que la direction générale de la santé (DGS) se soit dite « opposée » à cette pratique mais ait pourtant autorisé un programme de recherche à son sujet (1). Elle s´en prend particulièrement au professeur Pierre Delion, promoteur du packing en France.
Pierre Delion, directeur de la recherche sur le packing. |
« Les professionnels utilisent l’argument d’une interdiction supposée de la pratique pour mieux défendre la recherche et les formations au packing. Ils ont compris tout l’intérêt à utiliser la recherche et le débat scientifique en cours comme argument leur permettant d’en poursuivre la pratique ».
Début novembre, ARW frappe à nouveau en publiant une « position officielle » assimilant les mouvements psychanalytiques français à des « mouvements sectaires ».
La psychanalyse : « emprise sectaire sur les élites »
L’association voit dans l’organisation d’une journée consacrée à la psychanalyse et à Freud sur l’antenne de France Inter, le vendredi 9 novembre 2012, « un signe supplémentaire d’emprise sectaire de la psychanalyse sur les élites médicales et sur le gouvernement français. (…) La psychanalyse est une pseudoscience et n’est pas une méthode de soin validée scientifiquement. (…) Nous observons qu’à aucun moment les questions de l’efficacité réelle ou même des alternatives thérapeutiques n’ont été posées clairement. Nous constatons également l’absence de tout débat contradictoire. L’organisation de cette journée confirme l’emprise de la psychanalyse sur le service radiophonique public français ». Pour l’ONG, « la psychanalyse montre clairement les signes évidents d’une emprise sectaire installée en France ».
Étendre la notion d’« apologie de crime »
C’est la raison pour laquelle elle publie début novembre une « lettre ouverte » à l’intention de la Miviludes. Elle y propose notamment d’étendre la notion d’« apologie de crime », prévue dans la loi de la presse du 29 juillet 1881, aux « propos et actes portant atteinte aux droits » des personnes handicapées (Convention du 3 mai 2008). Le packing est bien évidemment visé par cette proposition, mais plus largement aussi la psychanalyse, comme pratique non validée et sectaire.
D’autres mesures sont réclamées, comme le développement d’une « réglementation appropriée » pour les professions de psychanalyste, psychothérapeute, sophrologue, formateur, coach, conseil en développement professionnel et/ou personnel ; d’autre part, « l’encadrement strict des pratiques de « soin » physique, psychiatrique et psychologique, de psychomotricité, d’éveil de l’enfant, de développement personnel et/ou développement professionnel ».
Pierre Delion, qui a dirigé le programme de recherche financé par le ministère de la santé sur « L’efficacité thérapeutique du packing », qui avait dû s’expliquer devant le Conseil de l’ordre des médecins et avait reçu le soutien de Martine Aubry (à l’époque la première secrétaire du parti socialiste), qualifie ARW d’« association extrémiste ». Il expose ainsi les éléments en présence : « D’un côté : - un soin pratiqué par des dizaines d’équipes de pédopsychiatrie françaises pour traiter notamment les automutilations de certains enfants autistes, en accord avec les parents des enfants concernés, - une recherche menée dans le cadre d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique validé par des experts habilités et financés par le ministère de la Santé portant sur l’efficacité du packing dans les troubles graves du comportement des enfants TED/TSA, - un avis favorable du Haut Conseil de la Santé Publique indiquant l’absence de risques de la technique et - un avis favorable du Comité de Protection des Personnes sur les aspects éthiques de la technique, - des articles référencés (encore peu nombreux) sur l’efficacité du packing. De l’autre côté : - une campagne calomnieuse et diffamatoire, nationale et internationale, orchestrée par des associations de parents d’enfants autistes à partir de fantasmes (aucune plainte de parents n’est reçue à ce jour) et s’en prenant, bien au-delà du packing à la psychanalyse et à la psychothérapie institutionnelle, aboutissant à la publication dans le Journal of American Academy of Child and Adolescent Psychiatry d’une lettre d’opinion, "Against the packing", dénonçant cette technique sans aucun argument scientifique à l’appui, signée par plusieurs grands scientifiques ; une reprise de ces désinformations par des politiques pressés d’en découdre avec la pédopsychiatrie et une médiatisation trop partisane des éléments en présence. »
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(1)
Cette association travaille-t-elle avec un laboratoire pharmaceutique ou est-elle composée de personnes ayant un lien avec ladite industrie ?
Réponse de l’intéressé : « ARW a malheureusement cessé son activité faute de financements suffisants. Nous n’avons jamais touché d’argent ou n’avons eu de lien direct ou indirect avec la pharma. Il n’y a aucun conflit d’intérêt. »