A quoi servent les ministres de la santé ?


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

L’affaire du Mediator permet enfin de révéler une réalité scandaleuse que certains d’entre nous dénoncent depuis longtemps  : le système sanitaire français a clairement dérivé, il sert trop souvent à protéger ceux qui vivent de la maladie des Français, et moins à défendre les malades par tous les moyens. Tout continue cependant (presque) comme si de rien n’était.

 

 

Comment entendre une telle affirmation  : « 80 % des médicaments sur le marché ne servent à rien ! » sans demander des comptes (sinon leur démission) à tous nos ministres successifs de la santé  ? A quoi cela sert-il de payer toute une administration et des responsables quand il est démontré, dans un domaine extrêmement sensible, qu’ils vont à l’encontre de l’intérêt de ceux qu’ils sont censés protéger  ? Car non seulement 80 % des médicaments ne servent à rien mais beaucoup d’entre eux ont des effets secondaires délétères, voire mortels, comme pour le Mediator.

 

D’après le professeur Philippe Even, président de l’Institut Necker, interviewé dans cette vidéo, tous les laboratoires pharmaceutiques multiplient les copies et créent de nouvelles maladies pour maintenir leurs profits. Il estime aussi que les industriels français sont particulièrement doués pour commercialiser des « poudres de perlimpinpin ».

 

Nos ministres et nos administrations ont non seulement laissé faire ça, mais ils ont tout fait pour maintenir ce système en place. A tel point que seuls 20 % des médicaments sont réellement utiles et bénéfiques (et encore, ils ne sont jamais dénués d’effets secondaires). En clair, cela veut donc dire que les Français sont empoisonnés inutilement depuis des décennies par des substances pharmaceutiques avec la bénédiction de nos responsables !

 

« En France, les médecins sont très mal formés au médicament »

 

 

Au Sénat, la mission d´information du « Mediator : évaluation et contrôle des médicaments » auditionne actuellement plusieurs personnalités du monde médical. Objectif : mieux comprendre comment le scandale de ce médicament a pu se produire. Le 14 avril 2011, les sénateurs ont auditionné Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l´université de Bordeaux, qui fut le patron de la pharmacovigilance à l’époque.

 

Rappelant qu’en 1998, on estimait déjà à 18 000 le nombre de morts dus chaque année en France à l’iatrogénie médicamenteuse (morts par les médicaments), Bernard Bégaud a pointé un autre aspect scandaleux de la situation (voir à la fin de la vidéo indiquée dans le lien ci-dessus)  : « Les médecins français sont beaucoup moins bien formés à la prescription des médicaments que leurs collègues européens  : il y a une différence de 1 à 10 en nombre d’heures  ! Cela induit un grave préjudice  : on  n’apprend pas au médecin français le rationnel de la prescription, par exemple quand ça ne vaut pas le coup de prescrire. Je n’ai jamais compris pourquoi. Tout le monde est d’accord [sur ce point] mais les réformes successives ne sont jamais suivies d’effet. On va même jusqu’à diminuer la part de l’enseignement à la prescription. Or c’est ce que les médecins font justement le plus fréquemment  ! »

 

Autrement dit, non seulement la plupart des médicaments sont inutiles ou nocifs mais en plus, les médecins ne savent pas ce qu’ils font quand ils les prescrivent  !

 

Cela n’empêche pas les autorités françaises de radier continuellement des médecins pour « charlatanisme », en les accusant d’utiliser des méthodes « irrationnelles », alors même qu’aucune plainte de patients n’est déposée contre eux et que, n’utilisant pas de médicaments des laboratoires pharmaceutiques classiques, ils n’induisent pas ou très peu d’effets pervers.

 

Et cela, uniquement parce qu´ils sont homéopathes ou anthroposophes, c´est-à-dire pratiquant une médecine "non basée sur les preuves"...

 

On pourrait en rire s´il n´y avait pas un si grand gâchis en souffrances et vies humaines à la clé.


>> Une première en matière de transparence à signaler tout de même : L’Afssaps (l´agence de controle et de surveillance des médicaments) a mis en ligne des extraits filmés de la commission d’autorisation de mise sur le marché (AMM) du jeudi 7 avril 2011.

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