Procès de la scientologie : un déni de justice qui peut frapper un jour n´importe qui


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

A contre-courant de tous mes confrères et d’une grande partie de l’opinion, je dois rétablir certaines vérités dérangeantes sur cette affaire. Non que je soutienne la scientologie, mais parce que l’équité de notre système judiciaire est en cause. Si personne ne réagit aux dérives décrites ci-dessous, chaque citoyen peut s’attendre à en être un jour ou l’autre la prochaine victime…

 

En novembre 2011, l´église de scientologie dénonçait un "parquet aux ordres" et la réinvention du tribunal d´inquisition.

 

La plupart des Français auront sans doute applaudi le verdict du 2 février dans le procès contre la scientologie. Difficile, dans ces conditions, de faire entendre un point de vue différent sur la question. Déniant au mouvement toute dimension spirituelle et le rabaissant à la seule qualification de bande organisée en vue d’escroquer, la justice française porte un coup sévère à son image. Il devient officiellement pestiféré.

 

Il me semble cependant nécessaire d’apporter quelques informations inconnues du grand public, étant soigneusement cachées par mes confrères. Ceux-ci, en effet, unanimes comme toujours sur ce thème, non seulement hurlent avec les loups mais soufflent sur les braises pour demander que soient lynchées ces « sectes » qui nous pourrissent la vie. Et, plutôt que de jouer les intermédiaires impartiaux sur la délicate question de la liberté d’expression du citoyen, ils prennent parti, tant ils sont convaincus de la nocivité des mouvements spirituels qui sortent du « modèle » constitué par l’église catholique.

 

Un nouveau « devoir d’intervention » journalistique ?

 

Ainsi sur LCI, le journaliste Michel Field, pour évoquer l’issue du procès en appel de la scientologie, le 2 février dernier, avait invité l’avocat Olivier Morice, avocat de l´Unadfi, l´association de lutte contre les dérives sectaires, ainsi que l’auteur d’un livre contre la scientologie. Drôle de débat où les deux invités sont des détracteurs acharnés de la scientologie. A la fin de l’émission, ils ont proclamé leur joie de cette condamnation. Joie à laquelle s’est empressé de s’associer le journaliste (en substance)  : « Je me joins à votre liesse, ayant moi-même eu maille à partir avec la secte. Il y a des moments où le devoir d’intervention s’impose  ! »

 

L’ancien philosophe non seulement abandonne tout doute épistémologique sur la question des minorités spirituelles, mais il s´invente un nouveau « devoir » journalistique, celui de prendre parti devant des centaines milliers de téléspectateurs contre un mouvement avec qui il a personnellement un contentieux  !

 

Je ne pense pas qu’un démocrate, même convaincu de la noirceur foncière de la scientologie, doive se réjouir de cette dérive, bien manifeste celle-là, qui peut s’abattre sur n’importe qui sans que ni l’intéressé ni un défenseur ne soit présent pour équilibrer le débat.

 

Mais s’il n’y avait que cela…

 

Il faut savoir également que, aussi curieux que cela puisse paraître, il n’y avait aucune victime dans ce procès (voir article précédent sur le fond du procès). Les plaignants sont l’Unadfi (bras armé de l’Etat), qui veut la peau de l’organisation, et l’Ordre des pharmaciens, qui voit dans les traitements vitaminiques proposés par la scientologie une atteinte caractérisée à son monopole.

 

Avis à tous les mouvements ou praticiens qui mènent des démarches originales, soit non éprouvées par la science académique, soit touchant tant soit peu le monopole pharmaceutique  !

 

Juges… et parties

 

En 2006, après 7 ans d’investigations, le parquet de Paris avait pourtant reconnu l’absence de charges à l’encontre des scientologues et avait demandé un non lieu… Mais l’Unadfi, avec derrière elle la Miviludes, ne l’entendait pas de cette oreille. Prétendant défendre les innocentes et fragiles familles contre les vilaines sectes, elle a obtenu l’appel de la première décision.

 

Depuis des années, la Miviludes mène toute une série d’opérations de prosélytisme envers les magistrats (sous le vocable d’actions formation ou de « sensibilisation ») pour diffuser sa propagande haineuse et intolérante envers la différence spirituelle et thérapeutique. En outre, peu avant le procès, le ministère de la justice a donné des instructions aux magistrats de poursuivre fermement certaines minorités religieuses, les enjoignant de travailler en partenariat avec l’Unadfi, alors que cette association est la partie opposée à l´Église dans ce procès !

 

Comment, dès lors, imaginer une justice équitable pour les mouvements concernés, en l´occurence l´église de scientologie  ?

 

Là encore, je ne pense pas qu’un démocrate, même convaincu de la noirceur foncière de ce mouvement, doive se réjouir de cette dérive qui permet que les adversaires de la scientologie soient aussi ceux qui forment et orientent ceux qui la jugent  !

 

Ceux qui se réjouissent de l’issue de ce procès pourraient très bien, dans ce domaine ou dans d’autres, si certains intérêts sont en jeu, être les prochaines victimes d´une même iniquité...


> L´AFP rapporte la réaction des scientologues après le verdict.

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