Sectes : la France de la suspicion haineuse


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

La Commission européenne s’indigne de l’action de la France contre une ethnie particulière, les Roms. Mais que dira-t-elle quand elle aura compris que cela fait très longtemps que notre pays mène, avec l’assentiment général, une politique clairement discriminatoire contre les minorités spirituelles, minorités qu’elle a, pour mieux justifier l’injustifiable, baptisées du mot infamant de « sectes »  !

 


Georges Fenech, boutefeu antisecte,

président de la Miviludes.

Comme si, après avoir ignominieusement stigmatisé les protestants, les juifs, les arabes, les noirs, le pays des droits de l’homme avait besoin, pour se sentir fier, d’avoir en permanence une catégorie de sous-humains à mépriser…

 

En effet, appartenir à un mouvement qualifié de « secte » par l’intolérance est devenu en France un quasi-crime qui permet aux bonnes consciences de discriminer les personnes sans avoir besoin d’apporter la preuve des nuisances supposées.

 

Certes, les membres de ces « sectes » ne sont pas mis dans des charters afin d’être renvoyés « chez eux », parce que « chez eux » c’est la France  ! Mais ils peuvent se retrouver en prison sur des motifs controuvés, ou sont inquiétés et empêchés de fonctionner comme de vrais citoyens qu’ils sont pourtant  : dénonciations calomnieuses en tout genre, salles de réunion interdites, emplois refusés, visites de gendarmerie avec confiscation d’ordinateurs, etc.

 

Les mouvements dont ils sont membres sont discriminés et désignés à la vindicte publique de façon tout à fait officielle, cependant illégale. L’Etat français présente cette démarche comme une lutte noble, nécessaire et rigoureuse, une démarche respectueuse des lois qui s’attaquerait non pas à la liberté de conscience mais seulement aux actions déviantes  : c’est le même discours hypocrite que le discours actuel contre les Roms, en plus systématique.

 

L’hypocrisie régnante serait facile à démasquer mais les aveugles volontaires, de droite comme de gauche, s’en accommodent fort bien. En fait, il existe deux poids et deux mesures suivant qu’il s’agit de citoyens ordinaires ou de sujets appartenant à un mouvement qualifié de « secte ». Un même fait sera sanctionné de façon « normale » chez les premiers et très lourde chez les seconds. Ceux-ci sont pourtant des citoyens comme les autres. 

 

Qu’on me comprenne bien  : la lutte du pouvoir contre les abus de faiblesse et les escroqueries est tout à fait justifiée. Mais mettre en place un arsenal répressif dédié aux seules démarches « différentes » est inacceptable  !

 

Les mouvements ouvertement discriminés, bien que n’ayant pas fait l’objet de condamnations particulières, sont pourtant l’objet d’une opprobre publique qui s’est traduite ces dernières années par un nombre impressionnant d’actions répressives et clairement discriminatoires.

 

Petite nomenclature de l’anti-sectarisme

 

Les personnes qui sont ouvertement contre les « sectes » peuvent être classées selon moi en au moins sept catégories  :

- celles que rebute sincèrement l’exploitation du faible et qui sont guidées elles-mêmes par une éthique exemplaire  ;

- celles qui souffrent personnellement d’une situation dans laquelle un membre de leur famille ou de leurs amis a fait un choix drastique qu’elles n’acceptent pas  ;

- celles qui savent ce qu’elles font en faisant consciemment un amalgame pour défendre leurs prés carrés (refus de la spiritualité, de la subjectivité, etc.)  : les scientistes et les laïbans, par exemple  ; ou pour se donner à bon compte une meilleure image publique : ex. les francs maçons, églises "reconnues", etc. ;

- celles qui savent ce qu’elles font en ayant un objectif masqué  : protéger des prérogatives et des fonctionnements intéressés  : académies, industries pharmaceutiques (santé physique/mentale), agro-alimentaire, etc. :

- celles qui savent ce qu’elles font en relayant sans recul la propagande officielle et en attisant la vindicte par des articles seulement à charge (la grande majorité des médias) ;

- celles qui ne savent pas ce qu’elles font  : par exemple, les personnes pour qui c’est un moyen efficace d’avoir une image de chevalier blanc, d’exister socialement ou médiatiquement  ;

- celles qui ne savent pas ce qu’elles font  : le grand public, par exemple, qui pense sincèrement, naïvement, que le pays est menacé par des multinationales maléfiques aux moyens effrayants qui tentent d’infiltrer les rouages de l’Etat. Il ne se rend pas compte, ce public désinformé, à quel point l’Etat est déjà fortement infiltré par de nombreux intérêts économiques et industriels qui ne visent aucunement l’intérêt général. Dans des domaines cruciaux, ceux-ci fournissent l’expertise et les financements en lieu et place de la puissance publique. Ils sont même souvent à l’origine des textes législatifs. Et ils ne sont pas les derniers à soutenir la lutte contre les initiatives différentes qui menacent leur monopole ou détournent les populations de leur « bonne parole » (ex. le lobby chimique contre l’agriculture bio et les médecines alternatives).

 

Ainsi nous citerons  :

 

- la création d’une structure administrative, la Miviludes, spécialisée contre les « sectes ». Placée sous l’autorité directe du Premier ministre, celle-ci prétend mener une lutte contre les « dérives sectaires » sans pour autant définir ce que cela veut dire, d’où la porte ouverte à un total arbitraire. En réalité, elle combat des mouvements spirituels ou religieux présentés (par qui  ?) comme « sectes »  : la preuve en est que la Miviludes ne cite dans ses rapports que des minorités soit religieuses, soit spirituelles ou thérapeutiques, mais jamais ne se préoccupe ni des entreprises, ni des administrations, ni de groupes reconnus tels les religions « officielles », ni des particuliers non engagés. Et pourtant ces organismes sont souvent le lieu de graves abus  ;

 

- la liste noire parlementaire de 1996. Cette liste n’a aucune valeur juridique, et pourtant elle est toujours invoquée par l’administration pour justifier ses actions discriminatoires  ;

 

- de nombreux stages de formation sur les supposées « sectes », des cellules spécialisées telle la Cellule chargée de la prévention des phénomènes sectaires (CPPS) au sein de l´éducation nationale et de nombreux correspondants « sectes » désignés au sein des administrations  ;

 

- une loi ad hoc, la loi about-Picard, créée en 2001 explicitement contre les « sectes » pour se donner le moyen de les condamner, alors que lesdites « sectes » sont pour leur quasi-totalité respectueuses des lois ;

 

- la mise en place d’une cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (Caïmades), vu que cette loi About-Picard n’a donné lieu qu’à une seule condamnation en près de dix ans d’existence. Composée de 6 personnes au sein de l’Office central pour la répression de la violence aux personnes, cette police spéciale agit expressément pour « favoriser l’application des dispositions de cette loi (About-Picard) ». Elle utilise les méthodes de l’anti-terrorisme, est assistée par des psychologues et psychiatres, ardents soutiens de la médecine médicamenteuse et engagés ouvertement contre les minorités spirituelles, et aussi par des associations antisectes ;

 

- les associations telles l’Unadfi, le Ccmm, Info-sectes ou la Fecris. Celles-ci sont présentées comme des associations de victimes alors qu’elles sont essentiellement financées par des fonds publics, et animées et soutenues par des personnes ou des groupes d’influence que les « sectes » dérangent  ;

 

- le Groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (GATPNCAVT). Cette instance a été créée pour lutter contre les minorités thérapeutiques et le recours aux médecines complémentaires  : ainsi le président de la Miviludes, M. Georges Fenech, avait estimé que « tout ce qui est naturel peut cacher des dérives sectaires ». Cet organisme contient exclusivement des représentants de l’arsenal répressif et de la science académique par principe opposés à ces nouvelles pratiques. En effet, celles-ci concurrencent de plus en plus et avec succès la médecine institutionnalisée.

 

Toutes ces actions sont relayées par des campagnes de presse récurrentes au travers de reportages et d’interviews uniquement à charge. Tout débat public et contradictoire est soigneusement évité  : les fallacieux arguments des inquisiteurs seraient trop aisément réfutés  ! L’argument présenté pour refuser ce type de débat  : les sectes sont tellement fortes pour manipuler les esprits qu’il serait dangereux de s’y exposer ( !)

 

Autre proposition de classement des anti-sectes

 

Un ami suggère au moins deux grandes catégories de personnes  :
- celles qui sont honnêtes et qui pensent agir pour la bonne cause ;
- celles qui sont malhonnêtes et cherchent à manipuler l´opinion publique pour des avantages particuliers et égoïstes.
Dans la 1ère catégorie, nous pourrions placer :
- celles qui ont un proche qui est rentré dans une "secte" et ne l´acceptent pas ;
- celles qui sont persuadées que les "sectes" sont vraiment dangereuses.
Dans la 2ème catégorie, nous pourrions placer :
- celles qui utilisent les "sectes" comme boucs émissaires pour masquer leurs propres incompétences ou malversations ;
- celles qui veulent conserver des pouvoirs ou des prérogatives : les Eglises, les FM,... ;
- celles qui agissent par appât du gain, qui se nourrissent de la misère du monde : vendeurs de médicaments, marchands d´armes, responsables de la malbouffe, etc.
- celles qui vivent de la chasse aux sectes : les "spécialistes sectes", les sortants de sectes qui trouvent là une notoriété.
Avec les personnes de la 1ère catégorie, des discussions sont possibles. Avec celles de la 2ème catégorie, les discussions ont toutes les chances de ne pas aboutir parce qu´elles seront de mauvaise foi.

 

Cet énorme appareil législatif, institutionnel et administratif, répressif et discriminatoire, mis sur pied par la France, est unique au monde. Il fonctionne de façon totalement anticonstitutionnelle puisqu’il utilise l’argent public pour combattre une catégorie de citoyens  ; qu’il bafoue en continu le droit à la défense  ; qu’il n’apporte jamais la preuve objective des risques qu’il prétend combattre. Des rapports fantaisistes sont annuellement publiés pour agiter l’épouvantail et justifier le financement des organismes ad hoc. Ainsi, il y est souvent question de « fléau social », de « risques graves » engendrés pas les soi-disantes sectes, mais jamais ni statistiques ni analyses scientifiquement établies ne sont présentées pour en démontrer la réalité. Les personnes et groupements mis en cause n’ont jamais la possibilité ni de s’expliquer ni de se justifier, si ce n’est devant la justice, et encore, car des stages antisectes sont régulièrement organisés pour « sensibiliser » les magistrats. Des informations tronquées et inexactes sont diffusées en permanence et reprises sans recul par la presse. Ainsi en est-il du nombre des « victimes de sectes », un chiffre aberrant répandu sur tous les plateaux par la Milivudes. Un chiffre qu’elle est incapable d’attester et qui est démenti par les sociologues spécialisés et par les rares enquêtes objectives menées à ce sujet.

 

Bref, dans le but non avoué de protéger des rentes de situation (religions et idéologies matérialistes établies, médecine institutionnelle, agriculture chimique, etc.), la France de droite comme de gauche est engagée depuis une quinzaine d’années dans une politique fratricide d’incitation à la haine contre les minorités « différentes ».

 

Notre pays, malade, pourra-t-il se guérir lui-même  ? Il semble que non. Très rares sont les intellectuels, comme Louis Pauwels en son temps, qui ont osé en France réfléchir de façon impartiale sur ce thème. Normal, ils seraient vite "grillés" tellement il faut à priori être pour la discrimination des minorités spirituelles pour avoir droit de parole…

 

Une intervention externe semble de plus en plus nécessaire.

 

Quand des instances comme la Commission européenne ou l’Administration américaine décideront de se saisir de ce problème, si elles le font un jour  ! le scandale qui s’en suivra pourrait être bien plus cuisant encore que celui créé par l’expulsion des Roms…

 

En attendant, de nombreux Français souffrent d’injustices et d’honteuses discriminations uniquement parce qu’ils ont décidé de vivre autrement tout en respectant, pourtant, pour la plupart d’entre eux et la plupart du temps, les lois républicaines.

 

>> Comment l´épouvantail sectaire est brandi pour justifier un durcissement (inapplicable...) de la politique vaccinale.

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