Pour Sciences & Avenir, l’ouverture d’esprit est un «risque de dérive sectaire»


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

C’est du moins ce que semble penser Olivier Hertel, journaliste « scientifique » à Science & Avenir de novembre 2012. Il y présente son enquête, intitulée, en couverture du magazine, « Les sectes entrent à l’hôpital ». Et dans le corps du texte, il prétend apporter « les preuves des risques de dérives sectaires » causées par la présence de « médecines parallèles à l’hôpital ».

C’est du moins ce que semble penser Olivier Hertel, journaliste « scientifique » à Science & Avenir de novembre 2012. Il y présente son enquête, intitulée, en couverture du magazine, « Les sectes entrent à l’hôpital ». Et dans le corps du texte, il prétend apporter « les preuves des risques de dérives sectaires » causées par la présence de « médecines parallèles à l’hôpital ».

Le lecteur aura beau chercher : nulle trace de la moindre « secte » mais des méthodes thérapeutiques complémentaires, innovantes ou traditionnelles, mais « non validées scientifiquement ». C’est cela que le journaliste « scientifique » nomme « secte ».

Le terme de « secte », pourtant, n’a aucune valeur juridique ni même scientifique, du moins dans le sens dans lequel il emploie ce mot, c’est-à-dire mouvement coercitif à visée mafieuse.

O. Hertel n’apporte pas des « preuves » de dérives sectaires, mais des « preuves des risques de dérives sectaires ». La nuance semble faible mais elle est capitale. En effet, elle permet à tous les adversaires des médecines non conventionnelles d’agiter le drapeau rouge pour effrayer le bon peuple et favoriser des mesures de répression sans avoir besoin de s’appuyer sur des faits avérés, ni encore moins de réels dommages. Non, il suffit de dire qu’il y a des « risques » pour être entendu.


Le journaliste "scientifique" qui a fait l´enquête.

Bien sûr, on ne peut nier l’existence de dérives entraînant des pertes de chance pour les malades ou des dégâts réels dans ces pratiques. Mais elles sont exceptionnelles : quelques affaires par an. En comparaison, les dégâts causés, eux, chaque année ! par la médecine « officielle », par l’usage des médicaments « normaux » (et normés !) et par les pratiques médicales iatrogènes, s’élèvent à plus de 34 000 morts ! Ajoutons à cela les effets délétères de l’abus des prescriptions d´antidépresseurs et autres psychotropes...

Mais, dans cette affaire, il y a deux poids, deux mesures. Si vous êtes médecin de médecine « officielle » et que vos malades meurent dans vos bras, vous avez la bénédiction des autorités. Les 145 000 morts par le cancer chaque année sont désormais un chiffre statistique qui ne fait pas scandale.

En revanche, si vous pratiquez une médecine douce non validée par les autorités, vous risquez la radiation et l’opprobre national, même si aucun malade ne s’est plaint ! Normal, vous rentrez dans la catégorie des « risques » dits sectaires…

Combler les manques de la médecine classique

Le journaliste de Sciences ( !) & Avenir prétend démasquer les « sectes » s’infiltrant dans les hôpitaux et les institutions médicales : reiki, réflexologie plantaire, méthode Louise Bourbeau, sophrologie, traitement Burzinski, compléments alimentaires à base d’algue, fasciathérapie, médecine chamanique, etc.

Si des hôpitaux accueillent, très parcimonieusement d’ailleurs, ces médecines douces, ce n’est pas parce qu’ils sont « infiltrés » par des « sectes », comme veut le faire croire Sciences ( !) & Avenir. Ils le font en connaissance de cause et parce qu’il faut bien apporter des réponses aux douloureux manques de la médecine classique. Ils le font avec responsabilité et parce qu’ils ont l’esprit ouvert.

Il vrai que les autorités ont longtemps failli en laissant s’épanouir cette multitude d’approches sans les encadrer un minimum. Aujourd’hui, et la presse avec elles, elles surréagissent, les accusant d’être des « sectes » pour justifier leur répression voire leur interdiction.

Mieux vaudrait, comme le propose d’ailleurs le Centre d´analyse stratégique (CAS) dans sa récente note sur « Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ? »,  créer un label pour ces approches nouvelles.

Le CAS comme la Miviludes sont rattachés aux services du premier ministre. Le premier n’est qu’un organe consultatif, la seconde milite dans toutes les administrations et dans les enceintes parlementaires pour diffuser sa vision des choses. Vu la psychose anti-secte entretenue en France depuis des lustres, nul doute que c’est la vision « dure » de la Miviludes qui l’emportera…

> Voir aussi sur Ouvertures : "La guerre contre les médecines douces s’intensifie".

 

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