Georges Fenech prend une leçon de philosophie


Par Jean-Luc Martin-Lagardette

Georges Fenech, président de la Miviludes et ancien magistrat connu pour ses positions autoritaires, était invité par Yves Calvi à débattre sur le plateau de "Mots croisés" (France 2) à propos de la jeune Agnès, tuée par une jeune homme déjà mis en examen pour viol aggravé. Le psychiatre Pierre Lamothe et Elisabeth Guigou, ancienne garde des sceaux, ont tenté d’apporter un peu de hauteur dans un débat où l’émotionnel risque si facilement de l’emporter.

 



Extraits de l´émission.

« Nous n’avons pas le droit de faire de la philosophie  ! », s’exclame Georges Fenech quand Pierre Lamothe tente d’expliquer qu’on ne peut juger la « valeur intrinsèque » d’une vie humaine. Idéologiquement, on ne peut pas dire que la « valeur » de la vie d’un criminel vaut « moins cher » que celle d’une victime.

 

Certes, on peut préférer la victime au criminel, mais, en soi, la vie humaine n’a pas de prix, quelle que soit la personne à qui elle est attachée. On n’aurait pas aboli la peine de mort sans cela.

 

Mais le psychiatre n’a pas eu beaucoup de temps pour développer son idée. M. Fenech lui assène un  : « Gardez votre philosophie pour vous et appliquez les lois  ! » qui fait froid dans le dos.

 

Les invités de “Mots Croisés” du 21 novembre 2011

 

- Elisabeth Guigou, députée PS de Seine-Saint-Denis, ancien garde des sceaux
- Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature
- Pierre Lamothe, psychiatre spécialisé dans la criminologie, chef du service médico-psychologique régional de Lyon
- Rachida Dati, députée européenne, maire UMP du 7e arrondissement, ancienne garde des sceaux
- Georges Fenech, ancien magistrat et ancien député UMP, président de la Miviludes, rapporteur de la loi sur la rétention de sûreté et le traitement des irresponsables pénaux (dite loi sur les criminels dangereux).

 

Le psychiatre peut quand même expliquer un peu plus loin que, quoiqu’on fasse pour prévenir la récidive, on ne pourra jamais empêcher toutes les dérives. Car les familles elles-mêmes sont des « lieux dangereux »  : « Qui tue les enfants  ? Leurs parents  ! Qui tue les femmes  ? Les hommes qu’elles aiment  ! Si vous regardez les statistiques, pour une ou deux histoires qui sont extraordinairement dramatiques, qui frappent l’opinion [combien de crimes dans les familles !]. Nous ne sommes absolument pas sensibles aux crimes passionnels, aux crimes internes à la famille. Nous avons une tolérance vis-à-vis de cette violence-là qui est extraordinaire et qui mériterait qu’on s’interroge sur ce qu’est la dangerosité. »

 

Elisabeth Guigou précise même : « Les violences sexuelles sur les enfants se produisent à 80 % dans les familles ».

 

« Il faut garder le sens de la mesure, plaide-t-elle. En allant toujours plus loin dans les mesures répressives qui s’appliquent à des gens qui seraient peut-être susceptibles de commettre quelque chose, je ne pense pas qu’on puisse améliorer les choses. En faisant cela, on ment aux gens. Ou alors on passe à un autre type de société ».

 

Une critique qui pourrait très bien s’adresser directement à M. Fenech en tant que président de la Miviludes, organisme d’Etat qui, soi-disant pour « protéger les familles », lutte contre les minorités spirituelles car ces groupes seraient, eux aussi, « peut-être susceptibles de commettre quelque chose »…

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